YDIT blog Hors saison, saison 4, Episode : QUATRE VINGT NEUF / Marches- souvenirs des nuits dans les marges du récit de jour, Fred lui demande s’il se souvient, et Ydit, lui, répond qu’il errait dans les villes, des marches pour fuir la prison de l’enquête sur Marcel Malbée, dit Le Parrain, désormais cela est achevé, l’enquête, sur l’impensé du passé, l’enquête, et donc, c’est la onzième séquence-souvenir, cette fois définitivement, Paris, origine des ondes, arrivée des cendres, Paris : les mouvantes émouvantes, PARIS. Et ailleurs. Et chaque jour. Et nulle part. EMOUVANTES ! FIN ? Ou presque.

FRED : YDIT,

( elle s’adresse à lui un peu comme lors d’une interview, mais pour un petit journal local, on pourrait imaginer par exemple « Le Maine Libre« . On est assis dans le bureau  directorial de YDIT, elle est en train de prendre des notes (on utilise peu le iPhone comme dictaphone à l’époque, mais un micro magnétophone de poche, vieillot) d’un côté de la table, et lui de l’autre il a retiré la veste, desserré la cravate, on perçoit comme des achèvements.

Sur la gauche une pile encore modeste de parapheurs, mais pendant l’entretien la chef de cabinet on augmentera la taille, «  je passe juste la tête, je vous les mets là, c’est pas urgent », comme si elle vérifiait un peu- mais avec une bienveillance amusée presque attendrie -que l‘intervieweuse et le directeur n’étaient pas en train de se livrer à quelques autres coquineries qu’un simple bavardage, ça ne l’étonnerait pas la chef de cabinet, elle croit bien avoir compris, enfin bon.

YDIT (elle demande ) vous avez parfois dit que le sérieux de la vie ( le sérieux ou plutôt est-ce le sentiment de gravité ?) c’est tout à fait comme l’alcool ou comme le Lexomil ou les amours ou les livres : à prendre avec plaisir mais avec modération, à défaut de quoi on s’habitue, et l’addiction au sérieux est- disiez-vous- l’une des pires inconvenances qu’on puisse imaginer. Surtout quand on écrit. Surtout si l’on se souvient.

YDIT répond : que il n’a jamais pu se convaincre que la vie n’est pas un de ces complots, comme les complots dénonçés par Qanom à la grande époque, un complot très finement élaboré par des Outre-Monde imbéciles, ou par une Intelligence Artificielle en partie conçue par un codeur enluminé par l’alcool ou l’Alprazolam. YDIT dit ( le Didi) qu’il reste dans la stupeur en pensant à Stephen Hawkins, ou d’autres, pour lesquels plus on aperçoit loin dans le ciel et plus on voit loin en arrière, dans le temps.

FRED murmure : elle ne comprend pas, cependant elle ne se fâche pas, et sert une nouvelle tasse de thé.

YDIt dit ( le Didi) qu’il ne comprend pas, quand il monte dans un train ( VENISE, Ep 71-73 / TOURNUS, Ep 76-77 / VERDUN, Ep 80-81, /BORDEAUX , Ep 84-85, et maintenent, pour finir, PARIS, Ep 88-89 ) il ne comprend pas cette révélation que – sautant tel un chat vers le plafond et ne touchant plus rien, plus la moindre parcelle de sol, de matière entrainante, il retombe cependant sur ses pieds, ici, deux ou trois secondes plus tard, ici au même endroit… alors que la suspension de son corps désormais porté par rien devrait le mettre  » en retard » sur le mouvement du wagon. Comme un objet posé dans le silence d’un vide immobile. Mais non. Il retombe sur ses pieds. Tout comme de se souvenir ou d’écrire.

Puisqu’il ne comprend pas, dit-il, reste à s’en remetttre à toutes ces images qui accompagnent le mouvement de ton corps, toi, tandis que je me tourne à gauche à droite, et que je regarde de loin dans le ciel et que en même temps, donc, je regarde de loin dans le temps. Les mouvements de ton corps de femme dans l’espace de mon amour d’homme decrivent mon chemin vers…

Dans l’enregistrement ( archaïque ) la voix se tait.
Après un silence long, FRED interroge : Vers ?
Ydit ne dit, puis ( mais on perçoit que cela pourrait être, ou au moins annoncer, une « finale« ) :

EMOUVANTES :

