YDIT-BLOG, Nouvelle saison, saison IV, Episode QUATRE-VINGT-DIX SEPT / Comment je n’ai pas commencé à faire du petit vélo, à écrire certains souvenirs d’enfance commencés par Y, à parcourir à genoux la montée de la rue VILIN, à me déprendre d’espèces d’écrits : PREMIERE MARCHE RUE VILIN

Venu habiter- ma dernière demeure – près du parc de Belleville où l’on traverse la rue PIAT ( Piat, élu de Paris, en 1871, et ici, La Commune est partout présente, et j’aime qu’une arrière grand-mère maternelle habita rue Ramponneau, la dernière barricade tombée à la fin de la « Semaine sanglante »), ici – Belleville la Rouge – un artificiel balcon de béton sur la colline domine Paris ( des gens plutôt jeunes y viennent adminer les couchers de soleil, boire des bières, fumer des joints, écouter des sons, polir leur peau)

j’explorai le parc dans sa descente de méandres et d’escaliers couverts de lierres et glycines (mais non, pas en février) j’explorai  une brumeuse pluie de fausses lumière printanières, puis j’ai vu et lu ce panneau de petite taille, usé un peu, émail réglementaire dont la fonction n’est pas d’attirer l’oeil du passant, bière en main, piètre information quasiment administrative,  accroché sur la partie supérieure d’un grillage vert-rouille :

 

Pour le déménagement, plus des quatre-vingt pour cent des livres ont été repoussés hors de la future bibliothèque : donnés, beaucoup, un peu de ventes. Quelques Perec même ont subi ce désinvolte geste de l’abandon, tel « Le Condottiere », ennuyeux. Mais, bien entendu, plusieurs volumes ont pu traverser l’espace, et gagner les étagères neuves, dans l’appartement du 20 ème arrondissement, à quelques longues enjambées de la rue VILIN.

 

Lorsque j’ai visité la très neuve et encore assez vide  bibliothèque de la Place des Fêtes ( la Place Dèf quand j’avais douze ans, on la longeait de la périphérie vers le centre, Porte des Lilas et République, c’était de vieux espèces d’espaces miséreux, des boutiques obscures, un bastringue, on n’y allait pas,

Dans la bibliothèque de la Place des Fêtes ( elle remplace un Lycée professionnel métiers de bouche où j’avais déjeuné, dîné- membre du jury ),

dans la bibliothèque de la Place des Fêtes l’épais et lourd volume de « Lieux » ( La Librairie du XXI ème siècle, mai 2022) s’est imposé, presque seul à tenir debout sur un rayon de joli bois encore presque désert.

 

C’était vers la fin du mois de janvier 2025, YDIT BLOG en était encore entre deux rappels de « Ce que Mamie savait« , bien avant l’épisode SOIXANTE-DIX, cet entretien déambulateur de BOB et MORANE avec les œuvres (et les dire) de Gérard GAROUSTE. Coincidence, mais évidemment pour quiconque a croisé les deux, PEREC et GAROUSTE sont environ un même personnage déguisé en duo de comédie. BOB et MORANE ayant simplement chnagé de scénario.

 Longtemps, j’ai lu Perec – y compris tard dans la nuit- avec la passion aveugle des amoureux éblouis. « La vie, mode d’emploi ». Puis, au fur et à mesure des meilleures connaissances de l’oeuvre, j’ai subi cette fréquente désillusion : la fatigue du trop connaître. Et, ici, s’agissant de lui, comme un recul devant la rude mais sêche folie du cadre, ce bi- carré latin d’ordre 12 régissant ( au moins en apparence) la construction progressive du livre devenu  » LIEUX » sous forme d’inédits , de notes, de pages blanches), la rédaction d’un « objet » pendant les douze années prévues. DOUZE ? DOUZE !Les amateurs, qu’ils diposent d’un cabinet ou pas, savent que le projet n’a pas vu le jour.

