TEXTE de YDIT ( Tiens , où est passée la » Note de Madame Frédérique « ?)


Y.d’I, mots de « La Lettre de A. », version B
Ensuite, entre les signes de ce Roman-Images, sautant de ligne en ligne comme un singe sa liane, comme un roi sa Diane, comme un égoût sa vanne, comme un fou son âne, ensuite, encore ensuite, après les détours de FRED, la marée de l’Aqua Alta vise à l’immobilité, bizarrement.
Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, mais en haut c’est mieux, en haut de l’Aqua Alta toutes les écumes se valent, écumes des regrets, écumes des oublis, écumes des projets, et seule une désatreuse ( bien que dérisoire) tendance à la décrue pose les méfaits de l’âge sur la vivacité d’un narrateur alternatif, impulsif, offensif, itératif, inchoatif, gérondif, pensif et droit comme un if,
rétroactif comme tout bon menteur de narrateur, car ici-même tout décroît sans peine, après Septante, sitôt passée la ligne des Septante, lorsque septante et de plus en plus davantage sont bien venus, car Septante s’efface derrière l’allumage prochain d’Octante, narrateur dégressif et régressif narratif, c’est la pente, sans pinte, sans peine et sans regret, bien sûr, car comment regretter une pente?
GIL , plusieurs fois, dit : « après quatre-vingt, rien. «
Episodes ? Années? Cahier de souvenirs? Bonbons de Stilnox? On ne sait.
Avec QUATRE-VINGT, quoi ?
Passer le jour, passer la nuit : traverser d’un rien vers un autre, en souriant, le verbe aux dents et une parole fraîche à la main. Comme une paysanne rêvée de Greuze ou une courtisane peinte de Fragonard : la cruche brisée ou l’escarpolette levée, c’est toujours le même lieu du secret qu’on entrevoit, sur la toile, la page, sous l’étoffe ou le symbole.
Sexe nu, peut-être, nus ici et alors ? 
Intimité, sur l’image : NON, l’intimité profonde n’est jamais de la surface de la chair, toute fesse à l’air n’a l’air que des dessus, l’intimité vraie n’est que par ici, pour ici, cette si longue Lettre de A.Version B.
On peut alors, en ce temps de d’histoire (l’histoire d’une chasse au Marcel Malbée dit MM, Le Parrain, e récit ne sait que raconter son infini commencement) on peut tourner la tête vers le reste de la très vaste pièce où l’on écrit, où l’on tente de taper sur le clavier les sentiments certains (peut-être?) et les souvenirs confus (sans doute ! ) d’un roman-images dont
l’immobile héros pour toujours est un David de Donatello posé dans l’entrée d’un vieux Marcel Malbée, David gâché dans une mauvaise statuette de plâtre peint qu’on voit en premier, quand – à dix ans, onze ans ? nul ne se souvient du détail -on pousse le rideau lourd, rouge, en velours, glissant derrière la porte palière du petit appartement de vieux garçon, et dans le cartable un pyjama bleu ou vert qui ne sert bientôt plus à rien, « Tu n’as pas trop chaud, Didi, enlève le, donc… »
Marcel Malbée, dit MM, Die Pate, rue Dupetit-Thouars, 1er étage droite.
Et maintenant, soixante ans et bien davantage depuis étant passés, l’on s’aperçoit alors que, près de la cheminée à l’autre bout du long rectangle où YDIT écrit, pendant qu’on rêve et pendant qu’on chemine sur le clavier, pendant qu’on serpille la marée Alta de la mémoire, rêvée au plein de sa hauteur, pendant ce temps qu’on perd ou qu’on passe à écrire simplement, il y a toujours la présence de HANGED JAMES.
Posée sur l’épaule droite, ou la nuque, selon les soirs, selon les insomnies, encore l’image désolée de lui, ainsi que noué au terme de sa corde l’humanité le tord.
Tranquille dans l’azur, car il se balance paisiblement dans le carré de la fenêtre, pendu pas pressé de se mouvoir, plus grand-chose à dire, déjà bien mort bien que mal mort. Le vieux compagnon impassible, compagnon involontaire et indicible, usé lui aussi mais plus en profondeur par l’étranglement des « mains de vieux sur les bourses imberbes », LUI désormais rigole sans ardeur et sans malice, présence à peine perceptible, dans le quotidien du rêve, dans le quotidien du vivre banal. Parfois, dans un pas , c’est son ombre qu’on devine.
Son masque vide affiche un sourire sardonique. Sourit-il cependant, ou s’agit-il d’une grimace que maquille la volonté de tout dire? Va savoir.