Dans le tiède clair-obscur d’une fin d’après-midi, aujourd’hui 30 juin 2025, l’été venu, au milieu d’un été parisien encore mal installé, je savoure le très incroyable et très imprévisible et parfaitement puissant bonheur de simplement ce saucisse-frites, le saucisse frites que je viens de commander et que j’ai eu tort de trop saler, simplement, puis la masse jaune de moutarde à forme d’escargot sortie d’un sachet métallique au bord de l’assiette, et le bonheur lui non plus guère partagé du verre de Cotes-du-Rhône qui pétille en appréciable écho des frites trop chaudes,  je savoure d’être là au retour de la campagne ou une femme est restée, mais ils se reverront bientôt, et sur la table ronde métallique de la terrasse « Au métro », place Daumesnil, Paris 12e, je regarde dans le ciel pour voir très loin, et tous, aux terrasses des cafés, regardent simplement, pour voir le loin du temps… Ils vivent leur émotion du temps.

ET ? inquisitionne FRED, peut-être lassée par la longueur ?

YDIT : Elle est émouvante la femme que je croise boulevard de Reuilly et qui simplement dans sa main frêle porte des biscottes, et puis de l’autre main commence à déchirer le paquet, parce que sans doute elle a une petite faim et que c’est l’heure du thé mais qu’elle n’a plus assez d’argent pour rentrer chez « Thé Tot ou Tard », en face. C’est une limite à la vie, d’être pauvre.

Elle est émouvante cette femme de quarante ans, un peu tirée en arrière sur le fauteuil de métal et de cuir assez usé, dans le coin gauche de la terrasse, devant la fameuse pâtisserie rue de Buci, le glaçage des gâteaux va devenir émail à la chaleur du soleil, et pendant ce temps elle caresse doucement les cheveux très bruns de son amie, ou de sa fille, qui la regarde dans les yeux. Et ne dit rien.

On ne dit rien quand on est simplement .

Elle est émouvante cette femme, dans le tramway vers la Porte des Lilas, tenant d’une main gantée de gants usés la hampe centrale, elle protège entre ses pieds solidement plantés un gros sac Franprix orange, debordant de paquets, de boîtes de conserve, d’emballages de légumes, qu’elle vient d’aller acheter sur le marché le moins cher de Paris, et elle surveille d’un regard fatigué. Il faut venir de loin quand on est pauvre.

Elle est émouvante cette femme plus très jeune qui marche en pleurant au milieu du trottoir, rue Joursain, tout en fin d’après-midi, tee-shirt vert un peu déformé, robe vaste à fleurs, elle pleure en marchant, près de terrasses joyeuses et bruyantes ou d’inconsistants jeunes hipsters boivent des bières à 7€ en rigolant de la vie, et se préparent à rouler un joint qui fabrique la terreur au pied des tours dans les quartiers comme la misère des paysans au Maroc. Elle pleure ( Fin de mois? Séparation? Licenciement? Maladie de l’enfant?) et ils ne savent pas la regarder.

Elle est émouvante cette très jeune femme, si maquillée mais si mal, cheveux par endroits tachés de vert, tatouage bruns et violets sur le haut de cuisse, le bas du bras, mais aussi les jarrets ou les paumes, et qui a porté à son oreille son smartphone en perpendiculaire à l’axe de la tête comme elles font souvent, pour mieux entendre le message de son amoureux.

Elle est émouvante cette femme asiatique connue je connais depuis 20 ans, qui me salue dès que j’arrive à la caisse, et qui m’aide à déposer ( j’ai SEPTANTE et bien davantage) sur le tapis roulant les achats du jour, maillot bleu-nuit, elle ne va pas rentrer tard ( la magasin respecte les horaires), mais elle va rentrer loin, métro, loin, dur, loin, RER, long, complet.

Elle est émouvante cette femme d’age incertain assise en face de lui, dans le hammam mixte et public de la piscine, dans le Morvan, elle et lui regardent d’abord leurs pieds, puis se regardent enfin d’un sourire protecteur et banal signifiant qu’en réalité non ils ne se regardent pas pour de vrai, comme s’ils étaient des personnes avec des corps de personnes, alors ce serait vrai, ici, non, pas du tout, ils ne vont pas se regarder ainsi, car on est juste ici pour le chaud sec du sauna, la vapeur du hammam, pour l’effet produit, pas pour le regard porté, comme si les chaleurs dans les maillots de bain tuaient dans le respect l’effervescence du désir.

