La vie est un long détour par des labyrinthes que le Minotaure a désertés depuis longtemps.
NOTE de MADAME FREDERIQUE :
A mes (sans doute déjà trop nombreuses) remarques d’ex-assistante alourdie par le poids du paquet dit « Lettre de A, version B. », j’ajouterai ceci que les variations de ton observées d’une page à l’autre me laissent aussi perplexe qu’incapable d’en fournir une explication.
TEXTE Lettre de A. Version B 

On s’en souvient, dans l’une des discussions précédentes, FRED et YDIT s’interrogeaient mutuellement quant à l’opportunité d’ajouter à la recherche de Y.d’I. l’aide que pourrait apporter un duo de reporters, de spécialistes, d’experts de la filature, de savants de la reconstitution biographique, de la recherche généalogique ou, mieux encore, des familiers ( si jamais on peut l’être!! ) de l’exploration raisonnée des labyrinthes si intimes à l’intérieur desquels le nommé YDIT-personnage de roman-, soutenu de sa complice FRED- représentation de la mémoire-
parcourent des chemins, non pas pour tuer le Minotaure, mais pour se débarrasser de l’idée même du Minotaure, ce qui est une rude ambition. Avouons-le.
On avait donc envisagé d’engager sur contrat, du reste vraiment très bien payé, deux héros fatigués quoi qu’encore actifs, des anciens frères toujours complices, quasi personnages de romans de gare sans égards : BOB et aussi MORANE. Cachés à l’abri de l’Ombre Jaune, ils avaient jadis accompagné longuement les séances de siestes solitaires et de lecture, dans les premiers temps de Ydit.
On aurait pu, il est vrai, les nommer Gog et Magog, ou Sodome et Gomorrhe, ou Marcel et Albertine. Mais pour BOB et MORANE, le Vieux Samuel avait souri de consentement. Un grand éclat de rire à sa façon.
Peut-être à dessein, dans l’espoir avoué de perdre la narration à force de l’enrichir, Fred avait arrêté son choix, à la suite de nombreuses speed-dating qu’on racontera peut-être un jour ici, et leur avait signé un contrat de collaborateurs occasionnels intermittents, au principal motif que- certes- ils boivent souvent des coups (avec une préférence marquée pour les Pinot noirs de Bourgogne et les Gamay du Beaujolais), mais que surtout ils ont pris entre autres dans le quartier du Temple l’habitude de la Beu, celle qui s’alimente et s’approvisionne au coin de la rue, à la sortie de n’importe quel lycée, à l’entrée de presque n’importe quel marché, mais surtout pas la Beu pour mauviettes bradée sous forme liquide dans les boutiques de CDD, CBD, BDC, ABCD, CDB…FRED -ne savait plus très bien comment on dit. Mais BOB et MORANE, dont certain aurait pu naître en R.D.A. conservaient l’héritage de la technique.

Plutôt Léo Malet que Céline : mélange délicat d’irrespect et de gros rouge, de petit Bleu et d’ironie. On ne les verra pas si souvent dans le développement du récit d’ici suivi, sauf comme des apparitions de Lénine sur un piano daliesque. Assez génialement grimés en détectives de roman….

Voici la preuve qu’ils accomplissent avec toute la discrétion nécessaire le principal de leur activité : creuser, fouiller, ne pas se lasser, recommencer, creuser, fouiller, mettre à jour quelques témoignages archéologiques d’une mémoire ruinée, ou plutôt simplement quelques témoins d’une scène tombée dans l’ombre. Marcel Malbée, dit MM, Die Pate, un souvenir ? Une piste? Une trace? Une fumée à la lisière de la ville?
On aimerait tant LE, LUI, le voir de face.

En cet instant, BOB et MORANE sont dans le coeur de l’expectative : bel endroit pour le silence, et pourtant.
« Si on regardait plutôt un peu mieux par la fenêtre ? » dit BOB, toujours le premier en expression.
« Mais les passants passent sans cesse » répond MORANE« on a du mal à fixer l’objectif ».
« Ma poule, on descendrait pas plutôt à la cafet? demande BOB : ils ont des cappuccinos moins chers et on espionne mieux les marcheurs ».
Pour des raisons qui seront peut-être rapportés au cours d’un fragment ultérieur de récit (mais à cette date, la réserve de mots s’épuise, le seuil de 50 000 approche, va-t-on avoir le temps de tous ces récits ? Prévus, nécessaires et inutiles cependant ?), ces deux-là-les héros fatigués de la quête-se sont mis en tête, après avoir longuement écouté FRED, que la fréquentation des marcheuses dans les quartiers du centre de Paris-pas seulement dans le quartier du Temple
où vivait Marcel Malbée dit PATE- pouvait apporter sur les mouvements du monde et les évolutions de la conscience humaine des renseignements de première main. Illusion. Cela permettrait de récupérer les traces de ce qu’il resterait, s’il en restait jamais quelque chose, de Marcel Malbée,dit M.M., dit Le Parrain. Force est de constater qu’une telle ambition n’avait pas grand prise sur la réalité, raison pour laquelle sans doute l’immeuble mais incertain duo ne recevait encore pour l’instant et pour émoluments que de maigres fifrelins.
Fred, qui les avait recrutés et paisiblement initiés à divers aspects de leurs fonctions, avec son pragmatisme malicieux, et son désir d’écouter mêlé au plaisir d’interrompre, Fred leur avait confié une tâche simple et une mission claire, mais c’était encore un peu compliqué pour eux.
A vrai dire, aider YDIT à retrouver le parrain, à l’empapouiller, à l’emcrabouillasser, le papardeliser, le mainsdanslecambousiser, le papouillertaler, le faire mardouiller, l’enraciner, le démembrer, le castagnietiser, le choucrouter -etc !…voilà une feuille de route qui les déroutait,
car on ne sait jamais très bien par quel bout prendre un mort, un fantôme, une idée, un fantasme ( tout à fait comme on ne sait pas très bien par quel bout prendre un commencement, mais cette métaphysique interrogation leur échappait aussi, on le devine).
Les premiers résultats de l’enquête ( Cécile, elle, l’êut confiée à Fantomas) sont peu probants. Les Détectives calamiteux ont arpenté au centre de Paris le quartier du Temple,
les abords de ce lycée d’où, quelques années après la disparition volontaire de Marcel Malbée dit Le Parrain, on avait aperçu la forme pâle de celui-ci entrer dans un PMU. A l’instant même où YDIT sortait du café que BOB et MORANE venaient de repérer, non seulement parce que le garçon y servait un petit coteau d’Auvergne de très bonne qualité, mais aussi parce que dans le sous-sol comme jadis des lycéens se retrouvaient.
Sous-sol de troquet, un espace et une occasion parfaits pour l’essentiel, se procurer un peu d’herbe à prix coûtant, et l’accessoire : recueillir d’une oreille placide les échos improbables de dialogues anciens, chacun des enquêteurs sachant que, dans La Chasse au Parrain, longtemps les échos raisonnent sur les murs, s’accrochent aux angles comme des toiles d’araignée, s’incrustent dans les plinthes comme des cafards ou des punaises de lit, et que tout ce petit monde peut permettre une Chasse au Parrain sinon agréable (cela ne se peut ) au moins efficace ( car cela se doit).


Espérons !
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Didier JOUAULT, pour YDIT-BLOG, Nouvelle saison, Saison 4, Episode VINGT-SIX , Les ENQUETES de BOB et MORANE, Le sous-sol de la rue Turbigo, DEBUT Donc, à suivre…sous peu et dans la cave? En tout cas suite et fin le mercredi 13 mars .