YDIT blog Hors saison, saison 4, épisode QUATRE-VINGT /Fred lui demande s’il se souvient, il répond qu’il errait dans les villes, sixième séquence-souvenir sur dix Verdun, vous n’avez pas visité la ville haute, mon légionnaire ? PREMIERE PARTIE

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Texte de YDIT : »Lettre de A. », version B. Suite des FRAGMENTS

«  Je pourrais vous traiter de mythomane, mais non, je comprends ce ‘tout est relatif’. On exagère tous. Il ne faut pas nous en vouloir. Mais quand même, vous y croyez, à l’importance de votre douleur ? « (Olivier Cadiot, lbidem, p.16)

et…

«Il vous faut des lunettes spéciales pour voir les yeux d’un autre dans les vôtres. Ou le contraire. il faut être 2. Les livres sont là pour ça. »(Olivier Cadiot, lbidem, p. 30)

Ainsi commencerait le récit de YDIT, ce soir ?

Beaucoup de terres de France sont enrichies par la mémoire fructueuse de cerveaux morts, ouverts dans la vasque opaline de leur crâne. C’est pourquoi marcher, ainsi qu’agit Ydit, dans les terres et parcourir les villes, Venise, Tournus, Verdun, Bordeaux, et même Paris (pour finir par le centre des commencements), c’est tourner la semence vers le sillon quand elle sème, c’est tourner la cervelle des souvenirs du bout du pied – un pied nu de préférence, semblable à celui du chemineau dont le paletot lui-même serait devenu idéal ( Arthur). La cervelle des morts et des mots, bue par la terre, c’est une moisson d’espérances.

Mais, ce serait déjà trop dire, trop croire à la réalité du récit ? Pourtant, jamais si loin n’est – depuis les « Séquences Publiques d’Oubli »(SPO, cf. infra)- le narrateur affirmatif, itératif et compulsif .

Il était arrivé un jour plus tôt pour le séminaire, afin de découvrir dans les rues la mémoire de la guerre, la mémoire du désespoir que vivent les chairs confrontées à la blessure. Le soir, il avait visité Bar-le-Duc, avec le plaisir habituel de humer la vie de petites cités anciennes, paisibles après l’effroi, villes modestes où la mémoire des pierres murmure des sagesses, des souffrances, des cris de femmes et des silences d’hommes : la vie.

Sur la terrasse, près du fleuve, la  sérieuse serveuse en sueur souriait en servant sans peine et sans hâte, malgré la chaleur et la brièveté de sa jupe noire qui n’entravaient pas de souples enjambées. Ydit : regarder les corps des femmes, son oubli, sa tendresse, la joie cachée devant les mouvantes émouvantes. De moins en moins permis.

La serveuse, avait rappelé Niort, l’abandon du quai, puis Tournus, on ignore pourquoi (on le saurait en cherchant, mais on n’a pas le temps, on n’a plus le temps, car on est parti à la poursuite de MM dit Le Parrain, peut-être gràce au  » Musée de l’Oubli, « , évoqué à Tournus par une visiteuse rapide).

Niort, une des «  séquences publiques d’oubli  « SPO » : Fin de « stage » de week-end, dans le noir du quai ( on fermait déjà les départs ! ) Ydit s’était demandé si le moment n’était pas venu  de fermer les valises, de les vider comme on vide la mémoire de l’iPhone pour libérer l’espace du nouveau. Une recontre depuis deux jours, jadis, ici, Niort, autre séminaire, et le choix. De rester là, pour des matins et des matins, à Niort. « Tu n’as rien compris à Hiroshima », mais tu pourrais tout comprendre à Niort ? Tu aurais pu ? Rester là, ce soir là, ne pas quitter la main qu’elle tendait pour un adieu et qui se transformerait en main d’union, rater le dernier train du dimanche soir. Chaque labyrinthe, si l’on sort ( et puisqu’on est ici, à écrire, c’est qu’on est sorti, cesoir de Niort), chaque labyrinthe porte les fruits de l’ombre et du rugissement, qui sont une sorte de chairs savoureuses à digestion lente. On ne reste jamais à Niort, sur le quai où l’autre attend. Attendit. Est partie.

Mais la serveuse de la terrasse paraissait fatiguée. Plus tard, ayant exploré à pas lents le bas de Bar-le-Duc, Ydit l’avait aperçue qui rangeait la dernière table de la terrasse. Pouvait-il l’aider ? Sans doute non. Elle répondit que ça allait, qu’elle n’avait d’ailleurs, fatiguée de services et de soleil, qu’un seul désir : rentrer dormir. «  Mon seul désir, dormir ». Elle l’avait dit en souriant, comme en hommage gai à ce qui aurait pu.

Dans la vie, tant de ces heures où cela aurait pu, et qui n’advint pas.

Et maintenant cela : écrire ceci. Seulement cela. Puis partir.

Amusée tout de même, le serveuse interrogeait : « Vous n’avez pas visité la ville haute ? » C’était comme un reproche. J’avais la vue basse pour la ville haute, et ça la décevait : un garçon de mon genre, et surtout septante étant venu, n’aurait pas dû rater de mater ça.

Reprocher, souvent c’est inviter. Cette fois, non. Seul, dans le ville de plus en plus endormie ( terrasses et fenêtres fermées), YDIT rejouait une expérience toujours heureuse : errer la nuit dans une petite ville, en découvrir les ruelles pliées, les enceintes soyeuses, les pilosités à forme de jardin et les dos comme des places au soleil ( sauf que c’est la nuit : les dos dorment) (et les dos dormants n’endorment pas le do à la clé ! ).

