YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison 4, Episode QUATRE  : « Il avait obtenu que je le rejoigne»

INCIPIT : On aurait pu commencer ainsi :  » C’était la fin du mois de septembre. » ( DOA, « Ligne de sang » , Gallilmard, Folio Policier, 2010)

Note de Madame Frédérique :

La ville dont je fréquentais quotidiennement la Tour n’avait connu sa lèpre que sur les murs des bidonvilles. Mais l’infinie arrogance voisine des immeubles luxueux de « La Défense »-bureaux et sociétés au Nord-ouest parisien- avait introduit la droite verticalité du pouvoir, effaçant le grouillement indistinct et horizontal des bidonvilles.

Nanterre, années 90. J’y étais le chef de cabinet ( on n’écrivait pas encore cheffe) d’un haut fonctionnaire débutant, vers l’un des étages élevés. Sans doute avais-je plus de dix ans de moins que lui ( drôle de formule qui lui aurait déplu ), mais il me trouvait « efficace », et je l’estimais rigolo- dans la mesure du possible. Lorsqu’il sortait de son bureau pour me parler, affaire de service, je veillais à ne pas exposer mon décolleté – comme on disait à l’époque :

Mais YDIT veillait avec soin à ne pas regarder. Il n’usait pas de mon prénom, à l’inverse des autres, partout, qui osent la différence du comte et du valet.

Lui s’adressait à moi par « Madame ».

Je lui avais dit, dans les débuts, « Monsieur, vous pourriez m’appeler Frédérique ». Il avait répondu, souriant : « Et m’appellerez vous Y. ? ». J’avais évidemment dit non : dans nos milieux, à ce niveau, cela ne se faisait pas.  Et lui «  Alors, je resterai sur ‘Madame’ ».

Nous étions parmi les plus jeunes de la Tour, un peu éloignés des signes extérieurs de respect et des coutumes compassées par lesquelles les habitants des étages supérieurs semblaient tenir à manifester leur pouvoir – que nous estimions illusoire. L’avenir l’a prouvé ( drôle d’usage des temps).

Ensuite, nous avons été séparés par les mouvements assez désordonnés des fonctionnaires soumis à « la mobilité obligatoire ». Je voyais son nom, résumé par ses Initiales Y . D’I. , dans les pages du Journal Officiel, jours des nomination dites «  mesures individuelles ».

Puis, à deux reprises- nous avons de nouveau travaillé ensemble, en particulier quand, choisi par un ministre pour intégrer son « équipe rapprochée » ( qu’aurait été une équipe reprochée?..), il avait obtenu que je le rejoigne, comme assistante personnelle. Pendant cette période là aussi – courte car décevante (mais il aurait dû s’en douter), – nous avons beaucoup œuvré dans un mélange de proximité complice, d’humour sans humeur, de dévouement et de dérision. Parfois, quand il quittait le bureau très tard, mal nourri par le plateau-repas qu’apportait un jeune huissier ( qu’il avait réussi là encore à faire nommer près de lui ensuite, il aimait le sentiment de proximité), Y.d’I. laissait un message, au sujet de telle entrevue du soir : « Madame Frédérique, vous devriez raconter cela, un jour ». L’huissier le déposait sur mon bureau en débarrassant...

Il pensait en effet que j’entretenais avec la narration un lien d’écrivain masqué. Une sorte de double vie. La narration comme amoureux caché dans le placard. Mais nous n’avions pas le temps de visiter les placards.

Lorsqu’il est parti à la retraite, carrière proprement accomplie, j’étais en poste à Dakar (j’avais aussi parcouru mon propre chemin). L’Ambassadeur n’avait pas hésité à me permettre un bref voyage pour célébrer, avec peu d’autres- la cessation d’activités. Y.d’I. (mais tout le monde dans le métier le nommait YDIT). YDIT, de plus en plus éloigné d’un respect des traditions, avait organisé une sorte de séquence mémoire qui traversait plusieurs des lieux où nous nous étions, les participants et lui, croisés. Il n’avait pas invité le ministre, mais le jeune huissier – oui, certes en moins jeune. Le jeu de piste avait duré 48 heures, y compris la nuit dans un manoir de la Sarthe- glacial, pénombreux, chambres à quatre ou six lits, presque un gite de randonneurs. Mais l’inévitable cheminée pleine à craquer des ormes voisins. Et la prévisible fumée d’une biche traversant la lisière. Il aimait les mots comme Lisière, Fumée : les mots de l’incertitude.

