YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison IV, Episode QUATRE-VINGT-DEUX. Série d’entretiens page culturelle. Cinquième article : « Et les voici aux Archives du 184 rue du Faubourg Saint-Antoine ».

Pour les membres de notre lectorat (*), rapide rappel : 

Même s’il reste tout à fait limité, le phénomène YDIT-BLOG atteint à présent des publics divers, qu’en d’autres temps on aurait qualifiés des Happy Few. L’audience reste confidentielle, mais les rumeurs s’installent. Surtout, une double  question traverse de plus en plus souvent les « commentaires » et « re blogs » : Ydit est-il l’auteur du YDITBLOG  (on s’interroge surtout sur les montages d’images ) ? A-t-il, enfin, réussi à retrouver le personnage central, ombre absente mais portée sur et par tout le récit : Marcel Malbée, dit Le Parrain ? 

Voila pourquoi, plus longuement que prévu (sans doute 9 articles au lieu de 6 ?) nous nous déplaçons avec (à présent) une régularité certaine pour rencontrer dans un sous-sol de PMU (on dit FDJ) deux des protagonistes pas si mineurs : BOB et MORANE.

Dans le petit café un peu désuet de ce quartier historique, nous retrouvons nos deux Détectives-Ravages (ainsi qu’ils se nomment par une salutaire auto-dérision). Le garçon de café commence à nous connaître : Menetou-Salon ou Saumur-Champigny pour ceux que j’interroge, et thé vert pour moi. Nous nous sommes quittés dans une réserve des Archives, plus précisément au cœur d’un récit sur les Archives,  et l’on venait – au grand désarroi de BOB et MORANE, d’observer la preuve du décès : Mort de Marcel Malbée, Die Pate, fin de la CHASSE AU PARRAIN ?

Bien sûr qu’on n’allait pas en rester là, dit Morane. Surtout que ça mettrait fin aux virements de Madame FRED. Mort, peut-être (**), mais de quoi ? On était sûrs qu’YDIT exigerait de la savoir. Une bonne si possible longue et  de préférence douloureuse maladie ?

Sur le geste de son comparse, MORANE mime : « moi j’ai rien dit », et le récit peut reprendre :

Selon BOB :  Sidonie, qui soudain gràce à eux ne s’ennuyait plus, pour elle une seule piste restait possible : les Archives de l’Hôpital. Elle y connaissait  une charmante collègue de promo, tant pis pour la cantine – soit dit en passant la rapport qualité prix est parfait, il faudra revenir -, on allait acheter un kebab-frites sur le faubourg, on pouvait arriver pour la réouverture des bureaux, des tiroirs de la morgue (ces cousins des mémoires d’écrivains)…

Vous partez ? demanda Sécurité les voyant passer à 3, et si j’ai un client pour un décès ?

Jules et Jim Truffaut

Impériale, Sidonie : un décès tout frais, on peut toujours attendre.
Et les voici, car Sidonie connaît son Paris, arrivés à temps : rue Descos (en sortant par l’arrière de la mairie), la coulée verte de l’ancienne voie ferrée au-dessus de l’avenue Daumesnil (arrogante construction de parisiens trop riches), vingt-trois mètres sur la chaussée mal entretenue de la rue de Rambouillet, à gauche rue de Chaligny, en passant devant l’ancienne caserne modifiée en appartements pour socio-bobos et boutiques bio-bobos (Sidonie tenta un début d’histoire du quartier naguère populaire, mais BOB et MORANE s’en fichaient, racontent-ils), puis la malicieuse entrée de l’hôpital, enserrée de terrasses de cafés comme une double haie de garçons d’honneur à la sortie de l’église.

À Paris, dans ce quartier, les terrasses n’ont jamais été si pleines que depuis qu’on sait pouvoir y mourir en novembre. Ce qui surprend aussi pour l’adresse où l’on va mourir : l’hôpital. Sidonie montra sa carte de guichetière-archiviste de classe exceptionnelle, on la salua, elle entra, elle salua, elle passa, la classe. Elle embrasse Colette et Colette embrasse Sidonie, historiques retrouvailles.