Entre la vieille ville, haute, et la ville d’en bas, des rues en virages, mais aussi une succession d’escaliers assez mal emboités, constructions successives des temps. Les villes, comme les hommes et les récits, descendent avec les ans. Peu avant que la descente s’accélère, une placette en triangle, des arbres mûrs et verts, de l’ombre cassée à peine par la volonté faible d’un réverbère autant léger que municipal. Ydit s’arrête, pour contempler depuis la ville d’en haut la ville d’en bas. Mais nous ne sommes pas au Père Lachaise et l’on n’enterre personne. Trop tard.

L’homme qu’on voit marche sur une béquille, lentement. Evidemment, on dirait qu’il sort de l’ombre sous l’arbre, qu’il sourd fragile du triangle sombre, mais il n’y a pas de banc, et il semble souffrir à rester debout. Trop rond de graisse ( la maladie ? l’accident?), crâne rasé de près, et rien d’un mendiant, d’un punk à chien, d’un marginal pauvre, sale, usé. Bob et Morane

YDIT ( ce sera souvent le cas) ne dit mot et continue à regarder : l’homme s’approche, et ne demande rien, juste il pénètre dans cet espace de proximité qui, sur la place déserte, invente une involontaire complicité. Il me demande ce que je regarde, j’explique, le goût des formes de nuit, leur étrange lumière, puissante et mobile, incertaine aussi. Incertaines, surtout : imaginables.

On voit que je ne suis pas d’ici, Bar-le-Duc, il dit. Lui aussi est parisien, il l’a été, plus maintenant, depuis son engagement à la Légion, le 3 ème REC, le « Choc », moitié soldats moitié Barbouzes, l’engagement et l’agression. Je laisse parler, -beaucoup, fébrile et précis – l’interrogeant toutefois sur la station debout, pas si pénible ?

Non, j’ai appris à me tenir sur la bonne jambe, et puis je reviens d’Ukraine ( la guerre y habite alors depuis des mois, mais c’est avant l’attaque russe, en l’époque une sorte de guerre de tranchées )(**), j’ai été super entraîné par un vieil adjudant qui avait fait le Mali, un Sniper génial, bon à chaque coup, pas une balle perdue... Des mecs comme on veut : ça tue pas pour rien, mais quand ça doit, ça pinaille pas, ça tue. Mon silence dure, il ajoute : Je suis légionnaire, enfin je l’étais avant que ces cons me virent à cause de ma jambe, je suis au 3ème REC, « Le choc », moitié soldats moitié Barbouzes, et plutôt Barbouzes, enfin j’y étais au 3 ème REC. J’ai pas eu le temps de m’emmerder. Vous voyez ce que c’est, le genre de missions …spéciales ?

Ydit opine ( il a vu la série » Le Bureau des légendes » et connaît la division choc, aussi, par les récits d’Anne-Jean ( on en parlera peut-être?) dont le mari avait été entraîné en Corse avant de rejoindre les bureaux de papa, marchand d’armes en gros)(et de grosses armes). Ydit ajoute : Entrainement à Cercottes, je vois. Et un passage au moins par Berthier. Le légionnaire apprécie, regarde mieux Ydit dans la lumière insuffisante : cheveux gris et courts, teint hâlé, encore un peu d’allure dans les jambes ( le footing) qui dépassent d’un short pas du tout parisien ( pas prévu de change urbain, et très chaud dans le visite de Douaumont en fin d’après-midi)

-Fred ( c’est un jour, hélas, où Fred n’a rien de mieux à Fred que de faire Fred : interroger) Fred  demande si toutes les données entre parenthèses, ça sert à faire réel oui , ou si c’est tiré au hasard d’un dictionnaire pour Français Langue Etrangère, deuxième leçon.

L’analyse de ma silhouette, à Bar-le-Duc by night,  incite le légionnaire à persévérer dans l’approche, il demande si je suis militaire. Officier à la retraite ? Ça pourrait, ajoute-t-il appréciatif. Je ne réponds, levant simplement les épaules et les yeux du genre « va savoir ? ». Ou flic , alors ? Commissaire à la DGSI ? Bon, allez, je peux bien le lui dire, on se connaît pas, aucun risque avec la clandestinité.

Ce soir, j’ai du grade- privilège inversé de la toison grise. Sans le savoir, je dois proposer une mine exprimant : «  Plutôt cela , commissaire». Je ne peux pas lui dire que je suis juste narrateur, impulsif mais alternatif, commissaire aux virgules, inspecteur des hiatus, adjoint au chef de bureau des incohérences ( le moins bien équipé des bureaux de «  La Centrale »)(et malgré cela, subsistent tant de coquilles)

Il continue : Ma jambe, c’est pas la guerre, c’est pour ça que les cons de Paris ont pu me virer de la Légion, mais rassurez-vous, j’ai des très bons copains au cantonnement d’ici, en ville, le 3 ème REC, vous savez ? Bon prince, je m’empathise sur la jambe : accident de moto ?..

Commence alors un récit confus, très encombré de ce que je perçois de mieux en mieux comme des stéréotypes, des remontées de « L’est Républicain », des collages de mangas.

