YDIT- BLOG / SERIE IV : INTERRUPTION de SÉANCE

Didier JOUAULT, pour YDIT-BLOG, saison IV

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YDIT-BLOG, Nouvelle saison, Saison IV, épisode QUARANTE ( Quarante !) : C’est rue de la Vieille Lanterne que ça brunit.

Note de Madame Frédérique :

C’est rue de la Veille Lanterne on s’attroupe et regarde.

 « On dit souvent que la littérature est une thérapie, mais pas du tout. Ce n’est pas ça, absolument pas. Recopier ne soigne rien : on ne supporte pas mieux les choses en les dédoublant par des mots.(…) La littérature ne fait rien passer. Elle fait juste coexister pacifiquement ce qui a eu lieu. Vous pouvez seulement traduire – pas ‘traduire’ au sens de confier à une autre langue – plutôt transporter chaque petit caillou, chaque étincelle, chaque sentiment dans un espace blanc et épais. »

( Olivier Cadiot, ibidem)

  SUR HANGED JAMES, aussi, sur cela, aussi :

Sur tout ça, sur ce que ça fait, sur ce qui s’est passé  dans la vraie vie, pas celle des poètes …

Mais qu’oserait-on dire sur le Hanged Gérard, le poète ténébreux- et veuf, et inconsolable, et Prince d’Aquitaine à la tour abolie, qui porte le soleil noir de la mélancolie : on – mais qui est « on » : la maréchaussée ? Une fille de joie retour des Halles ? Un ouvrier manufacturier partant au travail ? Un sabotier que met ses deux pieds dans le même rail de la vie ? (mais il n’y a pas de rail, à Paris, en ce XIXème siècle )

On le retrouve donc, lui, verticalement inconsolé, pendu à la grille  du numéro 4, même pas pendu à un lampadaire, image de François Villon en l’air, non, ou encore pendu à l’un de ces arbres qui ont été nouvellement plantés à Paris, nouveauté de l’époque-maintenant ils sont si nombreux-, non, pas de branche vivante pour lui, Hanged Gérard, pas de gibet auto-appliqué, rien que la dureté d’une grille, précisément la grille du numéro 4 d’une ruelle sordide, presqu’impasse dans Paris, justement bien nommée impasse, rue de La Vieille Lanterne, on le trouve ici, accroché par le col, lui, le Ténébreux, le Veuf, l’Inconsolable.

Ici, le matin s’étant levé sans lui. Ici, vu peut-être, visible au moins, depuis la fenêtre d’en face, mais les maisons d’ici ont peu de fenêtres, peur des fenêtres. Coeur de La Ville.

Rapidement, car c’est l’aube, la foule s’amasse. En ces temps, tout le monde est dans la rue. Un pendu à Paris depuis longtemps cela ne se voit plus, dans la ville moderne on exécute les condamnés à la guillotine, répandue ici la carcasse, donc c’est du privé, de l’intime, encore de l’intime ( on l’a dit dès le premier jour : ici est l’intime vrai, faussement exposé, qui se drape de nudités).

Mais il n’est pas pendu à la lanterne, les aristocrates à la lanterne, il porte un nom avec une particule, on la lit sue la couverture de ses recueils de poèmes, sur les  » Filles du feu » , Gérard de N., mais nous savons que c’est une fausse particule, faussement attribuée, il ne s’appelle que Labrunie, Gérard, c’est tout, c’est peu, et Profession : mystère, Héritier? Vaguement ! Voyageur d’Orient? Un peu ! Etat : poète, Humeur : détruite, et ce n’est pas que la faute de Jenny.

C’est le matin extrêmement frais du 26 janvier 1855, le pendu s’est noué le col à 47 ans, c’est rue de la Vieille Lanterne qu’on le voit, on s’attroupe, on regarde, et lorsqu’on va chercher un médecin il est déjà trop tard pour Labrunie Gérard, dit Gérard de N., en dépit d’une abondante saignée-d’ailleurs quelle ironie imbécile de saigner un homme qui vient de se pendre.