Nous servant un whisky de choix ( il ne cachait ni  ses goûts, ni ses excès)- il m’avait répété : « Chère Frédérique, vous devriez raconter cela, un jour » .

Mais je n’avais jamais eu ni le loisir ni le désir, et d’ailleurs YDIT même, souvent, avait pillé mon temps. Puis, certes, nous avions souvent ri et souri, parfois ensemble veillé tard, mais la légion d’honneur avait été pour lui – et pour moi une mince médaille du travail. Pour lui une opulente prime, pour moi des babioles.

Et, le livre d’Olivier Rolin, ré-ouvert au hasard d’un carton voyageur :

« C’est à Port-Soudan que j’appris sa mort. Les hasards de la poste dans ces pays firent que la nouvelle m’en parvint assez longtemps après que mon ami eut cessé de vivre. Un fonctionnaire déguenillé, défiguré par la lèpre, porteur d’un gros révolver noir dont l’étui était noué à le ceinture par une lanière de fouet en buffle tressé, me remit le lettre vers la fin du jour. » O.ROLIN, ibid)

La lettre -on s’en doute- formait en réalité une volumineuse suite de paquets. S’y trouvait, un peu en fatras, de nombreux textes, documents, extraits. « Voilà de quoi vous y mettre tout de même, Madame, depuis le temps que je vous le demande ! ». Je voyais son visage amusé contredisant l’aspect faussement rugueux de la consigne.

Du bidonville de Nanterre à la Tour du Pin, où il avait vécu la fin de sa vie, les écrits formaient comme une galerie en plein vent de photographies ( grilles d’un palais, murs d’un musée), un récit lacunaire et discontinu, que j’estimais au fond – à dire vrai- plutôt dénué d’intérêt. Mais, de 1950 à 2020 – l’année où il atteignait «  Septante et davantage », se dessinaient peu à peu les grandes lignes d’une narration, les formes floues d’une histoire : non seulement celle d’un homme ( à quoi bon ? Il y en a tant et qui tant se ressemblent ! ), mais autant celle d’une  société, de personnages dans une société, la nôtre. Fumées, lisières.

Et bien sûr moi aussi j’étais dedans. On voyait aussi – avec une régularité quasi maladive- un autre qu’il nommerait toujours en se demandant « pourquoi lui et pas moi » : Hanged James.

« Madame Frédérique, vous devriez raconter cela, un jour ».

En effet, il était temps de s’y mettre. Il y avait longtemps qu’il ne m’appelait plus «  Madame », en réalité, nous avions fini par trop nous apprendre intimement… Considérons  alors que ce récit en train de commencer peut devenir une autre version de l’enquête menée par celui de « Port-Soudan », le héros parti à la recherche d’une explication de l’absence, d’une interprétation du silence, une enquête menée par un double, un lien, un chien, le lien : le sien.

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Didier JOUAULT, pour « YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison 4, épisode QUATRE « Il avait obtenu que je le rejoigne», A suivre…chaque semaine ou plus, ou moins. pendant trois ans … Patience ? Prochaine fois : JEUDI 5 OCTOBRE, heure habituelle .

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YDIT-BLOG, Nouvelle saison, saison 4 Episode TROIS : Le retour du narratif intempestif, un temps festif.

Note de Madame Frédérique :

Depuis quelques années, dans le sud,  Y.d’I dit Ydit  occupait les soirées, en hiver, en rédigeant une sorte de feuilleton publié sous la forme d’une espèce de blog – même s’il détestait ce mot, archaïque. Dans une première série (commencée comme si elle ne devait jamais s’interrompre) se succédaient à rythme assez régulier des «  vignettes » collées sur les pages de sa mémoire : scènes de la vie, du métier, des amours et des oublis de vivre. Par ironie, l’objectif avait été d’un prétendu effacement de  mauvais souvenirs,  en les racontant. Echec certain. Il aurait dû le prévoir.

Il m’avait écrit : « Madame Frédérique, vous vous êtes amusée à ma dernière «  SPO », tout en l’estimant un peu hermétique, et, je vous le confirme : faire court et dense, puis investiguer, à la poursuite d’images si possible discordantes, posant la ligne d’humour, dépense une belle part de mon temps- mais je n’en manque plus. »

Ensuite, parce que je l’avais interrogé sur l’interruption assez brutale après deux ans et demi de parutions, il m’avait répondu, par un long texto :  l’obligation à lui par lui-même imposée, publication régulière, ton de préférence badin, touche d’humour( ?) , avait fini par lui peser.

