YDIT-Bis Rétro-calendrier de l’Avant – 6 Le plus gai était roux, la plus savante était blanche


NOTA BENE : l’envoi automatique méconnaît évidemment la nature du support. En certains cas, la soigneuse mise en page et ses effets d’écho sont altérés par le logiciel, et les images se succèdent sans cohérence suffisante…On peut alors, parfois, se reporter au site-source, YDIT BLOG sur WordPress.


 

J’en étais là : abandonner Ydit, le larguer au milieu de ses phrases complexes, ses affichettes trop nettes , son badge sans age, toutes les pacotilles,

lui faire signifier son congé par une voisine bien armée pour le débat,

j’allais couper court,  reprendre le seul chemin qui vaille et qui m’aille, le solitaire, il allait peu à peu s’absenter de l’horizon, sans précaution restituant ainsi par son absence leur valeur de trois sous à ces pièces d’OUBLIeS.

« Très bien, très bien, dit Aymeric, je vais voir où en est la pizza ? »


 

En attendant, comme on disait chez les femmes savantes, je troussai un billet ( la poule ne l’avait pas vu)prépatifs d'escapade, à P


 

La Chatte et le Poulet

Un matou tout en roux parlait avec lui-même,

Ecoutait ses mots doux, rêvait un peu qu’on l’aime.

Croisait là un poulet, pour son ver en retard,

Regagnant son palais, pour picoter sans fard. l'affable de P.

La féline allongée, qui sans doute s’ennuyait

(Car à soi seul penser ne devient -on pas laid?)

L’arrêta en Princesse: «  Fallait-il à tout prix

Que ce poulet en liesse*, dressé comme un Verdi

Fit ainsi tant de vent, et lui passant devant,

Rompit comme un forban le pur plaisir du banc?« 

IMG_1144(La chatte de jardin, et c’est ce qui l’anime,

Rencontre le pépin de l’excès de la rime ).

 » Hé quoi, dit le poussin transformé en volaille,

Vous aimez le coussin tandis que je travaille,

Griffez les ouvrages de ce pauvre bon vieux

Rêvant un voyage comme on fait un vœu pieu? »

 

Un fort Cocorico, qu’il voulait protestant

Réveilla en écho le bon maître siestant.

La chatte se détend, le poulet se raidit

D’un grand cri prend le temps, et rien ne l’assourdit!

Le fermier irrité interpelle son hôte.

La chanson est chantée :« Le poulet ? Sous la hotte ! »le matou mitonne déjà

Le maître dina, dit-on, d’un dodu dindon,

(La chatte gonfla le coq et lui en fit don).
 

MORALITE

 Ici c’est gras ce soir, en voici l’avantage :

Rôtir passe encore, mais chanter à cet age  !

 

 

(*) »Qu’un poulet en liesse » eut davantage ménagé la diérèse !)


Didier Jouault,  Ydit – bis ,   Rétro calendrier   6    Le plus gai était roux, la plus savante était blanche   A suivre …


Par défaut

YDIT – BIS, Rétro calendrier de l’Avant, 5 – « Vous allez à Vérone, ? »

NOTA BENE : l’envoi automatique méconnaît évidemment la nature du support. En certains cas, la soigneuse mise en page et ses effets d’écho sont altérés par le logiciel, et les images se succèdent sans cohérence suffisante…On peut alors, parfois, se reporter au site-source, YDIT BLOG sur WordPress.


YDIT – BIS, Rétro calendrier de l’Avant, 5 – « Vous allez à Vérone, ? »

Par un malin bonheur, une cousine ( ou une voisine)  de P. avait tenu à passer boire la tisane au retour d’une épuisante balade en pleine canicule. Cette bonne action ne manquait pas de fraîcheur.

Le petit chat est mort(F.L.Ferrera)

 

Dans le jardin de P., à cinq minutes de Toucy, (commerces, restaurant, librairie, remparts ! ), j’allongeais ma  savoureuse lenteur de presque septuagénaire. Adeline avait un  chat, Aymeric aussi, et la vieille maison appartenait au troisième.Vermeer

 

 

Chacun d’eux venait à son tour me demander en couleurs variées où j’en étais de mes préparatifs.

Le plus gai était roux, comme d’habitude. A mon retour, près du sac à dos, ils attrapaient l’ombre humide que laissent  les balades en forêt les jours de canicule. ce bon vieux circuit 9.jpgLe jardin de P 2.JPGPassaient aussi des poules.

La plus savante était blanche. Elle ignorait les distances de respectabilité ( comme toutes les poules savantes), picorait d’un geste arrogant les miettes de récit tombées au sol, tentait de lire par terre mes brouillons déchus, ça la décevait. On le comprend.

On aurait préféré un toit tranquille que picoraient les focs.

 

Bien que la cousine voisine fût partie porter ailleurs ses espoirs et mes rêves, on aurait pu se penser dans une fable. Essayant de trouver le meilleur parcours incluant Vérone, Venise, Parme, Padoue,  retour Milan, avion et train ( il n’y avait pas encore Ferrare sur la liste du plaisir), je me répétais ce vers qui m’éveille à  l’orée de chaque désir…

« Bâtir, passe encore, mais planter à cet age ! »P1190355

Quand mes hôtes revinrent d’Auxerre ou Toucy, rien des traces du tracas que la poule causa ne leur échappa. « Vous allez à Vérone, ? » demanda Aymeric.

 » Pour suivre les conseils, sinon les pas de Cécile (et J.), mais je pars une semaine, et seul : j’aime le bonheur fragile que la solitude propose aux voyageurs sans compagnie. Évidemment, Venise, encore une fois, pour ce petit appartement découvert près de San Giovanni et Paolo, calle del fumo, une quasi non-rue qui débouche très près de l’arrêt  « Ospedale » de Fondamenta Nuove.  »

A Venise on aime surtout Cannaregio, je verrai de ma fenêtre l’arrêt flottant de la ligne qui rejoint San Michele. Pas plus snob que ça, mais j’ai envie de savoir si les lauriers ont fini par repousser les cailloux, sur la tombe d’Ezra Pound. »

Après ce genre de phrase, dans le jardin de P., forcément le silence. Goguenard ou amusé ?

