YDIT-BLOG, Nouvelle saison, Saison IV, Episode QUARANTE HUIT, Famille, Anonymous project, diapos pour d’immémoriels passages (milieu : deux sur trois ). Dans le silence de l’ombre le mot NON.

Note de Madame Frédérique :

Dans la galerie du Haut Maris, YDIT quitte, sans regard et sans regret, les demoiselles d’accueil – impressionnantes éprouvantes composantes émouvantes sans épouvante des galeries parisiennes.

Les diapos de l’expo ont été juxtaposées à la fois par leur couleur dominante et la proximité de leurs sujets : Noël c’est facile, et c’est chaud, et les enfants confortent l’impression de nouveautés répétées dans le mouvement immobilisé. C’est ça, Noel. C’est ça, la famille. En général. A noel, famille YDit, des souvenirs multiples, accablants ou joyeux, mais ceci n’est pas le sujet d’ici. Ici, c’est un roman -images : faux souvenirs et visites véritables.

Avec les souvenirs des boîtes bleues, jaunes, vertes selon la marque des diapos surgissent des milliers (sans doute) de clichés à peu près intimes, avec la mémoire de ces gros appareils chauds et bruyants qui permettaient de les projeter ensuite (on avait l’habitude de souvenirs ennuyeux) et surtout avec l’idée de quelques rares occasions de  coûteux tirage papier pour les  meilleures images, ou les préférées de la famille.

Sans oser ici évoquer les possibles images de nus, académiques, ou même de sexe cru, prises à l’époque par le même opérateur anonyme, mais qui sont terriblement absentes (et tant mieux) de cette exposition à volonté familière. Un petit nombre d’images en grand tirage expose non pas un passé, mais la volonté de l’avoir fait disparaître, bizarrement, dans sa forme transparente de diapo. Photographier le vivant pour l’effacer dans le clic , tic-tac en tic de bombe en toc, désamorcée.

Collés près l’un de l’autre, les aplats minuscules épuisent toute transparence.

il y a longtemps que YDIT, pour sa part, lors d’une séance d’allégement crucial parmi d’autres, jeta à la décharge, sans émotion, des dizaines de séries d’images transparentes. Cent-vingt ? Cent-cinquante ? Autant que de probables fururs épisodes d’un roman-images. Boites diapos jetées jadis, comme poignées de sable dans la main au bout du quai. Partant au loin pécher, la marin ne sent pas une poigné de sable, et cependant elle alourdit la vague. Boites jetées. Milliers d’images, cellules mortes? peau sêche. Qui les découvrit au matin, cherchant un pull pour se chauffer, un vieux métal à revendre, au creux d’une décharge chaude comme une cheminée vide au lendemain de Noel ? Qui – jamais- imaginera une exposition fabriquant les détournements de ces images privées ?

Il n’y a pas de futur à recomposer avec les images de YDIT. Sauf ici, mentales images.

Les boîtes de plastique généralement jaunes, parfois vertes, avaient un temps été entreposées dans  deux caisses de carton rouge ; elle y étaient rangées selon  un ordre à peu près chronologique. Chacune portait une étiquette : date et lieu, pas de mention du ou de la photographe qui avait souvent été une compagne de YDIT. Seules les boîtes de nus ( où Fred ni même Tyne ne figureraient  jamais car on avait ensuite  abandonné la diapo, susbsistent pour le bonheur des flashbacks de multiples tirages papier ) sont  comme préservées de l’ouverture imprévue (mais par qui ?) par un double emballage de papier kraft portant l’explicite mention manuscrite : «  Perso perso X ».

Ce soir-là, un soir solitaire sans doute, avec un grand calme et une sorte de désintérêt un peu forcé, YDIT avait commencé par tenter de regarder, en les portant à la lumière, quelques-unes des images.

(tableaux : Ch Banban)

YDIT avait  vite renoncé, devant la profusion et la grande étroitesse de ce qu’on y voyait. Il s’était borné à  ouvrir les boîtes au-dessus d’un gros sac poubelle noir, pour que les diapos s’y entassent un peu comme les feuilles ramassées sous le balcon après un orage ou à l’automne. Deux ou trois séries ont échappé, comme les Etats Unis juillet-aout 83, hormis les nus rares et  longtemps conservés, peut-être pour l’émotion à l‘instant du cliché.

Jeter les boîtes avec force et vigueur signifiait sans doute écarter toute tentation d’y revenir, d’y retourner, de regarder derrière. Au moins était-ce, en se soir-là, une ambition déclarée…

Bien sûr, ( quiconque a lu YDIT jusqu’ici le sait) la disparition de ces milliers d’images provoque un regret profond, c’est comme une cécité de la mémoire. Mais nul ne se souvient de ce qu’il a oublié.

Nul ne rattrape l’instant qu’il a jeté. Nulle, même nue et vue, vite-dite, ne retrouve Marcel Malbée, dit MM, Die Pate. L’amour ( le désir?) et la mémoire (le mensonge?) s’habillent au même dépôt-vente de l’illusion.

Serait-ce, jeté, peut-être, le silence d’un garçon qui, ouvrant la porte au 12 rue Dupetit-Thouars, tournant à droite vers l’escalier, dans le silence de l’ombre n’a pas jeté le mot NON.

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YDIT-BLOG, Nouvelle saison, Saison IV, Episode QUARANTE HUIT, Anonymous project, diapos pour d’immémoriels passages (milieu : deux sur trois). Dans le silence de l’ombre, le mot NON.

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