

Ydit-Blog/ Ydit-Suit : c’était la saison, II. Le 22 août, un blog numéro 100 exposait danse et sourire, car c’était bien de finir. Aujourd’hui, c’est le 18 février, c’est pas plus mal de commencer.
Finir les 99 séquences texte / image découpant « Le Jardin de Giorgio Bassani », « Saison 2 » issue de ce roman inédit qu’avaient provoqué des rencontres de lumières à FERRARE. Au terme en impasse de ce voyage sans vrai passeport, un temps d’absence était nécessaire, pour que des jeunes filles regardent la ville dans les images à travers des peintures, pour que des yeux se transforment en boulettes de mouchoir privé de pleurs, pour que les masques durablement s’installent entre la ville et ses miroirs de mémoire, ses jardins de silence. Déjà dit, tout ça, comme aurait dit le diseur mutique, Samuel, l’Irlandais.
Oui, déjà dit : toute la série des quinze « Préviously » qui ont fait leur réapparition ici, comme d’aimés fantômes privés de leurs dangers, oui, déjà vu, déjà dit : un peu, aussi, pour conforter la mémoire des continuités (de plus en plus fragiles avec les années, les saisons), un peu, encore, pour différer les sauts dans le vide profond que forment toujours les commencements, ceux des travaux d’écriture, des tournants de vie – encore davantage vers la fin.
Quelque chose s’achève, faut-il recommencer ?
Pour le Dom Juan de Molière, en amour, les commencements sont ce qu’il y a de meilleur. En RÉCIT, c’est le pire : commencer, toujours, c’est détruire les pistes, masquer d’autres possibles, se raréfier. Tout mot qu’on pose est un appui dans l’escalade, mais aussi une borne sur des chemins désormais imposés. Sauf à se rêver dans un nouveau roman (rétrospectivement : cauchemar heureux ?), les parcours ne peuvent pas se nier.
Depuis des semaines, YDIT se demandait comment choisir entre plusieurs projets – y compris le plus serein, le moins dangereux pour l’insomnie : en rester là de l’écriture.
Dès qu’on écrit, c’est envahi, la conscience. Il arrive qu’on se réveille la nuit, parce qu’on a oublié un épisode. On s’envoie des textos en guise de notes si l’on n’a pas de stylo. Autour, quand on porte le masque de l’absence, plus personne n’ose demander à quoi on pense.
Pour Sartre, « L’enfance d’un chef », quand le héros fait poser sur ses genoux la petite bonne qu’il désire (mollement), on peut en rester là : c’est gagné, pas la peine d’aller plus loin, on peut se contenter de ce possible, sans passage à l’acte. Paisible victoire sans geste. Pour le RÉCIT, – le Rassi, le Sursis, le Voici, le RAISSI on aimerait qu’il en fût de même : on l’a pensé, construit, très bien (non, pas très bien , mais on ne fera pas mieux) et pourquoi en venir au clavier, aux images ? À ces efforts du brassage émouvant du vocabulaire et des photos, longue longue approximation jamais satisfaisante ?

Parce que c’est la seule façon de ne pas dériver à l’infini dans l’irréel du narratif, comme on laisser aller la parole dans les marches solitaires, mains dans les poches, tous ces mots, et puis, plus rien. À l’arrivée, plus rien qu’une vague mémoire de mots venus et partis dans un joyeux et inutile désordre. À cinquante ans, on s’en amuse, encore, sur le chemin, sans souci de cette absence de trace qu’impose l’absence ce poids.
Mais dans les années plus que Soixante-Dix, celles d’YDIT, germine et grandit malicieusement l’idée que le « plus de traces », lors d’une arrivée de plus en plus proche, désormais, serait sans doute inutilement déceptif.
Finir aussi les 180 jeux de mémoire et d’oubli qui ont auparavant formé la « Saison 1 », depuis 2015, début du projet de cheminer en sérénité : les Séquences Publiques d’Oubli, long et précieux parcours de renoncement à ses propres souvenirs, les mauvais seulement, mais à force – au long de ces quatre courtes années – la joie du récit et le plaisir des personnages (Germaine, Voltaire, Vassiliki, Marina…) l’avaient emporté sur la nécessité de l’Oubli (et d’ailleurs, les souvenirs qu’on hait et qu’on craint ne sont pas oubliables).
Mais la plupart des séquences du « Jardin de Giorgio Bassani« , qui avait d’abord été un roman inédit, avaient été retravaillées, imagées, lors d’un confinement qu’on n’appelait pas encore « Le Premier », puis programmées longtemps d’avance selon un échéancier intime de publication. Ainsi, lorsque le post 99 parût, en aout 2021, cinq mois s’étaient écoulés depuis la dernière séance de travail d’Ydit.

Finir, donc, avec le sentiment de finir, et clore une mise en disponibilité de plusieurs mois, qu’on dirait vacances, mais qui fut seulement vacance : désœuvrement. Désœuvré ? Marchant seul entre Lilly-la-Forêt et la maison de Nadja Danet, rue du haut, je m’interrogeais : un brin d’herbe mâché en marchant est-il plus fâché que le marcheur lâché ?
La question, bien sûr, marque l’insignifiance du questionnement, et le temps vient donc de nouvelles aventures, ici et là, ici surtout. Depuis la Terrasse de Nadia, d’où l’on ne voit que trois vieux toits de granges anciennes, puis les coteaux boisés, Ydit regarde un certain brouillard se lever : encore un peu de lumière, Monsieur le Tempo ?
Vous trouverez donc, ici, peu à peu (ce qui ne signifie pas petit à petit) quelquefois de nouvelles « Mémoires / Histoires », sortes de « dérives » hors-piste du récit majeur, publiées sans projet narratif, et sans rythme imposé, car toute contrainte nouvelle est un pas vers le trop de lourdeur. Ydit aurait pu les intituler : « Dérives post-70 » – puisque sans doute aucun, les années d’après la soixante-dixième ne suivent plus d’autre parcours que les déviations / dérivations, et ne connaissent plus d’autre projet que de ne surtout pas cesser d’en avoir. Et pourtant : s’alléger.
Mais, surtout,
et ce sera un temps long, répétitif,
balbutiant
YDIT racontera le contournement et les jouissances d’une puissante addiction – ou comment s’en débarrasser.
Voila pourquoi il fallait, avant de commencer, un peu comme dans les séries toujours débutées par « Previously »… de façon bien sûr faussement aléatoire, il a fallu restituer dans le parcours d’écriture quelques-uns des 280 « posts » des séries 1 et 2.
« Previously » ?
Débuter, une fois encore…



À Présent (bien que tout cela soit considéré du passé), place à l’avenir : SAISON 3…
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Didier JOUAULT, pour YDIT-TROIS , S3-E1 : Cliquez sur la touche » ENVOI », et à 75 j’arrête? A suivre…maintenant ça devrait devenir plus facile de se glisser dans les plis… »MAIS ! » disait Homère quand on l’interrogeait avec assez d’astuce près de la fontaine : « Relire passe encore, mais conter à cet âge ! »,