Il me raconte les soirs d’Ukraine, parce que – dit-il, ça explique tout, à cause de ce qu’il lui ont fait, ils, la famille, et les gitans de Bar-le-duc, pendant qu’il se battait,lui, avec la Légion. C’est la famille ( impossible de décider, fratrie ou nom de gang ?) qui lui a fait ça, parce qu’il voulait régler le compte du grand-père assassiné par balles, oui, son propre grand père, ici, à Bar-le-duc, un ancien de la Résistance, qui avait fait mais aussi savait beaucoup de choses, dans la résistance, sur les collabos et les Gitans aussi , alors ils l’ont flingué en pleine rue, on en a parlé dans  le canard, il y a trois mois de cela, et moi, sitôt revenu d’Ukraine pour une permission et surtout pour mon debrief Piscine, Berthier quoi, vous pensez, avec tout ce que j’avais vu, donc j’ai dit que je voulais la vengeance et que je savais combattre, je l’ai dit partout en voulant un combat à la loyale, alors ces fils de pute m’ont attendu, ils m’ont cogné à la barre de fer, à quatre contre moi, j’ai eu trois côtes cassées, encore ça c’est rien, mais deux fractures du fémur, y a qu’à voir comme ils ont tapé, de ça aussi on a parlé dans le canard. L’Est Républicain, vous lisez?« 

De moins en moins je réponds, relance ( sans relance, pas de récit et pas de partie de poker, même en sous -sol du « café du lycée du marché », quartier du Temple), je finis par ne rien dire ( oui, Fred, pas la peine, ai-je jamais fait autre chose que de ne rien dire, pour commencer ou finir ?).

Je dois rentrer, lui dis-je. Il me demande un  nom, une carte, j’élude vaguement au nom de qui nous sommes, discrétion professionnelle – et je ne dis pas qui nous sommes réellement : lui une apparition en miettes sur une place, moi un descendeur d’escaliers.

Au milieu d’une deuxième volée de marches ( l’escalier est ici plus large) j’entends de la musique derrière les volets à moitié clos d’une maison bourgeoise. Un chaud jazz quatuor saxo dominant, je n’identifie pas tout de suite, mais je connais la musique. Maintenant, visite et rencontre, il est tard, l’heure où presque tout devient louche. J’ai envie de parler par la fenêtre ouverte, de dire : «  Vive, la musique, qui est-ce ? ».

Mais je passe, lentement. Encore plus bas, lorsque l’escalier va quitter la ville haute, à la fenêtre d’une ancienne maison ( Renaissance, comme dans la ville haute), une femme est là, au deuxième étage, qui prend l’air et fume. Impossible de ne pas se voir. Je ralentis, fais signe, «  Chaud ce soir », elle répond silencieusement de sa main fumeuse, gentiment expressive, sur le mode : bien compris, moi aussi j’aime la nuit, mais tire-toi, je préfère l’aimer seule, de toute façon il est trop tard.

Si elle avait ouvert sa porte, nous aurions bavardé du Légionnaire. Elle-même aurait été la petite-fille d’un type de l’Ariège, mort à Douaumont, et – venant à la poursuite de traces-elle aurait été un peu défendue dans un bar louche, par un drôle d’homme au crâne rasé, qui se disait légionnaire, sergent au 3ème REC, ou un nom comme ça, en fait même pas vigile chez Auchan, elle avait préféré se tirer de là, préféré savoir les hommes régler l’affaire entre eux, il paraît que ça s’était battu. Tout cela aurait été un peu vieux, déjà, puis plus entendu parler, puis ça commence à faire tard, ça aurait commencé à faire tard, elle lui aurait gentiment demandé de partir.

–(**), Mention unique d’ajout post-scriptum, par souci- louable- de lisibilité : le Légionnaire fait allusion a la guerre déjà engagée dans le Donbass « séparatiste » en 2014 )—————————————————————————————————–

—– Didier JOUAULT, pour « YDIT, saison IV,épisode QUATRE-VINGT Fred lui demande s’il se souvient, il répond qu’il errait dans les villes, sixième séquence-souvenir sur dix, Verdun, vous n’avez pas visité la ville haute, mon légionnaire ? PREMIERE PARTIE, A suivre….

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YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison IV, Episode SOIXANTE-DIX-NEUF….Série d’entretiens page culturelle. Quatrième article : « Marcel MALBÉE, né à Paris 14ème, fils de Paulin Constant Victor MALBÉE »

4 – Quatrième article : Marcel MALBÉE, né à Paris 14ème, fils de Paulin Constant Victor MALBÉE

YDIT, archives

MORANE : Ma bonne dame, on le tenait, enfin, mais mort, tout ce qu’il y avait de mortibus, et ça allait décevoir Ydit – qui le préférait vif . Mais tant d’années plus tard, plaida BOB (ils veillaient à se répartir la parole) Septante et plus étant très beaucoup venus, et aujourd’hui plus encore qu’hier, était-ce raisonnable ? Lancer la chasse au parrain, sans meute et sans émeute, avec émoi et moi, répète BOB, était-ce raisonnable ?

Ils racontent, vidant un peu vite les verres de ménetou-salon à peine servis, assurés que la rédaction paiera. Récit des duettistes : la guichetière avait contourné le rideau de verre. Elle avait demandé, mutine et pas dupe ( telle toute maitresse de narration), si le Malbée Marcel Paulin était en réalité l’un  de leurs parents, la fameuse règle des 75 ans de confidentiel,  ou s’ils pouvaient arguer d’autres raisons de venir ici, en cette matinée peu rieuse, mais au moins leur présence, surtout celle de MORANE éclairait -elle un peu le matin pas gai. (à en croire BOB, « la petite n’était pas insensible à nos charmes et se préparait à nous guider).

