YDIT-BLOG, Nouvelle saison, Saison IV, Episode SOIXANTE-SEPT Mamie savait : plutôt délicat passage en Rappel : ce que Mamie savait, le voyait-elle ????( début, un sur deux)…

Note de Madame Frédérique :

TEXTE de YDIT :

On devrait lire ( à la place d’un Anonymous project : Episodes QUARANTE-SEPT, QUARANTE-HUIT et QUARANTE-NEUF) les piles de photos anciennes conservées dans une malle emplie par ailleurs de manuscrits, à l’époque ( lointaine !) expédiée par avance à Sylvanès (on ne s’en servira presque pas, YDIT n’écrira presque rien, préférant écouter le piano-bar de Vassilki sur le Steinway du scriptorium, venir en aide à la cuisine à Soeur Agathe de bleu vétue, ou bavarder en petit short au soleil avec le joli reporter de France- musique, trois images d’une tentation de midi, la légéreté, l’abandon, la bifurcation : voir EPISODES TRENTE ET UN à TRENTE-QUATRE).

La table du dimanche :

Parrain avait les mains prises pour tenir le journal, juste il remuait un peu les cuisses, mais ça va, ce n’était pas gênant, il bougeait pour approcher le garçon, oui, juste un peu chaud, et le garçon pendant ce temps-là, continuait à s’occuper sur la table à ce qu’il avait en route, oui, n’importe quoi, ou alors même on est allés quelques fois au cinéma – regarder des films en noir et blanc, se promener dans les Passages parisiens avant le déjeuner chez Chartier (que la mémoire re colorise )

mais le parrain s’assied toujours à côté de l’enfant, la jambe près de la culotte courte, et lui tient la main s’il a peur, ça paraissait banal, un parrain ça protége, un parrain ça proxime, un parrain c’est caressant. Ecoute donc ton Parrain, disait Mère. Et Père: ne disait rien.

Ou la table ailleurs à Paris, à Dolus-le-sec pour la thèse sur la littérature africaine et les Indépendances ( finalement non-éditée, puis utilisée dans une permière version de la saison IV, ici-même, comme un bagage en bandoulière pour les nuits avec Tyne l’Africaine, mais on a finalement renoncé à lire avec Tyne, puis aussi coupé d’ici-même, saison 4, les mots d’Afrique, plus assez de mots dans la réserve).

Ou les pages numériques de la saison TROIS, revues la dernière fois chez Nadia, sur la vaste terrasse où s’émouvaient ensemble mais contradictoirement les jambes-ciseaux d’Adèle et la queue verte du lézard, au point que la saison aussi a fui, engouffrée entre deux lates bien avant la fin programmée ( mais c’est facile d’inverser un programme);

Ou à Paris encore et Cucuron ou ( mieux ! ) Ferrare : les gentils 99 épisodes d’un claveriste goye sur un écrivain juif perdu entre jardin et cimetière, Finzi-Contini et Bassani.

Si on se regarde écrire, donc, et qu’on imagine la mémoire et invente le passé, c’est tout à fait aussi pornographique et à l’origine d’un certain malaise, que si l’on se regardait ici-même soi-même en train de caresser les fesses d’une fille (ou d’un garçon, pareil). On peut le faire avec plaisir dans la vraie vie, aucune raison de se priver, même si ça ne sert pas à grand-chose d’autre que ce plaisir.

Il y a d’autres souvenirs comme ceux d’Allemagne, en Forêt Noire, et avant il y avait déjà eu le cosy, rue Dupetit-Thouars, la statuette de Donatelo, et plus tard l’hotel à saumur , avec ce que savait Mamie, et même l’invite à la première cigarette, EIRNET 36, ou quelquechose d’approchant, « Tu verras, ça fait un peu tourner la tête »…Oui, dimanche après-midi, Oui.

On peut même tenter d’en parler si on a envie, c’est pour cela qu’on lit « Extérieur monde » ou qu’on spécule sur l’écriture d’ un Roman-Images, tel celui-ci en métamorphose continue, mais ça ne se peut pas qu’on se regarde comme sujet de sa propre écriture. On peut se regarder parler devant le vaste public de l’amphithéâtre : amusant spectacle. On peut se regarder arriver trop essoufflé pour le semi-marathon : cocasse performance. On peut se regarder acheter un kilo et demi de cerises trop mûres au marché : ridicule fringale. On peut se regarder une fois de plus les bras chargés de livres en sortant de chez Book-off ou Gibert : pesante compulsion. On peut se regarder vif et un peu stupide occupé à se faire divers plaisirs aux terrasses, dans les rues… parce qu’au fond ce n’est tout de même pas si complètement vaniteux et vain, mais se regarder soi-même, ici, YDIT ou autre, se regarder ici écrire sur ce sujet : moi ? Non. Pour une fois, Y.d’I. dit YDIT d’ici le didi le dit : NON.

Oui ?

– Oui : faire le marché tout à la fin du marché pour acheter tout de même le si mauvais rosbif qu’on va servir à table du dimanche, presque tous les dimanches, toujours les mêmes convives absents déguisés en personnages vivants : Oui, Le père, avec sa patte folle, et qui ne dit rien, ou est dans sa tête ailleurs, avec ses amis : absent. Oui, aussi, La mère qui s’affole de gestes incertains et de paroles inutiles, qui dit tout, on ne sait jamais quoi : absente. Oui, encore, La grand-mère en pleine forme, quatre-vingt dépassés, ancienne chipie devenue sale mamie qui raconte des histoires de son café-tabac de Saumur sans doute un peu accueillant aux putes : absente. Oui, bien sûr, Les gens, dans la télé arrivée ensuite, le dimanche, Noir et Blanc, John Wayne, les westerns mal doublés, puis arrivent sur l’écran bombé de petites lettres blanches collées sur tableaux noirs : résultats du rugby, les matches, on n’y comprend rien, Albi-Tarbes, qu’est ce que c’est ? Et Mamie mange son bifteck avec son dentier trop serré, absences. Oui, La tablée, avec les parties de Monopoly, qu’est-ce que c’est ennuyeux et vain les jeux de société, on attend que « ça » passe, les absences. Mamie joue aussi, on l’accompagnera ensuite ( à trois : père, Marcel Malbée dit MM dit Le Parrain, Ydit) avant la nuitdans les rues entre Porte des lilas et Pantin, on passe près de troênes mal rasés ou de 2 CV en panne, et la nuit, le retour, ça change tout le temps dans la vie de l’absence. Mais avant la nuit quand même accompagner Mamie jusqu’à sa maison de retraite à Pantin. Seul changement : l’heure. Changement d’heure. A l’époque, non, toujours le même heure. Sauf si on voyage, loin, mais les voyages sont en France, campings, ou un seul lointain, Allemagne, Forêt noire, les soirs avec Marcel Malbée, dit MM, le Parrain aux mains glissantes.