L’enquête – bâclée : nul ne s’y intéresse – conclut un suicide, mais il y a la presse, ensuite. La presse, un suicide ça ne l’intéresse pas, c’est de l’intime, c’est du privé, c’est du désespoir, ce n’est pas très propre, ni digne, ni bien -élevé, pas très vendeur, pas assez. Surtout qu’un échotier croit connaître ce nom, Gérard de N, vous dites ?

Ensuite, dans certaine presse, les rédacteurs à la ligne prétendent que c’est peut-être la vengeance de tous ces personnages dont il a parlé, tous ces initiés, tous ces JE vivant du Secret, dans le Secret (ici aussi, dans ce roman-images, dès le départ :

Le Secret comme principe et comme volonté d’oubli) , tous les Grands Initiés sur lesquels il a écrit, non pas pour les dénoncer, mais avec une sorte de sale curiosité un peu fascinée, de complicité bravache (mot XIXème), de connivence ébouie, celles du poète devant certains mystères, celles d’André Breton devant un objet venu vers lui aux Puces,celel d’une corde devant la lanterne.

Ou aussi le retour de Filles du feu ?..

La veille, Labrunie, Gérard, expédie à sa famille, à sa tante dit-on, un message tout à fait énigmatique, mais très poétique aussi, un message qui joue avec les thématiques de l’initiation ou le blanc et le noir se confondent dans une série de dépassements de l’opposition, un jeu de saute-tombeau qui conduit à un mode ternaire d’aboutissement, paraît-il de soi vers soi, avant de choisir la corde, de tailler dans le morceau et le vif, on le voit qui écrit dans un troquet familier :  » Ne m’attends pas ce soir. La nuit sera blanche et noire« .

A sa tante, il écrit cela, lui l’héritier d’Orient et d’Occident, le pauvre rimailleur des rues. Et autour de lui – à présent très absent de lui-même- un petit peuple travailleur du matin s’est attardé à regarder le pendu. Il faut se dire -ce n’est pas très propre, ni très convenable, même si tel réalisateur polonais l’a montré explicitement dans ses films- un pendu, ça se lâche de partout, ça laisse des traces, tous les sphincters se libèrent, – les racontars médiévaux sur la coulée du sperme qui donne naissance à la plante miraculeuse, la mandragore, sont du fantasmé, du magique. Mais les intestins ou la vessie soudain libérés, c’est vrai : un pendu, c’est assez peu ragoutant à observer si on regarde en dessous, ça pue, et Gérard Labrunie, dit Gérard de, ce que font les commères, c’est de se pincer le nez, même s’il n’a pas écrit n’importe quoi, parait-il ( et les commères le savent-elles? ) par exemple :

« Il était paresseux, à ce que dit l’histoire,
Il laissait trop sécher l’encre dans l’écritoire.
Il voulait tout savoir mais il n’a rien connu.

Et quand vint le moment où, las de cette vie,
Un soir d’hiver, enfin l’âme lui fut ravie,
Il s’en alla disant :  Pourquoi suis-je venu ?  » ( Epitaphe)

Mais non, les passantes du petit matin ne le connaissent pas, et ne savent pas lire les mots initiés des « poètes maudits », « poètes maudits« , quelle idée de bourgeois qui se paient la corde des autres,

donc, dans une autre fenêtre, une autre histoire, pas de poète ni de malédiction, Fenêtre de cuisine,

et

il faut se demander ce qui s’est passé quand, au matin, s’étonnant un peu de l’absence de Hanged  James dans le lit conjugal , Elle va faire tout de même un café, ouvre la porte de la cuisine, regarde d’abord la cafetière Nespresso, puis sent comme une présence, et lève la tête :  Hanged James joue son numéro de fruit mûr, (est-ce finalement une chanson « cryptée » de Billye Holliday ? ces fruits mûrs qui pendent sont des noirs lynchés sacrifiés par le KKK) comme, un peu, Hanged James est sacrifié par l’hypocrite silence de tous ceux qui devinent et ne disent, tous ceux qui bien sûr savaient, ainsi qu’ils savaient, tous, pour le garçon et Marcel Malbée, dit MM , dit Le Parrain, ça se savait. Mamie, Père, Frère, tout le monde savait. On dira cela ensuite, l’année prochaine.