« Le jardin de Giorgio Bassani »

Tout le récit qui vient – à son rythme, en son temps- sera centré autour d’un recherche, d’une rencontre : « Le jardin de Giorgio Bassani » ( c’est le titre du récit), et au centre la tombe de Bassani dans le vieux cimetière « Ebraico ». plaque Ecole BassaniDéjeuner d’un sandwich au thon, passer les heures dans le vieux ghetto comme si elles ne comptaient plus avant la mort, et boire du vin blanc glacé, sur cette petite terrasse où ne passent que de rares touristes, campo San Anna.

 

Goûter l’une de ces villes comme une confiture de mirabelles sur du pain d’épices, l’une de ces villes si vieilles, nées depuis toujours, telles qu’on aime y vivre quelquefois quelques jours, d’abord  accompagné d’un ami de jeunesse, puis avec des amantes éblouies,  enfin avec la famille, puis revenir seul et satisfait,  simplement quelques nuits avant la mort.

« Dans les voyages, disais-je, j’aime :

les pluriels,

les familles fébriles,

les vieillards futés,

les jeunes couples agacés,

les plateaux repas monstrueux par leur arrogante désolation, table de fete resto

les passages de contrôleuses dans les trains de province,

les guichets vidés tôt pour les départs trop tard,

 

les duplex toujours choisis chambre au premier afin de conserver la sensation de redescendre dans le réel chaque matin,

La petite maison d'hotesles voisines fardées pour la bar de espresso-brioche, et même (« Ha il y avait longtemps! », aurait grogné Germaine )

les jeunes filles en de voyage, heureusement préservées par le train de sénateur qu’affecte un homme de mon ageInterdiction de traverser ou d'utiliser la FIAT 500

Mais tout ce petit monde ne tient pas dans une Fiat 5OO de location, ou plutôt, le jeune couple oui ( mais à quoi bon s’emmêler?) ou la jeune fille dans ses shorts, avec plaisir, -mais cela se révèlerait déraisonnable, parfaitement. Voila pourquoi je  ne prends que le train. »

Aymeric et Adeline écoutaient : telle est la tâche des hôtes.

Moi, peu à peu, j’allais  ensuite quitter le vieil Ydit, plus de quatre ans à vivre ensemble, jour et nuit,  il commençait à me les briser menu menu, ça suffisait. Mais je l’ignorais encore. Les meilleures déchirures sont celles qu’on ne soupçonne pas tant on est pris par  un avenir imprévu : FERRARE et ses faits rares. plaque Duc Ferrare

Abandonner Ydit, le larguer au milieu de ses phrases complexes, ses affichettes trop nettes , son badge sans age, toute les pacotilles, j’allais couper court,  reprendre le seul chemin qui vaille et qui m’aille, le solitaire, il allait peu à peu s’absenter de l’horizon, sans précaution restituant ainsi par son absence leur valeur de trois sous à ces pièces d’OUBLIeS.

« Très bien, très bien, dit Aymeric, je vais voir où en est la pizza ? »



Didier Jouault pour    YDIT   –   BIS  ,     Rétro-calendrier de l’  Avant  – 5     A suivre

Par défaut

Ydit – bis Rétro-calendrier de l’Avant, 4 – deux ou trois jours à P.

 

 

Bref, en ces jours, je visitais des expositions ( un prochain épisode : LEQUEU, et cette fois je me souviens que c’était au Petit Palais, vous verrez,

 

une démence absolument pure, œuvres de démoniaque obsessionnel par ailleurs pris à la gorge par sa pulsion de dessiner l’intime), je randonnais à pas vifs  dans des campagnes plates…

( l’inverse m’aurait également plu, des pas plats, mais je poursuis encore davantage le hiatus que mes rêves anciens !  Et à tout dire, on peut aussi  préférer les compagnes vives),

 …plaines molles comme un après-midi sans recherches d’images ou persécution de mots pour Ydit, et -en passant- je regardais le plat du jour chez Gudule. Toujours la gourmandise et la curiosité me conduisirent à des sottises, à FERRARE encore plus qu’ailleurs. C’est bien pourquoi j’ai interrompu le désir d’oubli derrière lequel se manigançait mon précédent projet – quatre ans tout de même et près de 140 « posts ». Pour en venir au Jardin de Giorgio, ensuite, et d’abord aux vélos de Ferrare posés devant les deux plaques de la synagogue, rue Mazzini.Mazzini Modène

 

 

« Tout ça ne mange pas de pain. Ni ne fait rater le train. »aurait dit ma regrettée Germaine à sa voisine, sa cousine.P1200701

Puis, je suis allé passer deux ou trois jours à P. , village qui n’a rien perdu de ses états,L'ancien café de P.

dans la belle et très vieille maison où habitaient une jeune femme en plein SPIP et un barbu large d’épaules, très Zola revu Romains, spécialiste du façonnage de métaux techniques (autrement dit rares et en alliage).

Aymeric et Adeline.

IMG_8129

 

Repérés sur  le site célèbre pour favoriser les rencontres : IMG_0004« Dans la maison de grand mère rénovée avec passion, à quelques pas du hameau et cinq minutes de Toucy (restaurants, librairie, remparts) nous proposons un charmant deux pièces,  mini-appartement complètement indépendant, mais qui n’empêche pas de bavarder au jardin si on le souhaite. Précaution : nous avons trois chats et cinq poules… »

 

 

Surtout, à côté du bistrot des amis, les photos exposaient un grand jardin, les « commentaires » des locataires précédents valaient une montée d’escalier par la star soir de festival, et les dialogues avec les hôtes (et les autres?) promettaient des cartes IGN pour la randonnée.

 

 

Dans le « mini-appartement de charme » une vieille croûte, au-dessus de la petite table inévitablement rurale, représentait ce bon vieux Voltaire, dit V3, le vernis caustique, le bonhomme que j’avais été heureux de retrouver en face-à-face pour un dialogue interminable, voltaire-loublies-mpt-17-autre personnage abandonné avec regret. Ses comiques et acides critiques déraisonnables de mon projet déraisonné me manquaient.

Ce deuxième soir à P., après mon dîner solitaire, fait de  riens  mais très épicés, je les avais rejoints sur la terrasse qui précédait le vaste jardin, Aymeric et Adeline.

Comme ils s’interrogeaient visiblement sur mes activités sans trop se permettre les questions (tant mieux), je me demandais si je leur racontais YDIT ( qui existait encore) ou si je leur montrais du Basquiat, ou- afin d’émoustiller leur nuit d’amoureux- les photos de l’expo LEQUEU, c’est sûr, c’était au Petit Palais.

