Hors Saison « YDIT-blog », saison IV , Episode TRENTE-TROIS : Chasse au parrain, encore l’intermède infini, Haut Parrain comme Haut Mal !

Note de Madame Frédérique :

la chasse haut parrain

Note de Madame Frédérique :

Le fragment suivant du paquet des folios «  Lettre de A. », le plus souvent complété de la mention  « Version B », cite à nouveau mon nom, abrégé : FRED. Dans une fonction d’Assistante Personnelle du patron( Madame Frédérique, Ass, formulait le cavalier solitaire, en absurdes capitales), je me suis tout de même un peu tourmentée d’avoir été utilisée en personnage de ce roman-images que bâtissent, à force, les fragments du colis que Y.d’I m’a fait livrer par la poste après sa disparition. Cela, du reste, commence à peine : J’ai fouillé par anticipation le reste des textes et images et je crains de le dire : le pire-me concernant- est à venir. Et pas seulement dans le Venise-Paris, inconfortable souvenir…

« Lettre de A. », VERSION B. Texte de YDIT.

Le temps qu’il reste pour un homme de mon âge après tout ne serait sans doute pas grignoté pour rien si je parvenais à mener le récit de cette longue histoire commencée il y a près de 60 ans.

Longtemps j’ai voulu chasser le parrain, Marcel Malbée, mais ce fut chaque fois en vain et chaque fois ce fut avec le désir d’arriver, sans être contredit par l’inquiétude de savoir. À force de chercher ne se demande-t-on pas ce qui a pu être véritable dans la recherche elle-même ? Authentique mensonge habile d’une mémoire qui se trahit en miroir, par peur, davantage que par goût du mensonge ? On a toujours peur de quelquechose qui ne devrait plus faire peur. Mémoire.

«  Des dîners solitaires dans des endroits où je n’étais pas attendu, ma vie en est pleine. Je l’ai peut-être cherché, ou bien quelque défaut social m’y condamnait, je ne sais pas. Je trouve toujours un certain charme mélancolique (mon adjectif favori : je suis plutôt joueur de violoncelle) à ces soliloques ( qu’est-ce donc qu’écrire après tout ? » ( Olivier Rolin, Extérieur Monde, p.75)

Voici donc le projet de l’actuelle aventure de durée :  trouver le parrain, Marcel, Malbée,  MM, Die Pate ( pardon : l’usage de l’Allemand réfère au mépris de la personne, et à ce voyage en Forêt Noire, on lira cela plus tard,ou on l’a peut-être déjà lu? Vomir dans le bac à bégonias de la devanture?), MM, le dénicher pour le faire parler, pour lui faire dire les mots impurs de la tribu. Le Trouver, puis le faire disparaître (comme je le ferai moi-même ayant écrit ces fragments), l’effacer, le dissiper en feuillets qu’éparpille le vent de Toussaint, le vent d’après Septante. Quand on dicte les notes, l’expression  « chasse au parrain » se traduit par haut parrain, -mais ce parrain-là, cela celui-là qu’on va pour toujours chasser,  n’est jamais rien de haut, même dans l’intime, qu’il avait bas et baissé.

Chasser. Exterminer ? Expulser ? Se débarasser ? La même chose.

On verrait bien, ensuite, comment ? ( Puisque  » pourquoi » on sait. )

BOB et MORANE semblent un peu égarés dans l’interrogatif. En tant que détectives primés, ils préfèrent les réponses. Ils se posent les questions en s’opposant. Pourtant ils ne sont plus tout jeunes.

FRED : Pour YDIT, s’introduire  au sein du  récit revient à tirer les ultimes cartouches d’un homme qui serait… qui serait seul derrière la barricade rue de Belleville, pendant la Commune de Paris, superbement et idiotement solitaire sur les pavés; ou encore : seule Tunique Bleue de US ARMY derrière le chariot de pèlerins déshabitués de croire, et qu’attaquent les Indiens, deux  situations antagonistes d’ailleurs ?

Mais semblablement ( semblable-ment ?) God Boy/Bad boy,  avec une constance grave et déroutante : Lorsque seront tirées les dernières cartouches du récit,  de ce roman-images -même ici de celui-ci YDIT – , que restera-t-il pour résister ? Là, tout seul, tout seul ? Résister à quoi ? Tout seul sans rien à raconter ? Comment se mouvoir encore sans s’émouvoir ? Ou alors déjeuner cinq fois le jour pour raconter aux cinq fois par jour amis le même impossible récit ? Même s’il n’y en qu’un, même s’il n’y en a qu’une ?