Et puis, les dimanches après-midi ( heures de tous les dangers combinés à toutes les absences) cette façon toujours incomprise qu’avait le garçon, le garçon YDIT ici nommé, de redoubler l’absence ou de l’amplifier ? Oui. Amplifier le Rien. Cette façon de s’écarter des tables d’absences, de jouer le dimanche avec des espèces de bandes de tissu blanc- bandes d’infirmerie-, et un tube de vermillon rouge. Oui, alors c’est dimanche, YDIT se cache dans la cuisine qui est le seul lieu de l’appartement où il y a un point d’eau (n’oublions pas, mais cela ne s’oublie jamais : les toilettes sont sur le palier, l’idée de la douche s’apparente à un rêve de riches, ou presque riches, tel Marcel Malbée,dit MM, deux-pièces salle-de bains rue Dupetit-Thouars ). Là, c’est dimanche, Ydit s’enturbanne la tête de bandeaux blancs, étroites bandelettes de coton à liseré bleu, matériel d’infirmière, oui ; là, c’est dimanche, YDIT écrase une partie de la gouache rouge, là, oui, bien au milieu du Front de YDIT vu dans le miroir mobile, comme si on était un blessé ayant reçu une balle dans un western, ou un premier mari de la mère mort d’une seule balle en juin 40, et la balle dans la petite boite en bois au fond d’une armoire, mais quand on reçoit une balle dans un western en pleine tête au milieu, juste au milieu du Front, un beau coup bien rouge, on ne survit pas, même dimanche, oui, on meurt, on n’est pas là en train de remettre un peu de rouge sur la bandelette parce que la tache n’est pas assez grande au milieu du blanc tissu, jamais assez grande la tache de rouge-vif, oui, naturellement. Absence marquée, imposée, distinguée, mais personne jamais ne regarde vraiment, absences.

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YDIT-BLOG, Nouvelle saison, Saison IV, Episode SOIXANTE SEPT : très délicat passage en Rappel ( avouons-le ! ): ce que Mamie savait, le voyait-elle ????( début, un sur deux). SUITE, non pas la semaine prochaine , bien sûr, à peu près …

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YDIT-BLOG SOIXANTE CINQ / BIS : La chasse à MM dit Le Parrain, faux-intermède. Fragment, reprise, retrait, le récit aussi peut ici jouer à saute-mouton, temps et gestes et même lieux superposés, mais garçon et fille – très comme il faut – et bien qu’au reveil, pour cette fois, nul ne sache encore ce qui eut encore lieu, ou pas ? Le souvenir s’invente en s’invitant ?

ASSEZ REDIT CELA ! AUTRE CHOSE !

D’accord. Donc.

YDIT raconte une histoire qui n’est pas si lointaine, qui  est arrivée bien plus tard, de façon parfaitement exceptionnelle : se trouver dans un lit avec une femme sans qu’il y eût affaire de désir affiché auparavant ( ce fut, des années durant, la situation dans le lit maternel, quand le père occupait seul le vaste lit conjugal, et la mère et YDIT partageaient un maigre lit, au moins ça tenait chaud) (Il n’y avait pas d’argent, on nomme cela pauvreté, ce qui ne ressemble pas du tout à la misère, parce que la misère empêche de vivre, alors que la pauvreté, seulement, limite la possibilité d’exister- surtout aux yeux des autres. )

RECIT PARALLELE :

Il  avait cette nuit-là posé une  question, lui aussi, dans des conditions tout à fait différentes, dont voici le souvenir : Solitaires tous deux, au moins quelques jours, de longue date amis, chacun son histoire de couple par ailleurs, de couple découpé, couple cou coupé, ils avaient dîné chez elle tous deux, seuls, un peu trop beaucoup bu ( le vin était bon). 

Et parlé voyages. Fred et Venise ( on lira cela vers les épisodes SOIXANTE-DIX). Ma. Ch. avait cuisiné l’une de ses recettes traditionnelles du fond de France, plats que sa famille pratiquait comme une trace de classe, une race de chasse : lièvre et vin. Ils n’avaient rien prévu, pas de cinéma pas de boite de nuit, pas de « Palace »- qu’ils ne fréquentaient pas. Ensemble,  bavarder sans façon ni mesure, et encore boire un whisky- elle en avait de très bons. Histoires légères de vieux amis.

Bien entendu -mais on le savait dès le départ-il était vite devenu impossible pour YDIT de reprendre la voiture. Le taxi n’entrait pas trop dans ses usages culturels, même s’il disposait maintenant d’assez d’argent. Ma.Ch. lui avait donc simplement proposé de dormir là, « Et ne prenons pas la peine de déplier un canapé qui d’ailleurs ne fait pas lit, ne te maquille pas en cousin à coussins pour divan d’hiver : tu vas dormir ici ( elle désigne sa chambre),  et tu restes dans mon lit comme ce que tu es : ami, tranquille et bourré »…

Elle n’avait pas dit ce qu’on n’allait pas faire, mais on le savait, depuis toutes ces années qu’ils se connaissaient, eux deux un peu, les deux couples de naguère beaucoup : diners souvent, cinémas, week-ends de marche, séjours de ski à la montage, dans l’étroitesse intime d’un studio-cabine.

Chacun récemment séparé, dîner ce soir pour parler de ça et du reste, du reste à qui s’accrocher. C’était la première fois, qu’ils découvraient une telle situation : seuls, eux deux, seuls,sans personne à rejoindre. Un peu étonnés de savoir se parler, sans  » l’autre ».

Sortant de la salle de bain Ma.Ch. ne portait qu’une vague chemise de nuit en coton parfaitement léger, ni provocante ni ménagère, une chemise qui datait de son couple à peine désuni (bien qu’on ne les imaginât pas du tout dormir vêtus, mais que sait-on des façons d’endormis des autres?). 

Sans façon ni précaution d’attitude, Ma.Ch. s’était glissée sous la couverture sans hâte.