D’un clic unique ou presque, sans bouger de leur banc public, ce jour-là, MORANE et BOB auraient pu lire en ligne sur un écran les informations découvertes, selon plusieurs sources : relevé des naissances à Paris, fiche INSEE Archives 25 XI 82, acte 2296 et 31 XII 82, acte 2592. L’Archiviste avait à son tour été  prise et surprise par le suspense. Un nouveau clic, la tête se détourne, et l’arbre d’ascendance permettait de mieux visiter les passés. Arbres de Sophiedesouche, jdesouche1,mmalb,princessemm. (*)

Mais – leçon  venue de leur Vieux Maître Samuel, prétendent-ils, ces deux-là préféraient le mot vif – même moche – et le papier-même gris, à tout écran, même plein. Tant mieux pour eux, pour MORANE au moins : la guichetière-archiviste de classe exceptionnelle, guillerette comme une soubrette de comédie, familière comme une  lavandière après le savon, légère comme une boulangère après son mitron, (à deux, ils surenchérissent, on peine à trouver son mot à dire) la « petite » semblait ainsi prête à beaucoup, sinon à mieux, afin de leur venir en aide, et davantage si besoin. « Nous pourrions, avait-elle dit  à voix basse afin de ne pas déranger Sécurité, déjeuner ensemble à la cantine pour analyser cette liasse Marcel Malbée ? Enfin, Monsieur BOB, si vous êtes pris ailleurs, tant pis, Madame MORANE, ça vous dirait de déjeuner ? »

Marcel MALBÉE, domicilié 12 rue Dupetit-Thouars, célibataire, décédé à 76 ans 184 rue du Faubourg Saint-Antoine.

La guichetière-archiviste de classe exceptionnelle, qui se nomme Sidonie, leur montra les fiches voisines du registre. La même adresse pour le décès. Il semble difficile de vivre au 184 rue du Faubourg Saint Antoine  ? On y décède plus souvent qu’à son tour?

-Un Ehpad ?, avait demandé BOB

-Une communauté de repentis ? avait surenchéri  MORANE, ce qui étonna l’accorte Sidonie, jamais repentie du non-dit.

-Une demie de Grippe Espagnole ?

-Une vague de suicides après la lecture de Michaux ?

-De Le Clézio ?

-De Modiano ?

-D’Annie Ernaux,

-Pourquoi pas d’Annunzio , si on en est las?

Décidément décidée (puisque décidément) à l’accompagnement de ces incultes, Sidonie avait choisi d’interrompre la logorrhée des duettistes, toujours plus généreux en mots qu’en découvertes, ainsi que nos lecteurs (et donc ceux de YDIT-BLOG) le savent. S’était donc écriée : bien sûr, c’est l’hôpital saint Antoine.

BOB : à cet âge, mourir, passe encore, mais va savoir pourquoi ?

MORANE : tu veux dire « de quoi » ?

Mise en page, illustrations-montages : Rose AUBERT ( merci à elle une fois encore)

(*) C’est un arbre, et si jamais l’une des branches, malencontreuse découverte, voit ici une branche indiscrète, qu’on pardonne : tout ceci n’est qu’un roman-images dont Ydit est le personnage, et tout le reste est aussi faux que cela. 


Didier Jouault pour : YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison IV, Episode SOIXANTE-DIX-NEUF….Série d’entretiens page culturelle. Quatrième article : « Marcel MALBÉE, né à Paris 14ème, fils de Paulin Constant Victor MALBÉE ».

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YDIT blog Hors saison, saison 4, épisode SOIXANTE-DIX-HUIT, Série d’entretiens page culturelle / Troisième article : Étaient-ils des Ayant-Droit ?

3 – Troisième article : Étaient-ils des Ayant-Droit ?

Une fois encore, il avait fallu interrompre le dialogue, généralement assez vain, entre le deux parleurs spécialistes d’une occupation lente de la scène vide de la vie. Mais – fidèles dans l’insistance sur le pas grand-chose, les voici de nouveau, sereins dans le sous-sol du par PMU (on dit FDJ) qui devient en somme notre divan de cure, tant il semblerait que l’opération « narration » est en passe de s’allonger.

YDIT-BLOG

 Bob reprend son récit de la quête de Marcel Malbée, à travers les États Civils des mairies.

Nous le transcrivons ici. Arrivés dans le verdoyant Douzième, déguisés en pères venus déclarer un enfant, dès qu’on passe la porte, Madame Sécurité s’interroge. Oui, probable, qu’elle se dit « ce sont les deux… les deux (on ne sait qui ni quoi, en fait), ces deux -là qui, déjà, ont visité avec insolence et précipitation les mairies de 1 à 11 ». En onze jours (car, nous précise MORANE, dans YDIT-BLOG, on prend son temps, mais les followers le savent !). Leur insistance infructueuse alerte toute hôtesse d’accueil, même si (cela aussi les usagers d’YDIT-BLOG le savent), les imperceptibles duettistes ne cessent de changer d’allure, de visage, de ramage, de verbiage, de zonages, d’enfumages, de nuages : de vérités.

 

Selon le récit qu’ils ont donné de leur dernière étape : au-delà de la vitre, un demoiselle des Archives attendait . BOB et MORANE lui sourirent à plein espoir, surtout MORANE, qui ne déteste pas les atmosphères délétères des airs d’archives. Des airs déserts des aires d’archives. BOB essaya une galante courbette, Morane ôta son bonnet de marine. Pour un peu, on les jugerait attendrissants, à chaque fois. Mais tout lecteur d’YDIT-BLOG les connaît : barbares s’il faut, sauvages si on doit, et très inefficaces, sauf en verbiage. Toujours un peu las, mais pas désespérés (sinon bien que las, serions-nous  encore là ? ricane BOB).  MORANE et BOB ensuite avaient interrogé sur un ton de Détectives Très Sauvages, et par la suite furent apaisés par l’hospitalité de la dame aux archives. Ils avaient fait les yeux doux à tous les miroirs d’État-Civil et passé une main tiède au bas dos de tous les rayonnages.

