Demande Ultime avant fin des soldes : 1 et 2 et 3 et 4 , les séquences publiques d’oubli 104 105106 107 , dans l’établissement culturel Le 104,ont une allure de chenilles processionnaires ( c’est le rythme de la Polka ! )
«Bon, reprend Marina,(les benjamins sont détenteurs du récit, puisqu’ils en écrivent l’histoire ) « toute cette histoire, ça s’est passé en plusieurs périodes, sur trente ans, d’abord une histoire de gens qui sont tout le temps et partout amis sur des stands de tir à la fête des humains, chants et frites pour construire des futurs en couleur, ou des discours révolutionnaires sous l’espèce des raviolis cuits à la vapeur dans les rumeurs du hammam rue des Rosiers, là où Serge triche, mais Serge triche toujours.»
Vassiliki enchaine (sur la période rouge, elle devrait détenir le record de souvenirs, et celui d’effritement contraint des mémoires ) : « Ensuite, on observe que deux parmi les quatre s’emberlipatouillent avec des gélovules qui fondent moins vite dans la main que le …, mais passons, de nouveau. 
Alors, poursuite la Russe chez qui la poursuite est une seconde culture, par la suite YDIT et Polka s’évaporent chacun dans le regard absent de l’autre, et les Quatre ne se rencontrent plus que pour les calanques Grecques, pendant très beaucoup d’années. «
L’Histoire traverse le silence barbare des absences. Puis, les voila se croissant dans le vieux théatre de M., un soir hasardeux comme ils le sont tous après cinquante ans. Ils se rencontrent et s’observent comme des faces masquées les nuits de carnaval, près du Grand Canal :de qui est ce regard?. Sans parler du passé (mais peut-on jamais en dire autre chose que la disparition ?), ils labourent leur présence dans un bavardage de vieux camarades, ni résignés ni grignotés de remords. »
-« Cette fois là , qui sera the last one, mais Je devrais ne le pas dire, mime de regretter V3, au terme d’une longue journée de marche, Polka et Polki sont à table, et Ydit aussi, fatigués, caniculés comme …. »
Ydit , dans le cadre rouge au centre de l’immeuble culturel 104, s’étonne : Quoi?! Va-t-on faire ses oublis à sa place? Lui manger sur le récit la laine du souvenir?


Ydit reprend le pouvoir du récit, l’ultime avantage des Anciens :
« On dînait, Polki s’anémiait, Ydit résistait aux arguments que Polka tentait d’opposer à toute raison, en continuant la discussion de la voiture : métier, valeurs, politique, tout va mal…The end of the Univers, l’effondrement du futur et tout ça évidemment parce qu’on n’a pas su faire du Petit Père des Peuples l’usage malin qui aurait guidé l’Histoire vers la beauté des bonheurs…Elle s’échauffait. Non pas devenant rouge mais s’encolérait de Rouge déchu. L’échange, encore serein sur la route, encore un peu retenu par les jeux de fente et de salade, éclairé par l’éclat fugitif d’une peau claire en haut d’un maillot de bain écarté, la discussion s’énervait, se bardait de pointes, tournait à la rencontre habile d’une hallebarde et d’un fer de guillotine mariés en secret par un coup de feu dans la nuque. Ydit se sentait rejoindre la cohorte oubliée des corps des Traîtres posés sur un corbillard qu’on ne regarde même pas.
Polka parlait fort. Les arguments s’assoiffaient de violence, négligeant ces menus silences du dialogue où l’on reprend raison, avec un peu de salade de fruits. Dans la dispute maintenant traversant le dîner comme un chemin de table cousu de barbelés, les oppositions sortaient les haches contre les mousquets, Marat poursuivait sa Charlotte, et Danton poussait Robespierre dans l’escalier de l’hotel de ville afin de régler à sa manière ses contes à l’Histoire.
»En la lui faisant à l’envers » complète assez obscurément Germaine.
YDIT raconte : Un véritable combat de rues, bagarres et matraques, la scène passait du léger burlesque au véritable traquenard.