Le plaisir devenait devoir. Il s’ennuyait de

se contraindre.

Il préférait marcher à la lisière des bosquets du Perche où il louait de successives petites maisons : fonctionnaire déguisé (mal) en mini-bourgeois local. Il ne désirait pas qu’on choisît pour lui le rythme de ses parcours.

Après la longue période consacrée à rédiger son roman «  Le jardin de Giorgio Bassani », puis à l’attente des réponses toutes négatives d’éditeurs tous enthousiastes, encore différées par le renfermement général du «  confinement »,

…il avait engagé une deuxième série de publications, découpé le récit, inventé ou retrouvé des images, là encore souvent distanciées du texte, avec une volonté d’humour et cette propension à l’érotisme quasi adolescent que je ne lui avais jamais connue- mais notre relation épisodique de travail n’y prêtait guère, même lorsque nos veillées au cabinet du ministre façonnaient un semblant d’intimité gaie et fugace.

(« Coupez vos phrases, Madame Frédérique » – aurait-il dit en me lisant aujourd’hui.)

Je me souviens qu’il avait  éprouvé une vraie difficulté à en terminer avec la publication, il aimait le récit, le décor (FERRARA), les personnages dont l’énigmatique logeuse Silvia,– Silvia, on pouvait douter de sa réalité, non de son existence- ni des mensonges ni de l’Histoire des Juifs de FERRARE.   Comme s’il eût été un écrivain véritable, ce à quoi il ne prétendait évidemment pas, YDIT avait regretté  la brusque et virulente solitude qu’apporte le mot « FIN ».

Si violent, disait il.

Dans la vie ou les romans, on hésite à ça : « FIN ».

Cependant, il faut.

Surtout Septante et davantage étant venus.

Septante et plus, c’est tard, déjà.

Quelques mois plus tard, une «  Saison 3 » -intitulée « saison » par dérision parce qu’il s’avouait friand de « séries ARTE ou NETFLIX », avait commencé difficilement, s’était continuée dans l’insatisfait, puis s’interrompait abruptement sous le flux ( relatif au nombre total de lecteurs : à peine plus de 3000 tous sites et réseaux  confondus) de messages négatifs : on n’y comprenait rien, à ce nouveau blog, c’était mal écrit, les habituelles images perdaient tout sens réduites à elles-mêmes, ça partait dans toutes les directions mais aucun sens.

Des filles en photo et en marge, s’il y a du texte au coeur, passe encore, mais sinon ça commençait à signer monomaniaque.

Je partageais ce mécontentement, plutôt cette déception. Si le  texte ne portait plus assez, les images dès lors se voyaient trop : dérision, détournements, décalages, montages arrogants, filles à moitié nues ( et souvent davantage) … . YDIT aurait détesté ce genre de commentaire, « retours du fonds puritain ». Mais…

Sans doute n’avais-je même pas regretté que ne parviennent plus, dans mes «  notifications », les publications régulières de mon ex-patron. Et je ne garde pas le souvenir d’avoir perçu un « manque » : l’affaissement  progressif du plaisir de lire. Vite- comme souvent- l’épuisement des  » signaux » provoquait l’éloignement de l’homme.

Ensuite -combien de temps plus tard ? Un an ou trois ? – était parvenu l’envoi dit  » Lettre de A, version B « , l’objet de mon travail, l’envoi qui va nous relier -vous et moi- pour des mois, au moins trente-six mois : j’avais reçu un épais volume de papiers, d’enveloppes, de collages,  presqu’un carton d’étudiant déménageur, accompagné de clés USB à forte capacité, peu utilisées, le dépôt appelé ici

« Lettre de A., Version B ».

« Lettre de A. » – même s’il modulait «  version B. », le fatras semblait-il désorganisé portait tout de même le principal message : une disparition.

Impossible, aussi, d’échapper au devoir de faire-part.

Et nous voici ici sans soucis, vous et moi, pour des mois et des moi d’émoi (?).

Monsieur Y.d’I., dit YDIT, le Didi, pas sûr que je vous remercie du poids.

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Didier JOUAULT, pour YDIT-BLOG, Nouvelle saison, saison 4 Episode TROIS : Le retour du narratif intempestif, un temps festif. A suivre, chaque semaine, ou plus ou moins…Prochain épisode : Lire ceci sans vous agacer, DIMANCHE 30 SEPTEMBRE , vers l’heure de Vêpres, coca light, thé lapsang, gin tonic ? Parfois le dimanche, mais ce sera surtout le mercredi.