C’est en découvrant, comme tout le monde, les « structures et chiffres  » de »La Vie, mode d’emploi » que ma passion pour PEREC avait commencé à s’étioler dans la raideur du cadre. Des nuits à lire en continu ce roman-amazone, dans l’immense salon lambrissé  au premier étage de « La Coudreraie », pas loin de L. ( comme écrivait Pérec, en initiale), le bonheur si vrai. Puis la carcasse du livre, sa  » construction » génialement diabolique. Admiration d’amateur, fascination de professionnel (j’enseignais alors la littérature), éblouissement devant l’acrobatie réussie.

Puis, peu à peu, les années venant, loin du grenier lambrissé, n’enseignant plus la littérature, surgissait une sorte de déception, à trop savoir quel os et quel tendon régissaient la pliure des reins chez l’acrobate. Comme si – retrouvant un soir un corps aimé, on apercevait la radiographie superposant  sa lueur de grisaille sur l’ombre d’un sexe doré.

Pour  » Lieux  » , dont je découvrais l’intégralité inachevée, éditée depuis peu : douze lieux, douze ans, un fois  » souvenirs » (évoqués dans l’une des langues de Pérec, parfois tapuscrits)  et une autre fois « réel » (observé : noté, sur place, parfois debout, coin de papier,écriture hâtée, mal déchiffrable), la vision du passage du temps, du vieillissement des lieux et de l’écriture ensemble ( et contradictoirement, bien entendu ) … Rituel et protocole : la mise sous enveloppe cachetée de chacun des fragments écrits ( presque tous inédits), références spatio-temporelles, auto-documentation, et -en théorie-on n’ouvre les enveloppes qu’à la fin : douze ans.

Ainsi, sans équivoque , tout indique la lourde déraison du cadre, du cadre inventé comme garde-fou brûlant (efficace d’autant) : s’obliger à contenir le vide, tenter de convoquer une identité ( on se souvient de la biographie, des disparitions de proches dans les cendres d’un camp, de la judéité), espérer croire en soi comme sujet d’unité. Compliquer à l’infini la règle pour oublier que les souvenirs sont finis- à tous les sens. Projet fou, et doux?

J’ai lu « LIEUX »- édition d’inédits ( presque tous). J’ai retrouvé le Pérec qui note « ce que je cherche à dire » en évoquant la clôture des contraintes et la liberté des formes. J’ai retrouvé, ensuite, le « volume lipogrammatique sur la rue où je suis né », toujours la VILIN.

Comme ici on peut deviner ( attendre? espérer?), je me suis aussitôt, livre terminé, posé la question du « A quoi bon? »

Après CELA , Lieux , et tout ce que Perec fit de Lieux divers – passages , rues, îles, carrés latins d’ordre dix, ( projet sans nul rapport avec YDIT, sauf les apparences de formalisme ), aprsè CELA , qu’oser dire ? 

Le premier des EPISODES ouvrant cette SAISON IV ( en août 2023 ! ) envisageait déjà l’inquiétante étrangeté de la question : POURQUOI DONC ? A QUOI BON ? Mais – ainsi est la vie de Yd’I, dit YDIT le Didi, l’urgence l’emportait sur le silence. Etait-ce à tort ?

Les nombreux épisodes à venir de la SAISON IV (close en août 2026…) , écrits, emboités par leurs mises en jeu, condamnés par la programmation implacable ( dix fois modifiée mais désormais inerte), fallait -il et pouvait-on admettre l’idée de les publier, tels quels, encore ? Maintenant que – soudain– au milieu de leur silencieuse programmation, de leur quasi oubli ( tant de tout passé depuis les jours de leur écriture ) – réapparaissait le fantôme rieur de Pérec, ses infernales réussites – comme ses parfaits échecs- tel  » Lieux » – maintenant ne fallait il pas, courageusement, humblement, stupidement aussi , appuyer sur la touche : supprimer.