Si l’on tarde tant à mener le récit, c’est que -récit achevé- que restera-t-il de nos ajours? Que dire après Le Secret ? Que dire après le temps ?

Seuls le Temps et le Secret osent panser leurs propres blessures.

Pause, ce jour. YDIT ose.

Enfin, faudra -t-il alors,après le roman-images, tirer les ultimes cartouches, et quitter la Seine ?

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YDIT-BLOG, Nouvelle Saison, nouvelle saison, Episode TRENTE-TROIS chasse au parrain , encore l’intermède infini du Haut Parrain comme Haut Mal. Prochains épisodes ( série de quatre, désormais le VENDREDI ) SYLVANES, l’Abbaye, pour cette fois une autre image du possible heureux ? A lire et voir le vendredi 3 mai puis exceptionnellement le vendredi 10 mai ( date qui reste de moins en moins fameuse, mais aussi mémorable cependant !!) Puis deux vendredis encore 17 et 24 mai. ll y a de quoi faire ! Programmé. Planifié. Bien tenu en mains, oui !

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« YDIT-BLOG », Nouvelle saison, Saison IV, Episode TRENTE-DEUX Présentation de Tyne, dernière partie : une fois encore, rien n’advient…

TYNE et YDIT première nuit dans le petit hotel normand, et la serveuse un peu s’émeut de ces deux-là qui visiblement n’avaient  pas encore l’habitude de passer tant d’heures, mélangés de peau et de rêves.

Ce que TYNE avait dit au matin, surtout de ce qu’ils avaient dit ensemble, dans la crêperie juste avant le retour, puis dans la voiture où l’on écoutait « Les Doors » : c’était très agréable d’être avec toi ( on sentait qu’ils étaient un peu surpris, chacun d’eux surpris par elle, ou par lui, ou par eux deux ensemble, le temps d’alors conduisait souvent il est vrai à des histoires brèves aussi décevantes que désirables, autant inutiles dans le réel qu’elles avaient été attendues dans l’imaginaire, autant descendues dans la cheminée qu’un père noel de pauvre). EUX conduisaient tranquillement, chacun son tour sur la route pour revenir, en écoutant de la musique forte. Et au loin une femme à cheveux gris et mains tannées attendait son vin rouge sur la terrasse des Roches Noires. On la connaissait encore peu, alors. Sinon ils seraient allés lui parler d’amour.

Leur chemin aurait pu devenir une histoire tendre, rieuse, sensuelle- celle que YDIT aimait, et seulement celle-là, pour les histoires parallèles ou les histoires dont on sait qu’elles ne feront pas long feu (sinon à quoi bon ?). Mais Tyne l’introduisit au cours des quelques années qu’il passèrent ensemble à se voir assez souvent- en parallèle, ou d’une certaine manière en complément de l’histoire durable d’une union quasi matrimoniale- au début de ces années-là et par la suite même TYNE fut comme son introductrice à la langue africaine mêlée à la française, pour les combats du sacré, pour les luttes de libération, pour l’apprentissage renforcé du respect..

Au mythes et rites d’un autre langage. Secrets du noir au blanc mélangé, mais pour s’en démêler.

Mais aura-t-on assez de mots, et d’ans, pour raconter cela ? Trois ans, programmés, bouclés, ficelés, tronçonnés, gominés, cravatés, un peu délurés, un peu débridés, trois ans et plus de cent quarante épisodes ( plus ou moins ?) prévus pour se laver dans la mémoire en y noyant Marcel Malbée, dit MM, dit Le Parrain, est-ce assez, est-ce trop, Septante et davantage étant venus ?

En cette époque YDIT voulait rédiger une thèse. le professeur MELKARD lui avait dit : « Je serai réellement très heureux de diriger votre recherche, mais possédez-vous vraiment à fond le Latin de juste avant la Renaissance ?  TYNE avait ri : » Et pourquoi pas l’Afrique? »

OUI, au fait, pourquoi pas l’Afrique en Thèse ?

Beaucoup plus tard, TYNE dira – comme il observait ( jamais en reste d’une faiblesse ) que c’était vraiment attendrissant,  devant, son corps si nu de blonde, quand elle avait dispersé l’étoffe, dans la transparence rose, partout rose,  et YDIT avait été surpris qu’elle-même pensât autant de lui, d’une autre façon, sa façon de fille.

TYNE ajouta qu’elle avait songé la première fois à lui autrement qu’à un professeur en suivant avec intérêt les mouvements du bassin serré dans le Jeans, tandis qu’il écrivait,  des mots noirs au tableau blanc pendant son cours. Ces moeurs n’ont plus cours.