Et se pose donc la question, sur certaine manière essentielle, de savoir comment cela se passe, quand le corps toujours encore un peu tournant sur lui-même de Hanged James  s’encadre dans  le tableau de la fenêtre, et le voici ici qu’on voit lui, on arrête le geste vers la cafetière, il y a lui là, et qu’est-ce qu’on fait, qu’est-ce qu’on dit, est-ce qu’on crie, est-ce-qu’on murmure, est-ce qu’on se cache le visage, est-ce qu’on pleure, est-ce qu’on crie, mais crier quoi  ?

Cadré par le souvenir dans le milieu de la fenêtre, le fruit mûr est là qui pend, et ensuite, qui va dépendre Hanged James ? Qui vient découper le nœud de la corde pour le descendre, on le suppose avec beaucoup de respect et de délicatesse ? Le descendre, des pompiers sans doute, cela fait partie de leur métier, dépendre les pendus, et encore d’autres plus tard vont nettoyer les traces des sphincters ouvert sur la pelouse, c’est très secondaire, mais descendre le corps, mais couper la corde, mais allonger Hanged James sur une civière, le conduire en contournant la maison, à travers le petit chemin de terre et de marches, lui faire franchir le portail qui grinçait toujours un peu, et Hanged James s’était promis dix fois de le huiler, mais ça grince un peu quand il passe sur sa civière, et la voiture des pompiers quitte la rue, en silence, il n’y a plus d’urgence, sous le regard attroupé des voisins, il est mort de quoi, le gentil voisin ? Comme s’il s’agissait de Gérard dépendu de sa lanterne, qui n’était pas une lanterne, mais simplement une grille, cela ne change rien, à présent rien ne change plus rien, et la voiture rouge qui se hâte au milieu de la rue, pourtant il n’y a plus la moindre urgence, une fois encore, et l’on n’insiste même pas pour mettre à sonner la sirène,  à quoi bon ? Imaginer cela, et, ici, il y a quelques semaines, déjà, dans ce roman-images même, avoir déjà raconté la scène. Imaginé la scène. Menti la scène.

Nul ne rêve d’avoir été là, surtout pas, mais jusqu’à la fin des temps- de son propre temps- sans jamais oser le demander, on aimerait savoir quels sont les gestes, quelles sont les pensées, quels sont les mots qui suivent, pendant quelques minutes, la découverte de cette chose là, dont plusieurs diront plus tard qu’elle était prévisible, peut être, cette chose là, dans le cadre de la fenêtre, pour Hanged James, ou le long de la grille, pour Hanged Gérard,

cette fenêtre que lui, HANGED JAMES, présent ici dans son absence, avait tenu à rendre totalement hermétique, respect de l’environnement, économie d’énergie, qu’est-ce que ça veut dire maintenant, quel sens cela peut-il avoir, quelle économie, quel respect, alors qu’il y a au milieu, le corps tournant encore un peu sur lui-même, ce matin, à la place du café, à la place de la tartine, ce corps blond et svelte : HANGED JAMES Lui-Même, tout seul, là, dans le matin frais, disparu à lui-même et souillé de lui pourtant de partout, qui tourne comme une légère toupie un peu écervelée, alors que -peut-être- mais on en saura jamais rien, elle crie, ou alors elle pleure, ou alors elle se mure dans un silence stupéfait, rageur, ravagé ?

Car on a évidemment raconté, ici, ce qu’on ignore, puisque c’est un Roman-Images.

Ce matin-là, tout le monde se demande, rue de La Vieille Lanterne, une rue d’ailleurs disparue depuis les aménagements de Paris,  chacun se pose la question : qui c’est ce type, qu’est-ce qu’il fait là pendu à une grille, qu’est-ce que c’est encore que cette histoire, des ivrognes, des miséreux, des cheminots, et cependant on  regarde, on regarde, avec l’attention crispée, faussement compassionnelle, hypocritement attendrie, de ceux qui regardent en face la mort, mais surtout celle des autres.

« J’aime bien écrire, on échappe au temps, on ne se sent pas menacés par les évènements. »

(J.M.G LeClézio , Interview, Libération, 05/02/23)

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Didier JOUAULT Pour YDIT-BLOG Nouvelle saison, Saison IV, épisode QUARANTE (Quarante ! ) : C’est rue de la Vieille Lanterne que ça brunit. Pas drôle, mais rien de ceci ne vise à l’être. A suivre : où l’on va mieux comprendre le passage sur mamie, père, frère, QUI savait ? Car toujours quelqu’un au moins SAIT que C’ EST. Et rien ne dit .