Elle est émouvante, elle, cette fois, c’est une femme un peu fatiguée maintenant, les cernes sous les yeux sont trop vastes, la couleur des cheveux a perdu son naturel, elle n’aime que les gestes graves mais rapides, et sur le zinc-cuivre et bois, son bar, celui où elle travaille, longtemps, mais quand même le zinc, le bistrot à tapas au fond d’une ruelle de Bilbao, elle pose les deux assiettes qu’il a demandées pour sa compagne et lui, ajoutant les verres de vin blanc très sec, et elle demande, usant d’un Espagnol chantant le Basque, si ce sera tout où s’il voudra un peu de douceur pour le dessert, et il répond qu’on va en rester là, et le regrette.

Elle est émouvante, soyeusement douce, jamais douce-amère, douce derrière la vitre, la violence apparente du sexe, subtilement concentrée derrière la dispersion superficielle qu’offrent  au promeneur le vin rouge et la saucisse frites, le banc du hammam ou les degrés du métro, la couverture grise de  » Je me souviens », sur le trottoir ou derrière la table de zinc, soigneusement douce, subtilement concentrée, elle est émouvante cette femme, elle est émouvante cette femme là d’ici, toujourd, elle qui passe sa vie dans mon regard, elle est émouvante et je ne lui parlerai pas, je ne m’approcherai pas d’elle, pour que ne s’éparpille pas l’émotion, l’émotion tendre des toutes celles-là d’ici, Paris, Paris, partout, ailleurs, ici, et voilà pourquoi.

Elle est émouvante, regardée loin des lumières du désir, mais avec le désir d’être ensemble sur le chemin du présent (impossible attente); émouvante au cours de ces gestes incertains et qui savent dire le silence, l’absence, la pauvreté du jour, la permanente inquiétude des fausses présences; émouvante par ce geste du corps où l’on pourrait s’accrocher si s’approcher ne tuait pas le geste; émouvante par la personne dont tout se voit et rien ne se sait, terrasse, rue, bar, rue, hammam, rue, métro…EMOUVANTE et jamais EPOUVANTE.

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Didier Jouault pour YDIT blog Hors saison, saison 4, Episode : QUATRE VINGT NEUF / Marches- souvenirs des nuits dans les marges du récit de jour, Fred lui demande s’il se souvient, et Ydit, lui, répond qu’il errait dans les villes, des marches pour fuir la prison de l’enquête sur Marcel Malbée, dit Le Parrain, désormais cela est achevé, l’enquête, sur l’impensé du passé, l’enquête, et donc, c’est la onzième séquence-souvenir, cette fois définitivement, Paris, origine des ondes, arrivée des cendres, Paris : les mouvantes émouvantes, PARIS. Et ailleurs. Et chaque jour. Et nulle part. FIN, ou presque

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YDIT blog Hors saison, saison 4, épisode Quatre-Vingt HUIT, Fred lui demande s’il se souvient, dixième souvenir de marche dans la marge du récit : YDIT répond qu’il errait dans les villes, l’escale précédente étatit à BORDEAUX avec un chat dans un TGV, ou bien vers MONTPELLIER, en tout cas c’était un chat et du TGV, l’avant-dernière évasion hors d’une prison, cet enfermement qu’est la quête de Marcel Malbée. DONC, épisode QUATRE-VINGT-HUIT, bientôt l’été, Ydit répond à FRED qu’il marchait PARIS, émouvantes /// Début (un sur deux)

Partout, sur chaque  branche d’arbre de mes jardins secrets, au-dessus de l’impeccable Hanged James, il y a une émotion : une femme. Parfois ce fut TYNE, ( on en parlera davantage dans quelques mois), ou FRED. Personnges de roman-images.

FRED, ça se voit ce matin à cette façon de poser trop vite sa tasse de thé sur le meuble, est en colère.

Ydit a onze ans, douze ans, il a quitté les genoux de Marcel Malbée dit MM, Le Parrain dont les mains sont toujours sur sa cuisse en limite du short échancré, large, YDIT s’est encore tenu comme un gamin qui s’ennuie. Il a quitté la salle à manger ou les adultes sont encore en train de terminer le déjeuner. Mamie – qui savait tout- croque dans le biftèque dur des pauvres- mais pas si pauvres que le biftèque soit impossible. République pour entériner le décès du premier mari de La Mère, père qu’on réverait d’avoir vu revenir en Lieutenant FFI)

Ydit revient dans la salle manger, on observe son faux pansement, nul ne dit rien.

