Le projet « OMISSION » et OUBLIeS
En décembre 2015, l’affiche annonçait sur YDIT SPO:
Soldez «la 4L» qui est en vous !
GRANDE SUPER OFFRE UNIQUE DE FIN D’ANNEE :
Offrez vous gratuitement un oubli de 4L.
Rappel : On a pu voir dans la séquence précédente une part des dépôts dans le coffre. L’interprétation de l’invite a produit des effets divers.
« On ne peut pas vivre sans souvenirs » (Michel CHAILLOU, « indigne Indigo », Seuil ; collection Fiction et Cie, 2000, p.127
Encore une part de dépôts d’oubli dans le coffre, donc, et c’est une strate cette fois sans public en direct pour l’orateur, donc sans image d’YDIT.
(on s’en passe très bien, dit l’une)
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Se souvenir d’une 4L, je veux bien.
L’invitation est valable même si ce n’est pas la mienne ?
Et si c’est celle de ma mère, on prend aussi ?
Bon, je sais, après l’accident de 4L et Œdipe (voir « coffre » première série), on me voit venir. Mais justement cette 4L n’arrivait jamais.
Il y avait toujours quelques choses qui clochaient dans la 4L, pas chez ma mère, quoique…A bien y réflechir, c’est ma mère qui ét ait toujours en retard pour nous emmener à l’école, pas la voiture.
Il faut dire que c’était une parisienne, la 4L, ma mère aussi, mais avec un quadrillage rouge assez reconnaissable. Et quand on est en retard, on préfèrerait arriver dans une voiture grise.
On poussait la voiture assez souvent, c’est stimulant. Surtout pour celui qui pousse, pas le conducteur. Ma mère, en l’occurrence.
On l’aimait bien quand même…
Quand j’ai volé de mes propres ailes (deux seulement) j’ai fait mes armes avec une Diane.
Toujours une histoire de femme.
Et je n’ai plus jamais poussé…(mais je suis parfois resté à l’arrêt).
Sans femmes, on n’avance pas.
JOEL
(Toutefois, le projet YDIT est heureux de
vous offrir la version Nouvel an d’une vieille amie)
4 L
L’ai-je rêvé ? Pourtant, cette séquence reste profondément incrustée dans ma mémoire, séquence que je pourrais intituler « Les amis sur la banquette arrière de la 4L , hurlant de peur ».
Je devais avoir vingt-cinq ans. Nous étions sans doute en route pour Vézelay où l’une d’entre nous jouissait d’une très jolie petite maison (je me souviens d’avoir pris une diapo de la basilique sur fond de ciel bleu qui réside encore quelque part dans les plis de mon cerveau, cinquante ans plus tard).
Toujours est-il que dans un virage, le levier de vitesse m’est resté dans la main (est-ce que vous voyez ça ?) Et alors ? Eh bien, j’ai encore cette sensation bizarre d’une désynchronisation entre le réflexe (mes mains tournant à toute vitesse (!!) le volant) et mon esprit occupé uniquement à enregistrer la scène, image et son (les hurlements).
4L, un bon pour l’envol ?
Serge G.
Message POUR YDIT :
CARNET DE SOUVENIR
Sur un petit carnet carré, j’ai pris le temps de revivre certaines scènes de ma vie, heureuses ou tristes. Il s’agit donc d’un travail introspectif,
proche de l’intime.
En effet j’ai souvent éprouvé un soulagement en les dessinant. Les personnages perdus dans le l’espace de la page font référence à quelque chose de précis pour moi, et pour toute autre personne,
ils racontent des histoires.
On a little square drawing pad, I took the time to live some scenes of my life once again, happy or sad ones. So it is an introspective work,
close to intimacy. I often indeed felt relief when drawing them. The characters, lost in the page space are a reference for something precise to me,
and for any other person, they tell stories.
Rose Aubert
Ydit,
J’avais oublié, ton post m’a rapporté ce souvenir…
Tôt le matin, sur une route du Vexin, le soleil
levant me fascine.
Heureusement, je ne conduis pas 4L, et peux me perdre dans ces couleurs incroyables que le ciel nous offre ce matin-là.
J’ai oublié où j’allais, mais qui sait, ce fut peut-être mon premier pas vers
l’extrême orient .
(photo Patrick Jeunon)
Catherine B.-V.
