« YDIT-BLOG », Nouvelle saison, Saison IV, Episode TRENTE-DEUX Présentation de Tyne, dernière partie : une fois encore, rien n’advient…

TYNE et YDIT première nuit dans le petit hotel normand, et la serveuse un peu s’émeut de ces deux-là qui visiblement n’avaient  pas encore l’habitude de passer tant d’heures, mélangés de peau et de rêves.

Ce que TYNE avait dit au matin, surtout de ce qu’ils avaient dit ensemble, dans la crêperie juste avant le retour, puis dans la voiture où l’on écoutait « Les Doors » : c’était très agréable d’être avec toi ( on sentait qu’ils étaient un peu surpris, chacun d’eux surpris par elle, ou par lui, ou par eux deux ensemble, le temps d’alors conduisait souvent il est vrai à des histoires brèves aussi décevantes que désirables, autant inutiles dans le réel qu’elles avaient été attendues dans l’imaginaire, autant descendues dans la cheminée qu’un père noel de pauvre). EUX conduisaient tranquillement, chacun son tour sur la route pour revenir, en écoutant de la musique forte. Et au loin une femme à cheveux gris et mains tannées attendait son vin rouge sur la terrasse des Roches Noires. On la connaissait encore peu, alors. Sinon ils seraient allés lui parler d’amour.

Leur chemin aurait pu devenir une histoire tendre, rieuse, sensuelle- celle que YDIT aimait, et seulement celle-là, pour les histoires parallèles ou les histoires dont on sait qu’elles ne feront pas long feu (sinon à quoi bon ?). Mais Tyne l’introduisit au cours des quelques années qu’il passèrent ensemble à se voir assez souvent- en parallèle, ou d’une certaine manière en complément de l’histoire durable d’une union quasi matrimoniale- au début de ces années-là et par la suite même TYNE fut comme son introductrice à la langue africaine mêlée à la française, pour les combats du sacré, pour les luttes de libération, pour l’apprentissage renforcé du respect..

Au mythes et rites d’un autre langage. Secrets du noir au blanc mélangé, mais pour s’en démêler.

Mais aura-t-on assez de mots, et d’ans, pour raconter cela ? Trois ans, programmés, bouclés, ficelés, tronçonnés, gominés, cravatés, un peu délurés, un peu débridés, trois ans et plus de cent quarante épisodes ( plus ou moins ?) prévus pour se laver dans la mémoire en y noyant Marcel Malbée, dit MM, dit Le Parrain, est-ce assez, est-ce trop, Septante et davantage étant venus ?

En cette époque YDIT voulait rédiger une thèse. le professeur MELKARD lui avait dit : « Je serai réellement très heureux de diriger votre recherche, mais possédez-vous vraiment à fond le Latin de juste avant la Renaissance ?  TYNE avait ri : » Et pourquoi pas l’Afrique? »

OUI, au fait, pourquoi pas l’Afrique en Thèse ?

Beaucoup plus tard, TYNE dira – comme il observait ( jamais en reste d’une faiblesse ) que c’était vraiment attendrissant,  devant, son corps si nu de blonde, quand elle avait dispersé l’étoffe, dans la transparence rose, partout rose,  et YDIT avait été surpris qu’elle-même pensât autant de lui, d’une autre façon, sa façon de fille.

TYNE ajouta qu’elle avait songé la première fois à lui autrement qu’à un professeur en suivant avec intérêt les mouvements du bassin serré dans le Jeans, tandis qu’il écrivait,  des mots noirs au tableau blanc pendant son cours. Ces moeurs n’ont plus cours.

Il y avait longtemps, déjà. Ce fut dans la salle ronde, au lycée de N., si longtemps auparavant, si longtemps, alors qu’ils allaient à présent se quitter, quand TYNE allait quitter YDIT pour une région lointaine où il ne pouvait accepter de l’accompagner, le quitter alors qu’il aurait fallu sans doute accepter, mais YDIT n’osait pas tout recommencer, et TYNE – partant- lui laissa quelques livres, mais aussi quelques bribes de récits sacrés et secrets, des mots de contes et des paroles aigues de griots clairvoyants, des paroles de forêt jetées à main perdue sur le tambour sacré, dont la peau vient de bêtes vivantes, ou même parfois d’hommes sacrifiés.

Le don d’adieu, les dits des dieux.