Nous transcrivons ici le dialogue, tel que l’Iphone des deux le répète dans la salle sombre du petit Café du Temple et du Lycée. On les dirait par instant menaçants, comme un soir de Police des Mœurs. Qu’on se rassure : ce sont menaces de comédie, comme tout ici, à présent, depuis tout ce temps oublié.

Parfois, pour aller aux toilettes, passent  lycéens et lycéennes, silhouettes jolies, fantômes polis, Sweet-shirt remplis. L’allure des Sauvages les amuse, et l’une d’entre elles tente un début de dialogue. MORANE l’écarte. 

Puis, BOB raconte que la Guichetière-Archiviste de Première Classe, rompue aux usages, férue de règlements, s’enquit : étaient-ils des Ayant-Droit ?

C’est, tient à commenter BOB, une notion très complexe, qu’on découvre au hasard des chemins de randonnée: « accès interdit sauf aux ayant-droit ».

Selon Morane : pour l’Archiviste, par définition (et davantage par construction devant leurs aimables sourires), les Détectives pas si maussades ont Droit. De plus,  BOB avait montré une carte professionnelle. MORANE ajoutait une carte d’identité trafiquée avec talent, qui de MORANE, fait Malbée : c’était fort, et adroit, à défaut d’être droit !

Nos deux interlocuteurs semblaient prendre un funeste plaisir au récit de leurs turpitudes. Le garçon vint demander s’ils voulaient renouveler le Menetou-Salon ?

D’un geste Morane désigne sa montre : pour cette fois, la rencontre se termine ici.
C’est donc la semaine prochaine, cher Lectorat  fidèle, 

dans ces mêmes pages Culture et Société,

que nous retrouverons les impérieux détectives.

Mise en page, illustrations-montages : Rose AUBERT ( merci à elle une fois encore)


Didier JOUAULT pour YDIT blog Hors saison, saison 4, épisode SOIXANTE-DIX-HUIT, Série d’entretiens page culturelle / Troisième article : Etaient-ils des Ayant-Droit ?

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YDIT blog Hors saison, saison 4, épisode SOIXANTE DIX SEPT : FRED lui demande à nouveau s’il se souvient? Quand il battait la campagne ?YDIT répond qu’il errait dans les villes / cinquieme séquence-souvenir sur dix de « Fred se souvient », cette fois, ici, TOURNUS ( deux sur deux, fin).

Note de Madame Frédérique : « Sur tout cela, rien ne peut s’ajouter, fiction, réalité en fragments ?

( on ne peut pas oublier que Madame Frédérique, la parfaite Assistante, dépouille la dépouille de I.d’Y, dit Ydit, à travers l’ouverture progressive ( au moins le prétend-elle) des volumineuses enveloppes intitulées « Lettre de A.« ( en hommage répété à Olivier Rolin, « Extérieur Monde »),  » Version B. » ( réappropriation, et comme on dit : « Série B« .), dossier à elle parvenu après la disparition inexpliquée de I.d’Y..

Texte de Ydit, depuis Extérieur monde, Olivier Rolin, depuis tout ce temps, ce livre, et le roman-images : « Lettre de A. », version B .

TOURNUS, nouveau passage : ERIKA n’est pas venue, et dix ans plus tard les jeunes femmes du séminaire

peuvent raconter en se serrant un deuxième café à l’hotel  » Le Rempart » que le département veut faire de l’ancienne maison Grovarie, dite le « Musée fermé », un Musée des souvenirs oubliés.

Passons : Ici, pas d’oubli, au milieu des fragments on parlera souvent, beaucoup, tendrement, avec un injuste regret, beaucoup donc de Fred on parlera. Il faut savoir ( j’aime beaucoup cette expression des orateurs arrogants au début d’une explication : il faut savoir) que Fred est une image rapportée d’une réalité disjointe. Disfractée par les miroirs des mémoires. Elle est figure complexe d’une présence longtemps essentielle et pour toujours inoubliée, car (on le sait) le désir est à la fois menteur et inoubliable. Avec Fred on refera les chemins, y compris, en compagnie de TYNE parfois ( TYNE, l’autre visage mythique des compagnes d’errance finie et de présence infinie) et peut-être cela même qu’on a pas su parcourir ensemble, ceux qui ont été trop tôt interrompus par la réalité maligne des séparations : quai de gare, intrument principal de l’oubli. Fred a souvent été l’un des mirages de la meilleure ligne de fuite jamais inventée pour éviter d’entreprendre la chasse aux parrains, bien qu’YDIT sût très confusément -et très obstinément -qu’il faudrait un jour s’oublier dans  cette tâche, « La chasse au Parrain », Marcel Malbée, dit MM, Die Pate, s’y anéantir comme le chasseur ivre dans son brouillard matinal, fusil oublié face au sanglier mal visé dans l’appareil photo.

Quand on a une amoureuse telle FRED, une passante comme GENEVIEVE, une aimée comme TYNE, ou l’incroyable possibilité dite ERIKA, jamais vue sinon nue sur les photos crues, et d’autres plus faibles pour d’ultérieures aventures narratives ( Anne-Jean, Myriam , Coco, et des broutilles bredouillantes), d’où sont préservées les femmes de la vie au long cours ( l’épouse première, ou Laurence, ou Edith ) quand on a cela, les amours jamais accomplies ( si accomplir c’est achever), que pourrait-il inventer de plus utile, l’YDIT d’ici qui dit, pour assécher les vents de Septante et chaque jour plus étant venus?