 

 

 

Toujours difficile de choisir ce qu’on expose, ce qu’on dénie, ce qu’on explose , ce qu’on oublie, ce qu’on relie, relit, replie (ou à qui on parle?)

le vieil Ydit…

 

…en témoignait, tant habitué à des récits oubliés par leurs publics !

Par un malin bonheur, une cousine ( ou une voisine) avait tenu à passer boire la tisane au retour d’une épuisante balade en pleine canicule. Cette bonne action ne manquait pas de fraîcheur.

Le petit chat est mort(F.L.Ferrera)

 

Mais fournir le volume du narratif dans ce  charmant petit appartement de P.  observons que c’est une autre paire de manches !

Rien en presse, YDIT BLOG c’était plus de quatre ans. «  Vous ferez moins long cette fois, n’est-ce pas?  » demandent Aymeric et Adeline.

On les sent penser :  » Passer, passe encore, mais conter à cet age ! »
On va voir ! Déjà, si on reprenait de la tisane?


Didier Jouault    pour Ydit-bis           Rétro-calendrier  de    l’ Avant  4            A suivre !

 

Par défaut

Ydit Bis Retro calendrier de l’Avant – 3

 

prépatifs d'escapade, à P

Dans le récit qui vient ( lentement) , terrasses vélos et ruelles seront les personnages majeurs. A Mortagne, ce soir là, allégé par Lubitsch, j’ai préféré le menu du Genty-Home, le seul restaurant ouvert passé vingt heures, avec la pizzéria.

Mais la pizza, l’Italie, on y arrive, Venise, Parme, Padoue, Modène, Mantoue et – surtout, FERRARE. Et je me demandais, en feuilletant Le Perche Libre, pendant que le patron apportait le plat du jour, si j’allais en arriver à en venir sinon aux mains avec des lycéennes, dans le coin « Poésie », au moins aux  faits rares de Ferrare.

Va savoir ! Mais c’est une autre paire de manches?


Entre temps, j’étais allé changer le genre (souvent mauvais?) de mes images en visitant  l’Art des Artistes.

Dans un épisode précédent, l’image choisie « en avant » ce sont deux jeunes visiteuses qui se tiennent la main devant une toile de Basquiat, je crois que c’était au Palais de Tokyo? En tout cas pas dans une Factory ? Ou dans un film de Banksy ?

(J’avais promis la fin des jeux allusifs, autant demander à un addict de se mettre au lait Ribot)

Bien entendu, ça change des jeunes filles en short, même si le short n’interdit pas d’explorer le contour et  le goût de l’art. Enfin, ça se discute, je connais des amis pour qui se présenter en vêtement léger devant Basquiat, ou se poser en mini-jupe sur une colonne de Buren, c’est comme d’entrer dos nu à la Trappe, ou de relire les « Propos ».

Souvent, j’ai visité des ruines de Trappes, j’aime les ruines du silence et les pierres émoussées par l’obéissance. Mais aussi des Trappes en pleine forme – bègues vendeurs chrétiens de miel toutes fleurs et bougies de cire compris, moines noir et blanc mêlés aux pénombres du cloître-, observons que ça se vend au même public. C’est parfois plus ennuyeux que le métro, les trappes, même si c’est tout de même mieux fréquenté que le changement ligne 9 ligne 8 à Strasbourg Saint Denis, où le zézaiement zazie, grâce au ciel. Façon de parler.

(Dès qu’on cesse de tenir le vocabulaire, le méli-mélo culture vieux genre revient)

A la terrasse de Chez Gudule, près de chez moi, le long de la place Courteline ( dont j’admire le talent d’être né puis mort le même jour), le chanteur de Country est en short (opportunément long), un match illumine l’écran de ses passes pas chères, et le patron demande pourquoi je fais la photo. Son inquiétude est compréhensible : les sièges débordent vraiment trop du périmètre pour lequel la mairie vient ramasser les sous sans souci de la compromission.

A mon age, supplétif des gardes-trottoirs? Parcours professionnel raté. Pourtant il  y avait des avantages, surtout en province (Chez Gudule, le similaire menu, c’est plutôt 21, et c’est pas cousu couscous)

Dommage, j’aurais pu finir chef des arpenteurs de terrasse. On rêve aussitôt des rencontres sur le bitume à la Une. D’espoirs nés du trottoir. On imagine des pensées sous un chapeau qui lit sur un écran près d’une bouteille de Chateldon. On redoute Kafka. Chacun sa mémoire. Chacun son métier.

A la regrettable époque de Ydit, j’avais réquisitionné un personnage, une Germaine en rouge, supposée née entre une barrière rouillée de passage à niveau abandonné (découverte de randonnée rurale) et un affichage digital babillard gare du nord, voluptueusement acharné à effeuiller les horaires. Elle aurait interjecté l’un de ses…

« Et alors, en bref ? »,

…aussi rude au récit que le scalpel de circoncision. Mot qui – soit-il bienvenu ! – porte concision.

(J’aimais bien ma Germaine d’Ydit, mais c’est indécent de regretter un personnage, non ?)

 

 

Bref, je visitais des expositions ( un prochain épisode : LEQUEU, et cette fois je me souviens que c’était au Petit Palais, vous verrez,

une démence absolument pure, œuvres de démoniaque obsessionnel par ailleurs pris à la gorge par sa pulsion de dessiner l’intime), je randonnais à pas vifs  dans des campagnes plates (l’inverse m’aurait également plu!), molles comme un après-midi sans recherches d’images et de mots pour Ydit, et – en passant- je regardais le plat du jour chez Gudule. Toujours la gourmandise et la curiosité me conduisirent à des sottises, à FERRARE encore plus qu’ailleurs.

Tout ça ne mange pas de pain. Ni ne fait rater le train.Disait Germaine.


Didier Jouault      pour Ydit-Bis        Retro-calendrier de   l’Avant 3… à suivre

Par défaut

Ydit- Bis Rétro-calendrier de l’Avant 2

 

chez Gudule terrasse mai 18

 

D’une certaine manière, tout a commencé parce qu’on cherchait une date pour dîner, avec Cécile ( et J.), c’était compliqué, ils étaient à Vérone.

-« C’est beau Vérone ? » demandais-je sottement,  car j’épuisais mes  ultimes réserves de finesse (apparente) pour taper YDIT et chercher des images montrables ( les meilleures auront été les non-montrables ).

