INTRODUCING MARINA, troisième prise : et ça semble une bonne prise .
Rappel : les trois précédentes Séquences Publiques donnent à voir ( et un peu aussi à lire) l’intronisation de MARINA en tant que nouvelle comparse des OubliEs, au prétexte d’une réunion d’actifs agés réunis l’air un peu sot pour une assemblée de L’AIR SOLIDE.
WELL, INTRODUCING MARINA ? INDEED! NOW!
( on se souvient que V3 est un anglophile invertébré)
( espèce en voie de réintroduction)
Un peu mélodramatique, le vertigineux vétilleux vieillard (donc immanquablement v3) ajoute:
« Ainsi que pour les bonnes soirées au bistrot (bien que le mot date de plus tard), je reprendrais bien une tasse de ce café des Indes et Compagnie. A mon age, cent ans et plus, s’endormir devient un avantage aussi rare que de dîner avec une jeune femme, même ailleurs que dans un endroit chic.
Donc, j’ai pris un somnifère depuis longtemps déjà conseillé par l’aimable Chirac, lorsque j’étais si jeune encore, et qu’il médecinait en Majesté.
Figurez vous- réaction allergique ou rêve de peau, rêve de peu-, je n’ai pas cessé de me gratter toute la huit, encore et partout, galeux comme un philosophe, et j’ai dormi encore moins que si j’avais passé la nuit au Chatelet, ou avec.
Ebarbouillées par toutes les allusions incomprises, qui se déposent dans le lit du récit, Germaine et Vassiliki se frottent les mots et attendent le récit : « Introduction de Marina? Martina? Nativa? N’arriva?
Marina tout, Marina rien? La Marina, quelle sorte, paprika ou quiquina?
Elle pousse, pourvu qu’elle soit pas rousse? »
Vassiliki, de plus en plus méfiante, (car elle n’apprécie pas trop les facilités de paiement que faisait Mariana au romancier lors des SPO précédentes) « Marina, pas encore une poétesse, la souris? »
Germaine, hilare : « Vous préféreriez qu’on l’appelle Mousse ? »
Vassiliki : « Mousse , comme Mickey ? »
Germaine : « Mousse, avec son mousse, une petite mousse avant dîner, une paire qui roule, la Rousse aux trousses? »



V3 les regarde, non loin d’une forme agréable d’ahurissement. Il choisit de revenir au narratif, sage décision, et on le reconnaît bien là :
« Pour l’assemblée générale à l’Air Solide, ambition en mission, Marina louait son fameux talent d’accueil. C’était l’immense salle du palais des congrès et des bons gris, mais accueillir c’est partout la même chose. On a pu connaître son goût de l’écoute et sa façon sans façon de recevoir le visiteur, au cours des séquences précédentes – auxquelles V3 ne peut reprocher qu’un usage un peu lourd de la langue. 
Elle a tout entendu, vu, su-et rien lu, ce qui la forme à la tolérance, sinon à la finesse.
D’ailleurs, la voici, elle arrive, elle s’installe, vole et nous revient avec un verre de Maritza ».
Et voila qu’en effet, bien sûr, sans regarder le regard de Germaine, on s’en doute indignée encore de la vêture, Marina prend place dans le cercle- qui se mue en carré.
« Eut-il été un triangle, son destin eut été le même, » se dit V3, géomètre à ses heures.
Marina donne ce qu’à son age on sait de la vie : un récit.
Marina : » D’abord, bien avant l’heure de l’AG, les porteurs d’action s’étaient réunis dans les gares de banlieue proche, sur les quais de métro, dans les taxis. Puis, après l’accueil polyphonique, beaucoup avait fait la queue devant les portes encore closes de la grande salle, comme des acheteurs d’or un jour de descente des bourses, comme des gibier de relance, des adolescents malingres devant l’entrée des artistes, des rameurs figés dans leur éternité, des demoiselles de Laval apprenant la noyade à leurs petits frères putatifs.
A leur age, c’était un risque cardiaque annoncé. Des secouristes portant le badge » AIR SOLIDE/ SECURITE SANITAIRE », déguisés en pompiers, rôdaient avec une souplesse de rapace, observant les progrès du désastre sur les visages, les postures, les langages.
Puis, longtemps après, dans le somptueux amphithéâtre, La Foule Mystérieuse de amis de L‘Air Solide avait attendu la fin donnée par le Président à son propos, un rapport autant construit de chiffres doux que nappé d’intentions sucrées. « Ensemble, faisons l’Ere prospère de l’Air Solide, et de notre liquidité une solide affaire ». Principe général mais généreux qu’appréciaient les actifs groggis d’AIR SOLIDE.