Si FRED est fâchée c’est parce que nul ne dit rien.
C’est aussi parce que BOB et MORANE, les Détectives féroces, soldés pour ce faire, lui ont apporté une bande audio dérobée sur le Iphone de YDIT. L’enregistrement atteste qu’on a dicté en marchant, sans doute dans les bruits des rues de Paris, le souffle des pas rapides

(…) (…) (…)

Dernière bande ( connue ) :

Depuis que les femmes font tous les métiers, cela ne change rien pour certains, certains hommes, certains métiers, certaines femmes mais je dois dire que les rues de Paris sont plus jolies, et le regard plus joyeux, soyeux, curieux : la géomètre sur son trottoir déborde de blondeur, et de frais pull vert tendre, Jeans serré, quand elle se penche pour ajuster son œil à la machine, et que je passe près de son émouvante odeur… La jeune flic en bleu, dont les hanches sont entourées d’une série d’objets hétéroclites qui pourraient la rendre pataude, mais la silhouette dynamique joue de sensualité dans l’uniforme ajusté, rondes fesses bleues modelées par l’entrainement, la flic inscrit de très émouvants gestes dans l’espace… la cheffe de chantier, à peine plus que trentenaire, solide et décidée, des hommes d’outre Méditerranée sans réserve l’écouten avec respect, vous mettez ça là et vous me retirez ça d’ici, les bras levés entrouvrent la rondeur du gilet de travail…la guichetière du métro, service terminé, gravit sans hâte et sans réserve l’escalier profond de la station « Télégraphe » , ou c’est « Grands boulevards », où le Breton André suivait les parisiennes…

le tiers absent : Old Sam.

FRED : Donc ?

YDIT: Texte !

A la terrasse du restaurant de quartier où il est venu dîner seul (plat du jour, ballon de Côtes), temps passé – temps trouvé, tu es arrivée un peu de biais comme s’il ne fallait pas troubler la chaise où masquer la pub du parasol. Le cou est gracieux, on ne voit pas grand-chose de la  silhouette (sur les photos d’art seulement les silhouettes ont du sens). Tu as croisé des jambes déjà bronzées, prises avec élégance et une forme d’indifférence bien élevée entre minishort et chaussures basses de couleur assortie. C’est un soir de presque été le 11 juin 2025.

Et puis au milieu de tout cela, tu sors un livre du sac en toile floquée du sigle «  Petit-Palais », et voici que tu lis Perec, tu lis Pérec, oui,  c’est dans l’édition originale que tu le lis, celle par laquelle je l’ai moi-même découvert il y a très longtemps, à l’époque où P.O.L. n’était qu’une collection chez Hachette, « Je me souviens ».

Peut-on, peut-elle, peux-tu lire impunément Perec, « Je me souviens », au coeur de ce roman-images acharné à mentir ses vérités, à monter sa sévérité , lire vers la fin d’un récit (mais finira-t-il jamais) qui prétend noter les  souvenirs selon qu’ils ont été soigneusement inventés  ou simplement repeints, sous le nom de Marcelm Malbée, dit MM, DIE PATE ?

Là, tu es assise, tu lis Perec. Un livre, c’est aussi toujours une stratégie pour séduire une femme. Par exemple j’avais accepté, naguère, de rédiger de brèves fiches de lecture-par exemple sur Jacob De Valérie Zanetti-parce que MLR me l’avait proposé. Les fiches, je les rédigeait dans un seul but, je les faisais bien, je les faisais vite, dans un seul but : être vu d’elle. Il y a si longtemps de cela, vingt ans ? Et maintenant- j’ai trouvé SEPTANTE et chaque mois davantage- sur le palier à la place où la postière blonde et longue dépose le courrier, j’ai trouvé « LIEUX », l’amas -fatras ( organisation du désordre) qui regroupe les notes prises pour un projet inachevé, programmé pour douze ans de descriptions et souvenirs, mais Pérec mort avant. Sur la palier. « LIEUX ». Douze ans.