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YDIT -BLOG, Nouvelle saison, Saison 4, Episode DEUX : Dans la tour à NANTERRE, « Lettre de A, version B ».

INCIPIT 1 : On aurait pu commencer ainsi : « Quand Pierre-Alain, mon père, épousa Marie-Jeanne Le Goff, il n’avait qu’une lieue à parcourir pour passer de la ferme de Kerveillant, en Plozévet, au bourg de Pouldreuzic où il allait vivre désormais avec sa femme. »( Pierre Jakez HELIAS, « Le Cheval d’Orgueil », Plon, 1975).

Mais on a choisi ça :

Note de Madame Frédérique : Post-it jaune sur la couverture

du paquet adressé chez moi au nom de « Madame Frédérique », parmi sept autres :

« Radio de nuit, courriels du matin, livres du midi, amis du soir : une atmosphère à écouter du Baschung à plein tube, un verre de MacAllan dans la main, voila ce qui a lieu cent ans après 1922, et qui n’était pas si mal, quatre ans après 1918, 1922, et qui surprend un peu, Septante et plus étant venus, et qu’on regarde les étalages des libraires, les vitrines des réfugiés, les archives des boucheries, les innombrables copies de Vénus, -et celle du Titien qui est le premier nu peint et montré – parfois – sans prétexte mythologique. 

On ne peut pas montrer du doigt  » l’Origine du Monde » sans se le mettre dans l’oeil, écrivait LACAN.

Puis commence le TEXTE de la «  LETTRE d’A », Version B, reçue  de mon ex-patron :

TEXTE de YDIT : Alors ça pourrait commencer ainsi :  sur l’écran noir et blanc dans un cadre serré on verrait d’abord un bidonville, à Nanterre par exemple,   avec tout ce que cela signifie un bidonville en terme de misère,  en terme de désordre par rapport à l’imaginaire de la ville, en termes d’absences de la simple humanité de douleur et d’abandon, en absence d’espérance, en termes de  solidarité. Cent ans plus tard que 1922. C’est l’image d’un chaos. Et puis la caméra se déplacerait :   un zoom  dans le temps nous montre une presque ville construite avec des matériaux puissants et riches, du béton armé, peut-être aussi des pierres bien taillées par des compagnons habiles, avec probablement le recours à des équipements  très complexes, des  machines luxueuses, et de coûteux experts en organisation des travaux. Là où le bidonville stagnait dans l’horizontalité d’hommes solitaires, la ville s’est bâtie dans la verticalité d’une entreprise qui veut aller toujours plus haut. En pleine mutation  de main  non pas de compagnon, mais de main de Maître. Si l’on regarde avec le regard de Godard, on observe sur l’écran, cette fois  en couleur, une superbe  TOUR de beaucoup de mètres et autant d’étages. C’est l’Administration qui habite là, c’est le Préfet tout en haut, c’est là que s’exerce le contrôle de l’Etat.

C’est ici que Ydit a commencé le plus long de ses travaux.

La tour de contrôle.

La tour qui contrôle encore quoi ?

La tour de contrôle.

La tour qui contrôle encore qui ?

La Tour qui contrôle les imaginaires, les mémoires, les récits ?

Cette tour,  solitaire et arrogante, est-ce la tour infernale,  est-ce  la tour de Nesles, expérience parfaite de l’adaptation progressive du savoir théorique des architectes à la mobilité imprévue de la matière  du sol ? Est-ce que ce sont les Twin Towers détruites par la ferveur d’un fanatisme, ou l’image sombre d’un tour de Babel  conduisant à la disparition de l’unité des hommes entre eux ? (image André Maynet )

Mais dans le temps qui me reste, YDIT,  moi,   désormais Septante et plus étant venus,  je voudrais aussi répondre à cette lettre à peine ouverte, celle de Rolin(**), que je cite, puisque – pour l’instant- nous en sommes à peine à l’Incipit. Le parcours sera long. Traversé de visiteurs en rondeurs. Enluminé de peintures étranges (*). Près de cent-quarante épisodes, trois ans. Parcours.

Mais éclairé aussi (me mettrait-il en garde) par ce compagnon ignorant même qu’il m’accompagne. Ou que j’existe à part.

