Note de Madame Frédérique :
Note de Madame Frédérique :
RAPPEL car à toute redite savoir est bon : stupeur et regrets… Dans mon dépouillement d’ex-Assistante préférée, remonte le désir de laisser les textes de la série Père/Frère sans desceller quelques enveloppes encore au fond de la pile, portant la mention : « Confidentiel », au feutre rouge.Confidentiel ET feutre roge : tout le paradoxe des aveux qui sont mensonges? Des silences qui désirent parler?
Il est arrivé, je m’en souviens, que Y.d’I, dit YDIT, exprimât un soir tard ( on se quittait après une soirée forte ) son inquiétude : relever la barrière de l’indicible, livrer la « LETTRE DE A. », version B, cette séquence cardinale surtout, n’était-ce pas prendre le risque de provoquer, l’apparition, dans le regard des autres, d’un mélange de compassion un peu dégoutée avec une interrogation un peu déboutée ( on ne saurait donc jamais TOUT ?)
Bob et Morane ont poursuivi, sinon des chimères ( mettre la main sur Marcel Malbée), au moins l’œuvre assez noire pour laquelle ils sont ( grassement, FRED le voulait ainsi ) rémunérés, rétribués, respectés, sauf ( on s’en doute, par Le Vrai Patron de leur duo, Le Vieux samuel, paix à ses poubelles !)
(image : Bob et MORANE ??)
BOB et MORANE : comme il convient à présent, une fois de plus, les genres sont incertains, au moins pour MORANE- car un certain MORAN, qu’on dit né près de Rennes aux alentours de 650, a été porté, dans la même ville, à la cathèdre d’évêque, en 71O, vieux déjà donc en son temps, avant de – sagement, prétend-on – se retirer dans un monastère italien, ou grec, ou mauresque, voire turc : un monastère ensoleillé, où ne jouaient pas déjà des pianistes grecs, dans le scriptorium désert de l’après-déjeuner, sur un Steinway très accordé au décor.(re-voir SYLVANES, supra)

« LETTRE de A », Version B.
TEXTE de YDIT : YDIT LE SAVAIT : parmi le nombre important d’épisodes où le clavier s’ébroue et bruisse directement sur les récits de Marcel Malbée, dit MM, Le Parrain, die Pate, deux thèmes allaient franchir la ligne, et depuis la terre crue libre revenir d’un pas noir en zone occupée. Occupée de quoi ? Occupée de mémoires vides, de films brulés par l’acétone, de vieilles boites jaunes à moitié emplies de diapos racornies ? Occupée, avant tout, par l’inépuisable bestiole qui rampe et griffe, la culpabilité. 
Elle vous occupe son intérieur et dresse contre la paix du monde ou l’amour des autres son violent mur de l’Atlantique. Ici, dans les récits autour du Père et de Grand Frère, la densité atteint sa pointe sur l’échelle du pesant présent. Ici, mille et mille fois qu’en d’autres lieux ou temps, il aurait fallu dire aussitôt NON.
Rapport 2 : Grand Frère ( il jouait du piano partout).
(Chap. 1 sur 5)
Selon plusieurs témoins, La porte des Lilas, son métro, marquait encore un peu la mémoire d’échos sales et bruyants jusqu’à la pétarade. En ce temps, c’était encore « La Seine », le département. YDIT, la famille,
passait d’un côté à l’autre des boulevards des maréchaux, et la fastidieuse fente infertile et fouilleuse du Périphérique ne portait pas encore son portrait de guillotiné urbain.
MORANE et BOB n’avaient pas ménagé les avertissements : leur enquête de moralité en manquait, mais tous les témoignages avaient été recoupés, au Duralex ou au Tippex : Père, inspiré, la rejouait assez façon Zola, et Mère, son action, c’était l’Assommoir, écumoire encore un peu grasse sur le crâne d’en face, toujours habile à l’éviter. Ce qui est agaçant, ça se comprend.
YDIT parvint au collège l’année où Grand frère venait de le quitter prématurément. Peu de jours ensuite, dans la cour des petits, sans agressivité ni inquiétude, par intérêt sociologique en somme, Hiet et Perfetini, élèves guillerets à peine plus agés, avaient gentiment posé la question :
« Alors, il paraît que c’est toi le frère du Pédé ? »
Ensuite, ce fut davantage discret .
BOB et MORANE seraient en peine d’expliquer pourquoi.
Ce qu’ils ont appris , en revanche, d’un témoin digne de foi ( bien qu’il en tînt lui -même le récit de son grand-oncle, par le biais d’un journal intime que les détectives à ramages et ravages prétendent tenir à disposition d’un archiviste honnête, mais on les connaît capables de le vendre à un amateur mexicain), ce que BOB et MORANE prétendent savoir, c’est le déroulement d’une brève étrange scène. MORANE – mieux frottée de grammaire, préférait : étrange et brève scène.
