POUR NE PAS DÉGRADER LECTURE DE TEXTE OU IMAGES,
MIEUX VAUT CLIQUER SUR CE LIEN , l’OUVRIR, patience=
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Malte, donc, si on n’a pas oublié la carte en deux jours, c’est aussi, comme le montre le premier regard sur une carte de la Méditerranée, la base parfaite pour s’attaquer à la Sicile, l’Italie…NERO, dirait-on, prend plaisir à écouter, au moins s’agit-il de mots qui vont lui servir pour ses touristes attirés par « Ferrare la Mystérieuse », tout est bon, s’il s’agit de templiers ou de palimpsestes, et autres âmes errantes spécialistes de la rencontre de bazar objectif. « Il n’y a plus que ces machins là pour retenir le touriste, enclencher le salutaire réflexe du pourboire. Plus tu leur exposes l’incompréhensible, et davantage ils s’ouvrent à la générosité. D’ailleurs, ça ne vaut pas que pour les visiteurs », tu sais?
Silvia ne relève pas, le moment philosophique n’est pas venu.Parfois, hôtesse pour AirBnb, c’est un peu galère. Justement, tiens.
Elle continue à lire, dans la traduction de Google, ce qu’envoie le Touriste Impénitent, par ailleurs Narrateur Spéculatif, comme on avait noté, mais tout se combine dans l’usage de la parole au lieu du chemin : « Le 24 mai, l’artillerie turque commence à tirer sur le fort Saint-Elme, depuis la pointe des Potences que les Ottomans ont occupée sans coup férir, de sorte que, dès le soir du 6 juin, une dent de la forteresse est prise. En réaction, mais en réaction lente car tout est lent, tout est brûlant, il n’y a ni assez d’eau ni assez de chevaux nécessairement venus du Perche – les montures arabes sont trop maigres pour eux- les Chevaliers de l’Ordre de Malte, qu’on nomme encore « Hospitaliers » dans les textes arabes, après une prière matinale ardente de foi et peut-être aussi de désespoir, les combattants dits « Francs » transportent l’artillerie sur les murailles du puissant fort saint Ange. »
NERO aimerait prendre des notes. Cette histoire n’a rien à voir avec Ferrare, mais toute narration d’un affrontement entre l’Occident et l’Orient, c’est du bon pain pour la curiosité assez ignare des touristes en polo Lacoste et Bermuda Gap. A 50 euros le tour, c’est déjà bien qu’on ait un peu d’Hospitaliers, de siège de Malte, de suspense et de sang sur les flancs de La Mura. Partout est La Mura. Dieu est la Mura. Les royalties sont la Mura. Que riche soit la Mura, et idem pour son guide ! Surtout Orient/Occident, on parle là de guerres pluri-centenaires. Des migrations de même. Actuel.
Vaguement agacée, mais NERO ne la surprend plus, depuis tout ce temps (on vous racontera) Silvia reprend :
« Cela ne suffit pas : les canons des Francs sont trop courts, les Vénitiens ont livré des armes mal finies, les Génois des poudres imparfaites. Chez les Francs l’angoisse augmente et Léopold de Marquenterre, contre l’avis de son Conseil, lève un nouvel impôts sur les Juifs, dans l’espoir d’acheter des armes plus fiables. « On a toujours raison, dit-il à son confesseur, le père André, on a toujours raison de prendre les Juifs pour banquiers. »
« C’est déjà trop tard », pense d’abord le sultan qui connaît son calendrier : la flotte ottomane s’est assurée la maîtrise de la baie : éloignée des remparts de la ville, la garnison franque parvient cependant à tenir tête, évitant une défaite douloureuse des Hospitaliers. Beaucoup se joue ici, en ces jours, quant au destin de l’Europe. L’Orient, l’Occident, la clé d’or pour la porte d’or, un homme qui dort? Toujours la même chose. Mais ça ne sert pas à rien de le répéter.
