Bob et Morane la petite terreur municipale : une enquête de Louise Toffin, envoyée spéciale, à Dupetit- Thouars.

8 – Huitième article. BOB et MORANE finissent l’apparente enquête : Nue ?, demande t-elle, à son tour fausse ingénue
Notre lectorat s’en souvient : malgré savoirs et amitiés, l’origine de la mort de Marcel Malbée, Die Pate, dit Le parrain, reste inconnue. Parvenus ensemble presque à la fin, puisque cette huitième rencontre est l’avant dernière, nous exprimons notre surprise : au fond, puisqu’on sait le principal sur la mort de MM, pourquoi ne pas s’en contenter ?
BOB : Ydit va nous maudire. Le Parrain, mort de rien, comme un bon-à-tout, mort dans un lit d’hôpital, c’est mieux que douillet, avec la concierge qui ouvre aux petits voisins du 4ème, bien sûr, mais tout de même, Madame, vous imaginez ? Die Pate, même pas un cancer douloureux bien joli dans la lente progression de rongeur patient ? Même pas une collection de polyfractures impossibles à réduire et toutes incapacitantes, après avoir été renversé par une camionnette de blanchisseur ? Même pas défenestré de remords depuis le haut du Carreau du Temple, avec rebonds sur les gargouilles en plomb et les gouttières en zinc (genre Deleuze) ? Même pas une longue descente aux enfers genre transformation tardive mais maligne de l’ostéochondrose en tumeur cartilagineuse atypique périphérique secondaire, ou – pire encore – en chondrosarcome, pas de traitement connu pour des mois de fin sans fin ? Et pour ce genre de cas – et de traces sur YDIT – rien de « mieux » que la fin sans fin.
Il faut dire à notre lectorat que, de BOB et MORANE, il est difficile de distinguer le plus agressif ou le plus émollient, chacun(e) d’entre les deux choisissant un rôle tour à tour, parfois lors de la même séquence de nos entretiens, au prétexte que ceci n’est rien, sauf un roman-images pour lequel on les a plus ou moins bien payés.
Quant à nous, intervieweuse, nous percevons surtout une lassitude : YDIT-BLOG, Trois ans, c’est long, long.

Cependant les deux enquêteurs acceptent de quitter le sous-sol du café PMU (on dit FDJ) , dit « Du collège et du Temple ». Ils ont vêtu aujourd’hui des habits de parade (selon eux) et que des passantes les regardent en passant allègerait la fin de l’aveu, puisqu’être regardé toujours détourne le regard de l’intérieur. De plus (aux frais de la rédaction!) ils commandent du champagne.
BOB : faisons vite
MORANE : genre Napoléon à Waterloo
BOB : sauf qu’on n’attend personne…
MORANE : …pour apporter une aide. Voila donc : nous avons utilisé la belle et souple Archiviste départementale pour « tuer les déjà morts » : les extraits d’État Civil, même en théorie couverts par la loi des 75 ans, nous les avons tous lus, relus, la Grand-mère qui savait, – et l’annuaire des cafetiers louches de Saumur – le grand-père d’YDIT l’homme au canto / banjo – et l’annuaire des artistes musiciens de France, Frère qui savait et même davantage – et le recueil des antiquaires / fleuristes d’Île-de-France. Mais RIEN d’utile.
BOB : on a fait le tour des cimetières, pour suborner les gardiens, muets par devoir, on a contacté le Service Central des Cimetières de Paris, et appelé la paroisse du Pré Saint Gervais pour récupérer un acte de baptême, où aurait figuré Le Parrain, Die Pate, afin de justifier un lien de parenté qui appuierait la demande, sinon interdite. Mais RIEN. Tout ça, pour au moins offrir à YDIT l’opportunité de faire son petit Vian, « J’irai cracher sur vos tombes », mais RIEN, nulle part, même pas au colombarium central du Père Lachaise : on a lu toutes les plaques, une par une, toutes, MORANE et MOI, des après-midi entiers, à s’en détruire la patience, et même pas de Marcel MALBEE.
MORANE : Enquête de voisinage, disait le directeur d’hôpital (voir notre édition précédente) : mais plus personne n’ouvre sa porte. Et le Parrain est mort depuis quarante ans, sa femme de ménage, s’il en eût, aussi, la pharmacienne – successeur – nous a menacés du pire, de toute façon elle n’a pas de copies d’archives des ordonnances, si jamais à l’époque il y en eut.
Nos deux détectives ainsi travaillèrent beaucoup, longtemps. Très longtemps et souvent.
Ils racontent leur « Enquête de cousinage ». En remontant l’arbre généalogique vers sa racine (???) aidés de l’activiste archiviste Sidonie (elle s’attache à eux, danger !) ils étaient parvenus chez un arrière petit-neveu du Parrain, Marcel Malbée, Die Pate. Il avait résisté. Il est photographe. Détail et faiblesse : le petit-neveu aime les peintres et les modèles, mais c’est cher, surtout quand c’est nu, et lui aime les nus (on ment mieux quand on est nu, explique-t-il : n’ayant plus rien à cacher des surfaces, on renforce les secrets de la profondeur, à jamais inconnaissables..). Acharnée à percer le mystère de l’archive invisible, et peu soucieuse de détails, comme indifférente aux apparences (on la reconnaît là), Sidonie – nouvelle complice active et décidée – accepterait-elle de poser pour lui en échange, de se dévoiler en échange de quelques secrets, demandait l’arrière petit-neveu ?
Nue ? Avait-elle demandé, à son tour fausse ingénue.
Sur cette troublante interrogation (mais heureusement nul lycéen ne traversait le sous-sol nu du PMU, ou ne traversait nu le sous-sol du FDJ, mais pourquoi un lycéen nu n’oserait-il pas se déhancher au PMU, au lieu de l’inévitable fille un peu sotte à petits seins cachés sous les mains roses ?), il fallut rester sans réponse, afin d’attraper le train de 15h27.
Louise Toffin, envoyée spéciale à Dupetit-Thouars.
Mise en page, illustrations-montages : Rose AUBERT ( merci à elle une fois encore)
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Didier Jouault pour YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison IV, Episode QUATRE-VINGT-SEPT Série d’entretiens page culturelle. Huitième article : « BOB et MORANE finissent l’apparente enquête : « Nue?, demande t-elle, à son tour fausse ingénue ».