YDIT peine à déchiffrer le masque mortuaire de ce pendu d’il y a si longtemps -son frère si proche et toutefois tellement différent qu’il ne sut jamais apprendre à survivre au-delà d’une main de vieux, d’une bouche de vieux, d’un cul de vieux. Surtout si on l’a connu de face et en vrai. Qu’on parlait avec lui de Joyce en buvant du vin blanc sous la tonnelle.
Et de Marcel Malbée, dit M.M., dit Le Parrain, grand amateur de pyjamas pour garçonnets, au point de collectionner les catalogues de « La Redoute », on en dit quoi ? On en sait quoi? On en veut quoi ? On y peut quoi, surtout, à présent ? Des milliers de mots, des centaines de jours à écrire, poursuivre les images, POURQUOI ? ON y peut QUOI ?
Mieux : pour QUI ?
Seuls BOB et MORANE sauraient, si MORANE et BOB savaient l’art de l’enquête ? Mais, engagés à la suggestion de FRED, ils ne savent rien du réel sauf le mensonge qu’elle leur en fait à chaque fois qu’elle verse, en liquide, dans un sous-sol de bar, quartier du Temple, Paris, proche de la place de la République, leur salaire de détectives sots et vagues.

Ils savent encore moins la réponse à l’effroyable question :
Pourquoi lui, Hanged James, lourd de mort , et pas Ydit-le-léger, rieur de vie ?
A jamais l’interrogation trouble fait vaciller le matin. Celui-là, HANGED JAMES, n’a d’autre destin, épisode dix, épisode cinquante, épisode d’ici et même après le mot « FIN » de l’épidode ultime, d’autre vaniteuse prétention que tenir compagnie au récit, au récit de ceci de jadis ici inscrit par celui-ci YDIT, Y.d’I. dit YDIt, le YDIT de Didi, mais aucun récit ne peut se poursuivre sans sa compagne, sa jumelle, sa marâtre : la question sans réponse. Pourquoi pas moi?
La narration est une ombre, l’ombre portée de James sur la pelouse, la corde est la question, tandis que le soleil va se lever ici, et lui, Hanged James, non.
Et chaque fois que l’histoire déambule dans la plaine ( car Septante et davantage étant venus, les gorges ont été creusées depuis longtemps au fond des plateaux de la mémoire, et les cours naguère brouillonnants sont apaisés)
,
chaque fois que l’histoire parcourt de son eau paisible les terres enrichies d’alluvions anciennes où tout peut pousser sans que rien soit planté, chaque parole en germe devenant fleur à volonté,
chaque fois -dans l’ombre- il y a HANGED JAMES, le fruit qui pend, l’ami pendu à la fin de la nuit, la question du pourquoi, Hanged James, l’ami de la mort qui paisiblement (désormais ! ) attend au coin de la rue, de toutes les rues de tous les matins, au cœur de la fenêtre, parmi les plantes vertes un peu fatiguées du balcon sur la rue,
dans les fentes du parquet au grenier,
dans les tiroirs sur mesure de la bibiothèque,
dans les irréguliers rayons de la bibliothèque,
ou dans les volutes du tapis persan au mur,
ou dans les trous que font les taupes dans la pelouse,
et lui les pieds presque dans le sable, et lui presque le tire-bouchon dans le vin : il y a HANGED JAMES,
Gentiment présent, même pas tournoyant sur lui-même, et qui lorsque le mouvement de la vie lui permet de faire face offre son sourire amical et goguenard, un peu tendre et lassé donc, comme s’il s’apprêtait à dire ( quoi qu’il soit impossible de plus rien dire dans son état) à demander, le petit gars malin du petit matin :
« Alors quoi, mec ? T’oses pas ? T’oses vraiment jamais pas ?
Répondre à la question ? POURQUOI ? Pourquoi pas aussi TOI ? »
__________________________________________________________________________________________
Didier JOUAULT pour YDIT-BLOG, Nouvelle Saison, Saison IV, FAUX EPISODE 94, en fait REPRISE de l’ Episode SOIXANTE-TREIZE, en feignant d’oublier Père et Frère, si étonnants Père et Frère, ‘les chiens qui ne font pas des chats’, mais des dégats, FRED demande à YDIT s’il se souvient, et lui répond que pendant ce temps de mémoire il errait dans les villes, troisième séquence-souvenir sur dix, VENISE de nuit, VENISE 3/3, troisième marche/ fin… FRED, je rêve « Aqua alta », mon rève, Refrain de Hanged james. Parce que- précisément – refrain.