Depuis que je sais lire ( ou lier, anagramme) , je n’ai toujours pas appris à me surveiller en permanence pour empêcher ces gestes piégés : des gestes à destination unique, le regard d’une femme. Alors, je ne dis rien, sur la terrasse de quartier, où tu as sorti un Perec du sac, je ne te parle pas, je te regarde lire, ce n’est pas n’importe quel Pérec, je me souviens de «  Je me souviens », et toi tu ne peux pas t’en souvenir encore, pas déjà…

Bien sûr, ensuite, tu pars. Sur la selle du vélo, sur le banc du métro, sur le carreau de la piscine, on se demande -malicieux et imprudent- si vous ( llectrice/lecteur de ceci ) ne verriez pas une touffe épaisse et rugueuse, le contraire même des blondeurs soyeuses et transparentes de TYNE l’Africaine : une pilosité moderne comme en découpent de jeunes femmes élégantes et radieuses, délimitée soigneusement pour former un ticket de bus de métro parisien -il paraît que c’était la mode il y a peu-, mais je ne prends jamais le métro, et FRED lisse sa volumineuse rousse toison, un ticket aller-retour, pour cette pilosité  dans l’image noire grasse et crue. Grasse et crue comme le désir, on n’y peut rien, sauf ne pas le dire, ne pas le montrer.

Bien entendu FRED est furieuse

( TYNE rierait à gorge déployée) :

comment cet homme, YDIT, ose – t-il encore ainsi nommer, aussi regarder, ici décrire , annoncer la vérité du regard et le mensonge du fantasme, à SEPTANTE et sans cesse davantage ?!

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Didier Jouault pour YDIT blog Hors saison, saison 4, épisode Quatre-Vingt HUIT, Fred lui demande s’il se souvient, dixième souvenir de marche dans la marge du récit : YDIT répond qu’il errait dans les villes, l’escale précédente étatit à BORDEAUX avec un chat dans un TGV, ou bien vers MONTPELLIER, en tout cas c’était un chat et du TGV, l’avant-dernière évasion hors d’une prison, cet enfermement qu’est la quête de Marcel Malbée. DONC, épisode QUATRE-VINGT-HUIT, bientôt l’été, Ydit répond à FRED qu’il marchait PARIS, émouvantes /// Début (un sur deux)

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Didier Jouault pour YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison IV, Episode QUATRE-VINGT-SEPT Série d’entretiens page culturelle. Huitième article : « BOB et MORANE finissent l’apparente enquête : Nue, demande t-elle, à son tour fausse ingénue ».

YDIT BLOG

8 – Huitième article. BOB et MORANE finissent l’apparente enquête : Nue ?, demande t-elle, à son tour fausse ingénue

Notre lectorat s’en souvient : malgré savoirs et amitiés, l’origine de la mort de Marcel Malbée, Die Pate, dit Le parrain, reste inconnue. Parvenus ensemble presque à la fin, puisque cette huitième rencontre est l’avant dernière, nous exprimons notre surprise : au fond, puisqu’on sait le principal sur la mort de MM, pourquoi ne pas s’en contenter ? 

BOB : Ydit va nous maudire. Le Parrain, mort de rien, comme un bon-à-tout, mort dans un lit d’hôpital, c’est mieux que douillet, avec la concierge qui ouvre aux petits voisins du 4ème, bien sûr, mais tout de même, Madame, vous imaginez ? Die Pate, même pas un cancer douloureux bien joli dans la lente progression de rongeur patient ? Même pas une collection de polyfractures impossibles à réduire et toutes incapacitantes, après avoir été renversé par une camionnette de blanchisseur ? Même pas défenestré  de remords depuis le haut du Carreau du Temple, avec rebonds sur les gargouilles en plomb et les gouttières en zinc (genre Deleuze) ? Même pas une longue descente aux enfers genre transformation tardive mais maligne de l’ostéochondrose en tumeur cartilagineuse atypique périphérique secondaire, ou – pire encore – en chondrosarcome, pas de traitement connu pour des mois de fin sans fin ? Et pour ce genre de cas – et de traces sur YDIT – rien de « mieux » que la fin sans fin.

Il faut dire à notre lectorat que, de BOB et MORANE, il est difficile de distinguer le plus agressif ou le plus émollient, chacun(e) d’entre les deux choisissant un rôle tour à tour, parfois lors de la même séquence de nos entretiens, au prétexte que ceci n’est rien, sauf un roman-images pour lequel on les a plus ou moins bien payés.

Quant à nous, intervieweuse, nous percevons surtout une lassitude : YDIT-BLOG, Trois ans, c’est long, long.

Cependant les deux enquêteurs acceptent de quitter le sous-sol du café PMU (on dit FDJ) , dit « Du collège et du Temple ». Ils ont vêtu aujourd’hui des habits de parade (selon eux) et que des passantes les regardent en passant allègerait la fin de l’aveu, puisqu’être regardé toujours détourne le regard de l’intérieur. De plus (aux frais de la rédaction!) ils commandent du champagne.