Se débarasser, ainsi, du bruit de fond permanent de « La Chasse au parrain », de cette rumeur insidieuse et continue, essaims de guèpes et de personnages, Bob, Tyne, Morane, Fred, encore trop présents, permanentes piqures dans le rythme régulier de leur implacable publication. Et puis, même assourdis par la volonté d’innocence, les éclats des guerres et des pouvoirs déglingués, les coups de poings toujours plus nombreux sur les pauvres et les solitaires, ces fracas de l’actualité ajoutaient à l’interrogation. Encore du texte sur le coût des morts ? Sur le goût des mots ? Oser, encore?

 

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Didier jouault pour : YDIT-BLOG, Nouvelle saison, saison IV, Episode QUATRE VINGT DIX SEPT / Comment je n’ai pas commencé à faire du petit vélo, à écrire certains souvenirs d’enfance commencés par Y, à parcourir à genoux la montée de la rue VILIN, à me déprendre d’espèces d’écrits PREMIERE MARCHE RUE VILIN

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YDIT-BLOG , nouvelle saison IV, entre épisodes , l’arrêt au parc de Belleville : EPISODE ante Quatre VINGT DIX SEPT

Venu habiter- ma dernière demeure – près du parc de Belleville où l’on traverse la rue PIAT ( Piat, élu de Paris, en 1871, et ici, La Commune, La Commune la Belle, toute pleine d’espérances et d’erreurs, est partout présente, et j’aime qu’une arrière grand-mère maternelle habita rue Ramponneau, la dernière barricade tombée à la fin de la « Semaine sanglante »), ici – Belleville la Rouge – un artificiel balcon de béton sur la colline domine Paris ( des gens plutôt jeunes y viennent admirer les couchers de soleil, boire des bières, fumer des joints, écouter des sons, polir leur peau,griser leur temps), une plaque sur un grillage célèbre la disparition de la fameuse rue Vilin, je ne peux que traverser les fantômes de « Lieux » qui rappellent le nom de Pérec- soudain revenu s’installer dans le présent de ma mémoire proche.

Chez la librairie, Nathalie, on fait connaissance, je feuillette le superbe livre de Denis COSNARD, « Le Paris de Pérec, la Ville mode d’emploi« . On aurait pu avoir : « Chez Denis COSNARD, on fait connaissance, et je regarde la libraire, Nathalie, Belleville mode d’envoi ».

Mais non .

« Lieux » : amours, errances, personnages, écritures, angoisses, livres (ou projets), gueules de bois et achats pornos, depression et désirs, c’est cela qu’un volume de  » LIEUX »- mêlant de nombreux idédits, projette en couleur sépia sur les murs de ma promenade. Sous le bras, acheté à l’instant chez le libraire d’occasions de la rue du Transvaal, ( j’ignore encore le prénom du libraire) un exemplaire de  » l’Amour fou », André BRETON dans l’édition de la blanche (édition du 24 mai 1968…) :

 

 

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YDIT-BLOG, Nouvelle saison, saison IV, Episode QUATRE VINGT SEIZE : une solitude qui écrit la présence

Note de Madame Frédérique : Comme détaché du reste, et cependant du pareil au même dirait-on revenant, immobile immolé oublié dans le fatras nommé  » Lettre de A. Version B » que vous et moi tentons encore à ce jour d’inventorier ou d’explorer, le fragment qui suit n’est pas numéroté, et fut imprimé sur un papier un peu différent, plus gras, plus vélin-félin, de sorte qu’il aurait été déplacé, volontairement ou non, ou qu’il ferait même peut-être partie d’une version antérieure, archaïque, rédigée imprudemment à la première personne de YDIT – ce qui est au plan grammatical insensé…Ou même d’une préfiguration d’une Saison V ? I prefere do not !