Ce que répondit Cécile m’avait donné le désir d’y aller.

Tant pis pour le dîner. On irait une autre fois à « La Fourmi ailée ».


Bien sûr, dans le fragment qui précède, Serge avait noté que la confusion ne semblait pas quitter mon style, en dépit de mes efforts. Il disait qu’il avait lu « que je me conformisse« . N’eut-il fallu que je me conformasse, plutôt ? Bien qu’il formât ainsi une critique de bon format, et de bon aloi, que voulait il que je répondasse? Confor-mousse, à raser, le subjonctif dévoyé?

 

Pour tout dire, j’écrivais ces mots (429, pour faire vite), au premier étage de la médiathèque de Mortagne-au-Perche. C’est un endroit chaleureux, installé sur deux niveaux dans une ancienne halle XVIIIème  ( ou Gauloise? L’emploi de confort-miss me fait douter du plus certain).

S’y trouvait également le vieux cinéma, rangs de velours rouge, et je ne voulais pas rater la séance de 18 heures au ciné-club : présentation par Louis Roedrer, professeur chargé de l’option « cinéma » au lycée, onze personnes présentes, dont deux moins de soixante ans, mais une véritable comédie américaine, plis légers du dialogue, entourloupes mousseuses du scénario, plus suave que toute mousse de confort-mousse, « Blue Beard’s Eighth Wife », une façon parfaite d’entrer dans l’avant- nuit, période on le sait dangereuse comme une adolescence répétée chaque soir.

Au retour, entre Lubitsch et le parking, je salue d’habitude la statue grandeur nature d’Emile Chartier, raide et bonasse (et non pas bonnisse ou bonnemousse), né à Mortagne-au-Perche, en 1868, ne souriez pas, il se faisait appeler « ALAIN ». Mais qui peut encore lire Alain?

Dans la salle vitrée dite « de travail », au premier étage, rayon « Poésie », c’était mercredi, cinq ou six lycéens, age de la Seconde, peut-être même de grands collégiens, dont la plupart de genre féminin (donc cinq ou six lycéennes?) s’esclaffaient à partir d’images qu’ils partageaient sur leurs téléphones, pour ce qui semblait un jeu en cours avec d’autres,  troublant  de leurs rires vifs une lointaine salle de lecture, ou un pensionnat de maristes se marrant, un dortoir vaguement dépotoir, un séminaire bord de mer?

(Véronique me fait observer que je peine à me séparer de mes usages de langage, vais tics en toc, prétend-elle)

Il va de soi que  je ne comprenais pas la moindre des règles. L’un arrivait, l’autre partait, on le mettait à jour, et à jouer, c’étaient des gloussements, des jurons sans contrôle, des surprises bruyantes, des éclats d’écrans plats.

Une bibliothécaire amène, passant pour joindre son bureau, redit la consigne de ne pas manger de chips, ou alors elle leur proposerait l’aspirateur (le groupe ferma les sachets à sons acides) mais le volume rieur ne la troublait pas et je ne le fus donc pas, soucieux que je reste du développement harmonieux de jeunes âmes en quête de spiritualité partagée.

Quand je sortis, à 17h54 , pour passer dans le cinéma, séance de 18 heures, elle dit qu’elle espérait bien que les gamins ( les gamines en famine ?) ne m’avaient pas dérangé ?

 

Un peu d’exercice urbain ( à Mortagne-au-Perche) ravive les patiences du regardeur passager, lui dis-je.

Plus tard, à la fin du film, j’avais hésité, puis, comme depuis très longtemps, cédé à mes troubles penchants : errer dans la ville au point d’en faire le tour, comme si on marchait sur la pointe des pieds, mais aussi les traces des remparts, toute ville a ses remparts, ses portes closes et ses issues découvertes, ses ombres d’Alain et ses passages de jeunes filles qui rentrent à la maison à temps pour l’épisode 27 de la saison 4, non sans avoir bien ri avec les autres, à la médiathèque, et tant pis pour ce vieux mec tapotant sur l’ordi. Encore un message ?

Dans le récit qui vient ( lentement) , terrasses vélos et ruelles seront les personnages majeurs. A Mortagne, j’ai préféré le menu du Genty-Home, le seul restaurant ouvert passé vingt heures, avec la pizzéria. Mais l’Italie, on y arrive, Venise, Parme, Padoue, Modène, Mantoue et – surtout, FERRARE. Et je me demandais, en feuilletant Le Perche Libre, pendant que le patron apportait le plat du jour, si j’allais en arriver à en venir sinon aux mains avec des lycéennes, au moins aux  faits rares de Ferrare.

Va savoir !

 


Didier Jouault            Ydit – Bis                      Retro calendrier de l’Avant,  2 , à suivre

Par défaut

YDIT – Bis, 1 rétro calendrier de l’Avant

 

 

 

 

 

En ces temps moins fracturés par les douleurs des autres, j’occupais les interstices du temps avec l’agréable manie de raconter des OUBLIeS.

Avec une maladresse de mise en page que les changements de format amplifiaient si l’on passait de l’écran à la tablette ou au téléphone, je mimais l’oubli de dits mauvais souvenirs en les illustrant de mots souvent rapides.

C’était le projet : mettre de lunettes rouges aux statues ( marqueur 1), porter ou montrer un T Shirt « Omissions« (marqueur 2), raconter, en trichant, comme si raconter permettait d’anéantir les échos d’instants plus ou moins noirs, faire des photos menteuses ou modifier celles repérées sur les infinies diversités biologiques des réseaux, accrocher ou tenir le badge à ruban bleu »YDIT -SPO« , suspendu n’importe où (marqueur 3).

Mais pas d’authentique oubli. On n’oublie pas. On fait semblant de vouloir comme si on essaierait. On tire les rideaux, et des montagnes de guimauves trop sucrées simulent un rempart contre les mouvements du passé. Franchement, passé trois ans, la guimauve, ça fait pas le poids. Au moins, cela permettait de jolis parcours dans les galeries des images mentales… et pas seulement.

Des amis se gaussaient (emploie -t-on encore « se gausser? ») de mes recherches d’images, prétendant parfois que le texte d’YDIT ne constituait qu’un hypocrite prétexte à la chasse visuelle. D’autres -avec un soupir/sourire- avouaient le regret que je me conformisse tant aux codes de censure. Va savoir.