Fred, après tout, est simplement le souvenir qu’on a de l’envie de se souvenir, l’image du désir de conserver les images : Fred lorsqu’elle accepta la première fois de se laisser prendre en photo, avec l’un de ces appareils antiques qui bruitaient clic-clic, elle fut et dit aussitôt que ce serait sans peine avec joie sans limite avec toi, y compris les plus crues des images. Mais, dit-elle en se déshabillant déjà, je ne veux jamais rien d’autre que moi sur l’image, hormis d’usuels vêtements, un chapeau de paille posé sur l’épaule pour un cliché noir et blanc très cadré où sa position sur le canapé de velours brun, sa chair émouvante et pleine, laisse sans réticence voir les réserves discrètes de mousses légères et les aplats brillants de son intimité. Cette série de poses livrant sans pudeur les appels à la profondeur a longtemps été l’une d’une des photos secrètes qu’YDIT dut conserver dans un vide-poche de bureau, dans un tiroir, entre deux ou dix cartes postales du labyrinthe de la cathédrale d’Amiens, ou d’une représentation assez bien imprimée de la Sainte Anne de Vinci. Mystères de la représentation. Epaisseurs des voisinages : ça se contamine, les images.

Amoureuses : c’est cela qui fut le rail. On aurait dû choisir le croisement des rails, ou la descente en marche. Choisir le repos, accroupi, en toge de lin, sous un orme, un olivier, un cèdre, solitaire, regarder passer les chats, le temps, les vents essoufflés de n’avoir prise sur rien, sinon un pan de lin blanc- encore lui. Au lieu de cela, « stage d’été» pour le parti (on va raconter cela, tout de suite après ceci, et aussi Gédéon Le Sénateur, c’est juste après, épisodes soixante-six et beaucoup ensuite), on est là, simplement débout sur une hanche près de la table, et les stagiaires entrent, on les observe, elles et ils parlent, on s’assied, tous, on commence, et – le soir, à la table du dîner où elle a choisi de s’asseoir toute proche, l’une murmure, pas encore trop déraisonnée par le vin  : «  J’aime vraiment beaucoup ce geste que tu as fait tout à l’heure, pour nous accueillir, à l’entrée, ton mouvement des lunettes, et des yeux, l’empathie et la confiance, et en même temps la fermeté, j’ai beaucoup aimé. ». On n’a rien préparé. Mais, demain, à l’heure de la pause, Irma passant une main sous le bras, demandera si on n’irait pas faire une sieste ?

Parlons de FRED, c’est annoncé, promis, ducal. Pas un devoir, un plaisir, toujours FRED.

Fred on l’a vue dans un amphithéâtre écoutant un  pédant évoquer un duc (Episodes 19 et 20, 2023). Sur la page de garde de l’édition Garnier, cette vieille collection d’un jaune étonnant ou les notes infra paginales ( j’ai mal prononcé, le logiciel de reconnaissance et de caviardage à confondu V et P, ce qui n’étonnera aucun orthophoniste, et lorsque je disais paginales, l’imbécile intelligence cachée sous le clavier entendait *******, et m’interdisait l’emploi du mot, les notes infra vaginales de Fred- quel sens ?). Cette collection donc ou les notes du bas de page et les annexes occupaient souvent un volume au moins équivalent à celui du texte originel, et d’autant plus que l’on confrontait avec érudition des éditions successives, ce qui était le cas ce jour-là, lorsque le pédant évoquait un duc, Fred écrivit joyeusement à l’encre bleue, celle qui ne sèche pas tout de suite, sur la page de garde, cette Maxime qu’ensuite nous pourrions rééditer ensemble : « Le sommeil ou le sexe ne se peuvent regarder en force ».

Même si, avec le Septante de Ydit étant venus les ans lourds, on le sait depuis longtemps : le sommeil est fuite et le sexe est sa poursuite. On ne peut échapper ni au sommeil ni au désir, l’un se refuse et l’autre s’impose, tous deux résistent à l’arrogante volonté de la raison.

Mémoire : sujet : écrire c’est se souvenir, combien même on n’inventerait que des fables et du futur ; au moins on se souvient des mots, on se souvient des règles, on se souvient des temps, et aussi des sourires, des amis, des livres, des verres de saint joseph ou chablis bien partagé, de pains frais et des corps vus, de si près ou de trop loin, bus. Voila pourquoi, Septante plus que bien sonné, la pire frayeur n’est pas de mourir mais de se trouver banni de la mémoire, exilé du territoire du souvenir. La mémoire est un choix, on veut choisir ce qu’on oublie

( déjà dit !)

Les souvenirs, et donc les mots des souvenirs, sont comme le bruit glissé, un peu aigu, un peu tremblé que font les pièces de monnaie qu’on doit ramasser, partant au matin sur le marbre encore ombré de la commode, avant de se glisser, nu et noir, vers la salle de bain, sinon comme un évadé, juste pour ne pas éveiller l’autre trop tôt.

A cette heure-là, si tôt, et ce pouvait être pour prendre le train vers le lycée de province, 6h27 à Austerlitz, ou pour arriver le premier dans le bureau, 7h45 à Créteil, ou pour ne pas rater l’avion vers Venise, quand les pièces font un bruit agaçant sur le marbre de la commode, quand on se reproche d’avoir laissé dans la chambre l’étroit slip blanc près du lit ( ou rouge, bleu, noir, gris), voici qu’arrive alors, très exactement et très inévitablement l’heure de peindre l’aube en rouge sur les seins des actrices, de peindre la fin de la nuit en bleu sur les épaules des visiteurs, comme si la vie au petit matin ressemblait à un rush non monté d’un vieux film de Robbe-Grillet un peu raté.

Mais qui connaît encore Robbe-Grillet? Et encore moins Madame Robbe ?