« Lettre de A », version B

Texte de YDIT:

Je me décidai tout de même à tenter de revenir vers une page, à revenir vers cette pénombreuse lumière d’une solitude qui écrit, et j’ai ouvert un vieux carton. Modelage et musique, tout cela pas très frais. Peu à peu, sans choix et sans grâce, j’y avais déposé une série de documents dépourvus de tout statut, découverts au hasard des errances. Feuillet dans une corbeille à papier, à part ça vide. Sur un banc d’église, page lisse. Au sol, en limite du trottoir, brouillon gribouille. Dans la poche-révolver d’un jean’s d’amie resté au sol ( ça, non, jamais : on ne met pas les mains dans les pantalons des amies quand elles n’y sont plus). Fragments disjoints et privés d’avenir, quoique chacun lové sur sa propre certitude d’existence, fût elle insignifiante : de quoi longtemps lire et murmurer dans les nuits de l’insomnie, ou dans l’étau des tôts matins, les matins frais et frèles de l’écriture, quand bien même celle-ci, l’écriture,  n’eut-elle été  qu’un projet sans cesse reconstruit, sans cesse abandonné, sans cesse enfui, comme ceux par exemple de regarder devant soi, de perdre du poids, de lire davantage, de ne plus désirer les filles inconnues du Luxembourg, de bavarder moins et demain mieux, de boire moins et marcher plus, divaguer moins et donner plus.

J’ai ouvert le carton, décidé à y remettre un peu de vent, un peu de souffle, un peu d’émotion, dans les voiles efflanquées d’un voilier immobile, dont la chaine rouillée grinçait autour d’un bite mal peinte, près du port.

Le feuillet plié en 8 a sans doute été un peu humidifié par une pluie légère de mai qui a posé dans la fine épaisseur les traces des cailloux, ou simplement du gros sable,  (celui-là fut trouvé sur une plage irlandaise) puis a  écrasé la feuille. Extrait de son caniveau, le document reste lisible.

C’est la page 5 du livret d’évaluation de Timéo B (CM 2).

Pour l’ensemble ce n’est pas très bon. Massivement les notes de l’élève sont inférieures à la moyenne de classe. Il atteint 13,41 alors que la cohorte est notée 15, 83. « La honte »

Dans la rubrique lexique, Timéo B n’est pas si mauvais pour les sous-rubriques /le dictionnaire /les familles de mots/ termes et termes génériques et termes particuliers. Marcel Malbée, dit M.M. dit Der PATE, paraissait en connaître peu, des mots, et ceux qu’il apprit au garçon n’étaient ni les plus beaux de la tribu, ni d’un usage facile pour ménagères de cinquante ans. Pour les gestes, c’était mieux direct au but. On parvenait toujours à ses fins. Une fois lancé, pourquoi balancer? D’ailleurs, et l’YDIT d’ici le dit DIDI en conserve la trace : puisqu’on est occupé à ceci qu’on n’a pas choisi, ne perdons pas de temps, plus vite fait, mieux fini.

En mathématiques dans la rubrique «  grandeurs et mesures » Timéo s’en tire plutôt mal pour les angles ou encore le périmètre et c’est un peu meilleur pour les conversions de longueur, bien que, matière longueur, MM dit Le Parrain ne fût maître que de peu.

Cela fait sourire : on dirait la fiche d’évaluation d’un pousseur de phrases, d’un pousseur comme d’une barge, derrière la péniche ou plutôt devant, d’un pousseur sur le quai d’une rame de métro à Tokyo (mais les images de pousseur à Tokyo, que j’ai en tête, ne serait-elle pas totalement obsolètes ?). Bref : l’évaluation passionnément délirante et minutieusement implacable à laquelle s’expose toute tentative non pas d’écrire (car elle peut rester clandestine) mais de publier. Tyne l’Africaine-et son infini reflet du désir tendre. Gédéon le Sénateur, et l’ombre interminable du vide satisfait. Même sur un écran de tablette ou de téléphone, par à-coups de riens réguliers, petits riens régulièrement postés, hebdomaires épanchements, depuis longtemps déjà, ainsi que ici, ainsi que YDIT dit qu’ici il dit, chaque semaine, ou presque , l’épisode, comme une paisible marée que ne détourne aucun mascaret.