Dans le mouvement-comme le drap remontait beaucoup la chemise- YDIT  avait pu apercevoir qu’elle ne portait rien dessous, comme d’habitude sans doute, chez des amis. Jamais, auparavant, même dans l’étroitesse du studio-ski ( soudain il se souvient d’elle riant, retour de piste, skis encore au pied, torse nu en nage), ou dans le déshabillage rapide et sans gêne  au retour d’une randonnée prise dans l’orage, il n’avait vu la couleur  de sa toison. Très proches, dédaignant comme à l’époque on faisait les marques extérieures de pudeur, les quatre de naguère avaient tenu un accord tacite : nues et nus, à l’occasion, oui, vestiaire bref ou prêt de maillot , bien sûr, mais seulement comme par hasard, comme sans sexe vivant.

YDIT avait gagné le lit de Ma.Ch., lui aussi assez ivre, et la mémoire aujourd’hui ne permet plus de savoir s’il y était entré  entièrement nu, (mais probablement oui, on le devine) ou s’il avait conservé quelque chose comme on portait en ce temps. En revanche le souvenir est vif qu’un moment, peu de temps après, (la similitude avec la question de Marcel Malbée dit Le Parrain est soudain blessante), il avait demandé d’une voix sentant le vin :

« M.Ch, Tu n’as pas trop chaud ? Tu  ne veux pas enlever ta chemise ? ».

Ma Ch n’avait rien dit, d’abord, puis – soulevant maladroitement la chemise – « T’es chiant, Ydit, d’accord, trop chaud, mais la chaleur c’est le dîner, on a trop bu, d’accord j’ai trop chaud moi aussi, je l’enlève, la chemise, mais maintenant  tu dors et tu touches à rien, et tu n’apporterais pas un verre d’eau ? ».

Ce qui fut fait, verre et nudité, pour boire assise elle ne se couvrait pas du drap, on sait bien qu’à très peu de gestes près, un regard, un frôlement, l’affleurement du désir neuf peut remplacer la paisible et neutre ( neutre? un peu louche?)complicité amicale,

et l’on glisse ainsi du  présent facile au plaisir gracile,

et que parfois on le regrette un peu («  Allez on avait trop bu, on n’en parle plusça ne sert à rien »), mais le discours officiel, entre eux, dans l’éveil fragile de ce délicat matin, le discours fut que non, de son intimité chaude il ne découvrit jamais la saveur (et au lever elle enfila sans hâte la chemise, sans même tourner le dos, comme entre eux quatre d’habitude).

Septante dépassé, Septante un peu usé, YDIT peut avouer qu’il avait regretté que rien n’ait eu lieu qui soit rapporté par la mémoire. 

Il aurait, alors, aujourd’hui encore des images à goût de sensualité, ainsi qu’il en conserve tant, mémoire ou papier ou clé USB, mais non : souvenir, à la place ( car le trois-pièces de Ma. Ch. donnait sur le Square du temple), du tissu glissé par Marcel Malbée, dit MM, le mauvais souvenir taché de honte (la similitude avec la question de Marcel Malbée dit Le Parrain est soudain violente), il avait demandé d’une voix sentant le vin : « Tu n’as pas trop chaud ? Tu  ne veux pas enlever ta chemise ? », et que la suite fut de peaux nues construite.

Avec Marcel Malbée, aussi, ratage de l’image : si quelques rares gestes sont nets, extrêmement présents dans leur précision au coeur de la mémoire, leur hâte, leur expression, à l’inverse aucune représentation du visage et jusqu’à la représentation de la silhouette, rien de ce qui a été public ne subsiste  : on n’y voit rien.

M M  dit Le Parrain, utilisait la métaphore de la chaleur « Tu n’as pas trop chaud ? » comme si c’était du jeune corps de ce garçon-là près de lui qu’émanait une étonnante et excessive chaleur, qu’il fallait réguler, qu’il fallait régler, en dispersant la chaleur, en l’épuisant, comme si c’était le gamin l’agresseur, et alors pas d’autre issue que d’ôter le pyjama, autrement dit d’évaporer la chaleur du désir venue d’ailleurs : le corps du garçon…

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EXTRAIT en reprise, comme d’une vieille chaussette : Didier JOUAULT, pour « YDIT, saison IV, episode SOIXANTE CINQ   Ma Ch dort nue sous la chemise de nuit  ( à venir, dormir nue en chemise, et pyjama, deux : frapper le Parrain , épisode SOIXANTE SIX)

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YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison 4, Episode SOIXANTE-SIX Ma. Ch. dort nue dans sa chemise de nuit PYJAMA 2/2, fin

M M  dit Le Parrain, utilisait la métaphore de la chaleur « Tu n’as pas trop chaud ? » comme si c’était du jeune corps de ce garçon-là près de lui qu’ émanait une étonnante et excessive chaleur, qu’il fallait réguler, qu’il fallait régler, en dispersant la chaleur, en l’épuisant,

comme si c’était le gamin l’agresseur, et alors pas d’autre issue que d’ôter le pyjama, autrement dit d’évaporer la chaleur du désir venue d’ailleurs : le corps du garçon…

Sans doute, l’hypocrisie de pudeur feinte consistant à ne pas se déshabiller dans la lumière, à ne rien commencer avant d’être dans le lit, sans doute cette pseudo réserve était-elle une façon pour MM dit Le Parrain d’associer l’enfant, puis presqu’adolescent, en lui soutirant l’absence d’un « non », en originant sur son corps à lui les sensations (trop de chaud) et le geste (repousser l’étoffe) qui de l’état de victime (on déteste ce mot tellement plein de mensonges et tellement plein de vérités) le poussait à l’état de complice.

L’étonnement, – et ce pourrait être une tête de chapitre de ce roman-images : l’étonnement, l’étonnement de n’avoir pas non pas refusé, mais pas eu envie de dire non, la perplexité (le mot est plus juste) vient de ce que aujourd’hui encore YDIT, Septante et plus étant de plus en plus venus, reste incapable de fixer la moindre image de zones désirantes de la personne, même incertaine image, même lacunaire, même couverte de pénombre et menue comme une esquisse, pâle comme une ombre un jour de pluie.

Mais le discours officiel, aussi, pour la nuit d’après trop chaud du dîner chez Ma.Ch. reste pour toujours que – si elle acceptât bien sans réserve d’ôter la chemise de nuit et d’accoler la fraîcheur de leurs peaux un peu ivres – Ydit ne connut pas le goût de son intimité … Discours officiel ?