Délicates conversations d’amis, possibles occupations d’après-midi pour homme désormais sans autre activité que de mentir, et d’abord à soi-même : se souvenir.


 

Puis, il y eut le fait rare de Ferrare. Chez Gustave, il écrit : « Ce fut comme une apparition ».

(Mais je vais ralentir les allusions et fausses citations, il parait que ça fait hermétique.)

Le fait rare– forcément- ça a de la racine, comme le pissenlit et le rutabaga. Sauf qu’on assaisonne pas de même.

(Je vais aussi suspendre la chasse aux hiatus, la recherche de sonorités, les rimes cachées, il parait que ça fait pédant. Donc : « le fait ça a », tant pis, d’ailleurs ça sent la gorge rouge chez le médecin ).

D’une certaine manière, tout a commencé parce qu’on cherchait une date pour dîner, avec Cécile ( et J.), c’était compliqué, ils étaient à Vérone.

-« C’est beau Vérone ? » demandais-je sottement,  car j’épuisais mes  ultimes réserves de finesse (apparente) pour taper YDIT et chercher des images montrables ( les meilleures auront été les non-montrables ).

Ce que répondit Cécile m’avait donné le désir d’y aller.

Tant pis pour le dîner. On irait une autre fois à « La Fourmi ailée ».

 


Didier Jouault                       A suivre…

Par défaut

Ydit – bis , Rétro-calendrier de l’Avant – 7 . Jean-Jacques n’est pas que Rousseau.

Auto portrait LEQUEU


NOTA BENE : l’envoi automatique méconnaît évidemment la nature du support. En certains cas, la soigneuse mise en page et ses effets d’écho sont altérés par le logiciel, et les images se succèdent sans cohérence suffisante…On peut alors, parfois, se reporter au site-source, YDIT BLOG sur WordPress.


Abandonner Ydit, le larguer au milieu de ses phrases complexes, ses affichettes trop nettes , son badge sans age, toute les pacotilles, j’allais couper court, il allait peu à peu s’absenter de l’horizon, sans précaution restituant ainsi par son absence leur valeur de trois sous a ces pièces d’OUBLIeS.

« Très bien,très bien dit Aymeric, mais bon je vais voir où en est la pizza. »

C’est un garçon très raisonnable.

 

« Rien ne presse,  pense Adeline,  votre YDIT BLOG c’était plus de quatre ans non?. Vous ferez moins long cette fois, n’est-ce pas? «  demande Aymeric, retour de surveillance de pizza, village de P.

Ils doivent se dire, le soir, entre eux :  » Passer, passe encore, mais conter à cet age ! »

 Il faisait encore assez beau dehors. Au retour de la randonnée un peu compliquée par les forestiers tueurs de marquescouper le chemin à la racine , j’avais pris le temps de rêver à mon prochain voyage.prépatifs d'escapade, à P

C’est compliqué aussi, les voyages, comme les rêves, on n’est jamais sûr du partage entre le réel et le fondu intérieur.

Le chat d’Adeline me surveillait en se pourléchant avec sa propre gourmandise.

 

 

« Vous préparez un parcours en Italie du Nord«  ? demande Aymeric.

Auparavant, je leur montre, comme promis, les images de savoureuse errance  dans le dedans des musées, c’était le Petit Palais, Jean-Jacques LEQUEU ( Rouen 1757 – Paris 1826, comme ça vous saurez). On ne connaît de lui qu’un autoportrait, sage, jeune. Cet homme a dessiné en sujet, en citoyen, en sujet d’Empire, en sujet du roi, ce n’est pas le seul, Balzac en décrit beaucoup, et cela ne semble pas avoir laissé de traces dans son œuvre, léguée par lui à une institution, mais quasiment inconnue jusqu’au milieu du XXème siècle. Expo LEQUEU 4 Petit Palais fev 19

Les photos n’étaient pas interdites. Mais encadrements, éclairages, discrétion, tout garantissait de mauvaises images invendables, surtout que les miennes ont été faites comme à la sauvette.

Aymeric grimace un peu, Adeline s’amuse. La (depuis) célèbre religieuse – datée 1794 (avant ou après Thermidor ?) est un écho à la Convention, joli visage mais regard mort et -pense Adeline- ce tissu ( ?) qu’elle enserre pourrait bien faire penser à.

IMG_8340.JPGAuto portrait LEQUEU.jpg

Surtout, LEQUEU dessine avec une rare méticulosité des dizaines de projets dont aucun n’est retenu par personne : ils sont du rêve au bout du crayon, comme ce stupéfiant dessin qu’il intitule « Il est libre » (QUI? L’oiseau Lequeu échappant à la main?) et date de l’an VII de la République.Il est libre de JJL, daté an 7 de la Republique

Un très modeste architecte employé publiIMG_8335c, mais qui accumule des  projets obsessionnels comme de l’Art Brut qui aurait appris le cadre.

Parfois, il les présente, toujours on les refuse.

On ne sait pas ce qu’il en pense, à quoi ça sert. A survivre dans Paris en ces temps d’émeutes ?

Il continue seul son parcours de l’impossible, toujours dans les mêmes couleurs.

expo LEQUEU 1 Petit Palais fev 19

 

 

 

 

 

Entre temps, reposant à peine le pinceau, il s’acharne en solitaire à dessiner des corps, des nus qu’on dirait d’époque( un peu orientalisants?). Cela va encore.IMG_8346

 

Mais ce célibataire dont on sait si peu  désire montrer ( à qui ?) ce qu’il croit connaitre du sexe, et d’abord des femmes. Ostensiblement il les déteste. Des notes subsistent : elles sont le mal.

La photo placée en tête aujourd’hui  laisse apercevoir- en format échappant à la censure  des réseaux 2020 -une de ces images. LEQUEU se répète, avec une inutile précision. Verges dressées en cadre serré, femmes ouvertes.Impossible à présenter ici, la censure veille même sur l’art…

expo LEQUEU 3 Petit Palais Fev 19

L’exposition, dans un espace « réservé » accroche quelques dizaines de ces dessins minutieux et vains. Souvent, ayant choisi pour les femmes des  gros-plans et angles de vue assez humiliants, exposant l’intérieur du sexe,  LEQUEU calligraphie sur le dessin le nom des parties figurées, comme une leçon de choses, mais pour qui ? Ses femmes sont agressivement vulgaires- si le mot a du sens vers 1800. On ne connaît quasi rien de personnel sur  lui, la notice suppose que les modèles ont été des prostituées. Malgré les recherches, et une thèse, aucune trace n’existe d’un quelconque commerce de telles images. Le Hibou Restif de la Bretonne l’aurait su, les aurait vues.