Il y avait longtemps, déjà. Ce fut dans la salle ronde, au lycée de N., si longtemps auparavant, si longtemps, alors qu’ils allaient à présent se quitter, quand TYNE allait quitter YDIT pour une région lointaine où il ne pouvait accepter de l’accompagner, le quitter alors qu’il aurait fallu sans doute accepter, mais YDIT n’osait pas tout recommencer, et TYNE – partant- lui laissa quelques livres, mais aussi quelques bribes de récits sacrés et secrets, des mots de contes et des paroles aigues de griots clairvoyants, des paroles de forêt jetées à main perdue sur le tambour sacré, dont la peau vient de bêtes vivantes, ou même parfois d’hommes sacrifiés.

Le don d’adieu, les dits des dieux.

YDIT les garderait dans le creux de l’écriture, pour en arroser les récits de Gédéon/Le sénateur,

(à venir eux aussi, entre les épisodes 70 et 110, environ en 2025) comme on arrose le brasier où dore l’antilope avec le sang d’une vierge, comme on tend la corne de vin de palme  au sorcier qui va convoquer l’Esprit, comme on pousse d’une lance ravageuse les fesses d’un garçon quand sa classe d’âge le conduit vers le silence de la forêt tout entière dressée pour les terreurs de l’initiation et le silencieux froissement des initiés. De quoi en secret irradier la route molle et ridicule de Gédéon/Le Sénateur, tellement « typique » d’une époque. De quoi repousser l’image de Marcel Malbée, dit MM, Le Parrain, tapie au milieu des fauves et des singes (à venir eux aussi, entre les épisodes

70 et 110), image volontairement effacée – niée- mais présente comme ces visages apparaissant au milieu d’un tableau, posant pour une série de photos de faux-nus vraiment intimes, si l’on ose regarder la vie depuis la fenêtre d’en face.

Et aussi  un sujet de thèse : superbe façon de se souvenir. Et aussi un sujet de roman-images : ou comment se débarasser de Marcel Malbée, pour cela : les jours sans MM dit Le Parrain, Die Pate, pour cela les mots et les gestes de Tyne furent comme les herbes sacrées qu’on pose sur le feu de la peau après le fer de l’initiation, et ainsi le Temps et le Secret savent effacer leur propre brûlure.

Voilà pourquoi, Septante et davantage étant venus, YDIT avait détourné le duo MORANE et BOB pour qu’ils apprissent l’adresse de TYNE, tout ce temps plus tard, quarante années ou presque, car le temps paraissait venir d’offrir enfin à TYNE un exemplaire de la thèse, relié en poussière de vie…Pour en finir (peut-être?) avec l’émotion du noir.

YDIT écrit que, ensuite, au 47 montée de la montagne à Garvas, où il attend tapi dans l’image dans le tapis de sol du taxi, TYNE sort de la grande maison, il dit qu’elle sort, il dit qu’elle, elle le voit dans son abribus, caché comme un mulot sous l’orage, et ils se parlent. Prétend-il. Raconte-t-il. Ment-il. Ensuite elle l’aime. Croit-il. Veut-il. Doute-t-il.

Ensuite Tyne ne lit même pas la thèse? Ensuite tous deux sont chez elle? Et Tyne raconte depuis son lit, (un lit vide) une baignoire (vide), une haute branche d’arbres (vide), de tous les endroits vides, elle raconte ce que la vie pourrait avoir été ailleurs, ,

elle cette fois peignant l’homme dénudé de sa fausse force, la vie dans les profondeurs d’espace et de temps, d’espérance et de temps, les profondeurs utiles parmi lesquelles jusqu’à l’idée même de Gédéon/Le Sénateur jamais n’aurait été pensée par les Dieux dans la brousse, ni jamais son esprit produit par les Anciens sur la chemin des initiés, ni jamais son corps supporté par les Sorciers avec le breuvage sacré de la forêt.

Cependant BOB et MORANE sont restés dans leur petite auto grise, leur mini Traban inconfortable, espions dérisoires payés à la semaine.

Mais y sont-ils encore ? Le jour se lève t-il enfin?

L’abribus est vide, et la montée de la montagne n’a pas de numéros : c’est un chemin au fond de la vallée, près de l’abreuvoir abandonné. L’adresse où revenir n’existe pas. L’adresse où revenir est un mensonge de la mémoire, toujours. Le vélo s’éloigne en même temps que les repentirs.

Qui prendrait le train de nuit pour Garvas, village imaginaire, trente ou quarante ans plus tard ? Pour y retrouver une silhouette assise au milieu d’un jardin rose ? Et cette adresse, ne serait-ce pas plutôt via Beifiori, Numéro six?

