YDIT-BLOG, Nouvelle saison, Saison IV, EPISODE SOIXANTE Rapport de Bob et Morane le frère 4 sur 5 : le pianiste jouait debout dans son kimono sombre.

François-Dominique, le Frère le nommait Frado, un peu comme Pélerin en d’autres langues, Francisco, Frater, et Dominique, espaces des vocables religieux, on aurait pu se croire ( déjà ! ) dans le cloître si humide, abbaye de Sylvanès, l’abbaye et son lieu préservé de « Les Granges« , où ne pénétraient que de pénétrants impétrants, suaves initiés aux secrets de la musique baroque, des concerts intimes, du choeur des Garçons ( voir ci-avant, « SYLVANES », Saison IV, épisodes 31 à 33, avril-mai 2024). François-Dominique : un vieil ami aux talents protecteurs.

Le FRERE, Selon le rapport de BOB et MORANE ( mais on sait qu’ils mentent pour atténuer l’indigence de l’enquête), Le FRERE, brutalement réapparaissant, invitait YDIT à l’une de ces fêtes galantes, richements désolées, qu’il se passionnait à mettre en scène, dépensant vite l’argent trop gagné par sa brocante sale, et autres affaires sans doute légales et probablement troubles : lots d’héritage provincial revendus à la découpe après maquillage de vieux meubles rossignols en de belles antiquités bourgeoises.

Ainsi, d’un 31 décembre, dans la maison de l’ile que jouxtait le hangar d’Aladin, entre amis agacés de bon champagne. Ydit, curieux, acceptait l’exceptionnelle invitation.

Concertiste de talent, un peu célèbre à quarante ans, François-Dominique aimerait tant faire apprécier son toucher.

L’appartement, trois pièces à haut plafond et parquet ancien, affirmait la double passion de Satie et des Garçons : photos dans la bibliothèque.

Ydit tient dans sa mémoire, maintenant, les dîners populeux et calmes des soirs de SYLVANES, dans la salle capitulaire, et le pianiste grec joue avec douceur sur le STEINWAY du scriptorium.

Quiconque écrit un roman-images le sait et l’avoue : vrais et faux, il y a des souvenirs qu’on aime, au point de raconter plusieurs fois leur histoire, sous des versions différentes, et d’en effacer les chronologies.

Vieux Mac Allan Ambré, Chablis 1 er cru, Moulin à vent, bavardages, images, nuages : soir chez FRADO.

En arrière-plan de la mémoire sensorielle ( la plus malhonnête de toutes) l’odeur Safran-Hermès d’un jeune reporteur de France-musique venait à rôder, par avance présent sur la toile de fond du récit. A SYLVANES, il écoutait le concert de la diva, le pianiste grec, les mots de YDIT.

Les plans se chevauchent et les histoires s’interpénètrent. Sans le savoir ( car la marée de la mémoire est ici trop profonde) YDIT retrouve les âcres et inopportunes saveurs dérobées aux troubles présences de mains de Marcel Malbée, dit MM, dit le Parrain, Die pate.

François-Dominique : «  Je reviens de suite« . Il apparaît dévétu d’un kimono très sombre et très fleuri. Il joue du piano debout, lentement, quelques accords, et le mouvement du jeu ne découvre pas que les avant-bras. Beau corps de quarante ans.

YDIT avait été invité ( « incité » ont d’abord écrit BOB et MORANE, facétieux à l’accoutumée) à s’approcher, puis s’asseoir « là, n’hésite pas« , sur l’étroite banquette de velours vert à clous d’or. « Je vais te montrer quelques astuces de concertiste« , disait le pianiste, imitant un peu Oscar Peterson ou Joe Zawinul, et servant un alcool fort, ombres de corps dans le temps du mouvement, verre posé au sol, ombres de corps noir et nu, « Ton Frère m’a dit que tu aimais le blues?.. »

Quiconque écrit l’avoue : vrai ou faux, le désir est un compagnon difficile, exigeant et fuyant, pugnace et instable, même incertain parfois de sa cible, et cependant tellement sûr de sa propre existence !

Le jazz et l’armagnac, François-Dominique, l’appartement complice par sa délicatesse cossue, la ténébreuse affaire du désir de l’autre, qu’on perçoit comme un appel ou une injure, un appel pourvu que le monde ce soir se montre… joli à son tour.

Ce soir, Paris IXème, dans le halo si délicat du blues attendri lové dans les pierres d’Haussman, Ydit écoute et boit. Ainsi qu’au moment des adieux à SYLVANES, avec le joli Reporteur de France-Musique, vétu d’un lin bleu et de promesses limpides, près de la voiture dont le chauffeur s’impatiente, piano, ce soir, attendri le soir joli, aussi le possible reste incertain, et l’incertain devient possible.

François-Dominique, vif et plein de grâce virile, laisse glisser le kimono. Il est minuit, ou presque, des Cendrillons tournent en silence pour manigancer les métamorphoses. François-Dominique cesse de jouer, regarde YDIT : « Il fait chaud, ce soir, non ? Tu ne retirerais pas un peu tout ça ? Je peux te prêter un pyjama, si tu préfères?« 

Plus tard, LE FRERE dit qu’il ne comprend pas : François-Dominique aimerait tant revoir YDIT, mais YDIT à tout message ne répond que NON, depuis l’autre soir, dans la musique du Mac Allan Ambré. Ce petit mot, fébrilement seul, depuis ce soir là : NON. Et capable toutefois de se répéter. NON, trois fois NON.

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YDIT-BLOG, Nouvelle saison, Saison IV, EPISODE SOIXANTE Rapport Bob et Morane le frère 4 sur 5 : le pianiste jouait debout dans son kimono sombre. A suivre, dans les brumes austères de décembre : Frère, 5/5 Le petit mot NON

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