« Tiens dit Adeline, c’est l’heure du dîner, il fait encore beau dehors, vous partagez ma pizza, et on parle d’Italie? « .

 

jardin de P

-« Au moins, ajoute Aymeric, les Madones des églises n’ont en main que des poupons »

La pizza est carrée, l’hôtesse ici la fit. On partage avec la poule blanche qui donne la patte, ou presque. A ce rythme là, le Rétro-calendrier n’avance pas vite, c’est vrai.

On peine à rejoindre  » Le Jardin de Giorgio Bassani ». Mais c’est précisément le sujet du récit qui vient, lentement, à son rythme.

Aujourd’hui c’était culture. On verra demain!


Didier Jouault    pour    YDIT-BIS , Rétro-calendrier de l’Avant 6          à suivre !

Par défaut

Ydit pus ? Ydit bloc ! Ydit plus ? Ydit nie! Ydit mieux ? Ydit Rive !

 

 

Le    26    juillet    dernier,    à 16h17, il y eut cela– qui concluait l’agréable série des Oublies où La Polka des scorpions, La Polka des ripatons (crispés)  offrait à ce vieux cadre ( moyen) d’Ydit les échos désormais peu sulfureux de ses minois aguichés plus qu’aiguisés.
Puis, plus rien. Enfin, si, tout de même :  le silence visuel peut se nommer Rien.

On retrouverait, dans le copié-collé ci-dessous, avec de surprenantes disparitions d’images pourtant bien présentes – mais quoi de mieux ( et de plus coquin) qu’une image mentale pour imposer la présence de son absence ? – on retrouverait ce qui fut la fin de la faim d‘OUBLIES qui avait mené l’YDIT à

108 séquences dites d’OUBLI ( mais bien davantage de ‘posts »),

dans un projet simple : rigoler avec des mots pour effacer des maux en les disant, les maudits souvenirs étant supposés dissoudre leur charge d’émotion dans les flux d’images pas trop sages et les humours pas trop secs – c’était l’été, ce fut le 26 juillet 2019, à 16h17.

On en finissait ( enfin) avec les récits tronqués, les métaphores usées jusqu’à la trame (métaphore !), les tics trop connus pour rester au net : rigoureuses contrôleuses de gare, bustes de vieux sages enluminés des grigris  ( lunettes, affichettes, badges), autoportraits d’Ydit en Délabré, jeunes femmes odieusement  vues désirables dans leurs tenues et postures diverses – qu’on prétendait  illustrer une Russe louche – vues heureusement caviardées aux bons points par le bon point de la censure (car songeons aux mineurs errant au milieu des réseaux et découvrant soudain une image ici, au lieu de Uporn…)

 

Auparavant, le 25 , le 24, le 23 juillet, d’autres sarabandes pulpeuses de l’affriolante (mais dépassée) Polka rythmaient d’une saveur douce-amère l’entrée dans ce gros bonbon qu’est l’été.

Puis, plus rien. Hop!

 

Mais non, car si le récit est suspendu à l’aventure, si la chauve-souris se suspend à son attente du jour, l’YDIT poursuivit son persécution du vide, sa déambulation savoureuse dans les rapides labyrinthes des voyages d’où surgissent souvent et soudain de bons prétextes pour les récits des veillées d’éveillés.

Ainsi survint le récit de FAIT RARE.

Mais la suite ? Comme toujours avec les suites ( lassant ! )  A suivre !

¨POUR MEMOIRE », un bis du final – c’est Bon Genre…

 

 

 

SPO n° 108 : Et fin de semaine fin de série fin de mémoire, on solde !

 

Demande Ultime avant fin des soldes : 1 et 2 et 3  et 4 , les séquences  publiques d’oubli 104 105106 107 , dans l’établissement culturel Le 104,ont une allure de chenilles processionnaires ( c’est le rythme de la Polka ! )

«Bon, reprend Marina,(les benjamins sont détenteurs du récit, puisqu’ils en écrivent l’histoire ) « toute cette histoire, ça s’est passé en plusieurs périodes, sur trente ans, d’abord une histoire de  gens qui sont tout le temps et partout amis sur des stands de tir à la fête des humains, chants et frites pour construire des futurs en couleur,  ou des discours révolutionnaires sous l’espèce des raviolis cuits à la vapeur dans  les rumeurs du hammam rue des Rosiers, là où Serge triche, mais Serge triche toujours.»

 

Vassiliki enchaine (sur la période rouge, elle devrait détenir le record de souvenirs, et celui d’effritement contraint des mémoires ) : « Ensuite, on observe que deux parmi les quatre s’emberlipatouillent avec des gélovules qui fondent moins vite dans la main que le …, mais passons, de nouveau. <img class= »i-amphtml-intrinsic-sizer » role= »presentation » src= »data:;base64, » alt= » » aria-hidden= »true » />file5<img class= »i-amphtml-intrinsic-sizer » role= »presentation » src= »data:;base64, » alt= » » aria-hidden= »true » />Fabre ¨MPT appel à oublies 2 femme allongée    Alors, poursuite la Russe chez qui la poursuite est une seconde culture, par la suite YDIT et Polka s’évaporent chacun dans le regard absent de l’autre, et les Quatre ne se rencontrent plus que pour les calanques Grecques, pendant très beaucoup d’années. «

L’Histoire traverse le silence barbare des absences. Puis, les voila se croissant dans le vieux théatre de M., un soir hasardeux comme ils le sont tous après cinquante ans. Ils se rencontrent et  s’observent comme des faces masquées les nuits de carnaval, près du Grand Canal :de qui est ce regard?. Sans parler du passé (mais peut-on jamais en dire autre chose que la disparition ?), ils labourent leur présence dans un bavardage de vieux camarades,  ni résignés ni  grignotés de remords. »

-« Cette fois là , qui sera the last one, mais Je devrais ne le pas dire, mime de regretter V3, au terme d’une longue journée de marche, Polka et Polki sont à table, et Ydit aussi, fatigués, caniculés comme …. »

Ydit , dans le cadre rouge au centre de l’immeuble culturel 104, s’étonne : Quoi?! Va-t-on faire ses oublis à sa place? Lui manger sur le récit la laine du souvenir?