Qui – quand bien même Septante et davantage étant venus- gaspillerait ses matins et ses attentes pour observer TYNE pousser la barrière morte de la maison vide, allure préservée, blondeur blanchie, mains libérées de toute bague et tout savoir ? Habillée de transparence et vétue de sa seule bondeur rose ?

Voila pourquoi, ce matin de juin, YDIT n’est pas sous l’abribus, pourquoi il n’est pas sorti de la Mercédès noire, ou pas sorti de la gare, sorti de rien, pas même des impasses de l’imaginaire, pas sorti, pas quitté, pas bougé, une fois encore, vide, YDIT, là, sur un quai, vide, et le train qui part, et lui ne monte pas, ne fait aucun geste vivant, une fois de plus ne court pas le long d’un quai, vide, comme souvent rate la marche du bon futur, pas bougé, pas monté, pas sorti du clavier de l’ordinateur, et rien n’advient, une fois encore, une fois encore, rien n’advient.

Une fois encore.


Jusqu’à de qu’advienne enfin la « Chasse au Parrain » : l’ultime façon de courir après le dernier train.

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Didier JOUAULT pour Ydit blog / Quatre Saisons de « YDIT-blog », nouvelle saison, saison IV Episode TRENTE-DEUX , Présentation de Tyne, dernière partie : une fois encore, rien n’advient. A suivre, mercredi le 24 avril, c’est la Saint Fidèle… : CHASSEZ LE PARRAIN , et il revient au verso.

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« YDIT-BLOG », Nouvelle saison, saison 4 , Episode TRENTE et UN Présentation de Tyne, partie médiane, la plage blonde.

Note de Madame Frédérique:

A de nombreuses reprises, la continuité apparente du récit central, ou paraissant tel (l’enquête sur « Marcel Malbée, dit MM, Die Pate », ainsi que le nomme mon ex-patron), soutenue ( ou dispersée?) par ce dur duo de BOB et MORANE, est différée par l’immixtion de récits en apparence parallèles – peut-être comme des enluminures inachevées qui borderaient un récit troué ? On perçoit bien sûr, le temps passant, que, résignée à rendre public ce fatras dit « Lettre de A., Version B », par devoir et nécessité d’achever ma tâche d’héritage, après la brutale et inexpliquée « disparition » de YDIT, par périodes, je serais gagnée par une lassitude vaguement agacée, n’eût été la puissance aussi perenne de notre ancienne complicité. Maitrisant (plutôt : ayant pris connaissance de) la totalité du paquet, je peux anticiper d’autres cassures du récit central. Donc, puisque vous fûtes confrontés ( et confrontées) à la « Présentation de FRED », épisode ONZE ( sur près de 140 !) il faut que se supporte ici la « Présentation de TYNE », suite. Encore- oui- cette fracture intime du double, MM et Hanged, Morane et Bob, Ydit et moi, puis FRED et TYNE. « Le réel et son double » écrivait l’un des auteurs que Y.d’I. parfois citait, j’en ai oublié le nom, c’était il y a longtemps, c’est démodé, on ne parle plus de tout ça.

Lettre de A. Version B RECIT d’YDIT : Tyne, suite (Ydit planque devant le 47 Montée de la Montagene ; BOB et MORANE plaquent la planque d’YDIT).

C’est déjà tard. Ydit entre ici avec les yeux et la démarche d’un vieillard qui n’aurait pas dormi depuis la moitié de sa vie. Histoire : souvenir-récit :

Debout encore, au milieu d’une vaste salle conçue en rond, vêtu en professeur jeune avec des mots clairs, YDIT achève à peine son cours de Terminale. Il y a si longtemps.

Assise en fond de salle, -sur un gradin qui le domine -Tyne dit : » C’est vrai, ça surprend, le décor, mais c’est parce que ça a été repeint couleur vieilles sueurs, ce décor de lycée. » L’amphi s’est vidé. Dans un mauvais roman-images le narrateur écrirait que TYNE remplit à elle seule la salle de cours, mais non, personne jamais ne remplit le silence. L’absence, oui, avec d’autres images, on peut espérer la remplir. Le Silence, non, même avec les mots du souvenir, non. Même TYNE dans le dicours noir de son Afrique presque natale et totalement sacrée.

TYNE qui fut  tout entière de blondeur, de tantrique clarté du visage des yeux et des toisons, jolie découverte que ce fut la première fois qu’on la vit nue, si blonde parfaitement ici aussi de sorte qu’elle reste celle dont l’intimité fut la plus voyante-et diseuse de bonne aventure : le sexe d’une femme est toujours un futur.

