Yditblog S.P.O. 74 – Le fumeux Parrain -Piqures de langue, la saveur de l’été c’est avant / n° 4

Séquence d’été quatrième, SPO numéro 74,  des goûts dégoûtés de cigarette allemande


CARTE POSTALE :

Avec les Jeeps noires de l’été, on est arrivés très loin au nord de la terre et au point de la langue, il y a des lumières écervelées, on croirait trouver du silence parlé par la solitude.

Mais parvenant au lac immense, on les voit : ils ont loué quatre hors-bord, réunis et ancrés à vingt mètres. Ils chantent à tue-coeur des airs violents et jettent à l’eau les bouteilles vides de bière.

 

On aimerait que non. Mais il y a des nuisibles dans chaque histoire, et même parmi les impasses du souvenir que parcouraient les garçons dans  « La villa du Pré », jadis.


Continue ( et bientôt s’achève)  la série des

Piquettes de langue de l’été, séquence  74 :

Le fumeux Parrain /des goûts de cigarette allemande

     Rappel :

     Germaine : « Alors, cet été, comme les précédents, vous aurez la parole légère et l’OubliE facile? Un peu comme des  « chouchous » vendus sur la plage par un gros homme qui porte un panier d’osier, et dans le panier des beignets , et sur les beignets du sucre glace, et dans les beignets des confitures abricot ou fraise, à l’époque on ignorait la pâte au chocolat? …


     Dans la brume langagière d’une polyglotte ne parlant rien mieux  que ses suaves gestes de slave, à YDIT  VASSILIKI redit d’un regard :-psy005P1200717  « – Le plus difficile dans votre sans doute vain dressage des Oublis, c’est de savoir jusqu’où effacer le temps d’avant. ON travaille la craie du souvenir avec l’acide du fantasme, et cependant on tente de savoir encore de quelle chair sont nourris les mots de l’à présent.

Nous, jadis, nous avions une méthode adaptée à générer la puissance de l’oubli,dans mon pays  on disait : « Les Organes ».

« On n’y comprend vraiment jamais rien à ce qu’elle profère, dit Germaine, son slave c’est du Chinois ».

     Voltaire, cette fois encore, est allé porter ses contes en Suisse, on ne peut jamais  compter sur la philosophie.

     – «  Et pour l’été, reprend Vassiliki, vos bulles de langage, j’espère, vont me permettre ce rapport-enfin- sur les activités de votre père et les services, cette obscure clarté qui plombe les étoiles? » accueils d'Amiens, les amis de partout

     YDIT , c’est la séquence quatre de La Villa du Pré, YDIT raconte  :on était pour la première fois de la vie (ou presque)  partis en vacances. Permane le souvenir confus de campagnes où massacrer les orties le long des chemins creux menant à la rivière. Mobile homme cabane au Perche 2015IMG_9102  Aussi, d’une crémerie B.O.F. où la jeune apprentie penchée sur le bidon de métal marquait de l’impudeur du corsage son intérêt pour le parisien de 13 ou 14 ans.

Plongeant sa louche bien droite dans le bidon de crème épaisse, elle se penchait à point pour qui sait y tendre.

    

 

 

VASSILIKI, encore soucieuse de rapports, demande si on ne se perd pas en lacets, en dérives, au lieu de préférer la ligne claire et le discours net?

    YDIT répète : ici, les Séquences Publiques d’OubliEs, c’est le terrain des images, pas des raisons.

     Il reprend le récit  : Parrain avait accompagné la famille dans le bungalow. Le village encore rural voisinait une plage : bouteilles de verre à demi couvertes de sable et club Mickey pour refuge matinal d’enfants qui portaient des maillots multicolores en laine tricotée par l’aïeule. Ça gratte sur le sable, ça moule dans l’eau, on aspire à l’ôter mais ça ne se fait pas déjà.

 

 

    Les soirs, l’aîné  retrouvait tôt  les amis qu’il avait vite rencontrés, connaissant partout les bons endroits où repérer les siens.

     En fin de semaine, le père parfois venait, un sac de routard sur l’épaule. Il observait les caches les mains sur les hanches, il regardait les allées-venues en vélo vers la côte, toujours à la bouche cette pipe qu’on suce par mélancolie ou par fatigue d’avoir à déchirer les paquets de cigarettes. gotlib sieste  A certains moments, le père, oublieux de lui-même, vivait les yeux refermés sur la clôture de sa propre absence dont il négligeait les contours comme un aquarelliste privé d’eau.SDPO volcanic island from pinterest
Ydit raconte que Parrain  proposait de lui ouvrir la route : promenades vers les foins, après les bains de mer. La campagne est solitude.dj +richard plage

 

l'enfant et les oublies  « Pas de pudeur inutile entre nous, c’est la famille » : Parrain l’aidait en toute amitié et sans jamais rechigner à changer le maillot de laine trempée  contre un short blanc, qu’il conseillait de porter à cru,  car prompt à se salir aux coutures et sur les fesses, gras de l’herbe et sec de la terre.