-« C’est fou, dit Germaine à sa voisine, c’est fou ce que cette MARINA ressemble à toutes ces filles déjà rencontrées depuis 99 séquences d’oubliEs,
….ça ne mériterait pas un petit rapport, si , selon vous? »
Vassiliki, elle, s’interroge :
–« La mémoire des hommes aurait-elle un modèle unique, surtout s’agissant de femmes, et ça formerait l’imbécile modèle de la banalité du désir ? »
Marina cependant, comme on la connaît indifférente aux interruptions, poursuit : « Pour l’AG d’Air Solide, experte de l’accueil sans avarice, j’ai réceptionné le plus grand nombre de membres possible ( on ne sait pourquoi V3 sourit), ça commençait bien : les marques de respect dûes à ces porteurs inconnus d’actions anonymes, sous la forme de luxueuses brochures en grand écran multicolore, s’accompagnaient d’un geste pour chaque arrivant,« Un petit cadeau de la Compagnie pour votre présence », leur devait-on dire, en présentant un billet doré sous enveloppe transparente.

Germaine, en qui la cheminote jamais ne sommeille plus longtemps qu’il en faut à un Train Express Régional pour conclure Paris-Gap : « Beaucoup de manipulation, s’ils étaient 4000, dans l’amphi , mais on dirait que pour vous la manipulation a droit de cité, 4000 ou pas ? »
Dès la fin des longs rapports répétés de l’après-midi ( on ne sait toujours pas pourquoi sourit V3), les questions bouleversantes griffaient l’endormissement d’Ydit qui était venu à l’ AG des actifs en curieux passif.

L’un, pas loin de quatre-vingt onze ans, costume serré cravate molle, s’émeut: « Président, si la Compagnie de l’Air solide est fervente des actions gratuites – n’est ce pas un peu un acte gratuit ( sourires, soupirs, envie de Picon-bière ou de porto-flip), laissez moi finir, gratuit dans la mesure où l’attribution du quantième à la dizaine avec plus fort reste pour les ATS conduit à un calcul fractionné par multiples de dix, de sorte que … »
Une autre, dont le rosacé visage impavide et la robe grand flou Paul Poiret marquent les passages coordonnés de la petite main et du grand chirurgien : » Certes, Président, et tous ensemble ici nous ne saurions que vous en remercier, vous en féliciter, ainsi que toutes les équipes de direction… »
– « Et tous les employés de la Compagnie, à qui je rends ici un grand hommage » interrompt Président
–« Bien entendu , et même les ouvriers, d’ailleurs je suggère que nous les applaudissions ( dont acte) , donc nous sommes satisfaits des progrès de la Compagnie, c’est rassurant pour nous modestes ( mais pas si petits tout de même) porteurs d’actions jolies, cependant le rapport moral ( on se demande pourquoi Vassiliki sourit) fait état des échanges avec des pays pratiquant des politiques, enfin, ayant fait des choix de comme ceci et comme cela, ma question, Président, porte donc sur l’éthique de la compagnie, ne soyez pas Jésuite, et je précise que … »
Plus tard – sa verdeur contrastant sur l’échantillon massivement retraité des diverses présents -un quadragénaire que les autres diraient un peu débraillé, ordre des Arts et Lettres en bandoulière, interpellait :
« Président, la brochure éditée pour cette AG expose parfaitement les avancées Recherches et Développement de la Compagnie de l’Air Solide, en particulier dans le domaine des Faux-Airs à base Alpha, mais on saisit mal la technologie mise en œuvre dans les établissements chinois, si l’on admet que … »
A suivre, sous 48 heures : Séquence Publique d’OubliEs n° 100-103 , quatrième et dernier round.
didier jouault pour YDITBLOG 100-103, troisième zone. La Marina est-elle en question? La Rousse aux trousses ?