Si quelques gestes sont nets, en compagnie nde MM dit Le Parrain, extrêmement présents dans leur précision, leur hâte, leur expression, toutefois aucune représentation du visage et jusqu’à la forme portée de la silhouette, rien ne subsiste de ces moments-là : on n’y voit rien.

Dans l’histoire, alors qu’il était lycéen, vers 17 ans, sortant du sous-sol de ce bar où l’on jouait au poker en buvant des cafés sous le regard d’un serveur plus ou moins aguiché, quittant prématurément la partie et les copains pour une raison oubliée, YDIT avait aperçu soudain, traversant une rue, pénétrant dans un PMU, ce Marcel Malbée, dit M M, autrement toujours nommé Le Parrain.

Impression banale de vu et reperdu aussitôt. Depuis longtemps à cette époque-là,  l’homme avait quitté la scène de la vie quotidienne. Avec les amis, on bavardait à la sortie du lycée sans jamais s’être dit que la  rue Dupetit-Thouars était toute proche et qu’il aurait été possible de se rencontrer sans le vouloir, plus souvent, qu’on en avait été jusque-là épargnés, l’un et l’autre. Cette fois donc on avait reconnu le parrain, et aujourd’hui…

Aujourd’hui on se demande ce qui aurait été mieux ajusté, ayant aperçu Marcel Malbée, dit MM. Rejoindre Die Pate dans le PMU, Gitanes et Ricard, discuter du tiercé avec lui comme si de rien n’était ? Se rapprocher du bar en zinc et Formica inventés à l’époque, et  lui demander de ses nouvelles ? S’il s’interroge toujours malicieusement sur l’excès de chaleur tiède sous les pyjamas clos des garçons jeunes?  S’il a changé leur âge en vieillissant ? L’attendre à la sortie, pour s’approcher, le regarder droit en face, le gifler, lui décrocher un direct puissant dans l’estomac ( ce qu’on ne sait pas faire) achever le geste d’un double coup de genou dans le bas-ventre, bien entendu,  et pendant qu’il se plie sous de violents crochets à la mâchoire. Il se pisse dessus, il saigne du nez, c’est joli à voir. Très plaisant. Contraire à toutes les valeurs. Mais joli, rien à dire. Puis s’asseoir sur lui en le tenant aux oreilles (on se souvient sans image qu’il était quasiment chauve) pour lui frapper la tête au sol, sa tête à lui à son tour blessée, en murmurant à son oreille (autre version : en criant), sur un rythme jazzie : «  Tu n’as pas trop chaud mon parrain,  tu  ne veux pas enlever ton blouson ? Mon petit Parrain, mon petit Marcel, ton blou, ton blou blou, ton blouson !».

Trois ou quatre  des consommateurs du PMU, sans doute de vieux compagnons de zinc, mais aussi quelques passants se précipitent pour séparer le pauvre plus que quinquagénaire (le temps passe, il a vieilli) et son jeune agresseur si brutal, encore un de ceux-là qui ne veulent pas respecter la règle et injurient l’âge. Deux  types prennent YDIT  par les épaules, tandis qu’une femme crie d’appeler la police, appeler la police -sinon le feuilleton n’est pas assez conforme-. Et le narrateur impénitent raconte, étrangement inaudible, la glissade vive de Ma.Ch. nue sous la chemise, le souvenir conté de cette fin de soirée, dans le trois pièces très rangé, moment incertain,

et le souvenir est vif de cet instant, peu de temps après, (la similitude avec la question de Marcel Malbée dit Le Parrain est soudain violente), quand Ydit avait questionné Ma.Ch. vers la fin de la soirée, quand elle avait proposé qu’il dormît chez elle désignant sa chambre)et Ydit d’une voix sentant le vin : « Tu n’as pas trop chaud ? Tu  ne veux pas enlever ta chemise ? ».

L’homme Marcel Malbée, dit MM, dit le parrain gémit en se tenant (admettons que ce n’est pas facile, admettons qu’il a un peu mérité) d’une main les  parties – bien connues de l’agresseur mais tout le monde encore l’ignore croit-il,  et de l’autre la mâchoire. Le voici près du square du Temple, mais pas d’illusions : la mâchoire blessée, le corps meurtri, en dépit des résonances du lieu, le Temple, ce n’est pas Robespierre qui expie en Thermidor les fulgurances mais aussi les indécisions, les visions mais aussi les erreurs de la Révolution française. Non ce n’est que Marcel Malbée le minuscule, dit Le Parrain avec majuscules, cassé d’un peu partout, pourtant relevé comme s’il s’agissait d’une victime appelant la compassion. Le storyboard, trop vite esquissé, ne précise rien quant à ce que l’on réserve à YDIT en matière de sanction, ou à MM dit le parrain en matière de guérison (on a compris ceci qu’il est insaisissable, impardonnable, inguérissable).

« Ce que je me demande quand même, aurait ajouté Fred qui -à son habitude-aurait hésité entre le désir d’écouter et le plaisir d’interrompre- je m’interroge  sur ce qu’aurait fait l’autre personnage de la pièce, Hanged James, lui, s’il avait reconnu quelques années plus tard, son propre M M dit Le Parrain, son Marcel Malbée à lui , sortant d’une boulangerie?

Jamais Jamais Jamais on n’apprendra pour quelles raisons, quelles déraisons, l’un s’est pendu dans le carré de la fenêtre, et l’autre non, qui rigolait si bien de tout.

Je me demande aussi, surtout quand tu te permets à présent d’évoquer de telles séquences de ton scénario intime, ou de tes fantasmes, la prétendue chasse aux parrains (mais tu as compris que les morts sont impunissables ?), je me demande ce que c’était que Le Parrain de Hanged James, s’il jouait aussi avec la pénombre, le chaleur du pyjama, et tout le reste à jamais indicible ? S’il opérait avec la précision insolente mais efficace d’un geste adulte imposé aux confusions corporelles d’un garçon même pas encore préservé de ses hontes ? La main, comment?.. La bouche, ici ? Des vrais baisers? Une forme de tendresse feinte ? Quoi de si différent ?  »

YDIT répond ce qu’il répond à chaque interrogation du souvenir :

Il y a HANGED JAMES, ici, voilà tout : pendu.

Hanged James, gentiment présent, même pas tournoyant sur lui-même, et qui lorsque le mouvement de la vie lui permet de me faire face m’offre son sourire amical et goguenard, un peu tendre et lassé donc, comme s’il s’apprêtait à dire (quoi qu’il soit impossible de plus rien dire dans son état) à demander : «  Alors quoi d’autre, mec ? Quoi de neuf ? Et quand est-ce que tu oses dire tout? Dire le vrai du fond ?».
 Evidemment nul ne peut dire la suite, sauf que Ma.Ch dormit réellement nue dans le soir.