     A Paris, on le voyait, les dimanches, offrir des pièces  blanches pour sortir une guimauve. C’était lourd, plutôt mou, et ça filait entre les doigts.

     On apprend vite qu’il y a plus pauvre que soi, et aussi que les pauvres savent titrer profit des plus pauvres encore. Ydit raconte que, à défaut des pièces de Parrain, il fallait souvent livrer, au loin dans la Villa du Pré,12_Laravaudeuse les travaux de ravaudage par quoi la mère s’efforçait de rehausser le niveau de flottaison de l’épave familiale. Elle cousait des étiquettes dans le revers des cravates en nylon qui pouvaient ainsi acquérir le prix des marques – celles des magasins Uniprix. C’était peu de francs la dizaine. YDIT portait dans les deux sens, à pied, étiquettes et cravates encore séparées, puis au retour unies par l’aiguille énervée de sa lassitude. Rassembler ce qui est épars.Carte-postale-Ancienne-Pré-saint-Gervais-La-rue-charles-Nodier

     P1220426

 

 

 

 

 

« On hésite à le croire », note VASSILIKI, pour le rapport sur les activités, le père, les services, les origines du mâle en somme. Elle entretient avec la vérité cette relation citronnée d’une qui n’a pu jamais oublier qu’il suffit d’un doigt sur la détente pour effacer le vrai d’une mémoire.

 

 

YDIT raconte qu’il y avait aussi la semaine des pantalons. La mère pliait puis cousait les doublures, les poches, les ourlets, aussi les braguettes, on ne savait plus.  Ydit emportait les ballots enserrés de ficelles rugueuses. P1220463 La patronne, dans son immeuble de La Villa, comptait les jambes comme des jours, c’était tant la jambe, et tant de jambes faisaient un jour.

     Revenant de livraison, après La Villa du Pré, il pouvait arriver qu’YDIT croisât son père qui entrait au café de la Mère Jeanne pour y apporter ses secours, en blanc ou en rouge.

Le père : ex-J.O.C., un vrai petit blanc ne méprisant

pas le gros rouge.  SPO 40 002Photo 076

IL avait toujours développé un vrai sens de la solidarité.boire un canon     La grosse femme servait des vins triés par leur degré et des bonjours avares, mais en passant par la porte arrière du café on gagnait du temps.

     VASSILIKI demande si « c’était pour rien? »

    YDIT : la famille c’est pur rien. Il livrait le soir, après le collège, ou les samedis. Ainsi avait-on pu acheter le départ en vacances, bien que le père dût rester en ville pour  soutenir d’un coude fébrile les activités trieuses de la Mère Jeanne, que toute la famille redoutait.mère grand et sa cuisine ( Lelong Carmen cru , Fluide glacial 1984)

     Un soir, après la rivière, ou la plage,  près de l’église déjà ouverte sur l’angélus, Parrain et Ydit étaient assis sur un talus de rocs poudreux. -« Tu devrais retirer ton short, il est tout sale aux fesses, on va le frotter, on va pas se gêner, on s’en fiche de sqe voir, on est en famille « , disait Parrain, qui s’y connaissait en shorts portés à cru, dans le silence parfait qu’inaugurait un muret muni des derniers sacrements et d’ombre propice…Maintenant, être vu ne gênait plus Ydit, pourvu qu’on en restât là.
Puis, poursuivant l’intention d’éduquer, et allongeant le temps,  Parrain : « Tu sais fumer? Tes copains t’ont déjà montré, au collège? « . Il avait sorti de la boite, raconte YDIT,  une cigarette bien rouée, bien roulée, puis exposé  comment on la tenait, où il fallait mettre les doigts si l’on voulait faire le grand, dresser des gestes pour le  cinéma.        le Parrain 1

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     YDIT ajoute qu’il n’aimait pas trop cela, mais que Parrain avait droit de Paternage, et il avait donc posé lèvres et doigts comme il fallait pour bien fumer comme un grand.

    Pendant longtemps la chaude bouffée inaugurale avait conservé la saveur du dégoût.

    Ensuite, quand le dîner de pilchards à la tomate et de pommes de terre fut servi devant le bungalow du camp, la mère avait trouvé YDIT un peu bizarre, comme « ailleurs » lui aussi, tel père tel fils, les chiens font pas des chats. Parrain, rassurant :

 » Rien que de banal, c’était sans doute qu’YDIT mûrissait avec l’expérience de la vie ». Il y a des mers et des mères qui font nager, d’autres qui font baver. YDIT sent qu’il est ceci :

« Une ombre peut-être, rien qu’une ombre inventée

Et nommée pour les besoins de la cause

Tout lien rompu avec sa propre figure »

(Louis René des Forets, Poèmes de Samuel Wood Fata Morgana 1988)

     Et puis, ajoutait la mère en distribuant la pomme du dessert, on est en vacances, on n’a même pas raté le certif, c’est pas pour faire la tête pour des riens, au fait faut que je lave ton short, tu devrais être content que Parrain s’occupe si bien de toi, vraiment , YDIT, ,

et  on est là pour pro-fi-ter.

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Didier  Jouault    pour      Yditblog  74

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