Marcel Malbée dit MM dit  le parrain ( les soirs de rhume ou de bar, la phonation altérée pourrait prononcer pour un voisin lui-même fatigué, non pas MM, mais Aime/Haine ), cet homme-là, Die Pate,  on n’a su que beaucoup plus tard à quel point l’organisation intime de la vie de YDIT avait été, sans qu’il le veuille, choisie pour éviter avec persévérance le retour du fantôme Malbée.

Ou bien (et ce n’est pas un identique poids) pour s’interdire la chaîne lourde de la culpabilité – n’avoir pas dit NON dès le premier geste, ou -si l’on accepte la stupeur des initiations- d’avoir ensuite osé gravir une deuxième fois l’escalier, 12 rue Dupetit-Thouars. Une deuxième fois, ce n’est plus la surprise, c’est déjà le renoncement ou l’addiction. Ydit ensuite s’est, mais tout laisse par ailleurs à penser que cette analyse comme toutes les auto-analyses est largement fautive, globalement très menteuse, cependant pratique pour stimuler des explications à l’ inexplicable, YDIT aussi ici s’est dit que – à l’inverse des « répétitions » grâce auxquelles le théâtre existe -ce qui a pu inventer les parcours, les soutenir, ce sont les volontés diverses et multiples, toujours très différentes, désirs d’essayer autre chose autrement, d’essayer ailleurs, de ne laisser passer aucune hypothèse de chemin, de quasiment toujours dire oui, jusqu’à un certain âge, jusqu’à un certain point de l’absurde ou des douleurs, dire oui à tout ce qui prétendait distraire, « oui, bien sûr » : la garantie d’un fondamental divertissement. Oui à ce qui se présente : ce sera devenu comme une habitude.

Il en fut ainsi probablement de l’Afrique. Mais -surtout- la connaissance du continent noir commence par la silhouette blanche de TYNE sur l’estrade du lycée, et aussi par la transparence du  corps de TYNE, superbe cambria corps 14, cambria on reconnaît bien ici la silhouette de TYNE. Alors on visita l’Afrique nuit et jour. L’université de la ville en ce temps suggérait aux  étudiant.es en dernière année de licence, supposé.es bientôt passer des concours, de consacrer une quinzaine de jours à une espèce de stage dans un établissement scolaire- pour le cas où elles et eux auraient eu envie de devenir professeur (un mot qui n’a plus le même sens).

Au lycée, avec Maurice, Catherine, Arlette, on s’en amusait. C’était l’occasion de bavardages agréables au Café du Singe Vert, pour expliquer aux étudiant.es ce qui se passerait, pour commenter ce qui s’était passé : pour continuer à faire du Singe Vert (à quelques kilomètres de la ville, connu de quelques professeurs initiés du lycée, la jolie terrasse avec glycine, la serveuse sans cesse irradiant d’un rire joyeux) ce haut lieu pédagogique. En réalité, avec les stagiaires de l’université, le bar même pas louche devenait un espace de jeu de mots et de langues, un endroit ou la séduction de la posture se transformait quelquefois en petites histoires coquettes et pratiques, ainsi qu’on aimait en commencer et en finir à l’époque.

A force personne ne savait plus où donner de la tête.

TYNE avait assisté à quelques cours, puis elle avait improbablement choisi ceux de YDIT, on verra pour quelle petite image peut-être. Puis elle avait, à la table du Singe Vert (Ydit était seul en sa compagnie blanche et rose, cette fois-là), sans hésitation accepté un dîner à deux. TYNE et YDIT habitaient des univers différents, même pas parallèles, mais en ce temps-là, une invitation à dîner représentait une façon anticipée d’escalader la pente pour marcher dans la possibilité d’un futur, comme dira ensuite BOB. Ou MORANE. Drôle de phrase.

Pour le deuxième diner, TYNE était venue avec l’édition 10/18 de Amadou Hampâte Bâ . Accompagnant  ses parents, elle avait vécu en Afrique quatre ou cinq ans.

 Tyne  avait prêté le livre, ils en avaient parlé. Puis d’un autre, apporté en anglais. Et ainsi de suite. Prétextes choisis pour prendre d’abord un verre ensemble dans les cafés plutôt peu sympathique entourant la fac, entre deux cours – car la présence de stagiaires avait fini depuis longtemps, et cela étonnait Maurice ou Catherine ou Arlette de voir que TYNE souvent rodait en vélo, courte jupe aérienne, dans les alentours du lycée pour attendre YDIT…Ces quatre-là, leur histoire des quatre – on verra peut-être plus tard le risque pris à glisser une aiguille dans leur bloc de tendresse (mais ce ne serait qu’en toute fin des 250 000 mots ( 250 000 ? On avait pas dit 200 000, même moins ?), quand la chasse de Marcel Malbée aura été achevée, mais que resterait-il alors à compter, parmi les mots ?).