BOB : faisons vite

MORANE : genre Napoléon à Waterloo

BOB : sauf qu’on n’attend personne…

MORANE : …pour apporter une aide. Voila donc : nous avons utilisé la belle et souple Archiviste départementale pour « tuer les déjà morts » : les extraits d’État Civil, même en théorie couverts par la loi des 75 ans, nous les avons tous lus, relus, la Grand-mère qui savait, – et l’annuaire des cafetiers louches de Saumur – le grand-père d’YDIT l’homme au canto / banjo – et l’annuaire des artistes musiciens de France, Frère qui savait et même davantage – et le recueil des antiquaires / fleuristes d’Île-de-France. Mais RIEN d’utile. 

BOB : on a fait le tour des cimetières, pour suborner les gardiens, muets par devoir, on a contacté le Service Central des Cimetières de Paris, et appelé la paroisse du Pré Saint Gervais pour récupérer un acte de baptême, où aurait figuré Le Parrain, Die Pate, afin de justifier un lien de parenté qui appuierait la demande, sinon interdite. Mais RIEN. Tout ça, pour au moins offrir à YDIT l’opportunité de faire son petit Vian, « J’irai cracher  sur vos tombes », mais RIEN, nulle part, même pas au colombarium central du Père Lachaise : on a lu toutes les plaques, une par une, toutes, MORANE et MOI, des après-midi entiers, à s’en détruire la patience, et même  pas de Marcel MALBEE.

MORANE : Enquête de voisinage, disait le directeur d’hôpital (voir notre édition précédente) : mais plus personne n’ouvre sa porte. Et le Parrain est mort depuis quarante ans, sa femme de ménage, s’il en eût, aussi, la pharmacienne – successeur – nous a menacés du pire, de toute façon elle n’a pas de copies d’archives des ordonnances, si jamais à l’époque il y en eut.

Ils racontent leur « Enquête de cousinage ». En remontant l’arbre généalogique vers sa racine (???) aidés de l’activiste archiviste Sidonie (elle s’attache à eux, danger !) ils étaient parvenus chez un arrière petit-neveu du Parrain, Marcel Malbée, Die Pate. Il avait résisté. Il est photographe.  Détail et faiblesse : le petit-neveu aime les peintres et les modèles, mais c’est cher, surtout quand c’est nu, et lui aime les nus (on ment mieux quand on est nu, explique-t-il : n’ayant plus rien à cacher des surfaces, on renforce les secrets de la profondeur, à jamais inconnaissables..). Acharnée à percer le mystère de l’archive invisible, et peu soucieuse de détails, comme indifférente aux apparences (on la reconnaît là), Sidonie – nouvelle complice active et décidée – accepterait-elle de poser pour lui en échange, de se dévoiler en échange de quelques secrets, demandait  l’arrière petit-neveu ? 

Nue ? Avait-elle demandé, à son tour fausse ingénue.

Sur cette troublante interrogation (mais heureusement nul lycéen ne traversait le sous-sol nu du PMU, ou ne traversait nu le sous-sol du FDJ, mais pourquoi un lycéen nu n’oserait-il pas se déhancher au PMU, au lieu de l’inévitable fille un peu sotte à petits seins cachés sous les mains roses ?), il fallut rester sans réponse, afin d’attraper le train de 15h27.

Mise en page, illustrations-montages : Rose AUBERT ( merci à elle une fois encore)

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YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison IV, Episode QUATRE-VINGT-SIX Série d’entretiens page culturelle. Septième article : « L’absolu secret médical ».

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7 – Septième article : L’absolu secret médical

Pour une septième (déjà !) et presque dernière séquence de reportage, nous voici à nouveau en compagnie des maintenant célèbres détectives BOB et MORANE. Avec eux, nous avons appris comment diverses complicités leur ont permis d’accéder aux Archives et comment leur paresse imaginative – ou de simples extrapolations bavardes- ,  les conduisirent à « retrouver »  le début d’une histoire de liaison érotique entre Parrain et Père de YDIT.

Cette semaine, nous avons dû nous rencontrer à une heure différente, toujours au bar-PMU « Les lycéens et les templiers », dans le paisible sous-sol. Le récit de la CHASSE au PARRAIN, devenue enquête sur les cause de la mort, reprend autour de trois expressos. Mais ce n’est qu’un façon, pour deux des interlocuteurs, de mieux faire passer la fraîcheur du Menetou-Salon rouge, servi à 14 degrés (Celsius).

