Rappel – pour les mémoires récentes : après deux Séries longues, YDIT s’interroge maintenant sur la suite, les suites, en particulier sur la possible façon de poursuivre une petite route intérieure sur des pistes un peu défoncées (l’addiction ?), muni de pneus un peu trop lisses (à l’inverse de son front). Pour une courte série – « A 75 j’arrête » prétend-il. Mais entre temps, il consulte, c’est ainsi qu’on avance, dit-on.
Quinze jours plus tard, encore chez SIMOMEAU, dans son petit cabinet de médecin genre XIXème branché XXème- et mots enchainés comme les pilules vertes puis roses du combat toujours inutile mais nécessaire contre l’anxiété de la maladie ( qui vous fait plus malade que la maladie). Y a juste à se déguiser en YDIT, pour passer le temps.
En attendant, YDIT avait consacré deux ou trois soirées ( toujours longues, le sommeil est un dur à cuire) à consommer de la ligne, non pas en poudre, sniffée sur un miroir qui revient ( on voit ça dans les films pour ados ou animations EPAD ) mais en affaiblissant ce qu’il subsiste de ses yeux sur les lignes bleues (non pas des Vosges) des écrans , séquence Internet, tribu Google, et pour varier le paysage : Safari. Ca donne ce qu’on cherche, pas grand chose, mais comme chaque fois dans un cabinet médical, toujours ça de pris contre.
MENU :
ENTREE : depuis longtemps déjà
Plat du jour : ADDICTION
Dessert : comment s’en débarrasser?
Boisson : vite, maintenant.
C’est la formule à pas cher, sans service.
SIMOMEAU, sa formule, jusque là, c’est « Comment, toujours rien de de grave ? A peine un peu de givre sur les branches, un zeste de rouille sur la cornée, une poudre légère d’éreintement le matin ?« .
SIMONEAU n’aime pas qu’on le consulte s’il n’a pas une ligne de Vidal, au moins, à vous livrer en partant, roulée comme un message secret le soir des fiançailles, comme une lettre de bouteille sans mère, comme une surprise autour de la gaufrette à la cantine.

On sent que si -maintenant- il n’y a pas du lourd, du fort, du 90° pour désoiffer le Doc. , fini l’ordonnance Doliprane : punition.
De nouveau, il fait mine de regarder mon dossier – la plus sèche et impartiale description des étapes de mon corps et de sa fin prévisible – » Mais y a rien à faire sauf à attendre, » c’est sa réplique préférée – il écoute le cœur- « C’est toujours aussi long entre deux battements, chez vous, on s’habitue à lire Quignard ou Le Clézio en attendant, et donc ? «
Pour une fois, Ydit raconte les histoires dans l’ordre et entièrement, ce qui en surprendrait beaucoup, son récit étant parfois elliptique à l’excès, mais ici est un espace de secret médical : plus la peine de cacher la continuité des ruptures. Dans le récit, on parle de toc et de faille. Ici, on parle d’estoc et de taille.
Le mot : ADDICTION.
Il comprend, il soigne des nonagénaires suppliant le cachet bleu de la puissance, des gendarmes requérant le sirop de la grosse voix, des institutrices en robe grise suppliant qu’on les aide à sortir de la photo, même en Suisse.
YDIT explique, raconte, décrit .
C’est surtout le soir.
Il faudrait sans doute dormir.
Mais le sommeil est déjà mort, ou c’est une denrée rare.
ET donc l’addiction.
SIMOMEAU comprend. Rien dans le VIDAL ou le ROBERT là-dessus.
Il se demande : « Puisque c’est le soir, si vous sortiez marcher, une ville c’est apaisant le soir ? Respirer à pleine gorge derrière le masque, écouter à pleines oreilles, rues vides, pass sanitaire en poche, et regarder( de loin) les jeunes qui boivent des bocks à six euros sous les chauffages électriques des terrasses tout en se roulant par terre pour sauver la planète, ça ne vous réjouit pas ? »

YDIT fait le moue : rien de mieux? Une donnée certaine, calme SIMOMEAU , on n’a pas inventé la pilule anti-addicta. Sinon, y aurait autant de vedettes que de médecins au chômage, le monde serait triste. Et puis ( mais YDIT le soupçonne d’une forme cultivée d’anarcho-doux, tendance Louis-Ferdinand moins la haine et l’éructation, mais au fait que reste-t-il alors, bref), aurait-on pilule, qui donc ensuite remplirait les Assemblées, les corbeilles de Traders, les cellules des monastères? Sans même parler des marcheurs de l’écriture, dont vous, YDIT, ici-présent?
Doc, on piétine. L’embrayage patine. L’espérance satine. La santé se ratatine.
Pour la première fois depuis tout ce temps, SIMOMEAU paraît désemparé : silencieux. On ne lui espérait pas cette peine. Mais non, VIDAL, MICHELIN, Guide du Citoyen parfait, Annuaire des Etapes spirituelles, recueil des demeures d’artistes maudits, rien : pas de littérature scientifique pour ce trop de littérature. Pour un peu, le Doc. suggèrerait le retrait, l’art vivant, l’oubli de soi.
Ydit ne peut que mimer la répétition du symptôme : dans les cas les plus extrêmes, et pas si rares, on lit/écrit jusqu’à davantage encore que plus soif, jusqu’à la nausée, le cauchemar, l’errance nocturne dans les mémoires les plus lointaines pour essayer de pêcher un présent plus endormi, pour dépasser le malaise, la douleur, le manque. Se rendre malade d’excès au bout de la nuit, sans voyage intérieur, pour aller au terme du récit infini de la veille.
Un peu à bout de force, le doc. questionne – la demande porte son profond désarroi –si on ne voudrait pas une petite prescription de Stilnox, trois- même six mois -le soir et Xanax le matin? Une cure épuisante Valse-des-Mains ( Bains, vapeurs, massage, pot-au-feu 1/2 Vichy) SIMOMEAU,
on le découvre soudain qui ne resterait pas insensible
à une kinési,
une cuisinière,-mais il ne s’agit que de cure ou d’objet…
Il s’assied à son bureau, ferme le dossier, arrache la prise du Mac, enferme le tensiomètre à double tour. D’un coude vague mais vigoureux, renverse une part des boites de drogues laissées en pile et au pire par les représentants de la Haute Science, se maîtrise, « Allez on va se quitter bons amis, après tout ce temps – un peu comme les héritiers sortant de chez le notaire, chèque de 250 à l’ordre du fisc pour solder les retards et dettes de Papy, rien d’autre, pas une solution à votre présent, vous espériez quoi ?..«
Puis, comme je pose la main (enduite de gel) sur la porte, d’un verbe lent et las de sénateur cherchant Brutus pour qu’on en finisse, quelquefois ça, ça a (*)trop duré : « Peut-être? Mais je dis ça pour plaisanter- peut-être les AAA ?
Dans votre cas, on sait jamais ?
Après tout, c’est pas pire que la cure. Mais c’est comme l’Armée du salut ou le Bloc Populaire, faut y croire pour le voir.«
________________________________________________________________________________________________________________Didier JOUAULT, pour YDIT-TROIS, Saison 3 Episode 7 : Docteur SIMOMEAU et la patine, ça piétine.
(*)ca, ça a : naguère une telle salve, hiatus et compagnie, on aurait supprimé. Mais on s’allège, Ydit l’a dit, toc !
A reblogué ceci sur ydit -bis.
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Ydit survit
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