«  C’est à Port-Soudan que j’appris la mort de A. Les hasards de la poste dans ces pays firent que la nouvelle m’en parvint assez longtemps après que mon ami eut cessé de vivre. Un fonctionnaire déguenillé, défiguré par la lèpre, porteur d’un gros revolver noir dont l’étui était noué à la ceinture par une lanière de fouet en buffle tressé, me remit la lettre vers la fin du jour. Son visage sans lèvres, aux oreilles en crête de coq, était un perpétuel ricanement. On eût dit son corps sculpté dans le bois sardonique d’une danse macabre. Comme presque tous ceux qui survivaient dans la ville, son office principal était d’ailleurs le racket et l’assassinat. Comment s’était il procuré le pli, je l’ignore. Peut-être l’avait-il volé à la Mort elle-même. » (Olivier Rolin, « Port-Soudan »)

Après cela, ces mots d’écrivain, hésiter le jet d’écrire s’explique. Aussi : longues attentes, tentatives, surprises, interruptions, révisions. Puis- tout de même-, car Septante et davantage étant venus on se met à compter, YDIT se reprend à conter. On s’y met.

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Didier JOUAULT, pour « YDIT-BLOG, Nouvelle saison, Saison 4, Episode DEUX, Dans la Tour le lettre de A. A suivre dans une semaine environ : épisode TROIS « Retour du narratif » (rien de moins?), le LUNDI 25 SEPTEMBRE, après-midi, avant le whisky de 18 heures.

(*) Peinture : ici – et cela sera souvent le cas, il en est d’accord – une des jeunes femmes d’André Maynet, prolifique et très délicat- si on regarde bien – auteur de dessins entre autres publiés sur Facebook

(**) Non sans surprise, la photo d’Olivier Rolin en  » Stop » comporte deux L. Une suffit pour les envols un peu boiteux, tels celui-ci.

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YDIT-BLOG, Nouvelle saison, Saison 4, Episode UN : Sept post-it, « Septante et davantage étant venus « .

«  Un jour, j’y retournerai, à cheval sur un balai s’il le faut. »

( Nicolas BOUVIER, «  L’Usage du Monde », René Julliard, 1964)

Note de Madame Frédérique :

Il y a quelques années déjà, chaque jour je fréquentais la Tour. Dans un tiroir, sans doute, pourrait-on trouver le Passe à peine magnétique permettant l’accès. Mais je suppose que le femme de ménage a jeté tout cela quand j’ai décidé de déménager, vers le sud. A présent, je suis une vieille femme et – conforme aux images- mon désir est de me blottir dans les couvertures du soleil. Celles des générations venues ensuite sont moins frileuses. Mais on ne va pas nous changer. Surtout que nous sommes passées : toutes et ceux, ici, qu’on verra peu à peu surgir de mémoires gaies et fatiguées : FRED, TYNE, BOB et MORANE, La Vénus d’Urbin, la Liseuse de Vermeer, Gédéon, d’autres…Evidemment GAROUSTE.

TEXTES DE YDIT, LETTRE de A.