Pour continuer…D’autre part, je n’ai jamais eu de 4L, ni aucune petite voiture d’aucune sorte. Toujours des grosses, achetées d’occasion et parfois très très âgées. Je n’allais pas en Seine-et-Marne mais dans l’Orne, et là c’était train (7 heures à Montparnasse le mardi matin) plus auto-stop. Un autre registre…
Pour la bonne feuille, voici un extrait du livre qui paraît cet hiver chez l’Harmatan (voir précédent « coffre »de 4 L.)
Amitiés
Marc Lebiez
« ŒDIPE ATHEE
(p. 93 sq.)
Fille d’un dieu
Jésus est fils de Dieu ; il n’y a aucune fille dans son entourage ni – par conséquent ? – dans le christianisme. La femme n’y apparaît que comme la mère (idéale) ou son envers, la prostituée. La relation de Jésus à son père (du Fils au Père) est assez étonnante : rien, ou presque, n’est dit de Joseph (ni du métier que pratiqua son fils – le même que le sien ?), ni des rapports de Jésus avec lui. Admiration ? Désir d’imitation ? Rivalité ?
Que fait Joseph au moment de la crucifixion ? Après la mort ? Les femmes, les femmes, mais lui, l’homme, le père ? Jésus assiste aux noces de Cana avec sa mère, pas avec son père. Pourquoi ? Ce dernier est-il à ce point inconsistant ? Dieu est-il jaloux d’un rival terrestre ?
Les rapports de Jésus avec son père divin ne sont pas clairs non plus. On ne voit pas en quoi il s’en distingue, sinon dans sa mortalité et sa capacité à souffrir. A-t-il une existence propre ? Ce serait celle qui s’achève sur la croix : Eli, eli, lema sabbachtani ! Qu’est-ce alors que ce père qui n’aurait conçu un fils que pour le faire mourir, alors que lui-même se serait préservé dans sa confortable immortalité ? Mieux encore : son éternité. Si, d’un autre côté, il n’y a qu’un seul être dans ces trois personnes, alors le Fils n’est pas réellement distinct du Père, il n’en est qu’une pâle copie terrestre, la forme que Dieu se donne quand il décide de se faire homme. En ce cas, être fils ne serait qu’une manière de n’être qu’imparfaitement, qu’incomplètement. Le dire fils serait avouer qu’il n’est que secondairement. La paternité du Père n’est pas sa puissance d’engendrer (sur quoi l’on n’insiste guère) mais sa pleine puissance d’être, alors que le Fils n’est que dans une certaine mesure. L’être du Père est plus plein que celui du Fils. À preuve la mortalité de l’un, à quoi l’autre n’est pas confronté. Le Fils n’est pas reconnu dans l’originalité de sa personne, il n’est qu’un piètre décalque du Père, un sous-père.
C’est sans doute pourquoi il n’a pas d’enfants, ni d’ailleurs de femme, sinon sa mère, présente à tous les moments importants de sa vie terrestre. Faute d’être vraiment reconnu par son père, qui l’a abandonné, il n’est jamais qu’un fils à maman, incapable de procréer. Fils destiné à ne jamais devenir père.
N’en va-t-il pas toujours ainsi des fils ? Leurs pères acceptent-ils de les voir pères à leur tour ? Ils devraient, puisque cela les rend grands, à moins que ce mot ne soit qu’une consolation pour la douleur de n’être plus le Père et de devoir partager cette paternité qui a longtemps fait leur être même. Le père veut bien reconnaître en son fils son enfant – encore que cette question soit la hantise de tout père et ait justifié la fondation de l’institution familiale – mais certainement pas un futur père. Dieu le Père ne fait pas exception à cette règle de la paternité humaine ; il en rajouterait plutôt dans la rivalité avec son fils. Mauvais exemple, triste modèle. Au fond, l’excessif attachement des fils à leurs mères arrange plutôt les pères : aussi longtemps qu’ils ne sont que des fils à maman, ils ne sont pas des pères. À peine rivaux, petits Œdipes tout juste fantasmés qu’aucun père n’a jamais croisé sur sa route, ils ne constituent pas une menace réelle. Si, d’ailleurs, la mère se livre à des pratique incestueuses avec le petit garçon chéri – oh, de simples et innocentes caresses dans la chaleur du lit maternel, tandis que le père est parti travailler, rien de grave, pas de pénétration, avec ce petit pénis qui peinerait à se rigidifier, si jeune ; donc pas d’inceste se dit-elle, sans vouloir s’imaginer ce qu’a pu ressentir le cher petit Jésus – eh bien, le père en est plutôt satisfait : pendant ce temps-là, elle ne va pas avec un homme véritable, elle n’en rêve même pas. Et s’il voit loin, il peut se dire que ce fils restera ainsi longtemps un enfant, et ne deviendra pas de sitôt un rival en paternité.