Interrogé par tous, comparses et passants de l’établissement culturel ‘Le 104’, car le récit du déraillement attire toujours les voyageurs, Ydit répond qu’il ne saurait dire, aujourd’hui, comme souvent, quelle était l’origine de la controverse. D’ailleurs, le prétexte importait-Il ? On ignorait s’il y avait encore un sujet réel, mais une sorte de stupeur s’installait dans le désarroi des désaccords voulus.
Ydit raconte : l’ancienne et vigoureuse raideur propre dialectiques et aux usages de Polka, peu éprouvée depuis des années faute de débats durables, n’avait pas été cassée par les élasticités de l’âge que produit la sagesse -ou l’usure, ou parfois le renoncement. Plus que jamais inscrite dans le cadre du plus vieux que tout parti révolutionnaire, pourtant réduit à un peu de chagrin par ses propres oublis de l’horizon, Polka se dressait poings mentaux fermés contre ce qu’elle nommait les trahisons d’Ydit. On était loin des roboratives déferlantes vivifiées de virilités militantes peintes en vertu multicolore par les artistes de pépé Jdanov 
Ydit, qui prétendait retrouver « force et vigueur » dans le débat, Polka le voyait orphelin des dogmes, sans le repère des repaires de la pensée hibernante de l’époque Rouge, et donc balloté au vent des marchands du vide. C’est ainsi le jeu d’exister. D’abord, on était assis trente ans plus tôt (ou n’était-ce pas quarante ?) sur le tapis thé en main, ouvrant la boite aux aimables gélovules vite fondues. Puis, le temps d’un regard vers d’autres attentes, dans le miroir posé sur un large buffet sculpté, cuisses barrées de rouge par l’arrête sanglante du tabouret en Formica, on s’emprisonnait la tête sur l’étroite terrasse devant la salade asséchée d’attente. Glissant déjà de la mauvaise foi vers la haine.
-« Ah donc, je comprends, s’exclame Vassiliki avec l’amertume de l’experte dépassée, ce n’est pas la question qui fâche la fête, c’est le refus de vouloir une réponse discutée ».
Polki, raconte Ydit, avait-il il essayé de modérer l’éclat faute d’empêcher la grenade, qu’il avait dû regagner sa soupe de pêches et sa tranchée de biscuit, tel un vieillard rapatrié vers l’inutilité d’espérer, vite replié dans un sourire absent, comptant les griffures. Hagard, à l’est, il passait le pain comme on demande au vainqueur de rendre ses armes, offrait du sorbet à la vodka, mais depuis une heure le partage n’était plus que celui des blessures…Sur la terrasse désormais nocturne, les tendresses de soleil partagé se muaient en petits matins glaciaux atteignant le fond d’une cellule dont la porte vient de s’ouvrir sur sa dernière fois.
Sans éthique =
Comme violentée – YDIT RACONTE -par son remords de discuter encore ou son regret des gélovules de jadis, soudain Polka se redresse, sur une conclusion vertigineuse comme une injection au Texas, et d’un geste immensément conclusif, rapide comme un aspic dans un corsage, elle relève jusqu’au cou, d’un geste presque de scalpel, jusuq’au coup, et même au-delà si on peut,elle referme la très incitative fermeture éclair qu’au début du repas elle avait largement ouverte, comme un vassal levant sa herse, comme un prélat désignant le baptistère. Regrettant ( YDIT le sent) qu’aucun brave camarade de jadis ne soit ici pour dissiper le malentendu en supprimant l’adversaire ( ce qui reste la plus efficace des approches de la Vérité), Polka hausse les épaules pour dissiper jusqu’au souvenir des formes des petits mais ronds et solides encore, n’est ce pas?! Elle incitait à regarder le coeur de la fente inspirant le tissu, et -pas de ça, sale petit-penseur, enlève tes yeux avant que je te les coupe.
Ydit ajoute que, dans la suite logique des gestes qui affichent la rupture, Polka déroule ses manches retroussées, fermes les boutons aux poignets. Si on prenait à présent une photo du groupe,dès ce soir- et jusqu’à ce jour d’été du récit 108 -Ydit en serait déjà éffacé : traitre.
-Finie la perspective arrondie ?
Ce fut comme une lente déflagration. Parfois, dans l’étonnement, ce qui surprend, c’est qu’on n’ait pas été surpris depuis si longtemps.
Puis, dressée comme une qui sort de la cave après l’orage, Polka se lève renversant presque la corbeille des gaufrettes sur lesquels veille Polki ( «on vous prescrit un avenir oublieux »/ « surveillez votre passé « ) elle remonte de deux mains crispées le mini short objet de courtes
rougeurs…
– « Ce qui, en général, ne fait que palper davantage? Et rameuter les degrés de bronzage ? » note V3, toujours attentif à la culture du réel.
-« Si le monde avait ainsi temblé chaque fois que je remontais une fermeture, mon Richard n’aurait jamais pu finir sa Corrèze parmi les ombres! »juge -t-elle
Polki tentait une dernière corde à noeuds lancée vers le précipice : « Ce ne sont que des enguelades de vieux amis, vous vous connaissez depuis si longtemps, Polka et toi», disait-il l’exténué, accroché de toutes ses mains à la coupe de sorbet Kolonel comme un immigrant à sa bouée.
Le choc l’éberlue comme la rencontre d’une felouque égyptienne avec un tanker chinois sur le lac du bois de Boulogne.
C’est le silence de l’absence soudain révélé. On se croyait vivant, on avait déjà pris, ombre à peine tenant debout, le chemin de la Kolynka…..toute brutalité survenue après l’oubli est comme une trahison faite avant même que l’histoire commence
Une heure plus tard, Polka traversait l’espace devenu sombre, gagnait la chambre, sans même un geste de menton.
Polki, fait rare, sortait du placard la bouteille pousiéreuse de Limoncello enveloppée d’une bandera rossa, mais nul ne désirait le faux oubli de l’alcool.
Dans la nuit, sur l’étroit canapé des amis, délégué à la relégation, sans dormir, Ydit rêvait à des coups de révolver mentaux tirés dans le dos et sans bruit au fond d’un couloir virtuel de la Gépéou qu’hébergeait maintenant l’appartement de M…
Au matin, très tôt, il avait aperçu la silhouette raide et vive de Polka, qui partait travailler sans un mot.
– « Et alors ? » interroge V3.
YDIT raconte : jamais, plus rien,depuis l’exécution secrête du souvenir et l’extinction des gélovules. Polka toujours avait refusé de répondre aux signaux de paix que, d’abord, Ydit avait envoyés. Pas une lettre en retour de texto, pas un rêve en réponse à un mouvement, pas une songerie de peau blanche incluse dans le cadre rond d’un short rouge.
– « Comme gratté sur la plaque en cuivre de la mémoire, corbeille à papier trouée pour souvenirs ratés ».
DEpuis deux ans, rien-
Et maintenant Ydit n’attendait plus rien, car – dans les accidents de la route, les cadavres ne remontent jamais seuls du ravin. Le crayonné n’a pas la moindre chance d’échapper à la gomme.
« Et si je résume, voila un de ces souvenirs, on ne sait pas où les classer, au fond du tiroir ou dans la corbeille,
ou s’il ne vaudrait pas mieux s’en débarrasser tout de suite avant que ça essaime, puis tout s’épaissit, et dissémine le germe ?
Le reste est..gourmandise et confiture, pirouette Marina, mais vous avez vu ceux du 104 ?
MARINA s’élance : « Au 104, établissement culturel des vivants sur le dessus des morts, des gamins prennent leur avenir de l’autre côté de l’absence et jonglent avec leurs boules de nerfs, des joueurs de jazz chantent la note bleue pour des voisins blancs, des filles font la roue comme un pan suce sa flûte, des chefs de gare en retard sifflent des philosophes en pétard, et maintenant, Moi-Marina, tout juste issue d’un roman sur le tard, j’expérimente l’art de se souvenir afin d’oublier, c’est l’art de la mémoire, c’est l’air de plus tard transformé en abandon joyeux des poids anciens, c’est comme le creux intime d’un ruisseau frais dont nul ne sait prendre les truites dans leur fuite, c’est le prétexte du nu pour voiler ( ou voler?) le creux des statues, on avance, on avance…