-« T’imagines, interrompt NERO, gigotant sur la chaise noire du jardin rose, si l’onde s’enfle dessous et d’un commun effort les Maures et la mer montent jusqu’au port, et pour un piège se couchent contre terre, à Ferrare, à Rome, à Paris, chez ton copain ? Tu vois le carnage ? »
« Les Ottomans, dès le 23 juin, ont pu conquérir la citadelle saint Elme, de l’autre côté de la baie, en y laissant des centaines de cadavres « on aurait dit qu’on marchait dans le sang, mais ce n’étaient que des ennemis de Jésus », écrira dix ans plus tard le père dominicain San Paolo, dans son tellement célèbre « Grand et Véritable Récit du siège de Malte qu’ont perdu les Ottomans par la grâce de NSJC, cassez pas les burettes, un bon anagramme n’a jamais réduit la grâce efficace».
« En effet, s’ils peuvent bombarder de façon quasi continue le fort saint Ange de l’autre côté de la baie, les Ottomans paient cher leurs très lourdes pertes : le 15 juillet, bien qu’une des réserves de poudre génoise ait explosé (c’était vraiment de l’arnaque, ces Génois sont des coquins) creusant un petit trou dans les remparts et un gros dans les rangs de Francs, les Assaillants ne sont plus assez nombreux pour tirer parti de leur avantage, et quand t’es plus assez solide pour tirer parti, moussaillon, t’as plus qu’à tirer des bords.
Silivia demande s’il faut vraiment s’infliger l’entière lecture ? NERO, c’est souvent le cas, s’indiffère. Au fond, les histoires, ça le berce. Et puis elle a une jolie voix, elle sait ? -Oh, ça va, ça va, NERO. Pas à moi, je ne vais t’inviter nulle part.
Soit : « Depuis presque cinquante ans (il date de 1522) un pont flottant rejoint les deux rives de la crique. Il ne sera jamais coupé, malgré des tirs multiples, de sorte que les Chevaliers peuvent, au prix d’un cirque équestre, passer d’une rive à l’autre, de Bagù à Senglea, pour apporter la réponse nécessaire à chaque offensive ottomane. Fatigant pour l’homme et le cheval, mais ça marche. L’offensive échoue sur la terre, même si une part de la ville est détruite : quelques dizaines d’Ottomans parviennent à s’engouffrer dans une brèche au nord du bastion saint Ange, mais sont repoussés, enfin exterminés conviendrait mieux, par une étonnante charge d’Hospitaliers en large part démontés, encore qu’on imagine mal un moine-soldat démonté, la croix d’un côté, la selle de l’autre, et Lego pour le reste ?
Dans son « Histoire pour servir à l’honneur des Chevaliers de Malte », Sigismond Von Hertzenbourg prétendra que la manœuvre a été décidée par le maréchal des troupes hospitalières, François de Mortain, en fait beaucoup plus amiral que cavalier, or ça tombe plutôt bien puisqu’il s’agit de manœuvrer des bateaux. On sait à présent que le déplacement des bouches à feu, véritable clé de la victoire, s’est produit sans ordre, et même dans le merdier le plus total, sous l’impulsion de quelques groupes d’habitants lassés de l’incroyable incurie hospitalière, en particulier « Ceux de la synagogue, las de payer sans gagner», eh oui, expression rencontrée dans un témoignage d’époque, mais on ne sait pas de quoi il aurait été question ?
Quoi qu’il en fût, côté images, dans le style décalage bien sûr apparent, on est gâtés. Un peu lourd sans doute? On ne se refait pas à soixante-dix ans.
De toute façon, quand t’es plus assez solide pour tirer parti, moussaillon, t’as plus qu’à tirer des bords, on te l’a déjà dit. Ottoman ou nan.
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Didier Jouault pour YDIT-suit : Le Jardin de Giorgio Bassani, épisode 40/99, Chapitre 13 – La castagne /premier milieu. A suivre : second milieu ( apprécions cet endroit qui a deux milieux, c’est opulent, mais c’est aussi deux mondes), en novembre, cette fois, promis, un peu de Malte ou de malt contre les brumes, rien de tel)