Le jour semblait avoir commencé avec richesse, et comme sur un coup de dé n’abolissant pas le hasard : sans réveil et sans contrainte. Comme on veut.
Vers 10 heures, un S.M.S. guilleret de V.( Vanvara),qu’on prénomme A.
(Angéliki) annonçait que le dîner du samedi était impossible, soudain.
Ydit répondit comme il convient en ces cas. Elle se disait confuse, et toute cette sorte de « HUM ».
–Pour ta peine, je vais te parler de RAVEL, textote l’oublieur.
–Ne vous croyez pas obligé d’être trop gentil pianote Angéliki (elle le vousoie).
Ydit : « Je serai bref, usant de l’image au lieu de la métaphore » (elle peut comprendre). Elle se plie aux règles du silence. Inestimable Angéliki.
« Voila : cet autre jour, il y a peu, j’avais rendez-vous chez Ravel. D’ailleurs, c’était annoncé à la fin de la dernière S.P.O, la 19. »
Angeliki demande en 140 caractères s’il s’agissait de celle avec une salopette , qu’elle ne peut s’empêcher de commenter, ou de celle de l’ « à peine pudique séance floue au jacuzzi? »
Évidemment, c’est une tentative de détournement de récit, un espoir de renvoyer à une S.P.O déjà faite, pour gagner du temps.
« Pas de ça Lisette », pense Ydit en Grec (Angéliki avait des aïeules déesses de l’Attique). Puis continue. Forcément : un type- Ydit – qui se dit dédié à dire dix ans ( ou plus si les dieux de l’Olympe le veulent ), on ne l’abrège pas ainsi.
Ydit raconte en fragments qu’il avait fixé un rendez-vous pour une Séquence Publique d’Oubli, dans un établissement lui aussi public, dont la directrice l’avait accueilli avec un amical intérêt, et une curiosité de même.
Mal dormi comme toutes les veilles de Première. Ici, Angéliki demande ce qu’il a trouvé pour le sommeil. Ydit, interrompant les saccades du récit : « Molécule ou Whisky, mais je préfère la seconde formule« . Elle s’interroge sur l’usage désuet mais soyeux de l’Ouzo, peut-être ?
Donc, dès le matin, Ydit songeait aux formes et aux dires de la SPO-RAVEL.
Première nécessité les jours d’épreuve : s’éprouver. Tout commence par la course solitaire au bois de V. A l’autre bout du virtuel, Angéliki textote, mais n’envoie pas.
Ydit se promet de résister pendant la course à toute entreprise ( une fois encore ) de détournement
…de pause avec pose ? De tout ce qui distrait l’oublieur de sa volonté d’oubli. Se prémunir aussi de la possible erreur d’attention, donc de parcours…Ne suivre que le bon chemin. Et toute cette sorte de tweets.
Le temps passait : brève remise au propre après courir (le cadrage préserve les pudeurs)
. On ne peut pas envoyer des photos sans peignoir, ce serait une autre histoire.
(Angéliki approuve: « oXi »)
Jours d’épreuve, deuxième consigne : le végétal s’impose.

Puis, voulu, décidé, programmé mais un peu redouté: S.P.O.Ravel, hop, S.P.O. 20 le moment d’y aller.( « hop« est plus facile à textoter que : « après mûre réflexion« ).
Marche lente au soleil de juin, approche sereine, éviter le tramway.
Ydit s’amusait : Tout ce public serait-il son virtuel auditoire? (il n’en croyait mot, on s’en doute)
Dans l’établissement, un affichage avait bien été fait.
Pour la salle, Ydit arrive en avance, précédé de fraîcheur et de juin,accompagné de la directrice: sur place, deux professionnelles tentent de conseiller Ydit , opération toujours délicate. Il installe les témoins. Il s’aperçoit qu’il a oublié le magnéto de poche. Ce sera sans conséquence.
Ydit tourne les lieux possibles comme des pages lisibles, cherche l’endroit, il parle à voix basse pour ne pas déranger les rares lecteurs (qui sont ici des lectrices), découvre l’espace propice au soliloque oublieur. Clins d’œil.
Il a préparé une fiche où noter les adresses mail de ceux qui l’accepteront, l’accepteraient, vont accepter. Discrètement (au moins affecte-t-il de le croire) un post-it s’est collé gluant au sec réel de l’oubli, pour faciliter la logique de la Séquence. C’est l’heure.
Puis, le temps vient, le temps passe, le temps va finir, il est temps. PERSONNE. La directrice empathique propose d’aller chercher des auditeurs. Mais ce serait la négation du projet de S.P.O. , annoncée: On vient, ou on n’est pas venu.