Le petit garçon s’imagine en rival de son père face à la mère. Il est prêt à croire ce sentiment réciproque, en quoi il se trompe bien, et cette illusion arrange l’entourage. Il n’est, entre ses parents, qu’un jouet dans l’enjeu qui les oppose, le père qui veut s’assurer que sa femme ne fraie pas avec un autre homme, la mère qui veut se consoler à bon compte du défaut de tendresse de son mari. Quoi de plus mignon que le petit bébé, inoffensif ? Il est floué, le petit enfant, et qui s’en soucie ? Les choses se gâtent lorsque l’enfant devient homme et veut être père. Jésus, lui, est resté fils, et l’on nous donne cela en exemple, cet homme jamais devenu père, que l’on représente tantôt nourrisson allaité par sa mère, tantôt cadavre rigidifié, dans les bras de sa mère, encore. Il n’a jamais pu en sortir.
Est-ce un dieu qui veut cela, ou bien la paternité, ou encore ce qu’il faudrait pouvoir appeler la filiarité ? Ce mot, bien sûr, n’apparaît pas dans les dictionnaires, les pères y veillent. Sont-ils différents avec leurs filles ? Il arrive que leurs mères soient jalouses lorsque vient la nubilité, et cela se comprend car elles peuvent se sentir moins désirables, désormais, que leurs filles.
Constatant ce que sont devenues celles-ci, elles voient ce qu’elles ne sont plus et ne seront plus. La nubilité de sa fille est, pour la mère, signe que le temps a passé, et quoi de plus douloureux dans la vie que la lente approche de la mort ? Si la mission terrestre de la femme s’épuise dans la procréation, si son corps n’est désirable qu’autant qu’une naissance peut être à la clé du désir assouvi, alors la nubilité de la fille est douloureuse. Mais on ne voit pas que les déesses aient de tels soucis, et les femmes pourraient en prendre de la graine. Les déesses peuvent être mères et leurs filles, à leur tour, mères ou du moins épouses, sans qu’elles se sentent atteintes dans leur féminité. Déméter demeure solidaire de Perséphone, qu’elle cherche sur toute la terre, de jour comme de nuit. Dionè soigne Aphrodite quand celle-ci est blessée par Diomède. Héra ne se montre pas non plus jalouse de ses filles : c’est en femme qu’elle est blessée par les infidélités de son conjoint, alors qu’elle reste, ce que nul ne met en doute, aussi désirable qu’une autre.
La maternité n’apparaît pas pour une déesse comme une fin de soi, elle n’est qu’une étape sur laquelle on passe assez vite, tandis que persiste la désirabilité. Il n’est jamais dit d’une déesse qu’elle serait grand-mère, quand même on saurait que sa fille est elle-même mère ; il n’y a pas transitivité de la qualité parentale, celle-ci est directe, et seulement telle. »
(Photos 3 et 4 : Jean-luc Saulnier)
Hé !
Mais qu’est-ce que c’est tous ces trucs, des z YDIT où il y a des jambes de jeunes filles qui dorment dans des trains, des culs ronds dans des shorts courts, tout ça n’intéresse plus personne, et en plus même pas de mots d’explication, pour faire la lumière, donc ça veut dire quoi ? Et aussi quel rapport avec la voiture ? On comprend rien à ce bazar. C’est pas drôle. C’est pas la peine de continuer sur
un chemin qui ne va nulle part
Benoît
Deux mots sur quatre L
Sans doute un projet qui mériterait de trouver sa route, et qui-tout de même- en dépit des cartes, des repères, des allusions, des flèches un peu lourdes ( …le perpétuel faux départ, les impasses du jeu, les silences du dialogue affiché impossible, les reflets de corps prétendument livrés aux fouilles des regards mais clôturés dans leurs vêtures variables, serviette éponge ou bikinis …,)
…projet qui manque un peu de coffre
( ça va, on compris la métaphore du coffre-mémoire à percer au chalumeau pour un braquage contre soi-même).
Ydit, maintenant, pour rester dans la métaphore, tournez le démarreur, étoffez le sujet, mettez plein gaz, laissez-vous aller,
approfondissez. Donc, étourdissez le héros.
Une liseuse de blogs