Note de Madame Frédérique

( 0n ne peut pas oublier que Madame Frédérique, la parfaite Assistante, dépouille l’envoi des restes de I.d’Y, dit Ydit,
à travers l’ouverture progressive ( au moins le prétend-elle) des volumineuses enveloppes intitulées « Lettre de A.« ( en hommage répété à Olivier Rolin, « Extérieur Monde »), » Version B. » ( réappropriation, et comme on dit : « Série B« .), dossier à elle parvenu après la disparition inexpliquée de I.d’Y. , disparition qui serait elle-même douteuse?
L’admirable – et servile ( voire un peu sénile ?) assistante suggère:
« Il peut s’agir, ici, d’un doublonnage involontaire de I.d’Y, dont les copies et recopies de fichiers Word sont parfois confuses- et toujours trop peu indentifiées. Ou d’une version de travail ? Ou encore de cette tendance au coup double, à la « une pierre deux coups », à la Répétition, à la « patère sans nos terres pour y pendre les vêtements d’ombre »(post 213), autant de figures de la confusion- ou de l’insistance? Soucieuse de ne pas altérer une globalité- même si c’est une pléthore- je livre donc aussi le fragment suivant. »
Pages de « La Lettre de A. », écrite par Y.d’I, dit YDIT, et saisies au clavier par Fred. prétendue ex-Assistante Préférée .
Pendant ce temps, ce maigre temps de l’attente où l’écriture peu à peu surgit comme un sang qui réintègre sa blessure, comme un venin qui réintègre sa morsure, comme un affamé qui régurgite sa nourriture, comme un sperme qui néglige les ouvertures, comme un orage qui caresse les couvertures, (etc !) (pour les jeux vides, la pleine langue n’a pas de cesse) pendant ce temps improbablement évitable : l’attente .
Cet espace entre le moment de s’asseoir, le mouvement d’ouvrir le capot de l’ordinateur, le geste plus ancien de saisir l’épais stylo noir dru et rond dans la main, ce temps suffit pour que la rumeur s’immisce, lente et sereine, bien que naturellement émouvante.
Et la rumeur dit que des mains de condamnés, là-bas, ont commencé à façonner des boules rouges et bleues, d’argile et de cire lourde, les mains ont façonné des boulet épais, et lourds eux aussi, masses qu’on manipule avec peine et précaution. Des boules de terre qui sont la matière des souvenirs, des boules de métal qui forment l’absurde pétanque de la mémoire. Rouler sa boule, intérieure et insaissable.
Dans le soir des remparts on discerne des ombres qui portent les boules cachées dans la tunique, est-ce Ferrare qu’on aime, est-ce Méroé qu’on lit, ou Malte racontée ailleurs en ses batailles ? Et les rondeurs reculent parfois dans la moiteur fine de l’étoffe.
Les boules sont 3, 4, puis 10, et 12. Elles roulent entre les yeux et permettent aux corps des vaillants un trajet incertain mais une course solide. On les façonne avec la chaleur de la langue, ainsi que les récits, les poèmes, ceci : roman-images. Tout continue, tout s’arrête, tout reprend : depuis 2023, 22 aout, et même un peu avant, ici. Rien ne s’arrête vraiment, et vraiment rien ne reprend.
Les rumeurs disent que peu à peu, partout dans la ville basse, derrière les hautes murailles qu’on ferme sur l’épaisseur de leur pierre brute pour pacifier la nuit (rêve éternel des humains), les boules se sont installées, du fond d’une armoire, au fond d’un placard, dans la cuve à lessive, sous le berceau des enfants. Peu à peu elles tissent, peu à peu des liens très informes, attache troublante d’une toile d’araignée sans doute irréelle, mais dans lesquels beaucoup des détails de la vie viennent se prendre comme des guêpes déshydratées par la canicule, et chassées de la terrasse où veillent, souvenirs endormis côte à côte (ou rêvant de l’être, comme amants clos dans un unique linceul) Adèle et Le Lézard. BOB et MORANE. ERIKA et FRED. FRED et Frédérique. TYNE et GEDEON. Certains « posts » déjà publiés, déjà oubliés – surtout de leur auteur ( c’était il y a si longtemps !) ; d’autres à venir encore, déjà programmés, oubliables déjà !
BOULES de souvenirs. Pétanque de MÉMOIRE , billard silencieux des absences …
YDIT et LE NARRATEUR : autant d’imaginaires, de projets, de récits, de poèmes, de ceci d’ici dit par Yd’I : roman-images

On dit, enfin la rumeur prétend que les boules rouges et bleues pétries d’argile tendre et de chair molle prennent l’entier espace du temps, occupent tout l’espace du temps, qu’elles parviennent ainsi à lutter contre l’ennemi des hommes (rêve éternel des humains), contre l’ennemi de l’humain, qu’elles en détruisent la substance et les espoirs, attaquent l’espérance, mot majeur, et délivrance cruciale dont jamais l’humanité n’apprend à se priver, bien que (pour les sages où ceux qui écrivent se prétendre tels, ou entre eux se reconnaissent comme tels) quoique l’espérance fonde l’origine même de la douleur.
Dans le journal des nuits, dans ce journal du rien qu’est l’ici dit de Ydit, des femmes se sont mises à protéger les boules qui semblaient menacées de dissolution. Selon les paroles bleu-nuit de la rumeur, parfois, dans les plus pauvres des quartiers de la ville Est, chez les Gitans, les Juifs, les Malhabiles, certaines des femmes, et surtout les plus jeunes, malgré ce qu’on aurait pu attendre, les couvent, se mettent à couver les boules d’argile tendre, rouges et bleues, s’accroupissent sur elles comme on ferait d’un œuf, d’une série d’oeufs, une série d’Eux, et la rumeur distille que de leurs chaleurs communes, de la tiédeur propre à l’intime, vont naître secrètement des disques larges où poser les pieds pour la fuite, des disques de fuite et d’envol, où poser les pieds pour les rêves, pour d’autres naissances. D’autres Libertés, d’autres FRED ou TYNE ou autres qui regarderaient le tableau de la liberté vive, qu’on voit nue, à demie. Toujours à demie, et toujours là cependant.

On dit que, aussi, dans les coins de la ville les plus reculés, parmi les pauvres et les nains, parmi les oubliés comme les navrés, on a commencé à façonner encore et encore des boules rouges et bleues, de plus en plus à défaire l’argile et la cire épaisse, pour en rouler des boules de plus en plus fortes et puissantes, des boules que le gel ni le feu ne fendent ni ne fondent, des boules pour le jet lointain contre l’ennemi de toujours qu’est le désespoir, boules rouges et bleues à la main des femmes, et qu’on acquiert ainsi – à LES regarder, simplement les regarder encore -cette certitude délicate et dangereuse : la liberté est de retour.
Les souvenirs aussi.
Comment allier les contraires ?
LA LIBERTE VOGUE SUR LA VAGUE, et les souvenirs sont à la barre.
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Didier JOUAULT pour YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison 4, Episode SOIXANTE-NEUF : La liberté est de retour, la liberté retrouvée ; ré-ouverture de la chasse, et d’abord aux souvenirs . Après cette pause – temporelle au moins !- un petit tour (dejà promis! ) chez BOB et MORANE qui rencontrent GAROUSTE…le 19 février.