  1. Avant de commencer à écrire ou songer à publier quoi que ce soit en écriture, attendre la fin de 2022 : on n’oserait pas, 2022 et 1922, (comme cent ans de solitude) car si Victor Margueritte sort l’oubliable « Garçonne » ou Colette « La maison de Claudine » (deux propositions après tout utiles pour les femmes ?), si  Roger Martin du Gard délivre le premier tome de «  Les Thibault » et François Mauriac « Le baiser au lépreux » ( qui d’entre nous lit encore ces deux-là ?),  le plus émouvant est  que le 2 février le  « Ulysse » de Joyce est publié par Sylvia Beach, que  T.S. Eliot donne « The Waste Land », et surtout que Virginia Woolf édite « Jacob’s  Room », quelques semaines avant de rencontrer Vita Sackville-West.
  2. Bien sûr, il y avait aussi « Charmes » de Valéry, en 1922 , et même un peu de  Proust. Ecrire après cela ? (mais on a bien continué à rêver le monde après la Shoah ?)
  3. La Marguerite- l’immense, elle, pour de vrai, bien que jamais Nobel, immense car vivant au creuxmême de sa fêlure, vendue par sa mère au Chinois, entre deux crabes, deux ruines, et ensuite toute sa vie pour s’en sortir, devant écrire – surtout pendant ces années où trente pages entre quatre litres c’était déjà trop pour un de ses  livres-poèmes – et boire et filmer La Pute de la côte normande croisant L’Homme assis dans le couloir-marcher pour échapper à la scène, L’homme atlantique debout face à La maladie de la mort, avec la profusion bouleversante des reprises, puits ( note de Madame Frédérique : la graphie , hâtive, nerveuse, est amphigourique : puits? points? ) de vue, en gros plans, mais toujours le même Chinois dans Calcutta désert, au volant du Camion, et donc : 2022 /1922. Comment oserait-on se permettre ? Attendre fin 2022 pour toucher le clavier.
  4. Septante et plus étant venus, ( j’aime cette formule ) on ne compte plus compter la suite. Ni sur la suite. On devrait ne plus porter intérêt aux déjeuners sur l’herbe, aux livres critiques, aux femmes qui se laissent voir, aux rêves et -surtout pas non plus à ceux des souvenirs qui ne seront jamais porteurs d’un quelque-chose de neuf. « A Septante et plus, disent les imbéciles, on risque l’impatience. » Mais non : faute d’attendre, on a du temps. Tout le temps.
  5. 1922/2022, scène de rue ( jardin du Luxembourg, Paris) : L’enfant vient de tomber, il chouine au sol, hésite à se relever. La grand-mère en arrière-plan ( figure de « La Mémoire » souvent nommée ici) a été retenue par un geste de sa fille, la trentaine parisienne, qui se penche et demande – très calme : « Voyons, Baptiste, dis-moi, où as-tu vraiment mal, à ton égo ou à ton genou ? ». Ulysse, quel est ton mal ? Récit quel est ton mal ?
  6. Radio de nuit, courriels du matin, livres du midi, amis du soir : une atmosphère à écouter du Baschung à pleines oreilles, un verre de MacAllan dans la main, voilà ce qui a lieu cent ans après 1922, et qui n’était pas si mal, quatre ans après 1918, 1922, et qui surprend un peu, Septante et plus étant venus,1922, tout cela et si peu cependant tous ces ans plus tard, et qu’on regarde les étalages des libraires, les vitrines des réfugiés, les archives des boucheries. 2022, cent ans d’éparpillements, cent ans d’hébétude ? Tout ça pour ça ? ECRIRE, cependant ? ECRIRE : urgence.
  7. 1922 : Joyce, Wolf, Elliot, Proust. « On ne peut pas toujours s’empêcher (dit Lacan) sans pécher ». Voila une bonne piste d’enquête pour les Détectives- Ravages, BOB et MORANE. Avec ces noms, avec ces titres, rien d’autre possible qu’une immense modestie, toutefois.
  8. DETECTIVES-RAVAGES : en scène !

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  • Didier JOUAULT, pour « YDIT- BLOG, nouvelle saison, saison 4 , épisode UN : Sept post-it, Septante et plus étant venus ». A suivre, approximativement chaque semaine, pendant trois ans. Prochain post : Dans la tour à Nanterre: MARDI 19 septembre, après-midi, sortez le thé.
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YDIT -BLOG, Nouvelle saison, Saison 4, Episode – 1. Jour J. moins 1 : ici le Y.d’I, dit de ceci, YDIT…

INCIPIT 1 : On aurait pu commencer ainsi :  » OUAGADOUGOU, 2016. Avec Hervé vous partez de l’aéroport de Newark le 12 janvier. »( Nancy HOUSTON, « Arbre de l’oubli« , Actes Sud, 2021).
Mais on a choisi ça :

Chaque semaine, trois ans, tout ici est prêt, chaque épisode, programmé en août 2023, mal étalonné :

(long, court, discursif, narratif, noir, couleurs, sinistre, amusé, distant, ému, menteur, intime, trop d’images et pas assez... ).

Tant pis, mal étalonné, maintenant ainsi est-ce prévu. On raconte : le Parrain, la vie, la Chasse. De plus, il n’y avait plus d’argent, la famille, années Soixante, on nomme cela pauvreté, ce qui ne ressemble pas du tout à la misère, parce que la misère empêche de vivre, alors que la pauvreté, seulement, limite la possibilité d’exister- surtout aux yeux des autres. Mais pas, ensuite, de se souvenir de chasser. Avant, peut-être, on avait cru pouvoir « figurer » sur les photos de la paroisse . Années Soixante, les enfances de YDIT, non : plus d’argent.