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YDIT-BLOG, Nouvelle Saison, Saison IV, Episode TRENTE-NEUF : Comme les serveurs, les mamies aussi se taisaient… tout le monde se taisait. Fin ( 2/2)

Note de Madame Frédérique :

A présent, la mémoire encore ment par omission, en écho des longs dimanches sur les genoux de M.M. dit Parrain, et du Monopoly, des blessures au front, épisodes VINGT-TROIS et VINGT-QUATRE : impossible de savoir pourquoi ils étaient là, les trois, Mamie, Ydit? Mamie ? Marcel Malbée dit MM dit Le Parrain, ni même où l’on allait ( à Paris?), encore moins d’où ils venaient, tous trois : en simple évidence les trois étaient dans cet hôtel médiocre, on n’avait pas d’argent bien sûr, il avait fallu économiser ou bien il n’y avait plus de chambres libre ? En tout cas, Mamie la grand-mère était là : on la promenait peut être ? On la ramenait de sa campagne pour la mettre dans la maison de retraite ? On avait réalisé le pélerinage du bar-tabac PMU de Saumur, hospitalier aux putes pour mariniers de Loire, qu’elle avait « tenu » jadis – selon les rumeurs de famille ? Massive mamie mamelue.

Quoi qu’il en fût, on voyait les trois là dans un lit double de taille banale, avec l’encadrement minable en bois, une table de chevet et son dessus en faux marbre et un pot de chambre. Hotel de province pour voyageurs pas riches, années soixante. On les voyait, les trois, là, dans un lit double, dans le lit ensemble, simple proximité familiale que connaissent très souvent les pauvres (dès qu’on a un peu d’argent on ignore que la promiscuité est le quotidien de la pauvreté).

On était supposé dormir pudiquement tous les trois, mamie tournant le dos, le garçon au milieu, Marcel Malbée dit MM dit le parrain, à gauche. Chacun sa place, les agneaux seront bien gardés du loup. Comme la vieille ronflait un peu, Marcel Malbée dit MM ne s’était pas interdit quelques caresses, sans aller toutefois jusqu’à sa formule célèbre sur le pyjama qui tient trop chaud. Mais la cordelette peu serrée d’un pyjama de garçon représente un obstacle facilement franchi, et Marcel Malbée dit MM, d’une autre main (en avait-il donc tant ?) s’occupait comme il pouvait de son propre carré privé, toujours lent à trouver la bonne vitesse, une main sur chacun des corps mâles, au lieu maximum de l’intimité, le petit déjà plus vite réactif ( il s’en voulait, mais que faire sinon s’absenter ?).

Le garçon entendait bien que la grand-mère ne ronflait plus; la grand-mère s’était un peu retournée, elle restait sur le dos, comme attentive, pour s’assurer que…Mais oui, c’est ça? Le garçon entendait bien que sa respiration, c’était celle d’une grand-mère qui ne dort pas, non pas d’une vieille qui somnole entre deux rêves. Non, indubitablement une grand-mère qui ne dort pas, qui écoute et attend que ça se passe, sans doute sans plaisir, pure indifférence, ou ennui, c’est tellement fini  » tous ces trucs là« , pour elle. Puis, elle aimait bien Marcel Malbée, dit MM, un homme tout à fait charmant, serviable, qui la transportait dans la 4CV, amateur de bons mots tirtés de « L’Os à moelle », et pas tant que ça elle n’aimait le garçon, petit fils stupide et gringalet, idiot avec ses bandeaux de tissu blanc marqués de gouache vermillon sur le front le dimanche après-midi, et trop de livres à la main. Trop de livres, tout le temps. A quoi ça, sert?..

Marcel Malbée, dit MM, dit le Parrain continuait de chercher à conserver chez le garçon la forme pleine qui était rarement parfaite chez lui-même, c’était facile, le gamin réagissait vite à la stimulation, surtout des petites bourses menues, si mignonnes à cet age.