 

 

<img class= »i-amphtml-intrinsic-sizer » role= »presentation » src= »data:;base64, » alt= » » aria-hidden= »true » />img_2473-1

<img class= »i-amphtml-intrinsic-sizer » role= »presentation » src= »data:;base64, » alt= » » aria-hidden= »true » />

 

Ydit reprend le pouvoir du récit, l’ultime avantage des Anciens :

« On dînait, Polki s’anémiait, Ydit résistait aux arguments que Polka tentait d’opposer à toute raison, en continuant la discussion de la voiture : métier, valeurs, politique, tout va mal…The end of the Univers, l’effondrement du futur et tout ça évidemment parce qu’on n’a pas su faire du Petit Père des Peuples l’usage malin qui aurait guidé l’Histoire vers la beauté des bonheurs…Elle s’échauffait. Non pas devenant rouge mais s’encolérait de Rouge déchu. L’échange, encore serein sur la route, encore un peu retenu par les jeux de fente et de salade, éclairé par l’éclat fugitif d’une peau claire  en haut d’un maillot de bain  écarté, la discussion s’énervait, se bardait de pointes, tournait à la rencontre habile d’une hallebarde et d’un fer de guillotine mariés en secret par un coup de feu dans la nuque. Ydit se sentait rejoindre la cohorte oubliée des corps des Traîtres posés sur un corbillard qu’on ne regarde même pas.

Polka parlait fort. Les arguments s’assoiffaient de violence, négligeant ces menus silences du dialogue où l’on reprend raison, avec un peu  de salade de fruits. Dans la dispute maintenant traversant le dîner comme un chemin de table cousu de barbelés, les oppositions sortaient les haches contre les mousquets, Marat poursuivait sa Charlotte, et Danton poussait Robespierre dans l’escalier de l’hotel de ville afin de régler à sa manière ses contes à l’Histoire.

 »En la lui faisant à l’envers » complète assez obscurément Germaine.

YDIT raconte : Un véritable combat de rues, bagarres et matraques, la scène passait du léger burlesque au véritable traquenard.<img class= »i-amphtml-intrinsic-sizer » role= »presentation » src= »data:;base64, » alt= » » aria-hidden= »true » /><img class= »i-amphtml-intrinsic-sizer » role= »presentation » src= »data:;base64, » alt= » » aria-hidden= »true » />

Interrogé par tous, comparses et passants de l’établissement culturel ‘Le 104’, car le récit du déraillement attire toujours les voyageurs, Ydit répond qu’il ne saurait dire, aujourd’hui, comme souvent, quelle était l’origine de la controverse. D’ailleurs, le prétexte  importait-Il ? On ignorait s’il y avait encore un  sujet réel, mais une sorte de stupeur s’installait dans le désarroi des désaccords voulus.

Ydit raconte : l’ancienne et vigoureuse raideur propre dialectiques et aux usages de Polka, peu éprouvée depuis des années faute de débats durables, n’avait pas été cassée par les élasticités de l’âge que produit la sagesse -ou l’usure, ou parfois le renoncement. Plus que jamais inscrite dans le cadre du plus vieux que tout parti révolutionnaire, pourtant réduit à un peu de chagrin par ses propres oublis de l’horizon, Polka se dressait poings mentaux fermés contre ce qu’elle nommait les  trahisons d’Ydit. On était loin des roboratives déferlantes vivifiées de virilités militantes peintes en vertu multicolore par les artistes de pépé Jdanov <img class= »i-amphtml-intrinsic-sizer » role= »presentation » src= »data:;base64, » alt= » » aria-hidden= »true » /><img class= »i-amphtml-intrinsic-sizer » role= »presentation » src= »data:;base64, » alt= » » aria-hidden= »true » /> Ydit, qui prétendait retrouver « force et vigueur » dans le débat, Polka le voyait orphelin des dogmes, sans le repère des repaires de la pensée hibernante de l’époque Rouge, et donc balloté au vent des marchands du vide. C’est ainsi le jeu d’exister. D’abord, on était assis trente ans plus tôt (ou n’était-ce pas quarante ?) sur le tapis thé en main, ouvrant la boite aux aimables gélovules vite fondues. Puis, le temps d’un regard vers d’autres attentes, dans le miroir posé sur un large buffet sculpté, cuisses barrées de rouge par l’arrête sanglante du tabouret en Formica, on s’emprisonnait la tête sur l’étroite terrasse devant la salade asséchée d’attente. Glissant déjà de la mauvaise foi vers la haine.

 

-« Ah donc, je comprends, s’exclame Vassiliki avec l’amertume de l’experte dépassée, ce n’est pas la question qui fâche la fête, c’est le refus de vouloir une réponse discutée ».

 

Polki, raconte Ydit, avait-il il essayé de modérer l’éclat faute d’empêcher la grenade, qu’il avait dû regagner sa soupe de pêches et sa tranchée de biscuit, tel un vieillard rapatrié vers l’inutilité d’espérer, vite replié dans un sourire absent, comptant les griffures. Hagard, à l’est, il passait le pain comme on demande au vainqueur de rendre ses armes,  offrait du sorbet  à la vodka, mais depuis une heure le partage n’était plus que celui des blessures…Sur la terrasse désormais nocturne, les tendresses de soleil partagé se muaient en petits matins glaciaux atteignant le fond d’une cellule dont la porte vient de s’ouvrir sur sa dernière fois.

Sans éthique =<img class= »i-amphtml-intrinsic-sizer » role= »presentation » src= »data:;base64, » alt= » » aria-hidden= »true » />

Comme violentée  – YDIT RACONTE -par son remords de discuter encore ou son regret des gélovules de jadis, soudain  Polka se  redresse, sur une conclusion vertigineuse comme une injection au Texas, et d’un geste immensément conclusif, rapide comme un aspic dans un corsage, elle relève jusqu’au cou, d’un geste presque de scalpel, jusuq’au coup, et même au-delà si on peut,elle referme  la très incitative fermeture éclair qu’au début du repas elle avait largement ouverte, comme un vassal levant sa herse, comme un prélat désignant le baptistère. Regrettant ( YDIT le sent) qu’aucun brave camarade de jadis ne soit ici pour dissiper le malentendu en supprimant l’adversaire ( ce qui reste la plus efficace des approches de la Vérité), Polka hausse les épaules pour dissiper jusqu’au souvenir des formes des petits mais ronds et solides encore, n’est ce pas?! Elle incitait à regarder le coeur de la fente inspirant le tissu, et -pas de ça, sale petit-penseur, enlève tes yeux avant que je te les coupe.