Chaque semaine, trois ans, ici-même, sauf quelques semaines de congés sans solde, jours fériés aussi, et il ne sera procédé à nulle modification, pas de reprise des articles une fois essayés, pour des raisons d’hygiène, soldé c’est soldé, on n’échange pas les articles intimes, ne soyez pas surpris.e des discordances probables avec votre propre temps qui passe, le temps à vous, ou le cours du monde, le temps à tous : le programmateur, Yd’I. dit YDIT, le dit de Didi, son temps à lui entièrement ignorait tout de cela qui vous arrive.. Et même ( vous, vous le savez), YDIT oubliait qu’un train peut en cacher un autre. Il en va ainsi pour les images de ce Roman-Images : cherchées, choisies, programmées, (images dessinées, montages) travaillées en détail avec Rose AUBERT (merci ! ) ou Sandrine, ou le plus souvent par Ydit seul même… Images : fausses cohérences, discordances, intimités, nudités ( déjà dit). Pièges. Mais pas toujours posés pour qui on croit, les pièges. Images pour détourer le sens .

Déjà dit aussi : « Oh, ça me fait plaisir de te voir, » annonçait toujours Marcel Malbée, dit MM, dit Le Parrain, lorsqu’il arrivait à la maison, le dimanche, pour déjeuner, en famille avec Mamie qui ne disait rien, avec Père et son verre, aussi Frère et Les garçons, avec Mère et la petite boite en bois. Hélas.

En bas du texte, chaque semaine ou presque,

des flèches permettent de revenir en arrière ou d’anticiper, rien de plus facile. Des bas de page peuvent éclairer la suite du souterrain. Ce que vous en faites, ça VOUS regarde.

YDIT, quant à lui, vient de cliquer une dernière fois sur la touche « envoi », en août 2023, épisodes à venir programmés, plus de cent-trente, ouf, pour lui c’est fini ainsi, le dit de ici YDIT, terminée « La chasse au Parrain ». Pas trop tôt. Pour lui, achevée. Enfin. Repos. Commençait à traîner un peu, l’écriture douze fois reprise, le dialogue sur images. Lui descend ici. Terminé. Septante et davantage étant venus. Repos ! Pouvez fumer. Oui mon capitaine.

Le 13 septembre, au choix : Marathon 13 septembre 490 avant notre ère? Marignan, bataille le 13 septembre 1515 ? Montaigne, mort le 13 septembre 1592 ?

Plutôt : M.M. , le héros en fuite, années soixante à quatre vingt dix…

Pour vous, maintenant, ça peut commencer.

Ni « Mentir vrai » ni « Auto-fiction » : plus simplement, Roman-Images.

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Didier Jouault pour : YDIT -BLOG, Nouvelle saison, Saison 4, Episode – 1. Jour J. moins 1 : ici le dit de ceci, YDIT. FIN de l’AVANT-DIRE . ATTENTION PREMIER EPISODE : MERCREDI 13 SEPTEMBRE après-midi. Dans les débuts, si on rate, tout devient opaque, incompréhensible. ( ET pas seulement les débuts ? Se demanderait la mutine FRED, on la connaître bientôt). Donc soyez là.Si vous pouvez. Ou bien revenez en Replay avec la flèche en bas (<==). Sinon, ça devrait aller. On verra ? Vous verrez ? A mercredi !

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YDIT -BLOG, Nouvelle saison, Saison 4, Episode – 2 / Jour J. moins 2 : rue Dupetit-Thouars, près du square du Temple à Paris.

A personne on ne raconte rien, sauf la Chasse ouverte, au Parrain. A personne on n’expose rien, sauf l’image de Hanged James.

A personne on ne reproche rien, sauf à YDIT, qui ne disait pas non, et à la statuette du David de Donatello, dans l’antichambre de Marcel Malbée, sitôt poussé le lourd rideau en velours rouge,

Rue Dupetit-Thouars, au 12, à côté de la Librairie-Editeur ( qui n’existait pas, début années Soixante) près du square du Temple, Paris, quartier République, début années Soixante et quelques : c’est l’époque du coeur, de l’origine. Les détectives pas sages, BOB et MORANE sont en chasse de l’histoire. Celle-là : Marcel, Dupetit-Thouars. Topographies de la mémoire. Rues et rides. Vont-ils trouver ?

Et non plus à cette Madame Frédérique, dépositaire ( prétend-elle) du manuscrit d’origine, « Lettre de A., Version B« , un fatras confus de textes à elle remis, elle qui les poste peu à peu, méthodique et minutieuse, piqures hebdomadaires de roman-images, remède ou pas, piqures, pendant trois ans, un bail. 45 post par an, à peu près , de J-7 à J+ 131, plus ou moins.