.Didier JOUAULT pour YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison 4, Episode SOIXANTE-SIX MC Ch dort nue dans sa chemise de nuit PYJAMA 2/2, fin

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YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison 4, Episode SOIXANTE CINQ / Ma Ch dort nue dans sa chemise de nuit PYJAMA 1/2 (début)

Reprise ? Pendant que se noue ce long double lien des souvenirs et du déni, double hélice, lin et laine, corde de peut-être, Hanged James en sujet sur fond de Dupetit-Thouars ? Chanvre et soi, Corde de pendu ? Rue Dupetit Thouars, Marcel Malbée, dit MM , le chassé fuyard, Dupetit Thouars, mais ce n’est pas là que Marie-Christine dort nue sous la couette …

Note de Madame Frédérique, assistante éplorée. Mais vaillante !

Bien sûr, et je n’aurais pas imaginé notre travail commun autrement, mon ex-patron ne me disait pas tout de lui, sa vie, ses diverses façons d’être ou d’avoir, en dehors de nos échanges quotidiens souvent nombreux, parfois tardifs (Assistante personnelle, beaux aspects, beaux regards sur ce qui se passe vraiment et où, mais aussi gestion délicate du temps, contraintes lourdes. Tout de même pas Céleste Albaret, et d’ailleurs il ne s’agissait pour Y.d’I. que de diriger – « Directeur du Vent- affirmait-il, et pas d’écrire.

Mais la progression dans mes lectures du volumineux paquet «  Lettre de A. »- et quelques mises au net rendues indispensables par l’état des documents, produisent une indéniable sensation de perplexité. Par exemple, je suppose qu’un éditeur sans doute aurait supprimé le texte qui suit- dont le lien avec la narration paraît assez ténu ( mais- parce que j’ai consulté sa « Saison II, Le Jardin de Giorgio Bassani » j’observe que le procédé est constant. Ainsi, dans «  Le Jardin… » assiste-t-on au siège de la ville de Malte par les Ottomans, ou suit- on le story-board d’un film américain qui raconte l’opiniâtreté d’une espionne de la CIA, finissant par la mort de Ben Laden ( le titre m’échappe)(Mme F .)

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«  Depuis tant d’années, je tourne en rond dans ma cage, mes rêves sont peuplés de meurtre et de vengeance. jusqu’au jour où la solution se présente enfin, là, sous mes yeux, comme une évidence : prendre le chasseur à son propre piège, l’enfermer dans un livre »

(Vanessa SPRINGORA, Le consentement, prologue, Le livre de Poche, 2020.)

Note : la nature des émotions qui sont présentées ici, ou certains passages plutôt scabreux, exigeraient sans doute ce que mon ex-patron ( même dans son espace très différent de compétences) aurait nommé «  contextualisation ». Et cela d’autant que la citation d’incipit est l’une des trois ( la première en haut de la première page, l’autre : en bas de la dernière page, et celle-ci au milieu) qui excluent des deux seules autres références usuelles : Rolin/Cadiot. Mais- outre que je suis bien placée ( dans la mémoire) pour ne rien considérer comme «  scabreux »- plusieurs des éléments du récit ( YDIT aurait écrit : narrèmes) n’ont jamais fait partie de ce que j’ai pu connaître auprès de lui, dans la vérité quotidienne, dans notre relation, jamais douteuse, on s’en doute …( Mme F.)

NOTE que la Lectrice ou le Lecteur pourrait ajouter :

«  Bon, très bien, et ça commence quand ? »

TEXTE de la « LETTRE de A. », Version B.

YDIT prétend/dit/assure/croit/imagine/raconte que sa quête de Marcel Malbée dit MM dit Le Parrain pourrait se déchiffrer comme une sorte de démarche initiatique. Et que ce serait alors une forme d’élévation progressive vers une connaissance (sinon un savoir) meilleure, ou au moins une connivence plus grande avec la Connaissance.

Mais non. Menterie. Auto-duperie. Tirages d’orages d’Ydit.

Car dès lors la route serait trop belle. Sur la piste de Marcel Malbée dit Le Parrain, sur le chemin qu’on n’est même pas certain d’emprunter volontairement, il n’y a pas de fleurs fraîches, de tendres céréales, dans les champs d’été bordant le sentier sinueux, pas non plus  de lin fleur bleue, de source aimable digne de figurer dans un roman écrit en 1980 pour des vieillards fatigués, au temps du Roman Nouveau, le roman nouveau bu comme le vin dit tel. Rien que des cailloux. Des hiboux.

De toute évidence : la présence, les gestes, les mots de Marcel Malbée, dit M.M., Die Pate, restent présents malgré leur oubli – paradoxe apparent. Surnagent du flux mémoriel, tout particulièrement, les mots qu’on entend toujours dans leur tonalité doucereuse, presque à peine insistante, comme la voix ayant été celle même d’un père attentionné.(On sait désormais que la distance de Père affichait la volonté de ne pas s’attentionner)

Ses mots toujours prononcés dans le noir du lit, le lit pas si large avec son ridicule « cosy » de bois verni, vase à fleurs sèches et livres Pardaillan, les paroles de ce moment d’y aller,  quand il n’y a pas d’échappatoire, d’y aller comme de sauter de la carlingue ventre vide et trappe ouverte, »GO! » « GO! » quand on ne peut plus se dresser avec la volonté de dire non- et d’ailleurs oserait-on jamais dire non, oserait-on jamais refuser l’hypothèse d’appel au réel plaisir, qu’on sait coupable, bien sûr, bien sûr, affirmons le : coupable, mais aussi  réel, tangible, vif et gluant, tout premier plaisir. Vogue la planche, à dessein. Il faudra des années ensuite pour apprendre que le plaisir n’est pas coupable- reproche majeur.

Les mots du soir – il n’a pas éteint la lumière, mais tourné un peu l’abat-jour de la fausse lampe Daum – dont la réponse n’est pas un autre mot -qui aurait dû être « non », de toutes les façons « non », à chaque fois « non », la première fois surtout « non ». Mais précisément le gamin ne dit rien (toujours, pendant longtemps, il ne dit rien, n’ayant rien dit d’abord)(Et ce que dit aujourd’hui Ydit, est-ce mieux que Rien?).