Vint ce premier dîner, inaugural comme on dit au Collège de France,

et c’est Tyne qui propose un restaurant africain, dans le 11e arrondissement, quartier à l’époque peu fameux. Puis comme il s’était mis en retard, ce fut la Pizza del démon,- place Victor Schoelcher.

TYNE et YDIT n’ont plus besoin de prétexte, ils sont ICI ensemble à parler ou marcher le long du quai de la Seine. Un soir ça se mue banalement, on s’en doute,  c’était un soir de printemps dans tous les récits on dirait qu’il faisait beau, mais dans la mémoire du récit ou dans le récit de la mémoire – donc roman-images- c’est réel qu’il faisait beau, sans doute parce que toutes les histoires qui commencent, même une légère, même achevée sans finir, même celle d’une jeune femme blanche parlant de l’Afrique noire, tout cela c’est toujours dans le beau temps que ça se passe et c’est toujours du beau temps que ça produit, alors ensuite, on s’y attend, ensuite YDIT  vient chercher TYNE avec la vieille Fiat blanche décapotable, pour partir en week-end, quelque part sur la côte normande, un petit hôtel sympathique avec véranda sur la mer, chambre sur la mer, vue  sur la mer, tout sur la mer ,ils font des photos sur la plage, Il fait grand vent mais YDIT n’écrit pas une lettre à la reine pour dire qu’il a tué six Loups. Après le dîner sur la terrasse, qu’il a fallu fermer, car déjà le vent est frais, TYNE préfère marcher le long de la mer, tout le monde sait bien ce qui va se passer, leurs apprentissages comme d’adolescents qui s’inventent un savoir neuf, les gestes dits banals qui deviennent découverte magique, rituels secrets et sacrés, l’intime mieux que partagé, offert,  une seule chambre à l’hôtel, la serveuse qui s’attendrissait, , qui admirait TYNE ( attention, ce n’est pas Nadja?)ou les voisins de table qui tentaient d’écouter le dialogue de ces deux là. Ces deux là qui oubliaient ( YDIT qui effaçait) toute idée de la Chasse au Parrain que mènent cependant ( déjà? Pas encore ?) les détectives de sable et de coquille Saint Jacques, BOB et MORANE

TYNE et YDIT première nuit dans le petit hotel normand, et la serveuse un peu s’émeut de ces deux-là qui visiblement n’avaient  pas encore l’habitude de passer tant d’heures, mélangés de peau et de rêves.

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Didier JOUAULT pour Ydit BLOG / Quatre Saisons de « YDIT-blog », nouvelle saison, saison IV Episode TRENTE et UN Présentation de Tyne, partie médiane, la plage blonde. Si tout va bien( et si le point fait par la Capitaine est bon ) nous sommes le mercredi 10 avril, donc publication de la fin de séquence « Présentation de TYNE », le mercredi 17 avril. Sinon, tout est fichu. Mais non. Mais non, voyons.

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YDIT-BLOG, Nouvelle saison, Saison 4, Episode TRENTE Présentation de Tyne première partie : au numéro 47, montée de la montagne.

Note de Madame Frédérique :

Présentation de Tyne n°1

Certains mots, désormais, doivent être pendus haut et court. Lorsqu’Ydit  connut l’Afrique, « nègre » n’existait déjà plus que pour une sorte de chose vendue en boulangerie : meringue couverte d’éclats de chocolat, « Tête de nègre ». Qu’on pût avoir choisi ce nom, pour une boule à croquer ensuite, c’était déjà -dès l’origine- toute l’arrogance de l’occident. Au Pré Saint-Servais, « Impasse du Pré », évoquée jadis dans quelques « Séquences Publiques d’Oubli », l’Africanité n’apparaissait que sous les aspects du Nord. On disait « Les Algériens », peu importait qu’ils vinssent depuis le Maroc, c’était la guerre.

Plus tard, peut-être, Ydit fera-t-il le récit de ce policier en pélerine vu étendu bien mort à la sortie du métro Porte des Lilas ( mais ce souvenir violent ne cachera que les mots de la mère sur celui qu’on aperçoit plus loin, le père, parlant avec un homme plus jeune, et soudain il faut marcher plus vite, ne pas les regarder,pouquoi pas ?), ou de ce dimanche après-midi soudainement tonitruant : une bombe venait d’exploser dans le HLM voisin où habitait un journaliste de

« l’Humanité », le journal du parti communiste.