On le sait, dans un polar, il y a deux voies. Ensemble, le flic et nous /vous, on cherche qui a commis le crime. C’est dur, on nous trompe, ça part faussement dans tous les sens. Mais au bout du compte tout devient bon : c’est elle ou c’est lui, ou eux, pincés ou morts, ou l’auteur lui-même. Reste ceci, roman terminé : on cherche à savoir comment le possible  (qui nous a trompés ) fut possible.

L’autre voie, inverse : ensemble, on sait tout de suite qui a tué, tout est connu, l’auteur se trahit, quant au meurtrier on le voit où elle ( moins souvent) qui se prépare à tuer encore, et encore- haletant, exhibé,  et on regarde, un peu agacé, le lecteur analyser comment la ou le flic progresse, se trompe, se perd, mais finit toutefois par arrêter la chaîne des crimes, juste à temps, avant l’ultime. Le lecteur elle ou lui ne  cherche qu’à briser le possible.

A chacun de savoir si la poursuite de Die PATE ( Die PATE ? Marcel Malbée ! ) est un polar 1 ou un polar 2. Une polaire ? Pour se protéger du Grand froid qu’expulse toute mémoire qu’on entrouvre, comme d’une cave, d’un congélateur ?

Roman , c’est ici : donc choisissez. Le groom attend l’étage.

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YDIT blog Hors saison, saison 4, épisode SOIXANTE SIX : FRED lui demande à nouveau s’il se souvient? Quand il battait la campagne ?YDIT répond qu’il errait dans les villes / cinquime séquence-souvenir sur dix de « Fred se souvient », cette fois, ici, TOURNUS ( deux sur deux, fin).

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Ydit Blog Hors-saison 4 épisode SOIXANTE-SEIZE : FRED lui demande s’il se souvient, en songeant à Père et Frère, quand Ydit bat la campagne, il se souvient ? YDIT répond à nouveau qu’il errait dans les villes, quatrième séquence sur dix de « Fred se souvient », ici TOURNUS (début, 1 sur 2)

( 0n ne peut pas oublier que Madame Frédérique, la parfaite Assistante, dépouille la dépouille de I.d’Y, dit Ydit, à travers l’ouverture progressive ( au moins le prétend-elle) des volumineuses enveloppes intitulées « Lettre de A.« ( en hommage répété à Olivier Rolin, « Extérieur Monde »),  » Version B. » ( réappropriation, et comme on dit : « Série B« .), dossier à elle parvenu après la disparition à ce jour encore inexpliquée de I.d’Y.. :

YDIT : « Lettre de A, version B », manuscrit.

Il dit : »Fred, ma belle et fraîche Fred, sais-tu (dans ta mémoire) que j’errais dans les villes, et voila ce que je faisais, errant dans des villes : je lisais dans les livres et les yeux, je regardais shorter les filles et je marchais vers les églises, aussi, peut-être ( mais FRED se fâcherait à ces mots ) : j’errais dans les filles, je voyais dormir les villes et je humais les porches dans les églises, leur senteur suave et sourde de souvenirs effondrés, leur humeur de passés reconstruits à coup de burettes et de palettes, d’encens privé de sens, de génuflexions propres à entrainer le Marcel Malbée aux plus suintantes des prières. Dans les villes, errant, j’avais oublié que malbée fut.

Toujours, avant et depuis, les porches de pierre et de chair m’éveuvent par leur soudaine prévisibilité. Ainsi que les corps : prévisibles, surprenants, toujours, encore.

A l’époque, déjà, FRED n’était jamais loin, ni trop proche, des porches où pénétrer, des poches où s’abriter les doigts.

TYNE, elle, guettait sur les parvis, et moi, j’errais – dans les villes et les pages des manuels de savoir-vivre. Facilement on se serait perdus, avec Fred, avec moi, ensemble elle et moi, elles en plusieurs dont Tyne et moi en un seul, perdus surtout avec moi. J’ai tendance à m’oublier moi-même comme un vieux chien l’été, dans les trains, les aéroports, entre les pages d’un roman, c’est agaçant pour tout le monde, on doit faire à haute voix des appels priant que je me présente à la caisse, à l’accueil pour les touristes, à la réception de l’hotel, à la niche, à la douane, à la table des matières, des négociations.

Mais je ne suis là que pour m’absenter.

Façon de s’éparpiller au creux du bien-être. Certains, parmi les autres, plus ça vit, plus ça leur pèse et s’impose la gêne ( j’en ai connus). Moi, Fred l’ancienne, écoutes-tu? moi, plus ça va, mieux ça va, plus me m’oublie, plus je me plie le YDIT dans les rayons de bibli, les hayons, les haillons. Je m’adapte à la ravine, la haie, la sourdine, la plaie, et je souris. Plus ça va, mieux ça va. Malbée le Marcel, mis à part, mais le voici retourné dans ma tombe depuis peu seulement. Sinon : humour sans retrait ni réserve, et ça va, ça va de mieux en mieux…

Avec moi et Fred, déjà, naguère, – et plus que Tyne la blanche Africaine – si on avait songé à nos présences, on aurait perdu la distance, mais non, je tenais la distance intérieure en respect : le matin je courais le long des berges de rivières, ou sur les boulevards déserts, ensoleillé par la semelle élastique des chaussures américaines. Le soir je buvais des verres à la terrasse de la Place Guingois, près l’Hôtel de ville. Entre temps, disposant du temps, je racontais des histoires à des publics réunis en « séminaire », pause à 10h30, déjeuner à 13h, pause à 16h, câlins après 22 heures. Banalité du répété ; plaisir du répété. Ou encore j’explorais des lieux où je devais rencontrer des gens de toutes sortes, leur poser les questions qu’ils attendaient au nom de nos liens fraternels, et celles aussi qu’on redoutait ensemble : les plus sonores, les plus odorantes des questions, vivaces comme une vallée d’orangers sous l’orage à Sévile ou minorées dans le jasmin de Majorque. Bref, j’occupais le terrain du temps autant que se terrait Parrain.