Marcel Malbée, dit MM dit Le Parrain n’a besoin que de peu de mots, dans son geste premier. Le gamin, ensuite,  sait comment répondre à la demande, on apprend vite la posture, il se plie  aux gestes que son absence de « non » inexorablement va entraîner, gestes qu’il n’est pas utile d’évoquer ici, tant ils sont faciles à imaginer et au fond si peu nombreux, après les premiers mots de Marcel Malbée, les mots qu’on entend toujours dans leur tonalité doucereuse, presque à peine insistante, comme la voix ayant été celle même d’un père attentionné, peu après qu’ils soient tous deux allongés, dans le lit pas si large, un lit de solitaire parfois visité, les mots à chaque fois identiques alors que la réponse a été donnée d’un geste souple des reins, la première fois pour longtemps :  

« Tu es sûr que tu n’as pas trop chaud ? Tu pourrais enlever ton petit  pyjama ? ».

Puis M.M. dit Le Parrain aide le gamin à tirer vers les pieds la culotte dont il a dénoué la cordelette, lentement, lentement, main qui prend le temps du désir.

« Tu es sûr que tu n’as pas trop chaud ? Tu pourrais, petit, enlever ton pyjama ? ».

Comme une antienne d’un passé malsain, le refrain d’une comptine qui mimerait la vie.

Ce à quoi l’on allait bien sûr arriver, si peu de gestes au fond, se déroulait ainsi dans une atmosphère de mensonges et de non-dits, de masque et d’hypocrisie- qui traduisait sans doute une incapacité pour Le Parrain dit MM à affronter dans la lumière à la fois le désir et son acte.

Le gamin aurait préféré ( sauf si le souvenir, lui aussi, est menteur, ainsi que souvent) que le protocole épargnât cette fausse autorisation muette  de chaque début, « Oui, dénoue la cordelette, vas-y, pas la peine de traîner, ose le faire toi-même », comme si c’était inattendu, improvisé, malgré les statuettes sur le meuble sombre dans l’entrée,

et presque ( ainsi) explicable par la surprise. Le gamin aurait  préféré ( sauf si le souvenir là encore est menteur), qu’on se posât franchement nus, ici ou là, sur ou sous le drap de nylon, fraîchement nus sans la comédie d’attendre, et hop, puisqu’on est là pour ça. Fais ton truc, fais le moi, faisons ça, comme ci comme ça, ceci tout ça, et ne pose pas de fausse question.

YDIT raconte une histoire qui n’est pas si lointaine, qui  est arrivée bien plus tard, de façon parfaitement exceptionnelle : se trouver dans un lit avec une femme sans qu’il y eût affaire de désir affiché auparavant ( ce fut, des années durant, la situation dans le lit maternel, quand le père occupait seul le vaste lit conjugal, et la mère et YDIT partageaient un maigre lit, au moins ça tenait chaud) (Il n’y avait pas d’argent, on nomme cela pauvreté, ce qui ne ressemble pas du tout à la misère, parce que la misère empêche de vivre, alors que la pauvreté, seulement, limite la possibilité d’exister- surtout aux yeux des autres. )

Il  avait cette nuit-là posé une  question, lui aussi, dans des conditions tout à fait différentes, dont voici le souvenir : Solitaires tous deux, au moins quelques jours, de longue date amis, chacun son histoire de couple par ailleurs, de couple découpé, couple cou coupé, ils avaient dîné chez elle tous deux, seuls, un peu trop beaucoup bu ( le vin était bon).

Et parlé voyages. Fred et Venise ( on lira cela vers les épisodes SOIXANTE-DIX). Ma. Ch. avait cuisiné l’une de ses recettes traditionnelles du fond de France, plats que sa famille pratiquait comme une trace de classe, une race de chasse : lièvre et vin. Ils n’avaient rien prévu, pas de cinéma pas de boite de nuit, pas de « Palace »- qu’ils ne fréquentaient pas. Ensemble,  bavarder sans façon ni mesure, et encore boire un whisky- elle en avait de très bons. Histoires légères de vieux amis.

Bien entendu -mais on le savait dès le départ-il était vite devenu impossible pour YDIT de reprendre la voiture. Le taxi n’entrait pas trop dans ses usages culturels, même s’il disposait maintenant d’assez d’argent. Ma.Ch. lui avait donc simplement proposé de dormir là, « Et ne prenons pas la peine de déplier un canapé qui d’ailleurs ne fait pas lit, ne te maquille pas en cousin à coussins pour divan d’hiver : tu vas dormir ici ( elle désigne sa chambre),  et tu restes dans mon lit comme ce que tu es : ami, tranquille et bourré »…

Elle n’avait pas dit ce qu’on n’allait pas faire, mais on le savait, depuis toutes ces années qu’ils se connaissaient, eux deux un peu, les deux couples de naguère beaucoup : diners souvent, cinémas, week-ends de marche, séjours de ski à la montage, dans l’étroitesse intime d’un studio-cabine.

Chacun récemment séparé, dîner ce soir pour parler de ça et du reste, du reste à qui s’accrocher. C’était la première fois, qu’ils découvraient une telle situation : seuls, eux deux, seuls,sans personne à rejoindre. Un peu étonnés de savoir se parler, sans  » l’autre ».

Sortant de la salle de bain Ma.Ch. ne portait qu’une vague chemise de nuit en coton parfaitement léger, ni provocante ni ménagère, une chemise qui datait de son couple à peine désuni (bien qu’on ne les imaginât pas du tout dormir vêtus, mais que sait-on des façons d’endormis des autres?).

Sans façon ni précaution d’attitude, Ma.Ch. s’était glissée sous la couverture sans hâte.

Dans le mouvement-comme le drap remontait beaucoup la chemise- YDIT  avait pu apercevoir qu’elle ne portait rien dessous, comme d’habitude sans doute, chez des amis. Jamais, auparavant, même dans l’étroitesse du studio-ski ( soudain il se souvient d’elle riant, retour de piste, skis encore au pied, torse nu en nage), ou dans le déshabillage rapide et sans gêne  au retour d’une randonnée prise dans l’orage, il n’avait vu la couleur  de sa toison. Très proches, dédaignant comme à l’époque on faisait les marques extérieures de pudeur, les quatre de naguère avaient tenu un accord tacite : nues et nus, à l’occasion, oui, vestiaire bref ou prêt de maillot , bien sûr, mais seulement comme par hasard, comme sans sexe vivant.