Mais ce n’est pas dans l’ordre du temps, l’ordre du jour, l’ordre des choses. A présent, toutes paroles libérées de leur honte (même si à leur libération bousculée succède peu à peu une sorte de silence un peu las), et puisque le récit en a commencé, l’ordre impératif du narratif, expansif, détersif, expressif, nominatif, exige ceci seulement, et ceci entièrement, comme on a dit, comme on dira : la sage poursuite un peu chaotique de « La Chasse au Parrain », entremêlée à la Complainte un peu dramatique d’Hanged James, jusqu’à ce temps dans les temps et les siècles ( ainsi devrait-il être ! ) où l’on en sera tout de même allégé, à présent que tout le monde parle de « ça ». On. Allégé. Tout de même. Croyons-le. S’alléger de cela. Le Secret. Le Secret mis au jour par ses parleuses même.

Mais l’Afrique n’est pas à côté de la flaque où le narrateur pose les bottes, pour en diluer la boue rouge des pistes (ceci est une métaphore due à BOB, un soir où- dans un  bar de Port-Soudan– il devisait en devises locales, accompagné de MORANE et de quelques verres, sous l’oeil un peu fatigué de ROLIN, écrivain). L’Afrique, pour Ydit, pour toujours s’appelle Tyne, autrement dit une autre forme de l’horizon indépassable de la mémoire heureuse. Encore une formule à la MORANE ?

MORANE : des phrases comme ça, on devrait avoir honte, plutôt…
BOB ( vidant le verre de côtes de Lyonnais) : si on avait honte, tu ne serais pas là.
MORANE : Et les autres non plus.

BOB : non plus, les autres, pas là.
MORANE : Et sans eux, que faire?
BOB : sans eux, se taire, se terre, vers.

Au cours des 200 000 mots ( moins, à force, arrivé l’Episode vingt-sept : 150 000? ) mots qui restent à tirer comme des cartouches bleu-gris ( couleur des Septante et plus venus ), Tyne dit l’Africaine aura pour rôle – dans la trame sale de la chasse- d’embellir les récits de mémoire maigre  (beaucoup de séquences Gédéon/Le Sénateur, illuminées par les images de ROSE : en 2025, dans un an, selon le programme), par les rotis d’antilopes suant leur graisse sur la braise, ce que sont les rites et  mots sacrés de l’Afrique.

Tyne est l’ Africaine. La blonde Africaine. Personnage.

Tyne, Septante et même davantage étant venus, où en es-tu de tes visages blonds et qui savaient changer selon l’orage, le goût du café, le sens de la caresse – et même avec le bruit que font les pages des livres quand on les tourne et les creux du corps si on les voit ? Ton visage de bambou, tes yeux de forêt et de rhizome ? Longtemps après que nous avons bifurqué nos tendresses, des heures j’ai cherché la trace de toi. Mais Tyne ne laisse pas de trace, sauf sur les carrés des photos où elle posait avec douceur et indécence- simplement là et nue, images d’album qu’YDIT inlassablement avait regardées, avant que l’incendie les détruise.

Longtemps, parmi les vitres à reflets des musées, partout dans les voyages vers l’Afrique, la trace de tes images, YDIT l’a cherchée, au Dahomey, au Togo, en Haute-Volta, au Cameroun, tous ces anciens pays de la colonisation, toutes ces terres de surprise et de récits, dont les noms depuis ont été changés par leurs héritiers, mais qui sont restés tels qu’en eux-mêmes l’africanité les préserve, noirs et profonds,

royaux et magiques, secrets et sacrés. Lorsque je te connaissais, souvent, tu m’initiais  par des bribes de chant sombre à cette autre histoire ancienne de la  forêt des hommes de l’Afrique, aux secrets noirs des Afriques préservées des colons, avant les malheurs imposés par la modernité.

Arrêté du 22 août 1945 ( Ydit avait précisément – 5 ans ), N°2576, réorganisant l’enseignement primaire en Afrique occidentale française (J.O.de l’A.O.F., 1er septembre 1945, p. 707-35)

« Article 2

Enseignement primaire élémentaire

L’enseignement primaire élémentaire ( qui comprend trois cours ayant chacun deux années d’études) a pour objet essentiel d’agir sur les populations africaines en vue de diriger et d’accélérer leur évolution. Cet enseignement est donné uniquement en langue française.

Il est strictement obligatoire pour les enfants de fonctionnaires et de militaires de carrière, sauf indications contraires du médecin.

