YDIT-BLOG, Nouvelle Saison, Saison IV, Episode SOIXANTE-et-ONZE en songeant aussi à Frère, hélas, et à Père, pas mal non plus le grand frère, pas mal le petit père, chacun son genre, FRED à Ydit demande s’il se souvient, et il répond que plus tard il errait dans les villes, pour dé-marcher la mémoire : donc première séquence-souvenir, « première » sur dix, VENISE de nuit, VENISE début ( Venise en trois marches, ce qui est peu à Venise)… FRED : C’est à qui celle-là ? Bouder contre son antre …Venise1 sur 3

Note de Madame Frédérique :

TEXTE de YDIT : C’était le quatrième soir de leur/ce voyage, Fred et YDIT à Venise, au su de leurs conjoints usuels, mais la vie ainsi était en ce temps de libertés. : on croyait que tout dire protégeait du pire Le dernier jour avant la nuit du retour en train, qui sera le prochain épisode ( le SOIXANTE DOUZIEME si tout est bien compté, conté, mais rien n’est sûr).

Intermède : Venise (pour chacun, parenthèse, image, récit, fantasme, poussière, décor de James BOND, jamais la vie vraie : pré-texte garanti solide, donc). Pour échapper aux récits de Frère, qui sont venus à temps, ( Episode CINQUANTE-QUATRE, et ensuite un par quinzaine, le dernier SOIXANTE-DEUX, le 11 décembre 2024, ceci pour les retours de lecture ! Quelle épreuve, ce tirage de dates ) pour évaporer les bancs de mémoire, après ceux du Père, de Mamie qui ne disait rien en sachant tout, etc., YDIT affichait l’exotisme et l’érotisme – mais l’autre Marcel, Proust celui-là, le Vénitien d’avant Sollers de Femmes et de toujours, reste absent du récit- imprévisible absence. Y en a comme ça , ils sont partout et on ne les voit cependant pas .

A lire le présent épisode d’un roman-images presque dé-imagé ( car comment oser encore imager Venise ?), on aurait tort de penser que les histoires du sexe résumèrent l’aventure de ces deux-là, Fred et YDIT. Car, Car, en vérité, oui, ces deux-là, dans tous ces temps qu’ils ont passés ensemble (répéter ce mot !), on les verrait ensemble bavardant de beaucoup de mots, traversant beaucoup de livres, ensemble, discutant sur des tableaux ou des thèses, se racontant des articles, marchant à deux ensemble, ou encore ensemble lisant des revues infimes : leur mérite à FRED-YDIT, c’était la grande évidence d’une existence dense qui danse dans les heures, qui pensait et mélangeait sans honte et sans provocation le goût des mots, les mots du goût, les gestes du corps, et les gestes encore. La parole est un corps sexué, racontait FRED. Tu parles !, répondait YDIT. Et regradait glisser la soyeur d’un Princesse Tam Tam ou la rigueur d’un Petit Bateau ( encore que, parfois, sous la robe de pure, FRED ne portât que sa propre pâleur de feuillage élagué)

YDIT et FRED ce ne fut jamais que douceur, sauf peut-être ce soir de grande froidure à Venise, justement, le soir d’avant le retour en train, qui sera l’épisode suivant, le retour en train de nuit, ou encore l’épisode du rêve de l’Aqua Alta, encore ensuite, un ternaire pacifiant. A l’école, « ternaire » se disait « romantique ». Ici : dépassement du blanc et du noir, opposés en apparence. Dépassement par l’emphase de la langue.

Mais ce dit d’ici par YDIT qui le dit et le vit, ce dit n’est pas que des boues de Parrain, MM, Die Pate, les vastes vases remuées par le courant du temps. Ce sont aussi les amours et les bonheurs, surtout cela, de page en page, tout en préservant celles qu’on voit encore tandis que s’écrivent, et s’imaginent, de 2021 à 2026, les séquences de YDIT-BLOG. Amours. Bonheurs. Jamais, contre cela, Die Pate, Le Parrain ne pût rien, même par avance. Jamais l’abus d’alors ne put rien contre le plaisir d’ensuite.

Donc ils étaient à Venise, dans ce temps des années quatre-vingt où l’on savait imaginer que plusieurs histoires d’amour pouvaient coïncider. Le mari de FRED tenait à elle, disait aimer vivre avec Elle, et n’ignorait rien du voyage à Venise, ni du compagnon de canal (usage sans danger), de lit (pratique sans risque ), de mots ( alerte : l’infini possible) : on s’offrait une parenthèse de rire et de douceurs, de vins légers comme de caresses pleines, nul risque de noyade ou d’escapade finale : Venise est un peu comme la salle de bains de la voisine : ça se prête au cousin le temps d’un séjour. La vie- belle aussi-reprendrait ensuite son cours, paisible. Tout cela est de bien avant Septante et plus et encore davantage que plus, n’en parlons plus, sauf avec le sourire du regret. Car ce fut en ce temps plus aisé de vivre?