YDIT avait gagné le lit de Ma.Ch., lui aussi assez ivre, et la mémoire aujourd’hui ne permet plus de savoir s’il y était entré  entièrement nu, (mais probablement oui, on le devine) ou s’il avait conservé quelque chose comme on portait en ce temps. En revanche le souvenir est vif qu’un moment, peu de temps après, (la similitude avec la question de Marcel Malbée dit Le Parrain est soudain blessante), il avait demandé d’une voix sentant le vin :

Ma Ch n’avait rien dit, d’abord, puis – soulevant maladroitement la chemise – « T’es chiant, Ydit, d’accord, trop chaud, mais la chaleur c’est le dîner, on a trop bu, d’accord j’ai trop chaud moi aussi, je l’enlève, la chemise, mais maintenant  tu dors et tu touches à rien, et tu n’apporterais pas un verre d’eau ? ».

Ce qui fut fait, verre et nudité, pour boire assise elle ne se couvrait pas du drap, on sait bien qu’à très peu de gestes près, un regard, un frôlement, l’affleurement du désir neuf peut remplacer la paisible et neutre ( neutre? un peu louche?)complicité amicale,

et l’on glisse ainsi du  présent facile au plaisir gracile,

et que parfois on le regrette un peu («  Allez on avait trop bu, on n’en parle plus, ça ne sert à rien »), mais le discours officiel, entre eux, dans l’éveil fragile de ce délicat matin, le discours fut que non, de son intimité chaude il ne découvrit jamais la saveur (et au lever elle enfila sans hâte la chemise, sans même tourner le dos, comme entre eux quatre d’habitude).

Septante dépassé, Septante un peu usé, YDIT peut avouer qu’il avait regretté que rien n’ait eu lieu qui soit rapporté par la mémoire.

Il aurait, alors, aujourd’hui encore des images à goût de sensualité, ainsi qu’il en conserve tant, mémoire ou papier ou clé USB, mais non : souvenir, à la place ( car le trois-pièces de Ma. Ch. donnait sur le Square du temple), du tissu glissé par Marcel Malbée, dit MM, le mauvais souvenir taché de honte (la similitude avec la question de Marcel Malbée dit Le Parrain est soudain violente), il avait demandé d’une voix sentant le vin : « Tu n’as pas trop chaud ? Tu  ne veux pas enlever ta chemise ? », et que la suite fut de peaux nues construite.

Avec Marcel Malbée, aussi, ratage de l’image : si quelques rares gestes sont nets, extrêmement présents dans leur précision au coeur de la mémoire, leur hâte, leur expression, à l’inverse aucune représentation du visage et jusqu’à la représentation de la silhouette, rien de ce qui a été public ne subsiste  : on n’y voit rien.

M M  dit Le Parrain, utilisait la métaphore de la chaleur « Tu n’as pas trop chaud ? » comme si c’était du jeune corps de ce garçon-là près de lui qu’émanait une étonnante et excessive chaleur, qu’il fallait réguler, qu’il fallait régler, en dispersant la chaleur, en l’épuisant, comme si c’était le gamin l’agresseur, et alors pas d’autre issue que d’ôter le pyjama, autrement dit d’évaporer la chaleur du désir venue d’ailleurs : le corps du garçon…

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Didier JOUAULT, pour « YDIT, saison IV, episode SOIXANTE CINQ   Ma Ch dort nue sous la chemise de nuit  ( à venir, dormir nue en chemise, et pyjama, deux : frapper le Parrain , épisode SOIXANTE SIX)

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YDIT-BLOG, Nouvelle saison, saison 4, Episode SOIXANTE-QUATRE visite (Bob et MORANE 12 rue Dupetit Thouars) Passer la serpillère, propre en début d’année

Note de Madame Frédérique :

Note de Madame Frédérique

La succession des passages, ici, semble se coordonner de façon à peu près lisible. Il s’agit d’un premier « doublé » de visites domiciliaires. Dans la succession des fragments, un second « doublé « apparait, plus tard

Quand je fus son Assistante Personnelle, à plusieurs reprises, Y.d’I acceptait en souriant que je lui reproche son  écriture à peine lisible. Mais il ne s’agissait que de notes prises en réunion ou pour une intervention : les saisies de notes sur « tablette » n’ existaient pas encore…Peut-être, donc, dans ce qui va suivre, quelques mauvaises « lectures ».

TEXTE de Y.d’I,  «  La Lettre de A. , version B »,  (Lettre de A : ironique rappel de l’incipit de « Extérieur Monde », voir supra – Olivier Rolin ) :

Petite activité sans désolation et avec humour. Le vent s’est levé dehors fort et puis la pluie et moi qui suis occupé la suite du suivi à écrire, je n’ai pas entendu l’eau qui tombe vive et puissante l’eau qui pénètre dans la pièce depuis la  terrasse sans doute parce que le joint a été mal fait ou parce que l’orage est d’une imprévisible puissance.  Mais j’écris – dans le berceau du roman-images – et le cliquetis du clavier malmené couvre les friselis de l’eau qui peu à peu envahit le sol de tomettes, flaque encore peu visible, elle forme sans que j’y prenne garde une sorte d’Aqua Alta inattendue dans cette région de collines,  et l’eau monte encore et le récit nage et les pieds trempent.

Je m’en aperçois tardivement, quand les chevilles commencent à flotter devant l’écran, et je me dis que l’activité de l’écriture ainsi conduite requiert le passage rapide d’une serpillière, l’usage d’une pompe à eau, par exemple.

Il faut toujours passer la serpillère après les pendus. Pour avorter les traces. Et un peu d’eau ne fait pas de mal.

Lorsque je me lève et me dirige vers le placard de la cuisine ouverte sur la grande pièce où se trouve la table à laquelle je travaille, on sent le vent saluant la lumière incertaine sur des collines un peu molles,  et je m’aperçois que les portes ont été forcées : quelqu’un a-t-il voulu s’emparer comme d’un trésor des notes que Madame Frédérique tentera de mettre en ordre- sans jamais y parvenir ?

Moi, j’écris «  La Chasse au Parrain ». Ecrire c’est passer de l’eau de Javel sur un évier intérieur.

– Sale image, dirait BOB.

– En plus, ça pue, ajouterait MORANE. Mais ça blanchit les mains sales.