Tranquillement, doucement, sans brusque mouvement (pour ménager son corps, son vieux cœur), mamie la grand-mère s’est assise sur le bord du lit. Puis s’est levée, sans allumer (l’enseigne dehors suffisait), puis a gagné les toilettes qui se trouvaient naturellement sur le palier (n’imaginons même pas des toilettes à l’intérieur de la chambre, juste un lavabo de faïence dans un coin), pour un petit pipi de nuit fréquent chez les vieillards, même sans avoir de prostate, les grands mères n’en portent pas.

Dehors, la grand-mère a pris son temps, tout le temps long qu’il lui fallait, sans doute qu’elle cherchait les toilettes, sans doute que ce n’était pas allumé dans le couloir, sans doute qu’elle avait peur de tomber, Mamie, se disait la garçon. Sans doute que c’était loin au bout d’un escalier, sans doute qu’elle s’était un peu perdue en revenant ? ( Pendant que Marcel Malbée s’occupait de lui, le garçon s’occupait d’autres choses).

La Grand mère prit assez de temps pour que la manœuvre, alors accélérée, de Marcel Malbée dit MM dit Le Parrain, parvint au banal résultat, ouf ouf, le garçon jaillit où s’abreuve subrepticement Marcel Malbée, penché là au tout dernier instant, pas de traces sur les draps. Du coup, pas besoin d’aller chercher la fine serviette blanche un peu rapée.

Grand mère retrouve la chambre quelques secondes à peine plus tard, mais le garçon ne veut pas comprendre pourquoi, approchant, puis à la porte, Mamie fait tant de bruit malgré la nuit, elle pourrait éviter, ça va déranger les voisins, tant de bruit avant – précautionneuse, avec lenteur, comme si on ne voulait éveiller personne – d’entrouvrir la porte de la chambre et revenir se coucher sans bruit cette fois, sans mot, sans geste.

Elle pense probablement ceci : Des histoires comme celle là, ces machins, ça ne tire pas à conséquence, c’est pas comme si le garçon était une fille, alors là non, mais avec Marcel Malbée, ça peut faire de mal à personne, ça lui apprend ses trucs, et elle en avait vu bien d’autres, et des plus sales, dans son PMU tabac, la grand mère, à Saumur, avec les bateliers de la Loire. Pas de quoi déranger ou se fatiguer, surtout que Marcel Malbée est vraiment un type sympa, lui, pas comme le gamin, petit-fils sournois avec ses déguisements idiots en mort au front, et toujours un livre à la main, c’est agaçant.

C’est ainsi que cela se passe, pour le garçon, selon lui : depuis le début, tout le monde sait, quand il reste la nuit rue Dupetit-Thouars, tout le monde sait, quand il vomit dans les bacs à fleurs en Allemagne, tout le monde sait, quand il troue son front d’un vermillon rouge sur un faux bandeau le dimanche, tout le monde sait, quand ça sort en jets et fait plaisir au passage, tout le monde sait… A croire, donc, bien sûr, que tout cela est banal, et qu’on ne voit pas pourquoi- donc encore- on dirait non.

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Didier Jouault pour YDIT-BLOG, Nouvelle Saison, Saison IV, Episode TRENTE-NEUF : Comme les serveurs, les mamies aussi se taisaient… fin ( 2/2). La suite, le 25 juin, sale date, sale nuit, encore une mauvaise nuit pour les poetes disparus : pas vraiment plus réjouissant…

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YDIT-BLOG, Nouvelle saison, Saison IV, Episode TRENTE-HUIT Les Mamies se taisaient aussi, comme tout le monde. Début ( 1/2)

( ou : grand-mère savait)

(ou : chasser le parrain il revient au galop)

Note de Madame Frédérique :

Au ( regrettable ) sujet de Marcel Malbée dit MM die pate, Il y a d’autres souvenirs comme ceux d’un voyage très étonnant, fait en Allemagne : Marcel Malbée dit MM dit le Parrain s’était acheté une quatre chevaux; c’est lui le riche, et ce n’est pas rien, ça ne veut pas rien dire, on est allés en Allemagne, oui, en Forêt Noire, pas la peine de s’intéresser aux détails, les détails sont toujours les mêmes, sauf que au premier dîner, très chaud, très lourd, très oppressant, le garçon était sorti à peine le repas commencé.