FRED alors découvrait Venise. Première fois. Goulus, on avait visité des musées, des canaux, des restos, des matrimonios, des escaliers, du figato, les ghettos.

Une fin d’après-midi, Ydit s’en souvient, elle portait l’une de ses très légères robes à fines fleurs, peu ou même peut-être pas du tout vêtue dessous -ainsi qu’elle aimait quand ils passaient dans les soleils de la tendresse, ventre à terre, ventre à l’air sous l’étoffe, pour leur usage commun : éclat d’intimité montré sur un escalier monté, silhouette traversée sur un pont enluminé. FRED s’amusait à porter sa pudeur dans sa mémoire, elle goûtait le mouvement cru de l’eau qui monte entre les cuisses, sur un quai, sans obstacle. Dans le vapotetto, elle s’asseyait comme les touristes, sans prendre garde à qui – en face- s’interrogeait sur l’Origine du monde, ou la couleur du tendre.

On sentait une légère fatigue à force de marche sur les marches, et de nuits caressantes. Cependant FRED pérore comme une qui toujours a tout su sur tout, comme une qui depuis des années vous fait sa visite de Venise. A vous, déjà venu ici souvent, même seul, Elle disait Z « zattere », » Guidecca », «  San Michelle » ( on avait détesté la tombe de Erza Pound), comme si elle acceptait qu’YDIT l’accompagnât en second silencieux pour cette visite qu’elle lui proposait avec une grâce un peu condescendante. Elle faisait – en somme- son intéressante, son équilibriste impudique, son savant sur tout, exposition de soi ( et de soie! ) retouchée à temps.

Non mais, FRED, toute FRED que tu sois, lumineuse et désirée, c’est à qui Venise ? C’est à qui la mémoire de YDIT ? C’est à qui la cordelette de pyjama au 12, rue DUPETIT-THOUARS, ou n’importe où ?

Tout ça n’allait pas du tout, donc, parce que c’était LUI qui l’avait amenée ici, lui, Y.d’I. dit YDIT le Didi, lui qui avait suggéré ce voyage, avait longuement choisi l’hôtel à Cannaregio, voila pourquoi c’était à lui, seul, à lui de lui offrir des gouttes de l’eau sale des canaux goutée d’un pied léger, à lui de sourire aux amateurs de regards sous la jupe, à lui de lui prêter sa Venise, comme on prête un appartement à un ami, en espérant  que tu n’oublieras pas d’arroser les fleurs et de nourrir le fameux ( quoique déjà oublié du lecteur) Lézard d’Adèle.

Au restaurant, YDIT commence à se renfrogner : quand le monde grince au lieu de tourner, il établit une sorte de distance et de fermeture, sans donner d’explication, parce qu’aucune n’est possible. Simplement voilà : c’est fermé, pas la peine d’appeler le gardien il n’a pas les clés non plus. Ainsi depuis Marcel Malbée, dit MM, Le Parrain. C’est à cause de celui-là, autre reproche (plus grave que la place d’une main sur un corps) : la fermeture, l’enfermement. Principale et redoutable cicatrice de ce temps du Parrain, MM : clôture intérieure. Bouclé, pas de clé. Bloqué, pas de ciel.

Tout ça, si on faisait son psy, parce qu’il a fallu fermer, la cordelette du pyjama une fois ouverte, il a fallu se fermer tout le temps et de partout, quand ça ne va pas, quand ça risque de ne pas bien aller, se fermer de Marcel Malbée, dit Le Parrain, tellement convenu avec sa stupide question sur les chaleurs relatives d’un lit avec ou sans pyjama, fermer les sens et les perceptions à défaut de fermer les jambes, ouvrir des cuisses de garçon, une main sait faire ça, donc fermer les écoutilles, s’enfermer au-dehors de soi.

Prendre l’habitude de faire les choses non pas comme si on n’était pas là, mais comme si -plus totalement- on n’existait pas en même temps que ces choses là. Héritage de béton.

On voyage depuis quelques jours à Venise, YDIT et FRED ; on n’a plus-déjà- le rituel émouvant des débuts, l’une déshabillant  l’autre, ou l’autre lentement déshabillé par lui-même, pour savoir et pour en rire si elle a le slip noir et lui la culotte blanche – car souvent on échangeait au matin, amusés de porter l’habit intime de l’autre sous le regard de matrones et des soutanes.