YDIT les garderait dans le creux de l’écriture, pour en arroser les récits de Gédéon/Le sénateur,

(à venir eux aussi, entre les épisodes 70 et 110, environ en 2025) comme on arrose le brasier où dore l’antilope avec le sang d’une vierge, comme on tend la corne de vin de palme  au sorcier qui va convoquer l’Esprit, comme on pousse d’une lance ravageuse les fesses d’un garçon quand sa classe d’âge le conduit vers le silence de la forêt tout entière dressée pour les terreurs de l’initiation et le silencieux froissement des initiés. De quoi en secret irradier la route molle et ridicule de Gédéon/Le Sénateur, tellement « typique » d’une époque. De quoi repousser l’image de Marcel Malbée, dit MM, Le Parrain, tapie au milieu des fauves et des singes (à venir eux aussi, entre les épisodes

70 et 110), image volontairement effacée – niée- mais présente comme ces visages apparaissant au milieu d’un tableau, posant pour une série de photos de faux-nus vraiment intimes, si l’on ose regarder la vie depuis la fenêtre d’en face.

Et aussi  un sujet de thèse : superbe façon de se souvenir. Et aussi un sujet de roman-images : ou comment se débarasser de Marcel Malbée, pour cela : les jours sans MM dit Le Parrain, Die Pate, pour cela les mots et les gestes de Tyne furent comme les herbes sacrées qu’on pose sur le feu de la peau après le fer de l’initiation, et ainsi le Temps et le Secret savent effacer leur propre brûlure.

Voilà pourquoi, Septante et davantage étant venus, YDIT avait détourné le duo MORANE et BOB pour qu’ils apprissent l’adresse de TYNE, tout ce temps plus tard, quarante années ou presque, car le temps paraissait venir d’offrir enfin à TYNE un exemplaire de la thèse, relié en poussière de vie…Pour en finir (peut-être?) avec l’émotion du noir.

YDIT écrit que, ensuite, au 47 montée de la montagne à Garvas, où il attend tapi dans l’image dans le tapis de sol du taxi, TYNE sort de la grande maison, il dit qu’elle sort, il dit qu’elle, elle le voit dans son abribus, caché comme un mulot sous l’orage, et ils se parlent. Prétend-il. Raconte-t-il. Ment-il. Ensuite elle l’aime. Croit-il. Veut-il. Doute-t-il.

Ensuite Tyne ne lit même pas la thèse? Ensuite tous deux sont chez elle? Et Tyne raconte depuis son lit, (un lit vide) une baignoire (vide), une haute branche d’arbres (vide), de tous les endroits vides, elle raconte ce que la vie pourrait avoir été ailleurs, ,

elle cette fois peignant l’homme dénudé de sa fausse force, la vie dans les profondeurs d’espace et de temps, d’espérance et de temps, les profondeurs utiles parmi lesquelles jusqu’à l’idée même de Gédéon/Le Sénateur jamais n’aurait été pensée par les Dieux dans la brousse, ni jamais son esprit produit par les Anciens sur la chemin des initiés, ni jamais son corps supporté par les Sorciers avec le breuvage sacré de la forêt.

Cependant BOB et MORANE sont restés dans leur petite auto grise, leur mini Traban inconfortable, espions dérisoires payés à la semaine.

Mais y sont-ils encore ? Le jour se lève t-il enfin?

L’abribus est vide, et la montée de la montagne n’a pas de numéros : c’est un chemin au fond de la vallée, près de l’abreuvoir abandonné. L’adresse où revenir n’existe pas. L’adresse où revenir est un mensonge de la mémoire, toujours. Le vélo s’éloigne en même temps que les repentirs.

Qui prendrait le train de nuit pour Garvas, village imaginaire, trente ou quarante ans plus tard ? Pour y retrouver une silhouette assise au milieu d’un jardin rose ? Et cette adresse, ne serait-ce pas plutôt via Beifiori, Numéro six?

Qui – quand bien même Septante et davantage étant venus- gaspillerait ses matins et ses attentes pour observer TYNE pousser la barrière morte de la maison vide, allure préservée, blondeur blanchie, mains libérées de toute bague et tout savoir ? Habillée de transparence et vétue de sa seule bondeur rose ?

Voila pourquoi, ce matin de juin, YDIT n’est pas sous l’abribus, pourquoi il n’est pas sorti de la Mercédès noire, ou pas sorti de la gare, sorti de rien, pas même des impasses de l’imaginaire, pas sorti, pas quitté, pas bougé, une fois encore, vide, YDIT, là, sur un quai, vide, et le train qui part, et lui ne monte pas, ne fait aucun geste vivant, une fois de plus ne court pas le long d’un quai, vide, comme souvent rate la marche du bon futur, pas bougé, pas monté, pas sorti du clavier de l’ordinateur, et rien n’advient, une fois encore, une fois encore, rien n’advient.

Une fois encore.


Jusqu’à de qu’advienne enfin la « Chasse au Parrain » : l’ultime façon de courir après le dernier train.

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Didier JOUAULT pour Ydit blog / Quatre Saisons de « YDIT-blog », nouvelle saison, saison IV Episode TRENTE-DEUX , Présentation de Tyne, dernière partie : une fois encore, rien n’advient. A suivre, mercredi le 24 avril, c’est la Saint Fidèle… : CHASSEZ LE PARRAIN , et il revient au verso.

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