« Oh, ça me fait plaisir de te voir, » disait toujours Marcel Malbée, dit M.M., dit aussi Le Parrain, lorsqu’il arrivait à la maison, le dimanche, pour déjeuner en famille, avec Mamie qui ne disait rien, avec Père et son verre, aussi Frère et Les garçons, avec Mère et la petite boite en bois (Episodes en 2025). Hélas.

Tout ce beau monde longtemps bien propre sur l’image, vers 1950, avant les immenses décrépitudes de la pauvreté.

On a donc le temps. On ne doit rien. Libre de batifoler sur la scène de la page. On ne doit rien. A personne. On a le temps. BOB et MORANE, les Détectives-Ravages peuvent courir l’enquête, on ne leur doit rien. Arpenteurs du vent et des absences, qu’ils arpentent. On ne les blâme pas.

Ni, encore moins, à Olivier Rolin, au contraire, on ne reproche rien : trop tard.

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Didier Jouault, pour : YDIT -BLOG, Nouvelle saison, Saison 4, Episode – 2 / Jour J. moins 2 : rue Dupetit-Thouars, près du square du Temple à Paris. A suivre – on s’habitue -, l’épisode Jour J. moins 1, programmé le dimanche 10 septembre. Dimanche ? Un épisode ? On ne peut pas dire que ça traine. Ni qu’on chome. Même pas le dimanche ! De quoi se plaindrait-on ?

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YDIT -BLOG, Nouvelle saison, Saison 4, Episode – 3 / Jour J. moins 3 : le feu rouge qui passe au vert.

Chaque semaine ou presque : le roman-images expose et parcourt l’accès illimité à l’intime devenu récit, et parfois détourne le regard par l’exposition d’une nudité limitée à sa propre peau, sa propre peur.

Attention : piège.

Si l’on n’y prend garde, maintenant, des rivières de silence coulent dans un fleuve d’ennui.

Contre ça : Roman-Images. Ni « Mentir vrai » ni « Auto-fiction » : plus simplement, Roman-Images, à l’écoute du bruissement que font les barricades intérieures quand la Mémoire monte à l’assaut.

Mais la limite du raisonnable, invraisemblablement, est tracée par Garouste, « l’Intranquille » absolu, ( Les redoutables rebouteux du langage, les détectives ravages, BOB et MORANE l’interrogent épisode 69, le 29 janvier 2025, c’est programmé) le peintre qui met la patte, pose la pâte, naguère « peintre sans succès, mal remis de deux séjours à l’hopital psychiatrique » mais capable de ceci : « le feu rouge qui passe au vert peut me faire suivre une dame en vert » (*) : compagnon de roman-images plus fiable que Vermeer, truquant « La Liseuse » en autant d’exemplaires que de clients ( comme on verra! ).

D’une semaine l’autre, souvent, vous retrouverez nos compagnons intimes, habillés de nudités apparentes, la nudité, efficace outil de cache-sexe affectif , nos compagnons des peintures du dedans, intimités, Garouste le toqueur, Hanged James et sa corde, Marcel Malbée, dit MM, dit Le Parrain, homme sans images mais pas sans ravages, images et paroles, mémoires et Histoire dévoilées dans le projet d’une fausse intimité de surface. Mais ça ne trompe personne, surtout pas vous.

Avenir à venir Episode UN :

Le 13 septembre, au choix : Marathon 13 septembre 490 avant notre ère? Marignan, bataille le 13 septembre 1515 ? Montaigne, mort le 13 septembre 1592 ? Plutôt : M.M. , le héros en fuite, années soixante à quatre vingt dix…

Intimité? Roman-images? Fausse ? Surface ? Vous y croyez ? Ou non ? A voir ?

(*)( L’Intranquille, Gérard Garouste avec Judith Perrignon, collection Proche, 2022, ibidem pour toute future citation)

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Didier JOUAULT, pour : YDIT -BLOG, Nouvelle saison, Saison 4, Episode – 3 / Jour J. moins 3 : le feu rouge qui passe au vert. Prochain épisode de l’annonce faite à l’écran : Jeudi 07 septembre, après midi. On approche, et même vite. Reste à savoir de quoi? Comme toujours, Septante et davantage étant venus , on sait qu’on approche. Et, à cet age, on sait de quoi.

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