Yditblog S. P. O. n° 84/ 108 La présidente s’évente, me tente, se vante, s’invente, et me hante. (3/3)

Le Réseau-à-clavier est une vitrine de mémoires un peu sale, un grenier de passé plus ou moins mis en conserve sur les étagères boulimiques où s’échangent d’obèses messages.

 


rappel ( deux précédentes SPO) :

     République TONPRé ( dire aussi TROMé par ironie parisienne ) avait voulu que la nouvelle loi, qui lui était largement due, devienne réalité, pas rien que des mots, et d’abord en cette terre d’élection : la sienne, département où Ydit était l’un des directeurs des services de l’Etat.

     Des années plus tard, bousculés par l’étrange intuition désordonnée des claviers, leurs noms se rencontraient. La nouvelle Présidente de la Caisse lui suggérait de « passer ». Elle lui proposait, outre de plonger la main dans le sac rugueux mais sucré des chouquettes, de prendre place in pace auprès d’elle, en toute discrétion. Tel un silencieux Ancien  sorti de l’échiquier, un fou sans règle, un pion sans blanc,  ou comme un Gratuit jetable qu’on distribue pour l’entrée des Conseils à l’ouverture, café en main.



YDIT raconte :

     Le quittant, la Présidente lui avait jeté quatre ou cinq feuillets à commenter. Ydit savait lire vite, préparer des notes (d’autres SPO, d’ailleurs, ici, balisent sa brouillonne randonnée de serviteur nyctalope vers les bureaux illuminés d’Excellences ).

 

– « Que fais tu, s’amusait la compagne, l’observant piétiner le clavier à grandes enjambées,  au milieu de la nuit ? C’est ton soir de Pascal illuminé? Ton pilier de Claudel? Ton mémorial de sainte campagne? «  Il répondait : « J’écris pas Lude ». Habituée au choc des approximations, elle retournait au lit. Ydit consommait les touches noir et blanc comme un plongeur sous marin sa tétine d’oxygène.

     Dès l’aube, il adressait  la note – écrite d’une main légère et bénévole- au Suprême Ordonnateur du Cabinet de la Présidente de la Caisse.

 

    Les ITT ( l’Infernal Trio Tintinnabulant) étaient en I.T.T. – suite à un débat un peu vif  sur la couleur des vêtements à la mode -. A défaut, on aurait pu entendre Germaine demander si la réponse était arrivée à l’heure cette fois, ou V3, le Vieux Vaticinant dit Voltaire, s’interroger sur la valeur de ce qu’il écrivait…

 

…ou encore la slave et blonde Vassiliki ( apparue/disparue dans le décor des rues) tenter de lire par derrière l’écran, afin  d’enrichir son rapport sur les activités pour les Organes, toujours en projet.

-Et alors ?

YDIT : Alors, rien, on ne sait pas, justement. Rien.

    Selon des usages communs, faute de réponse- ou même d’un simple accusé de déception- Ydit s’enquit : « Avez vous bien reçu ma note à temps? »

    La suite n’était sans doute à la portée de personne, ni second violon, ni sous-fifre, encore moins grosse Caisse- bien que celle de la Présidente fût riche en concerts de louanges distribués sur les kiosques. Silence, courant d’air sur la balance. Étonnante impression d’être mis à nu par des atrabilaires même. Pris pour fruit, sinon cible.

 

 

    On connaît la belle liberté de route des institutions en déroute. Ydit tenta donc de comprendre comment cheminait le melimelo du discours vers l’impétueuse Présidente. Il essaya de suggérer un nouveau rendez-vous. Il s’adressa au Chef des Agendas et des Chatouilles d’amour propre, agent ténébreux et brillant comme un cirage confondu avec un dentifrice. L’homme aimait prendre des poses qu’il voulait avantageuses

 

mais ne savait  sans doute ni lire ni écrire, et ne répondait pas non plus quand on épelait un message ( et si l’on empilait un massage ?).

    –« J’en parle à mes vice-Présidents, et je vous rappelle aussitôt », avait dit République TONPRé, lors de l’entretien café-chouquettes.

Et ce fut comme une disparition.

    Ydit derechef s’enquit : Vice-Présidents :  Rastapopoulos en Rhinocéros ? Claude Frollo après Esmeralda? Fantômas à la masse ? Sauron et ses anneaux de plomb? A moins que The Présidente ne fût une alliage de Folcoche et Lolita, double et trouble étourdie oubliant ses avances? Mmmm…

    Ydit s’amusait de récits – car que faire d’un Mépris sinon un film ? Fuyant ses propres peurs et certitudes, poursuivie par Rastapopoulos les mains pleines d’or noir, retroussée par ce frelon de Frollo prêt à darder sa piqure, poussée dans le coin du Ring par les seuls ricanements du « Maître de Tout et de Tous », République Tonpré n’avait pas eu d’autre solution que de sacrifier Ydit – pauvre petit vieux qu’on avait jugé un peu délabré, malgré ses efforts pour écrire droit et se tenir juste.

 

     Dépouiller le vieil homme est une technique solitaire plus amusante à plusieurs.

    Abandonner un Ancien sur le bord du silence, le poser à peine allumé dans le cendrier de l’entrée, haut-parleur  du quai annonçant la fin du service ?

    YDIT raconte : Usant de formules simples, et privées de reproche, j’avais posé un ou deux derniers messages, souriants et sans ambage, directement destinés à La Chef, sur deux ou trois des réseaux, où nos noms s’étaient croisés, au début de ces brèves retrouvailles.

     Mais pas un mot. En quinze jours, vaillante et rapide comme une guerre éclair, La Présidente avait déjà épuisé la ressource.

Quittant le quai,   déshabillée en  pure   absence. La Présidente disparue. Pas le temps de la retrouver.

 

Ydit avait abandonné l’inutile poursuite.

 

    – Et sait-il enfin ce qui a eu lieu ? Après tout, République Tonpré n’aurait-elle pas ( elle le pouvait) lu d’un œil suffisant la liste des si nombreux Frères d’Ydit, et jugé la famille encombrante ?

    Ydit : A moins que, sur ce réseau même où leurs noms se croisaient, découvrant les « Séquences Publiques d’Oubli » elle n’eût craint d’y être mêlée ou mal menée ?

Germaine, V3, Vassiliki, de loin, s’ égaient : En ce cas, tant pis pour Elle, mais c’est triplement raté !


didier jouault  pour Yditblog 84  La présidente me hante


 

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