COLETTE, l’archiviste en chef de l’hôpital  qui a déclaré la mort de Marcel MALBEE, connaissait si bien Michel, directeur d’hôpital, qu’ils ne pouvaient plus rien se refuser : ils se rencontraient chaque semaine, quelque part entre midi et minuit, dans un lieu paisible, pour travailler avec d’autres sur l’amélioration matérielle et morale de l’humanité, son perfectionnement intellectuel et social : de quoi faire, en effet un vaste chantier. Mais, à force de digressions et de racontars déambulatoires, Colette obtint, par le miracle de WhatsApp, une réponse impérative.

BOB et MORANE nous ont autorisés à reproduire l’échange entre Colette et le Directeur de l’Hôpital, bien que cet échange eût été « crypté ».


« Décès de MM et secret médical   

Échanges 

Le mer. 3 janv. 2024 à 00:26, Michel B. <michel.b@orange.fra écrit :


à  Mon Cher Michel,

« Avant tout merci pour ta longue et précise réponse, qui t’a fait veiller…
Souvent (en particulier les polars ou les gros romans américains), l’auteur adresse des « remerciements » aux experts qui l’ont documenté pendant son travail. 

Je ne vais pas faire de même et cependant ta réponse le mériterait. En apparence, le « impossible » du Secret Médical paraît conduire à l’impasse, mais – comme toujours, et la fraternité comme l’amitié apprennent cela – la réponse négative oblige à rebondir vers d’autres pistes, ce que ton mel esquisse déjà, et bien plus qu’esquisse : il me semble qu’un certain (et aussi incertain) duo goguenard pourrait s’en inspirer, entre deux petits Menetou, ou Crozes Hermitage (selon le niveau des finances, ils passent au Mercurey…). Je vais leur en parler, ça va les obliger à modifier quelques épisodes déjà prêts, ce qui est une excellente chose – dont je te remercie à nouveau.
Avec trois bises et mon amitié – et à un de ces moments, bien entendu »

Colette


Au moins cet entretien ouvre-il à nos lecteurs des perspectives nouvelles sur un sujet rare. Nous verrons, la semaine prochaine, si les deux détectives ont essayé – avec leur habituelle maladresse cultivée – de suivre ces pistes. Bien que les interlocuteurs cités aient vieilli de… quarante ans !

Mise en page, illustrations-montages : Rose AUBERT ( merci à elle une fois encore)

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YDIT blog Hors saison, saison 4, épisode Quatre-Vingt CINQ, Fred lui demande s’il se souvient, neuvième souvenir de marche dans la marge du récit : YDIT répond qu’il errait dans les villes, et c’était vers BORDEAUX, le chat du TGV, l’avant-dernière évasion hors d’une prison, cet enfermement qu’est la quête de Marcel Malbée. Après BORDEAUX, PARIS, et puis, NULLE PART

Bien après l’arrêt en gare, la voyageuse inconnue, Sylvaine, s’était levée, avait souri largement, et-désignant le panier-« Vous pouvez me le garder, c’est une petite chatte sans problème » ?

Même roulant vite et lisant Rolin, en train, on aime savoir ( c’est la raison même pour quoi on écrit des romans-images) : YDIT s’était donc penché pour faire la connaissance de la « petite chatte sans problème ». Il avait fallu se lever, encombrer un peu le couloir, déplacer le panier qui avait semblé trop léger tout de suite, trop immobile.

Derrière la porte du panier, derrière l’espace du grillage de jonc, une grosse peluche à forme de léopard observait YDIT de ses yeux en vert bleu noir d’émail Monoprix.

Quand Sylvaine avait été de retour, elle lui avait demandé si tout allait bien et si tout s’était bien passé ? Il avait hésité, autant l’avouer, à commencer une conversation en dérive, à demander d’où venait le chat, si elle lui ferait avoir des petits ?

Sylvaine puisqu’ on parlait projets, elle n’en avait pas des projets, ni même  des projets pour lui, l’animal, qu’elle ne désignait pas d’un vocable précis, elle disait « lui » , « la bête », « ma chatte », sans y penser.