On se retrouve à se coucher nus, FRED a une seconde de retard. Et dans le geste de mettre une jambe dans le lit, la fine  profondeur fendue et  fondue de son intimité apparaît comme un éclair de  vif rouge, le vif aperçu hier sur un Carpaccio. Tout feu tout flamme, donc?

Mais (quoi ?!) ce soir YDIT tourne le dos, à son désir, à son souvenir, à son projet, à son avenir, alors que FRED repliant ses fissures soyeuses,  vient de s’allonger. Rien pour les disjoindre, pas même l’épée du roi Marc, oncle de Tristan.

Lui : « N’insiste pas, je ne veux pas ».

Va comprendre. Dur refus.

Malicieuse et pragmatique, Fred  cependant comprend. On ne voit pas la moindre raison d’insister d’ailleurs. Rêveuse, étonnée, jamais quémandeuse de rien, elle se lève, ne s’habille, sert un verre d’eau sur la table sous  la fenêtre, ajoute du jus de citron, sachant très bien que les mouvements d’elle tournant le dos ne peuvent qu’amplifier l’effet du désir qu’elle a pu à l’instant constater sans équivoque dans sa raideur gris-rose (les hommes sont si démunis de mensonge sur le réel de leur désir).

Aussi, FRED revient, se couche contre terre et sans faire aucun bruit, passe ainsi une part d’une si belle nuit. Puis l’onde monte, et FRED se colle à nouveau, chaudement immobile, parvient-ce n’est pas trop difficile-à lover sa main câline, malicieuse et pragmatique. Mais ni l’onde ni les mors ne montent juqu’au port.

YDIT : prefer do not. Boude contre son antre : le désir confisqué par la puisance de l’Autre

Les deux héros ( personnages ? protagonistes ? souvenirs ? mensonges ?) ostensiblement plutôt stupides, surtout lui, son dôme de drap blanc, mâté en vain pour un vain matin, mais ainsi dans la paix des braves en quelque sorte, la main de l’une bordant le non de l’autre, ils s’endorment sans que rien.

Au réveil tout est passé, tout est oubli. Comme chaque matin : expression matinale.

Nul n’en parle au cours de la journée solaire au soleil.

Le soir est  celui de ce moment délicat : la fin, le retour, le train, la nuit.

Car le soir vient. Sur le marché  devenu désert, comme dans toute la vie des jours, il y a des soirs où la fatigue est trop grande et l’on n’a plus envie d’écrire, de lire, on n’a plus envie de se dire qu’il faudrait chercher Marcel Malbée dit Le Parrain, Die Pate, pour le trouver, le trouer, pour l’effacer au terme d’une chasse sinon éternelle du moins sans doute infinie. Ne sert à rien. BOB et MORANE en chasse ? Couchés !

Fatigue. Trop tard. Et tous les autres qui s’agitent, dehors, dedans, messages, mels, boucles pas d’or, tout ça. Il y a des nuits au sommeil fuyant, nuits solitaires, et les fantômes – vieux amis troués d’os et de vent- redondent leur inutile présence : rien ne se passe, ne se pousse, ne se peut.

Rien. Sauf un Stilnox dissout dans un double McAllan ambré. Raide saison. Traitement non pas de cheval, mais de cochon. Inch’Allah. Mais pas ici, aujourd’hui, ce soir, le temps du retour en train d’amoureux, compartiment de nuit, seuls, eux, FRED / YDIT.

Oui, déjà dit, oui, trois fois, vingt fois, cent fois mais à dire encore, et alors ? La vie, presque toujours déjà dit, non ?

Partout, sur chaque  branche d’arbre de mes jardins secrets

il y a désormais HANGED JAMES, gentiment exposé, même pas tournoyant sur lui-même,

et qui (lorsque le mouvement de la vie lui permet de me faire face)

m’offre son sourire amical et goguenard, un peu tendre et lassé donc,

à demander :

«  Alors quoi, mec ? Vas-tu enfin t’y coller ? Tu vas l’effacer ?

Oui, ou merde ? Tu la donnes, la clé des histoires ?

Tu le rattrapes, le Malbée, Marcel ? Tu cesses de bouder contre ton antre ? ».
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Didier JOUAULT pour YDIT-BLOG, Nouvelle Saison, Saison IV, Episode SOIXANTE-et-ONZE en songeant aussi à Frère, hélas, et à Père , pas mal non plus le grand frère, pas mal le petit Père, FRED à Ydit demande s’il se souvient, et il répond que plus tard il errait dans les villes, pour dé-marcher la mémoire : donc première séquence-souvenir, première sur dix, VENISE de nuit, VENISE début (Venise en trois marches,trois manches)… FRED, C’est à qui celle-là ? Bouder contre son antre …Un peu verts, nos raisons, nos raisins, peut-être, pour Septante et plus étant venus et largement plus que Septante ?

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