Les gouverneurs détermineront pour chaque colonie les conditions dans lesquelles cette obligation pourra être imposée aux enfants des familles de chefs. »

Dans le cœur trop battant de ces récits mal conservés, Ydit poursuivrait sans faillir ni tracas les traces de Tyne, éternel amoureux, traces quand ils eurent enfin terminé l’envoi irrégulier de photos d’eux, images du simple jour, carrés du tout-venant soyeux comme un Hermès, échanges comme des adolescents d’une autre époque, comme une femme et son prisonnier, photos légères ou dramatiques, érotiques et passagères..

BOB et MORANE, détournés de leur mission majeure (gaspiller Marcel Malbée, l’ébarbouillir, le dépeciter), ont enfin, de cette Tyne Africaine, trouvé l’adresse trente ans plus tard, par des moyens qu’on ne peut dévoiler ici, secrets et sacrés. Dans les mots du griot et les sonneries sourdes du tambour construit avec la peau des morts, ils ont remonté le flot du fleuve vers sa source, et pointent l’adresse comme s’ils maniaient une pagaie de la barque rituelle.

TYNE : au 47 montée de la montagne, à Garvas.

Après une nuit de train solitaire, Ydit est arrivé au matin, dans la gare de Garvas, presqu’aussi lointaine que La tour de Carol, mais Brigitte Fontaine ne chante pas le chef de gare ( et qui se souvient de Brigitte Fontaine?) si loin de l’Afrique aussi, et le taxi maussade en maugréant  l’a conduit montée de la montagne.  

« Arrêtez vous au 27 » : si l’ on s’approche trop d’un cœur de l’histoire, le feu cesse la couvaison discrète et sort vous mordre le ventre.

Ydit restait là, groupé avec lui-même sur son corps dans le siège arrière de la Mercédès noire, à regarder rien ni personne, à regarder une façade et se percevant soudain trop nazi, trop flic. Montée de la Montagne Pas très loin, renforçant la regrettable impression d’expédition punitive contre le village, BOB et MORANE ( déguisés en grisaille du matin ) s’attachaient (attachants détectives d’usage sage) à mimer le sommeil innocent des amoureux repus, la langueur monocorde du tronc délavé qu’emporte le fleuve Congo. YDIT – très loin de la rue Dupetit-Thouars, numéro 12, premier étage à droite, double porte de velours bordeaux, et le David en bronze imité,- YDIT patientait pour concurrencer l’imprévisible.

 Puis disant au chauffeur qu’il peut y aller,  inutile d’attendre, cela se devine qu’il ne se passera rien, jamais il ne se passe rien tant d’années plus tard, quarante ans, et cependant YDIT est venu, YDIT a pris le train de nuit, commandé un couple de MORANE et BOB, et YDIT que voilà est ici, devant le 47, Montée de la Montagne, à Garvas,  ce matin frais. On attend. Rien ne se passe. Nulle ne sort, liane jolie.


Un peu clandestin,  mal maquillé, à présent effacé de lui-même dans l’abribus aux affiches exotiques déjà, et il attendait de voir- tant d’années plus tard- il s’impatientait de savoir qui pousserait la barrière en bois devant la grande maison très méridionale, pas laide, pas belle, la maison de TYNE, 47, Montée de la Montagne, à Garvas… Il savait que tu serais la même dans tes souplesses ajustées, toutes ces années ensuite, mais le blond de ton corps serait devenu blancheur de la tête (et l’angle rose de ton sexe qui avait été si net sous la blondeur ?),  et le pâle de tes cheveux qui les amusait lorsqu’ils parlaient du bleu-noir et du vert-émeraude  et du brun-roux de l’Afrique ?

Présentation de Tyne :

Elle fut la porte de son couchant, l’horizon de son lever, le delta de ses amarrages.

Tyne, récite YDIT dans le coin transparent d’un abribus déserté, TYNE je me baigne dans le velu de ta blondeur nègre, Tyne, je me roule dans le fleuve frais et fort de ton blanc récit d’Africaine, Tyne en noir et blanc comme un échiquier, comme un labyrinthe de palais crétois, comme un pavé mosaïque dans la loge des frères tailleurs de pierre.

Mais, tout le monde sait cela : la porte de la mémoire ne s’ouvre même pas sur des ombres, et seuls des mensonges nommés souvenirs parviennent à l’ouvrir, parfois.

Reste à continuer d’écrire : roman-images .

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Didier JOUAULT pour YDIT-BLOG, Nouvelle saison, Saison 4, Episode TRENTE Présentation de Tyne première partie : numéro 47, montée de la montagne. Suite de la presentation, banalement, la semaine prochaine, mercredi, milieu d’après-midi, 10 avril encore une occasion de mettre du temps dans son thé.

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