Germaine, à son tour illuminée par le clair-obscur de ce lieu étrange, essaie une formule horaire : » Oublier ce qu’on a été cet hiver, c’est assurer un automne large comme un printemps? »
Bien entendu, mais personne ne répond, c’est l’été plein, le temps où la mémoire s’étend et s’oublie.
Didier Jouault, pour Yditblog, Séquences Publiques d’Oubli numérotées 104 à 108

et déjà il est passé : c’est une SPO, c’est au 104.




À la pause, Polki paraissait un peu hors de souffle, mais Polka- sans le montrer-essayait d’apercevoir des signes dans le corps, les jambes, le visage souriant d’Ydit.









…Polka, tous ces jours de pierre que l’Histoire et le présent écroulaient sur les illusions des nuages, elles les ignorait.




dont l’addition posée d’un regard pointu par un censeur autant éberlué que castré,- mais n’est ce pas au fond la même chose ? – ne rendait toujours pas libertin- mais insoumis aux pudeurs faciles de l’entre-soi.
de la vieille Rouge la plus rouge que rose. Puis on avait un peu somnolé. « Trop chaud, avait-elle dit, je vais prendre une douche. »


On posait des étoiles sur le litre ou les épaulettes de l’armée du peuple, et La Grand Tireuse vous emplissait de sales souvenirs rouge-feu, pas une minute à soi pour compter ses oublis, c’était Le Temps où l’on croyait encore que le corps pouvait vivre sa peau dévoilée sans son appétit de désir.
YDIT : Elle m’avait fait un petit signe de la main juste avant de s’effacer dans l’ombre carrée du pavillon. Jojo avait haussé les épaules, faute de pouvoir lever un sourcil : les mœurs du temps ne le permettaient pas pas.
plus de fête des humains, ou des copains de la rue, et Ydit n’avait pas revu Polka seule à seul .
On ne roulait plus désormais sur les mêmes vélos dans les mêmes chemins creux de Mayenne. L’histoire perdait son rail.




On échange, on brocante les spectacles inaboutis, on expose les travaux en cours. C’est le 104.ERspace municipal vaste, ouvert à tous les quartiers du coin, sans pitié pour qui vient s’y exposer. On passe montrer à des publics volages mais bienveillants ce qu’on a inventé avec amour dans le silence du miroir.






On était amis, on se retrouvait là, on y buvait du thé à la menthe brûlant, sur la mezzanine. Dans la salle de repos, des gros hommes ronflaient un peu, et l’on écoutait des copains anciens, serviette blanche nouée autour de vastes reins, disputer de volumineuses parties de rami, arrête, Serge, tu triches. C’était pareil avec le tarot, tous les Serge trichaient. 

Sur les bords, dans l’eau à faible flux, les voisins aussi prenaient l’ombre des arbres pour unique vêtement. À la nuit, peau brûlée partout, on s’habillait de vieux jeans et de baskets blancs pour aller ensemble écouter les discours révolutionnaires 
et les concerts-tumultes, dans les fêtes populaires qu’organisait un quotidien alors pétri d’humanité.