Comparés, MORANE et BOB semblent de maigres opuscules de campagne électorale

posés sur un bureau à côté d’un complet-Proust

YDIT, Saint-Antoine, Gallica
Image retouchée de la Ville de Paris / BHVP présentant l'hôpital Saint-Antoine, Cote 1-EST-02379

SIDONIE émeut COLETTE et elle obtient de lire les détails. Munie de renseignements nouveaux, assez inutiles ici, elle « croise », habile en artifices et en intelligence : non sans quelques déceptions, elle creuse, elle creuse ?

Tous regardaient, (assis autour de cappucini en plastique, au Relay de l’hôpital) et une fiche au nom de YDIT avait  fait sursauter MORANE, puis BOB, et même Sidonie (Colette ne levait pas les yeux de l’écran, d’autant que sa frange d’épais cheveux noirs gênait un peu) : découverte.  On apprenait qu’avait été musicien le père de Marcel M, l’effroyable Parrain,  et Artiste lyrique – en fuite ! –  tel fut le père de Marius X, selon d’autres fiches lui-même père (quoique si peu) de YDIT : si l’on en croyait les documents un peu clandestinement tirés du réseau numérisé, les deux garçons – MM et MX , parrain et père, s’étaient selon toute invraisemblance rencontrés dans un café-concert encore ouvert à la fin des années DIX, celles du vingtième. Ou une guinguette attardée ? Étrange vaguelette de stupeur sur le groupe des quatre, aux archives. On tient sinon le noeud, du moins la source.

Quoi qu’il en fût,  à en croire (le faut-il ?) quelques détails arrangés ou vérifiés sur le dark net, leurs deux pères, Die Parrain et Le Père, deux Artistes impécunieux, s’étaient ensemble produits, surtout le week-end, pour de leur mince talent améliorer le maigre ordinaire familial. Dans un article sérieux comme celui-ci, force est d’y croire, tout « Alexandre Dumas / Monte Cristo » que paraisse le procédé ; on doit y croire que : l’un jouait du banjo, accompagné parfois de Lulu à l’accordéon, l’autre poussait des notes de ténor exténué. Die Pate et Le Père. Rien moins. Poussant la note de concert de conserve dans une guinguette.

Pendant ce temps, MM dit le Parrain (Die Pate ici chassé) et MX dit Le Joli (père de YDIT),  ils avaient 15 ou 16 ans, découvraient que s’intéresser manuellement chacun à eux-mêmes dans la solitude amère d’une maisonnée triste, postulait moins de plaisir, et surtout de perspectives variées, que de s’intéresser chacun à la même chose, mais ensemble, d’une belle union harmonique, et en rythme avec le banjo de papa… Les Caf Conc ou les guinguettes, on s’en souvient, c’était propices à ces moments écartés à deux permettant de mieux faire connaissance avec l’unité de l’être dans la chair, ainsi soient-ils. 

D’un geste large mais fatigué, MORANE saisit le bras du garçon qui passe : la même chose !

Le récit, les découvertes, la même chose ! ( retour au même : le désir du plaisir)

Trois lycéennes en parade, t-shirts moulés pour saouler la foule, shorts réduits pour emplir l’aorte, baskets blanches pour sniper les hanches, remontent l’escalier, retour des toilettes, et BOB suspend son vol (d’archives) – comme son récit (plus ou moins mensonger, mais on s’y fait, si fait, cher Lectorat).
On dirait en effet, cher Lectorat (*), que le récit, pour ces gens-là, coïncide mal avec le passage des hirondelles, des demoiselles, des ailes et des belles. 

Habituée à cela (et pourrait-on dire dès les premières publications de YDIT-BLOG ! ), on n’a plus qu’à tenter d’attraper le train de 15h27…

Mise en page, illustrations-montages : Rose AUBERT ( merci à elle une fois encore)

(*) : la personne assumant la rédaction en chef exige la parité dans l’adresse , mais on préfère «  Lectorat », vif, au lourd « nos lectrices et lecteurs »

(**) Non : indubitablement, État-Civil faisant foi !


Didier Jouault pour YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison IV, Episode QUATRE-VINGT-DEUX. Série d’entretiens page culturelle. Cinquième article : « Et les voici aux Archives du 184 rue du Faubourg Saint-Antoine ».

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