« YDIT-blog », Nouvelle saison, saison IV, Episode VINGT-NEUF : Temple, île, sous-sol. C’est le 18 mars 1314.

Quartier du Temple, et en plein milieu de l’enclos, comme une raie entre deux globes, la rue Dupetit-Thouars : Marcel Malbée, dit MM, dit Le parrain. Rien que cela. Tout cela. Ah, dirait le Prieur, à genoux, on ne fait pas dans la demi-mesure ? Il faut donc se souvenir et punir ? Surveiller et courir ? Jouir et pâlir ? Marcher sans sortir ?

Lorsque le garçon montait dans le métro Porte des Lilas, ligne 11, pour aller 12, rue Dupetit-Thouars, ligne 3 , changement à République, son sac en plastique épais à la main, pyjama, brosse à dents, selon qu’il s’agissait du début ou de la fin de cette chose là chez Marcel Malbée dit Le Parrain, il lisait Mickey Magazine ou les aventures de l’Ombre Jaune.
Parfois il avait le temps, alors que Marcel Malbée organisait son Tiercé journal en mains, après le café au lait, dans un recoin du lit-cosy où Le Parrain le couchait, pyjama remis en place, il arrivait qu’YDIT ouvre un volume d’une série populaire : les mystères de l’histoire.

Entre autres, Les TEMPLIERS.
On racontait leur aventure, leur puissance, et la punition. Ce qu’ils avaient commis, la mémoire s’en est oubliée, fragmentaire et imposible à saisir autrement que dans l’imprécision de l’imprécation, c’est ce que disait le livre. Qu’on ne pouvait oublier mais qu’on ne savait plus en détail qu’oublier.

Une épaisse revue, à plat dans le cosy, s’ouvrait aussi pour YDIT. – et seulement cela, car Marcel Malbée, MM, dit Le Parrain n’avait jamais soustrait de leur cachette les minables revues artistiques, photos noir et blanc, chair et poils qu’il achetait au garçon dans le sous-sol du  » Café du Commerce et du Lycée »-

« Pour leurs chateaux-forts sur la route de la Terre Sainte, immenses et imprenables forteresses encore visibles, les ChevaliersTempliers choisirent pour architectes et tailleurs de pierre des hommes du Moyen-Orient, connaisseurs des secrets des bâtisseurs, depuis l’Egypte et Babylone. Leurs commandeurs et Grands Maîtres furent alors instruits des nombres et des mesures qui font tenir la muraille, mais aussi le courage et la vertu des hommes. Initiés aux savoirs immatériels-les nombres- transformés en matière- le donjon, ils purent exercer une maîtrise spitituelle sur les Grands et davantage encore les gens des campagnes. Comme ils recevaient aussi, en Occident, de nombeux dons et legs, et percevaient l’impôt ou les dividendes pour leur puissante réseau de Commanderies, les Chevaliers du Temple devinrent l’une des premières puissances, matérielle et spirituelle. Tous n’étaient pas admis en l’Ordre, et tous les admis ne recevaient pas le secret de l‘ultime initiation : l’échange sacré entre les Frères, embrassades et prières, sang et serments. »

Peut-être Marcel Malbée, dit MM, Die Pate avait-il fini son Tiercé, peut-être fallait-il aller jusqu’à la petite station  » TEMPLE », ligne 3, et changer à République pour retrouver le glacial du familial. On ne sait. On ne se souvient. On ne peut pas se souvenir, on se souvient d’avoir lu ça. Mais il fallut prendre les Templiers par la fin. Leur immense puissance soudain rompue dans l’arrestation qu’on fait d’eux tous, un matin, dans le royaume tout entier, au motif de leurs noirceurs cachées, de leurs turpitudes secrêtes. Mais il n’était pas difficile, même il y a soixante ans et plus, de comprendre tout ce que cette fin disait de l’avenir, et de la mémoire.

« On peut entendre sept coups de gong, très forts et très lents.

Nous sommes en l’an 1312. Le roi Philippe le Bel a emprisonné les Chevaliers du Temple ( la voix du récitant prononce-t-elle Du Temple, ou du Temps ?) sur la base de fausses accusations. Le Pape Clément a dissout l’odre des Templiers. Les chevaliers sont torturés et exécutés. On les brûle, on les pend. Le Grand maître de l’Ordre, Jacques de MOLAY, monte sur le bûcher. C’est le 18 mars 1314, à la pointe de l’ile de la Cité. Les flammes entourent l’homme. En mourant, Jacques de Molay s’écrie :

Pape Clément, Roi Philippe! Je vous ajourne tous les deux à comparaître bientôt devant le tribunal céleste, Maudits, maudits, tous maudits jusqu’à la fin des générations !« 

Plus tard, Septante et davantage étant venus, la prophétie perd son vif.

Mais pendu par les pieds ou brûlé du dedans, quelqu’un ici, ce soir devant la porte,

12 rue Dupetit-Thouars, ou dans le cadre de la fenêtre au matin, quelqu’un regrette en sourdine que ces puissants là, deux Parrains, chacun le sien, chacun des gestes, chacun sa chair, les Parrains de YDIT-Récit et Hanged James, chacun le sien, restent à jamais dans le silence de l’absence et dans l’injustice fondamentale, inexpliquée : la corde de l’un, le rire de l’autre.

Il y a des morts qu’on aimerait retuer soi-même, après qu’ils auraient parlé.

__________________________________________________________________________________________________________Didier JOUAULT pour : « YDIT-blog », Nouvelle saison, saison IV, Episode VINGT-NEUF  »C’est le 18 mars 1314. » ( on aurait bien aimé le publier le 18 mars, mais tout de même. Donc, non. Et le 18 mars, pas de publication, repos. Episode suivant : le 3 avril. Bien sûr. Mercredi. On vous attend.

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