POUR NE PAS DÉGRADER LECTURE DE TEXTE OU IMAGES,
MIEUX VAUT CLIQUER SUR CE LIEN , l’OUVRIR, patience=
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Le soir, verre de virgin Spritz en mains (elle se méfie un peu depuis le coup des photos à 4000 euros pièce, tout de même, le machin finit par trouver ses limites) ERIKA fait à son tour un récit pour NATHAN, qui vient de rentrer de la Chartreuse (une marquise en visite, elle, est cette fois sortie à cinq heures).
Il y a beaucoup de vieilles marquises vers Mantoue, on dirait un film de Comencini. Mais si quelqu’un ne ressemble pas du tout à une vieille marquise dans un film, c’est bien notre ERIKA.

L’Anglais avait un peu bu, Erika aussi, mais ce n’est pas une raison pour admettre un certain regard, et elle s’était donc vaguement fâchée, pas trop toutefois, car la scène virait au comique. D’ailleurs, John avait gracieusement présenté des excuses mineures et rieuses, prétextant le triple feu de la canicule, le Prosecco, la séduction d’Erika. Ainsi donc, puisque les choses en avaient été là, racontait Erika tandis que Nathan mettait le couvert, elle avait profité du trouble et joué son va-tout (rêvant du Vanouatou plus que de va nu pied), sans y croire : acheter les quatre ?? Cher John, pourquoi pas, si vous y tenez, mais alors vous devez bien admettre que cela forme du coup série, presque une collection même, et donc je vous abandonne avec plaisir mes quatre à quatre mille, mais pour vingt mille, et j’y perds sans doute. C’est ça, le sens de l’art industriel.
Traduction un peu compliquée, surtout à cette heure, et John avait payé 20000 sans marchander, l’Anglais sans peine. Bonne affaire. Il, toutefois, avait exigé avec beaucoup de gentillesse- qu’on décrochât de suite l’accrochage, ce qui fut l’occasion de jolis mouvements de dos, pour ne pas dire autrement, car cet Anglais ( nommé John) tient à l’hypocrisie du langage, mais lorsque notre Erika dut se mettre sur les pointes pour libérer les photos, il n’y eut pas du regard que pour les cadres.
Passons la scène même si, obscène à coup sûr pour accepter la transaction, obscène John probablement s’imagine qu’Erika porte un string noir en dentelle, et de Calais en plus. De Calais ! On croît mentir, inventer, mais non, c’est juste qu’on rapporte.

Ce qu’Erika souhaiterait, c’est raconter l’encore plus étonnante scène de restitution des clés Airbnb, un café en terrasse, place aux herbes, avec ce vieux Français qui est resté parfaitement à sa place, rassure toi, mais qui s’est donné beaucoup de mal, vraiment beaucoup, une nuit de gogo de Google ( en Italien, ça se dit autrement, on adapte ), pour découvrir ce qu’il a nommé : « l’Histoire d’Erika ». Oui, Caro, mon histoire de moi-même, ton Erika, tu penses ! Elle en donne quelques passages, de mémoire, retirant ses chaussures à talons heureusement plats qu’elle avait conservées à tort, il fait trop chaud et ce n’est pas hygiénique, les Scandinaves vivent en chaussettes, eux, c’est mieux, et d’accord, je n’ai pas de chaussettes en été, ce n’est pas une raison, mes pieds sont plus propres que ton sol, et tu saurais dire ça en Anglais sans peine ?

La pittoresque et supposée « Histoire d’Erika » formera, désormais, l’une de leurs anecdotes préférées pour les soirées d’amis où ceux de la plate Mantoue racontent leurs visiteurs AirBnb. Si on ajoute le coup des photos à quatre mille, ça occupe parfait entre poire et grappa. Le Français a été incroyablement incompétent, même pour un vieux Français, ou bien est-ce le moteur de recherche ?
Il a confondu, c’est visible, avec ma cousine de Milan, tu ne la connais pas, il faudrait qu’on passe la voir un de ces jours, mais Milan, pas en été, non, et comme c’est chiant l’hiver, on verra, donc ma cousine, Erika RICCI, peut-être a-t-il même saupoudré avec des éléments de sa famille à Civitavecchia, on a eu de la famille là-bas, je crois, un consul ou un truc de ce genre, non ? En tout cas me voici maintenant avec deux vies, deux histoires.
Erika, c’est la chaleur de la plate Mantoue, s’est mise à l’aise entièrement, Nathan cacherait son trouble s’il se savait regardé regardant. Mais il n’y a que vous qui regardez, c’est déjà bien assez.
Ils peinent tous les deux à éviter le fou-rire, le repas se termine, Nathan se sert un Lagavulin bien tassé pour fêter ça, deux Erika d’un coup, la voici double, ça ne le gêne pas on dirait ? Nathan pourrait penser, l’onservant ainsi qui traverse maintenant l’appartement et lui débarrassant la table (c’est leur accord, il met, elle démet), qu’elle a en double de quoi lui procurer déjà une authentique agacerie visuelle, mais ce type de réflexion, définitivement, abaisserait le narratif plus bas que les yeux dans les yeux auquel il aspire au nom de la vérité, comme du pur amour conjugal. Pour Maman Nathan, c’est comme ça, l’amour conjugal, les yeux dans les yeux, t’occupe pas du reste, ça viendra tout seul, non mais.
En plus, ( on dit » de surcroît » quand on est bien élevé ! ), dans cette longue et troublée HISTOIRE d’ERIKA, celui qui se tient le plus mal, comme toujours, c’est LE NARRATIF, autrement dit le NARRATEUR SPÉCULATIF !
Le narratif, c’est comme les puces de lit, on ne les voit pas, mais on bouge, elles bougent, progressent sournoises et ombreuses, on dort, » la vie dans les plis »- bonjour Riri- on ne sait ni ne sent rien, et -hop! – jusqu’à ce que ça pique, enfle, rougisse, et alors tout le monde le voit, le narratif, gros comme un nez sous le masque.






Reste toutefois, du coup, et on l’aura noté avec regret, que plus personne n’a pu aborder le sujet de cette promenade vers le jardin ou vers le secret de Giorgio Bassani.
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Didier Jouault pour YDIT-suit : Le Jardin de Giorgio Bassani, épisode 38/99, Chapitre 12 – fin de d’Erika, son histoire, tout ça. Y a de quoi plonger. Suite, évidemment chapitre 13, pas de chance, fin octobre, l’assaut des Ottomans paraît faire vacille l’occident, ça va saigner.Prenez des vitamines. Et de la patience.


