Ydit ajoute que, dans la suite logique des gestes qui affichent la rupture, Polka  déroule ses manches retroussées, fermes les boutons aux poignets. Si on prenait à présent une photo du groupe,dès ce soir- et jusqu’à ce jour d’été du récit 108 -Ydit en serait déjà éffacé : traitre.

-Finie la perspective arrondie ?

Ce fut comme une lente déflagration. Parfois, dans l’étonnement, ce qui surprend, c’est qu’on n’ait pas été surpris depuis si longtemps.

 

Puis, dressée comme une qui sort de la cave après l’orage, Polka se lève renversant presque la corbeille des gaufrettes sur lesquels veille Polki ( «on vous prescrit un avenir oublieux »/ « surveillez votre passé « ) elle remonte de deux mains crispées le mini short objet de  courtes<img class= »i-amphtml-intrinsic-sizer » role= »presentation » src= »data:;base64, » alt= » » aria-hidden= »true » />short très short 108 rougeurs…

– « Ce qui, en général, ne fait que palper davantage? Et rameuter les degrés de bronzage ? » note V3, toujours attentif à la culture du réel.

-« Si le monde avait ainsi temblé chaque fois que je remontais une fermeture, mon Richard n’aurait jamais pu finir sa Corrèze parmi les ombres! »juge -t-elle

Polki tentait une dernière corde à noeuds lancée vers le précipice : « Ce ne sont que des enguelades de vieux amis, vous vous connaissez depuis si longtemps, Polka et toi»,  disait-il l’exténué, accroché  de toutes ses mains à la coupe de sorbet Kolonel comme un immigrant à sa bouée.

 

Le choc l’éberlue comme la rencontre d’une felouque égyptienne avec un tanker chinois sur le lac du bois de Boulogne.

C’est le silence de l’absence soudain révélé. On se croyait vivant, on avait déjà pris, ombre à peine tenant debout, le chemin de la Kolynka…..toute brutalité survenue après l’oubli est comme une trahison faite avant même que l’histoire commence

Une heure plus tard, Polka traversait l’espace devenu sombre, gagnait la chambre, sans même un geste de menton.<img class= »i-amphtml-intrinsic-sizer » role= »presentation » src= »data:;base64, » alt= » » aria-hidden= »true » />img_2461

 

Polki, fait rare, sortait du placard la bouteille pousiéreuse de Limoncello enveloppée d’une bandera rossa, mais nul ne désirait le faux oubli de l’alcool.

 

Dans la nuit, sur l’étroit canapé des amis, délégué à la relégation, sans dormir, Ydit rêvait à des coups de révolver mentaux tirés dans le dos et sans bruit au fond d’un couloir virtuel de la Gépéou qu’hébergeait maintenant l’appartement de M…

Au matin, très tôt, il avait aperçu la silhouette raide et vive de Polka, qui partait travailler sans un mot.

– « Et alors ? » interroge V3.

YDIT  raconte : jamais, plus rien,depuis l’exécution secrête du souvenir et l’extinction des gélovules.  Polka toujours avait refusé de répondre aux signaux de paix que, d’abord, Ydit avait envoyés. Pas une lettre en retour de texto, pas un rêve en réponse à un mouvement, pas une songerie de peau blanche incluse dans le cadre rond d’un short rouge.

– « Comme gratté sur la plaque en cuivre de la mémoire, corbeille à papier trouée pour souvenirs ratés ».

DEpuis deux ans, rien-

Et maintenant Ydit n’attendait plus rien, car – dans les accidents de la route, les  cadavres ne remontent jamais seuls du ravin. Le crayonné n’a pas la moindre chance d’échapper à la gomme.

« Et si je résume, voila un de ces souvenirs, on ne sait pas où les classer, au fond du tiroir ou dans la corbeille,

 

ou s’il ne vaudrait pas mieux s’en débarrasser tout de suite avant que ça essaime, puis tout s’épaissit, et dissémine le germe ?

Le reste est..gourmandise et confiture, pirouette Marina, mais vous avez vu ceux du 104 ?

MARINA s’élance : « Au 104, établissement culturel des vivants sur le dessus des morts, des gamins prennent leur avenir de l’autre côté de l’absence et jonglent avec leurs boules de nerfs, des joueurs de jazz chantent la note bleue pour des voisins blancs, des filles font la roue comme un pan suce sa flûte, des chefs de gare en retard sifflent des philosophes en pétard, et maintenant, Moi-Marina, tout juste issue d’un roman sur le tard, j’expérimente l’art de se souvenir afin d’oublier, c’est l’art de la mémoire, c’est l’air de plus tard transformé en abandon joyeux des poids anciens, c’est comme le creux intime d’un ruisseau frais dont nul ne sait prendre les truites dans leur fuite, c’est le prétexte du nu pour voiler ( ou voler?) le creux des statues, on avance, on avance…<img class= »i-amphtml-intrinsic-sizer » role= »presentation » src= »data:;base64, » alt= » » aria-hidden= »true » />P1000090.JPG<img class= »i-amphtml-intrinsic-sizer » role= »presentation » src= »data:;base64, » alt= » » aria-hidden= »true » />P1000092.JPG<img class= »i-amphtml-intrinsic-sizer » role= »presentation » src= »data:;base64, » alt= » » aria-hidden= »true » />P1000089Germaine, à son tour illuminée par le clair-obscur de ce lieu étrange, essaie une formule horaire : » Oublier ce qu’on a été cet hiver, c’est assurer un automne large comme un printemps? »

Bien entendu, mais personne ne répond, c’est l’été plein, le temps où la mémoire s’étend et s’oublie.


Didier Jouault, pour Yditblog, Séquences Publiques d’Oubli numérotées 104 à 108

 

Auparavant, le 25 , le 24, le 23 juillet, d’autres sarabandes pulpeuses de l’affriolante (mais dépassée) Polka rythmaient d’une saveur douce-amère l’entrée dans ce gros bonbon qu’est l’été.

Puis, plus rien.

 

Mais la suite ? A suivre !

 

Par défaut