Tant d’années plus tard, je peux l’écrire, septante et davantage chaque jour étant venus : séminaires ou enquêtes, articles et cours, ce n’étaient que de jolis prétextes pour me transporter dans l’espace que j’aimais plus que tout : en dehors de la mémoire. C’était cela, rien d’autre : j’errais dans les villes, et voila ce que je faisais, je regardais les filles vives et je marchais vers les églises vides, aussi. Dans les trous de la mémoire.

Ainsi, mais écoutes-tu Fred, la sagace qu’agace le récit trop lent ? Aussi J’étais déjà venu à TOURNUS, pour écrire et voir une certaine ERIKA dont me parlait Fred ( et dont elle me donnait à voir des images crues, on les verra mieux plus tard, fin 2025 ) mais ERIKA ( dont on parlera ici plus tard, fin 2025 ) n’était pas venue, et maintenant, dix ans plus tard, à TOURNUS de nouveau, ici la ville avait encore vieilli, les ruelles avaient gravi un échelon vers l’oubli usé d’habitants fatigués. Pourtant, un sentier sur berge avait été aménagé par le maire pour les cyclistes, et les matins du séminaire, (pause à 10h30, déjeuner à 13h, pause à 16h, câlins après 22 heures ) à l’aube, avant le café, sur le sentier du maire, je courais à la vitesse des chaussures américaines. J’oubliais qu’une certaine ERIKA, jadis, avait trahi sa promesse de nous rejoindre, Fred et moi, pour le partage du vin, du lin blanc, de la probité candide, et davantage si élégiaques affinités, et vastes gourmandises humides, partagées sans regret.

Pendant le trop durable repas de gala du séminaire – vins de bourgognes et fricassées de cuisses – je promenais dans mes yeux les visages des celles qui n’étaient jamais venues à TOURNUS, ou jamais arrivées à CLUNY, ou jamais parties de MACON, ou même jamais connues dans les couloirs de l’hôtel  » Aux terrasses » ou vers les cuisines du restaurant « Le rempart ». « La plupart d’entre elles, je ne les ai même pas connues » écrivait environ cet Olivier Rolin qui – en premier – fut, sans le savoir, l’un des initiateurs au début de ce roman-images, il y a des années déjà ( au moment où ceci, épisode soixante-cinq, est posté en embuscade, Saison IV, hop-là). « Extérieur Monde »/ »Intérieur Mémoire », jamais assez merci, Olivier Rolin.

Depuis ces dix ans d’une première fois à TOURNUS ( mais à Nîmes ils seraient vingt, à Lille trente, les ans, sauf que tout le temps passant n’est pas racontable ), voila donc, Fred la minutieuse et pragmatique, ce que je faisais quand tu n’étais pas là : je marchais dans les villes le soir, et regardais les filles le jour, buvant au milieu des verres à la terrasse de la place Guingois ou à celle du Rostand, face au Luxembourg- le jardin de Rolin-

Ainsi, mine de rien, sans mot dire, le joli temps souriant est passé dans un sourire, et c’est agréable de regarder les ombres des années anciennes étirées comme des chattes à l’ombre des caves. Dix ans. TOURNUS. Vingt ans. NIMES. Trente ans. LILLE.

Et avant, avant ? Pendant si longtemps, avant n’existait pas, comme avant le Big Bang ne PEUT pas exister. Puis revint le fantôme aqueux. MM dit Le Parrain.

A Tournus, cette fois, maintenanat, il y a dix ans, tard dans la nuit, on avait trop parlé de rien, avec Christophe, Mathilde, Bertrand, Jennifer, la fille du bar, et j’ai eu du mal ensuite à retrouver en parcourant la nuit de la ville cette petite place du « musée fermé » que j’avais tant aimée, dix ans plus tôt, Fred, lorsque j’attendais que ton amie ERIKA (on en parlera ici) nous rejoigne dans la petite maison à trois étages et deux chambres ( mais je n’ai jamais vu d’elle que des photos crues) : comment est-il possible à ce point que je m’oublie, que j’oublie tant de riens.

La maladie de la mémoire ? (enfin !) La maladie de la mort (déjà!).

La deuxième fois, second passage à TOURNUS, temps replié sur lui-même, cette fois, maintenant, retour du sentier du maire, comme je m’interrogeais au petit-déjeuner, une jeune participante du séminaire, visage frais de chocolat moussant, me raconte l’histoire nouvelle de cette ville, TOURNUS, et comment on y envisage d’acheter le « musée fermé« , cette grosse maison bourgeoise qui fut demeure d’écrivain : selon le projet du maire, le même que le sentier, on y installerait un musée du souvenir oublié, bientôt, un musée du souvenir oublié, oui, c’est une belle idée dit-elle en se serrant un autre express et contre Bertrans, mais surtout ce serait une ruine vivante, une image de vestige dénuée de toute nostalgie. Pour changer.

Musée du souvenir oublié

Alors, soudain, je perçois ce qui a formé depuis toujours mon dessein secret : vivre dans les musées que j’ai moi-même bâtis, et remplis de ces riens qui sont la trace d’exister.

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Ydit Blog Hors-saison 4 épisode SOIXANTE-SEIZEZ : FRED lui demande s’il se souvient, en songeant à Père et Frère, quand Ydit bat la campagne, il se souvient ? YDIT répond qu’il errait dans les villes, cinquieme séquence sur dix de « Fred se souvient« , ici TOURNUS (début, 1 sur 2) La suite, deuxième moment de marche dans les villes, TOURNUS

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