Et qu’il était allé vomir dehors sans bruit, sans rien dire, dans les bacs à fleurs, pourtant ce n’était pas la première nuit, avant il y avait déjà eu le cosy, rue Dupetit-Thouars, premier étage droite, et d’autres avant, quon ne dit pas ici, petits trucs rapides avant la vraie première des premières, rue Dupetit Thouars, la statuette de Donatelo, les cordons de pyjama, on s’en souvient?.. Mais d’un coup trop d’absence autour, cette fois ? Abwesend? Trop de solitude trop loin? Et pas de bandeau blanc ni de gouache rouge pour jouer à être mort, à jouer la mort : l’absence ? Oui ?

Vomir tranquille, un peu comme une éjaculation sans spasme si plaisir, celles de la nuit qu’on découvre au matin sur le drap, vomir sans rouspéter, pas de temps à perdre, simplement vomir parce que c’était comme ça, c’était le moment qui voulait ça, et au retour dans la grande salle trop chaude, Marcel Malbée dit MM dit le parrain a tout juste demandé si le garçon avait mal au cœur parce qu’il n’aimait pas la saucisse, ou n’aimait pas le raifort, ou n’aimait pas la sauce jaunâtre un peu gluante ?

Si pour le garçon, le malaise venait de l’assiette, et pas du tout de ce qui allait bien entendu se passer ensuite, là , hotel moyenne classe, Forêt Noire, on verra d’autres hotels, lieux de spasmes rapides, l’hotel, bien tranquilles en vacances avec son Marcel Malbée dit MM dit Le Parrain, son gentil Parrain attentionné, aufmerksam, avec ce sacré pyjama qui tient toujours trop chaud, c’est ennuyeux le pyjama qui serre mal autour des reins, un coup de reins jamais n’abolira le désert, si le garçon vomit, erbricht, c’est parce qu’il faisait trop chaud, il ne se disait rien d’autre : il fait juste trop chaud, toujours il fait trop chaud avec Marcel Malbée MM Le Parrain, même dans cet unique voyage pour ce pays chaud : l’Allemagne.

Nulle part les serveurs ne disaient rien, ne voyaient rien. Les femmes de chambre non plus, sans doute : Marcel Malbée, quand tout s’était passé bien pour lui, la chair prête, ce qui n’était pas très souvent le cas, il fallait qu’il termine avec sa main (jamais il ne s’était montré assez vigoureux pour forcer l’étroitesse, ce qui ne justifie naturellement rien de la passivité du garçon, gamin qui trouvait, tout de même,avouons-le , sinon ce serait mentir, une sorte d’apprentissage imposé mais réel, découverte d’une forme de plaisir brut, peut-on oser le raconter?).

Et le Parrain, déployant le plus grand soin, Marcel Malbée die Pate prenait l’une de ces serviettes de bain blanches trop fines, et avant de quitter la chambre nettoyait avec une vigilance obsessionnelle les maigres tâches survivant sur les draps, et qui auraient trahi (sans nul doute le craignait-il) -une activité inopportune entre le filleul et le parrain. Herr Malbée, Ungünstigsten, Her Malbée

Mais, à toutes sortes de signes divers, le garçon voyait que des adultes voyaient, et qu’ils faisaient en ce temps le choix ne pas voir, pas d’inutiles complications avec les clients.

A propos de ce regard détourné, ce regard échappé à quoi le garçon n’échappait pas au milieu de l’absence, le vrai dernier souvenir l’ultime souvenir du roman-images qu’est ceci ici est une autre nuit dans un hôtel. La voici.

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Didier JOUAULt pour YDIT-BLOG, Nouvelle saison, Saison IV, Episode TRENTE-HUIT Les Mamie se taisaient aussi, Début ( 1/2) , et ce n’est justement que le début de cette mauvaise passe. Donc, c’est un lundi, qu’on en parle. Lundi, après les dimanches, les genoux de MM, le Monopoly ( voir épisodes 23 et 24 en février ) Semaine prochaine, la suite. Le 17 juin. lundi, jour des enfants, garçons et filles.

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