Yditblog Séquence publique d’oubliEs n°80 ( post 104) : La carpe du territoire fait toujours perdre le Niort – 1 sur 2

     Ydit veut raconter l’arrogante cruauté des jeunes hommes trop faciles. Par la suite, peu à peu, presque sans  le vouloir, ses frères lui ont appris à respirer autrement le parfum noir des dames, sans renoncer à les aimer.

 

l Multiplication des Germaines

 

     – « En fait, franchement, dit Germaine en  secouant la tête d’un joli «  non », vous pourrez dire ce que vous voulez, Mon Vieil Ydit, nul ne lit pas l’avenir dans le jus de pruneau, et encore moins en jouant aux dés avec les noyaux, c’est bien connu, ça n’abolit pas le bazar. Ou alors ça ressemble au plan de la gare de Niort ».

 

 

     Ydit ne demande donc pas ce que cela signifie. On a d’ailleurs compris, depuis le début (ou presque), à quel point l’espace des Séquences Publiques d’OubliEs privilégie à chaque fois l’image sur le sens, résolument, définitivement, l’image plutôt que le verbiage, y compris le sens de la vie, et- pour les amateurs- l’essence du lavis.

– « Même s’il fait image et même s’il n’est que de passage pas sage, le sens ? » estocade Germaine. Elle s’est de mieux en mieux glissée, geste et verbe, dans le costume à paillette de la rouge dame des rails qui pétillette et goguette. Elle chewingmachouille le mot «sage» et songeant ( éternel reproche ) à la présence souvent estimée inutile de nues plus ou moins crues dans les séquences à plus ou moins croire, nues seraient-ce en sculptures qu’honorabilise ( non sans hypocrisie, on le devine ) leur endormissement sur les parquets des musées, leur efflorescence photographiée,  ou leur épanouissement au yeux de tous dans le douillet silence des jardins publics.

     Absent de Paris pour affaires ( cette fois, dit-on, pour diner d’un dindon avec un de ses Frères, Jefferson ou Washington ) Voltaire dit V3 exprime de loin son accablement, avec un peu moins que les 140 caractères de la limite autorisée.

     Abandonnée à son propre aiguillage, Germaine poursuit, au moins son discours, et sans doute aussi le chemin vers la gare égarée sans égards dans l’une des séquences publiques d’oubliEs à venir. Encore un de ses aphorismes très mineurs : « Plus le trafic est ancien, plus on va vers la voie unique ». Au proverbe malien succède le proverbe du train.

     À propos d’indignité, demande Germaine, aujourd’hui pétulante comme un Cyrano, je ne vois pas non plus ma pote Vassiliki ? Deux ans qu’on se connaît ! Elle n’est pas revenue de Sofia ? Elle rédige son rapport sur vous, et votre père, au profit des Organes?

Elle le sait, Vassiliki, elle, qu’en mentant on regarde les cartes pour mieux  voir dans le passé.

Ydit raconte : Un après-midi, sur une devanture de boutique près du canal, il avait personnellement été invité -par affichette- à tout savoir en direct sur son avenir. Comment résister à l’appel du désert ? La dame, toute d’âme vêtue et de lames armée, pratiquait le tarot instinctuel, ce qui peut exciter toute curiosité mâle placée- surtout que l’affichette s’ornait d’un portrait de la devineresse qui se documentait en tenue de classe.

     Ydit formait en son rêve des cauchemars à la Pyrrhus. Paisible et pleine d’elle même, une Judith belle comme Camille Desmoulins battait ses ailes du désir, puis sortait promener sa tête d’Holopherne, fichée sur une pique qu’on aurait dit droit venue du pays perverti d’Alice : l’avenir, c’est ainsi, murmurait-elle, tandis qu’on flottait sur l’encens de la sale d’attente.

     Le tarot l’affirmait : dans un voyage prochain, Ydit ( dont le pseudonyme était encore lui aussi à venir ), Ydit croiserait le sentiment sur un quai, un rivage, un trottoir ( les cartes répugnent au détail). Une lame disait le voyage, une autre l’aventure, la troisième en se retournant paraissait cligner de l’œil dans le miroir des vestiaires. La devineresse volait d’une main toujours muette sur ses lames retournées, mais ne disait mot que sur demande : une carpe dans son fossé.

 

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