Didier Jouault pour :YDIT-suit : Le Jardin de Giorgio Bassani, épisode 22/99, Chapitre 7- Milieu . Histoires de Stéfania. Encore un faux départ. La suite ? ça irait, ou c’est encore la sieste dans le jardin de S.?
Histoire de Stéfania – Donc ! Encore ( et ce n’est pas fini).
Souvent, par la suite, la mémoire de Silvia me surprendra. Ou sa culture venue de livres (mais c’est un peu le même chose).
Sylvia demandera d’un ton comme de ne pas s’y intéresser vraiment si, oui ou non, je me suis déjà mis à raconter l’histoire de la fille de Modène, « Cette pauvre tarte dont elle ne connait pas le nom, juste elle connaît le BnB ringard et le parapluie fêlé. Sans évoquer les traces douteuses d’une surveillance probable » (le contraire irait aussi, toujours les adjectifs peuvent passer d’une pantoufle à l’autre).
Je dirai, au futur : « Silvia, cette fille de Modène, c’est toi dans Ferrare, ou Erika plus tard à Mantoue, les filles sorties de la boue, car le jardin de Ferrare fut conquis sur les marécages désordonnés des origines avant la ville ». Aussi obscur, je reconnais, si on ignore l’histoire de Ferrare, bien que très juste.
Silvia continuerait : « Stéfania, non ? C’est le nom qu’on lui donne ? Elle aussi tu y retourneras, pour saluer les cadre vides sur les murs de l’appartement, rue comment, déjà ? Ah oui, ce nom que tu déformes d’un accent tonique à la Française qui fait rire tout le monde. »
Puis, Modène/ Mantoue/ Ferrare, ne t’ai-je pas dit les trois points de cette figure parfaite sur la carte ? Regarde toi-même.
J’avoue à Silvia que je la sens méprisante, sévère. Stéfania ne le mérite pas. D’ailleurs, voici.
(Oh, ça va , le Trio, les Anciens, les Jeunots, ne triomphez pas si vite…)
Quand elle a eu treize ans à peine, Stéfania, un âge de presque femme lui faisait-on croire, son père a jugé qu’elle avait les formes pour se mettre à travailler. C’était l’Italie des années Soixante, la fin du miracle économique de la Reconstruction. Elle a donc quitté l’école Médiane tandis que ses camarades y allaient de plus en plus nombreuses, toute une génération menée en masse vers les dressages des sœurs et les homélies de frères.
Sans acrimonie, sans impatience non plus, animée simplement (car elle a toujours été simple) par le juste désir de savoir tout de même un peu de quelque chose, dans sa vie.
Cette époque, c’est la Dolce Vita de Fellini, de Rocco de ses frères par Visconti, ou le roman de Pasolini sur Rome, son texte si cruellement, par anticipation, nommé « Une vie violente ».
J’observe volontiers à nouveau que je ne savais pas Silvia si nourrie d’une belle mémoire, bien qu’une mémoire ne soit jamais belle, c’est une formule stupide, la mémoire c’est seulement l’outil qui force les coffre-forts et les sarcophages, l’instrument qui donne le cap au navigateur solitaire ou le top du corps aux muscles du marathonien, rien d’autre.
C’est vrai, que sais-je au fond de Silvia ? De Bassani ?
« Ce genre de question, alors là, mon petit père, tu sauras quand t’y seras, en attendant ça trainouille, Stéfania », envoie le collègue Mark par SMS, déçu en somme de ce faux départ épisode 22 , poursuivant, « Avec toi, le film en est déjà au générique de faim, (par oral le jeu de mots marche pas), et toi t’as toujours pas commandé le pop-corn, l’ouvreuse impatiente« . « Même, textoterait le sage Sergio mimant cette impatience, mon vieux frère, ceux de l’Agence commencent à souffler les bougies d’anniversaire et toi tu n’as pas encore lu ton acte de naissance, c’est un peu lent, nait-il ? ». « Peut-être, cher ami, écrirait Cécile sur un papier vergé bleu, cela serait parti plus vite s’il se fut agi d’un héros mâle ? »
Didier Jouault pour :YDIT-suit : Le Jardin de Giorgio Bassani, épisode 22/99, Chapitre 7- Milieu . Histoires de Stéfania. Encore un faux départ. La suite ? ça irait, ou c’est encore la sieste dans le jardin de S.?