On n’est pas venu, envoie Ydit en 17 caractères ou espaces.
Ydit souriait un peu, l’aimable directrice était navrée ( son aide fut sans réserve), il répondait que non.. Rien à dire, disait Ydit. Les dames de la salle ne parlaient pas, sauf pour l’au-revoir. Ydit bavardait un peu, souriait entièrement, rangeait les objets comme un élève à la fin d’un cours qu’il a séché, regardait l’horloge : 15h25, ici depuis une heure, on commençait à lasser l’auditoire- si on osait dire. »
Fin de la S.P.O. RAVEL
( Il n’est pas impossible que, dans la succession vaguement fébrile d’envois de textes et photos, tous en format MSM, Angéliki ait raté quelqu’étape de cette S.P.O. à réceptrice unique, et plutôt virtuelle.)
Angéliki réplique par un dernier S.M.S. : » Et vous avez tout quitté sans avoir rien oublié ? »
Mais, à cet instant, l’appareil signale que la batterie est vide, et qu’il n’y a pas de réponse possible à cette intéressante question.
Et s’ils avaient oublié de venir, les auditeurs potentiels? 🙂
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La gageure est celle-ci : rencontrer des auditeurs sans forcer quiconque, et non pas pour se faire écouter, mais pour (au fond) augmenter le nombre des » suiveurs » de YDIT.
Mais, bon, d’une part c’est une façon pas désagréable de dépenser le temps , ( d’autres élèvent une série de bestioles à crinière) et puis pas d’urgence : je me suis donné entre quinze et vingt ans pour aller au terme de ce projet! Trois bises
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🙂 🙂
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Rigolote réponse, merci! Mais oui, ils n’ont pas oublié d’oublier ! A bientôt, pour de refaire des souvenirs. Bises
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J’observe que:
1) l’énigmatique Angeliki qui aurait tout aussi bien pu s’appeler Angelikoi (qui fait plus crétois) n’a pas oublié le dîner du samedi, une sorte de pré-souvenir…
2) A. est une perle rare en ce qu’elle ne semble pas parler à tort et à travers et donc autant de matériel à ne pas devoir oublier pour les SPO n°100 et suivantes..
3) Le bois de V. dont il est question m’interpelle : est-ce Vincennes ou Vanvara ou les deux…
4) Ydit m’est de plus en plus sympathique dan son refus de complaisance et d’empathie de cette directrice qui a oublié (à tort) de bien faire en amont son travail d’information pour appâter les candidats à la SPO. Elle aurait pu dire que la séance pouvait rapporter des points supplémentaires au Bac,comme l’EPS…
5) j’attends impatiemment l’analyse du SMS final de A.
Bien à toi
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Les commentaires de Bernard sont d’une malignité ( pour certains personnages) sympathique ( pour YDIT) comment les refuser, même si un sens aigu de l’humilité devrait demander que ce soit le contraire…Pour Ravel, pas de jeux de mots, on connaît la musique ! A noter, seulement , Monsieur le Président : à Ravel, comme partout, la parole s’adresse à des adultes, pas des mineurs- dont il faut préserver la morale intègre, le goût de l’Avenir, (etc.!)Mais, oui, ici, on aurait ou appater les profs., qui étaient le public virtuel, avec des primes ou des jours de congé.
Quant au SMS final,puisque nous sommes dans les langues anciennes, l’amphibologie fait partie du plaisir ( ?) de lecture! Merci, surtout, merci de cette fidélité.
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il ne me semble pas que les deux coureuses soient les mêmes? Deux entraineuses différentes (je n’ose pas écrire « lièvre »)?
je regrette que Ravel ne soit pas plus enclin à l’oubli.
ça augure mal des jeunes générations.
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Le public, ce sont les adultes, à Ravel et ailleurs, sinon, des mineurs, ce serait trop facile ( et trop dangereux ?): personnels divers d’un établissement. Donc, la leçon à tirer de l’absence c’est qu’il ne faut pas courir deux lièvres à la fois, au bois de V. ou chez Ravel ( dans l’arrondissement, ,il y a deux établissements « RAVEL » : un lycée, un centre socio-culturel/théâtre.)On dit à YDIT que, en fait, 234 personnes attendaient YDIT, avec fleurs de monoî et bouteilles de Margaux, mais qu’à la suite d’une regrettable confusion, c’était dans la fosse de l’orchestre du Centre Ravel,et non pas au centre documentation du lycée.
Dommage, du l’ai du miel et une route des vins ratés.
Merci de cette lecture fidèle !
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