Puis, tirant un peu mais en vain son short contre le haut de ses cuisses pour que le risque d’impudeur n’entravât point son récit, ou plutôt sa réflexion, soudain grave et volubile cependant, Sylvaine dit :

« …Après tout, même pour un simple voyage de retour, tout projet, ça n’a de sens que par les surprises, même désagréables, gestes imprévisibles, mots inconnus portés seulement par l’échec de leur propre devenir, car aucun mot n’est capable de devenir, sentiers qui se désherbent sous la houe de la mémoire…D’autant plus qu’il reste façonné par de l’incertitude, tout projet n’a d’autre usage, au fond, que de Ré-susciter et de Re-trouver, n’est-ce-pas? Qu’il s’agisse d’amis, d’émotions, de la foi étonnante, à chaque fois ce n’est que plaisir ou déception, mais il est certain que ce n’est pas rien, et le projet a cet usage : retrouver des commencements… »

Dès qu’on bouge, le monde s’entrouvre. Il s’effondre où se magnifie. Septante et davantage étant venus ( et encore plus depuis le début de la Saison IV), dès qu’on bouge on rattrape le vent perdu.

Portant le panier si léger, maintenant YDIT raccompagne Sylvaine chez elle. Leur échange à crée comme un pont de singe entre les marcheurs de ravins. Elle habite un très grand appartement au vingt-deuxième étage d’une tour, le quartier des Olympiades, Paris 13e, une grande dalle à tous vents d’abord asiatiques, gamin en planche à roulettes sur le béton ( pas d’ombre de Marcel Malbée, ici, mais sait-on?), traiteur chinois en faillite depuis le COVID, flaque d’urine à peine sèche, trace d’un vomi tardif, et petits sacs d’herbe à peine vidés, tout l’attirail authentique, même pas une invention de narrateur fatigué..? Impulsif ? Imperturbable? Immersif? Abrasif ? Le narrateur ?

Soudain, sur la dalle, YDIT a oublié ( encore ! ) comment s’adjectivait le narrateur en pull jaune ou en Noir et Blanc format 1958, son narrateur dans la Saison 3 « Le jardin de Giorgio Bassani ». Il ne sait plus si le Personnage Sylvia, cette belle hôtesse un peu tricheuse, à moitié cachée sur la terrasse du jardin rose à Ferrare, ressemblait à Sylvaine, ou pas, et si c’est un peu la même Histoire ? Toujours un peu la même Histoire ? La même (Histoire? Ombre? Tempête de mémoire ?)

FRED pense que : il lui suffirait de le décider, mais que ça ne lui servirait à rien de le décider.

Dans l’appartement du 22e , Sylvaine lui offre à boire, une canette de coca zéro ou du Earl grey Mariage Frères ? Ensuite, lui dit sans la moindre malice : «  Je dois libérer la petite chatte, sinon elle s’ennuie et dépérit . Vous ne souhaiteriez tout de même pas ça ?»

Elle quitte la pièce. L’appartement est à peu près vide de meubles. Plusieurs paniers, cages, volières forment Le mobilier. Tous sont occupé par une peluche. Rie de plus que des peluches.

Dans l’appartement vide, longtemps YDIT attend. Quoi ? Rien ne surgit, pas Morgane, pas Nadja, pas Silvia.

Dans la chambre voisine, qu’on ne visite pas, on pourrait imaginer qu’ il y a HANGED JAMES,

…gentiment présent, même pas tournoyant sur lui-même, et qui lorsque le mouvement de la vie lui permet de faire face offre son sourire amical et goguenard, un peu tendre et lassé donc, comme s’il s’apprêtait à dire ( quoi qu’il soit impossible de plus rien dire dans son état) à demander :

«  Alors quoi, mec ? Tu pers encore ton temps ? T’encanailles le souvenir dans un panier pour chatte ? ».
 

Rien ne se passe. YDIT et lenrécit restent immobiles, l’un dans l’autre. Après  un silence long FRED (patiente et pragmatique) demande :

«  Et ensuite, lorsqu’elle revient, Sylvaine ? »

Ensuite, sans la moindre hésitation, abusant de son droit illégitime, irraisonné mais implacable de narrateur une fois pour toutes décidé à ne répondre que par les fuites, sans hâte YDIT choisit : le fondu au noir.

Coupé.

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Didier Jouault pour YDIT blog Hors saison, saison 4, épisode Quatre-Vingt CINQ, Fred lui demande s’il se souvient, neuvième souvenir de marche dans la marge du récit : YDIT répond qu’il errait dans les villes, et c’était vers BORDEAUX, le chat du TGV, la dernière évasion hors d’une prison, la quête de Maecel Malbée.

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