Porte des Lilas, au milieu de ce fatras fastidieux de banlieue populaire ferme et fermée, c’était une autre fin d’après-midi, proche sans doute de celle où l’agent à pélerine et vélo avait apporté son involontairement courageuse contribution à l’Histoire locale, aux couleurs très parisiennes du sang sur la pélerine en période « Evènements d’Algérie ». Il va de soi ( sinon plus rien ne va) qu’une confusion sur l’image est sans retour.
Ils sont là, Ydit et la mère, en sortant du métro en contrebas, près d’un boulevard bruyant et de rues sales. Lorsque l’on quitte la station Porte des Lilas, le voyageur revient des profondeurs (cette partie de Paris est une colline) et la forte lumière de la saison l’éblouit un peu. Cependant, il ne peut manquer d’apercevoir, tout prêt sur la droite, moitié debout contre un banc de la ville, le père -pas tellement éternel dans sa personne actuelle.
Le Père, pour cette fois, est là, pas las.
Les archives réunies avec patience et malice par BOB et MORANE sont sans équivoque : le père est assez loqueteux, et moins que moyennement propre. Ce qu’on voit : il parle de près et même plus que très près à un homme encore jeune, pas si mal vêtu, silhouette agréable, et -dans la circonstance- ça ne peut pas être un étudiant, un collègue (le père navigue dans l’une de ses galères de chômage qu’il fréquente assidûment),
ou encore moins un voisin ou un ami.

Ydit, le garçon, sa pente naturelle en sortant du métro tend à le diriger vers ces deux là, Le Père et un Autre, duo très inattendu flattant la curiosité. Puis, c’est le père, plusieurs jours qu’on ne l’a pas vu. Mais le mouvement que le Garçon commence, la mère l’interrompt avec une sourde fébrilité, brutale presque, tirant comme par un crochet la main du fils. Elle presse le pas, et choisit un détour absurde pour traverser trois ou quatre rues afin de s’éloigner. Du Père et l’Autre, s’éloigner.
Elle dit, voix violente : « Ne les regarde pas, ces deux-là« . Très vite, on atteint le numéro 1 de la rue du Belvédère, toilettes sur le palier, un seul poele à charbon pour tout chauffage, refuge que, semble t- il, la mère désire avec une sorte de frénésie soudaine retrouver comme un âne son puisatier.
Sur le lit qui sert à grand frère pour dormir, car il n’a pas encore installé à demeure- au moins ponctuellement- tel de ses amis à développements loocal érotiquement compatible mais moins que durable,
tel le célèbre Jacky à joues et fesses rondes déployées à tout va (et tout, là, va ! ), sur le lit ex-conjugal, plusieurs vêtements ont été posé en vrac et sans grâce.
La mère en saisit l’un puis l’autre, ceux probablement identifiés par les copains du collège comme des preuves incontestables de ce qu’on nomme aujourd’hui l’orientation sexuelle de Grand Frère. Haussant les épaules, mère mûrmure avec un accablement résigné, que parfois une joie non feinte peut redoubler : « les chiens ne font pas des chats ». Cela dit avec tendresse, aussi, bien entendu ( et ces deux là plus que tout s’entendent), car son amour pour grand frère, l’amour de Jésus pour les hommes n’est que de la breloque à touristes, de l’ersatz pour amateurs, à côté. Lui et Elle, tant d’amour débordant de la casserole.
L’étrange phrase, étrange dans le contexte, resta longtemps privé du moindre sens. Les chiens ne font pas des chats. Certes. Mais ?..
BOB et MORANE ont observé que parmi les nombreux documents consultés, et d’abord ceux qu’ils ont pu découvrir dans les caves des archives départementales encore aujourd’hui installées à quelques mètres de la scène, nulle explication n’a pu à l’époque être fournie. Cela, au passage leur assure de confortables revenus à venir, et ils ne vont pas s’en plaindre : YDIT semble avoir organisé sa mémoire avec les soins habituels grâce auxquels, pour mieux ne pas chercher de réponse, il est meilleur d’effacer dès l’origine certaines questions.
Sauf quand le babillage braillard de l’actualité se prend pour le Grand Inquisiteur,
et vide tout le monde du Secret.
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YDIT-BLOG, Nouvelle saison, Saison IV, EPISODE CINQUANTE QUATRE Rapport Bob et Morane le frère 1 sur 5 : La Mère dit de ne pas les regarder, ces deux là.