MORANE et BOB, vous savez ?  Comme il convient à présent, une fois de plus, les genres sont incertains, au moins pour MORANE- car un certain MORAN qu’on dit né près de Rennes aux alentours de 650, a été porté, dans la même ville, à la cathèdre d’évêque, en 710, vieux déjà donc en son temps, avant de – sagement, prétend-on- , se retirer dans un monastère italien, ou grec, ou mauresque, voire turc : un monastère ensoleillé, où ne jouaient pas déjà des pianistes grecs, dans le scriptorium désert de l’après-déjeuner, sur un Steinway très accordé au décor.

Dans ces fragments peut être réunis en portrait possible, le narrateur-ni ricaneur ni éperdu, ni espérant, ni désolé, ne procède qu’à une seule recherche : évidemment pas celle du temps perdu (tout a été dit et nié sur le sujet), mais tout à fait précisément celle de MM, dit « Le Parrain » : Marcel Malbée, 12 rue du Petit Thouars, Paris. C’est là que vous le trouveriez, s’il existait encore. Tentez votre chance. Métro TEMPLE. Ligne 3. Levallois Gallieni. Changement à République pour aller à Porte des Lilas par la 11 .

Porte des Lilas, appartement familial, toilettes sur le palier, pas d’eau chaude, devinez dans quel sens on préfère prendre la ligne. DE plus, entre La Porte des Lilas et République ça descend, ça descend, ça descend. On descend longuement si on va au 12 rue Dupetit Thouars. Chez Marcel Malbée. C’est là qu’on été envoyés les limiers suggérés par FRED, MORANE and BOB, célèbres duettistes. C’est là que : pour l’instant, personne. Nadie. Nobody. Dans les sous-sols de bar et les sorties de lycée, oui, là, ça peut aller, ici traces de Marcel Malbée dit MM die pate. BOB et MORANE en ont trouvé. Mais 12 rue Dupetit-Thouars, personne, ici, rien.

-BOB : pourtant, Patron, nous avons interrogé les voisins. Enquête de badinage.

-MORANE : et pas les cousins, pas retrouvés.

-BOB : Les Voisins sont coquins : pas vu de Parrain, s’entourent les reins de rien blanc et de négation candide : point de Parrain.

-MORANE : dans le rien qui vient, il y a bien cette concierge de naguère

-BOB : à présent retraitée.

-MORANE : Germaine

-BOB : nous l’avons rencontrée dans la maison de Vieux de Pantin, rue Jaurès, la pauvresse, en faiblesse

-MORANE : Prétend se souvenir de Marcel Malbée. Elle dit : un grand et bel homme très athlétique, parole haute, marche rapide, chevelure blonde, toujours des jolies filles chez lui, souvent ça riait et la musique du phono dépassait du jazz partout, certains se plaignaient, mais cent francs pour les Etrennes.

-BOB : donc, un autre Marcel Malbée?

-MORANE : tout le monde ne peut pas se nommer Marcel Malbée, au 12 rue Dupetit Thouars

-BOB : mais ça ne ressemble pas au portrait-robot du petit patron Yd’I. Je dis ‘petit’ parce que le Grand, ça reste le Vieux Samuel.

MORANE et BOB concluent leur rapport par le mot : néant ( ils n’ont pas choisi fin, parce que mieux vaut faire durer, même réduits, leurs honoraires)

YDIT répète : s’il existait je le ferais disparaître, j’en ferais la brume opaque mal levée au matin des sanglantes batailles livrées entre Les Templiers ou les Chevaliers de Malte et les Ottomans, j’en ferais  le sable lourd et brun sur lequel va glisser le sabot du Minotaure ou le cheval de Perceval, j’en ferais la douleur noire qui enveloppe de sa fumée puante les portails des prisons ou des camps. Tout cela, de lui, face à moi je ferais.

-BOB : déjà dit. MORANE se demande si on peut jamais retrouver le souvenir du fuyant Marcel Malbée?

Lisant le rapport « Néant » , Ydit redécouvre une fois encore que la rue de Parrain dit MM nommé Marcel Malbée, j’écris son  nom depuis le début, tant pis pour l’anonymat,  sa rue était en plein cœur de ce qui fut jadis, dans le Paris médiéval, le fastueux et puissant domaine appelé l’Enclos du Temple. Mais voici que peut-être se bousculent, comme des pièces dans une poche trop large quand on fait du vélo dans une montée, comme les molécules d’eau dans la gourde à demi bue en cours de descente le long d’un sentier des Pyrénées, comme les chairs intimes rougies de frottements par l’après-midi du désir partagé, voici que se bousculent entre eux plusieurs rocs de souvenirs secrets, dérive des continents qui ne se retiennent, ceux de -entre autres- les nuits rue Dupetit Thouars et les nuits d’ailleurs- un hôtel mal éclairé en Forêt Noire, une chambre trop peuplée vers Saumur et les souvenirs des cérémonies, jamais avérées bien qu’avouées sous la torture, qu’on prêtait à ces bourrus guerriers spirituels et buveurs, bouche pleine et lance molle en main, les moines-soldats Templiers.

Blasphèmes. Trahisons. Mensonges. Reniements. Turpitude. Sodomie. Reniements, surtout de l’essentielle protection due au garçon tout entier caché dans son pyjama…

Rien que cela. Tout cela. Ah, dirait le Prieur, à genoux, on ne fait pas dans la demi-mesure ? Il faut donc se souvenir et punir ? Surveiller et courir ? Et on disait que le rapport, s’il se voulait complet aurait dû écrire :

« Il a fait tout cela, quand il ne s’agissait pas de plaisir neuf ou d’argent devenu facile avec Malbée-le-confortable ( la famille était pauvre, jamais d’argent), parce que – au fond- (mais il l’ignorait encore) il avait appris dans la proximité active de Marcel Malbée à faire les choses non seulement sans y penser, mais comme sans y être ».


Didier JOUAULT pour YDIT-BLOG, Nouvelle saison, Saison 4, Episode SOIXANTE-QUATRE pour commencer proprement l’année, visite ( Bob et MORANE 12 rue Dupetit Thouars) Passer la serpillère,écrire : passer la serpillère après la fuite. Evacuer l’eau. D’accord. Mais trouver la fuite?

voici le début 2025, entre deux interrogations à venir sur ce que fait Ydit quand Fred n’est pas là ( VENISE ? TOURNUS? deux épisodes, attention, pas de mercredis en ce début d’année, mais les 13 et 21 janvier), puis Ce que Mamie savait (deux épisodes encore, « juste rappel des faits Monsieur le Présidenet », juste pour finir janvier, le 31, mais comment faire moins que se mettre sur le 31 ?)

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