C’est en lisant «  Extérieur monde » d’Olivier Rolin, c’est en  parcourant les déambulations rieuses et tristes dans sa mémoire si pleine, c’est ainsi qu’est revenu le désir (le souci ?) décrire depuis l’extérieur devenu le dedans. Il m’a fabriqué, pour moi, au cours du temps des livres généralement courts, toujours pleins, pour lesquels une possible larme à l’œil sèche sur la joue au soleil de l’ironie.

Sur la terrasse de chez Nadia, quand il n’y avait pas la tentative de la visiteuse Adèle, avec son lézard de hasard,

Adèle, sa tentation de se transformer en tentation ( récit d’ici même aussi déjà fait, épisodes SEIZE et DIX-SEPT) ), tendue et presque dévétue dans la lumière de l’après-midi, à cette heure grave, mélangée, ou le sommeil peut resurgir dans la sieste, Adèle dormait, la tête posée sur le cuir de lézard, je lisais particulièrement ce passage :

«  Le temps qui altère les lieux, les visages, ménage des caches où les mots se terrent pour ressortir un jour, intacts. Comme des capsules de vie éternelle »

(Extérieur monde, p.127)

Reprendre l’écriture, on ne cesse pas de s’en étonner, malgré le temps de l’été, malgré le bonheur de la coupure, la tentation de ne pas reprendre souffle, car quelle impudence imprudente ! – relancer la clavier gris, c’est comme d’avoir posé l’allumette sur le papier et le petit bois de la cheminée, crissements, chaleur soudaine mais fragile, c’est  comme d’avoir ôté le premier sous-vêtement de l’autre, glissements, senteur subtile mais forte, et tout cela sans qu’on puisse revenir en arrière, jamais d’arrière pour l’écriture sauf à devoir infiniment dommages et intérêts.

On peut encore espérer s’en tirer par la fuite de l’érudition moqueuse, et c’est ici qu’il faudrait parler en même temps de FRED et du Vieux duc, à nouveau, si ce n’était déjà fait, Episodes VINGT et VINGT- ET UN.

L’avantage du détour narratif vers les moments de mes propres origines, Fred et les maximes (Fred et les maximes ça pourrait faire un joli titre de roman), l’avantage c’est qu’on diffère la chasse au Parrain, Marcel Malbée, dit MM, Der Pate. Ou Die PATE. Toujours ça de pris. Presque, on effacerait les comparses Détectives ravages, BOB et MORANE, mais non, ils veillent, les vieux, tenus de loin en laisse par FRED, qui les solde si hautement, et Samuel , le père songeur.

Quatrième âge, Septante et toujours davantage étant venus (car le 22 aout un an de plus), maintenant l’avenir se doit pourtant d’être vu brièvement.

YDIT raconte l’Afrique, la Blanche Tyne aux yeux profonds et jambes hautes, et Marie Claude P , qui lui avait dit dans un  couloir de vieux trains verts ( il n’avait pas sommeil, assis sur le strapontin près de toilettes, elle encadrait le voyage) : « Avec ta raie au milieu, on croirait Proust ». ET lui – quinze ans : C’est qui Proust ?

Mais la rayure était-elle aussi à l’intérieur ? Cachée ? Secrête? Interdite de parole? Le secret de famille pour tapisser l’intérieur de ma mémoire seulement, mais

…tout le monde savait? OUI, TOUT le MONDE, Mamie qui ne disait mot, Père et ses verres aux arrondis rouges, Frère et Ses Garçons à fesses rondes, Mère- mensonge et la petite boite en bois, Episodes TRENTE-SIX à CINQUANTE-DEUX, entrecoupés de diversions, TOUT LE MONDE

Trouver l’arrêt du train des souvenirs, et ne pas descendre en marche, attendre son quai, inquiet. Descendre à l’arrêt, pour effacer le parrain, le faire disparaître, équarrir sa mémoire, émietter ce qu’il fut ou au moins ce que j’ai en mémoire qu’il voulait être en son faire de fer.

Mais que reste-t-il de ce qu’il fut ? Mon ombre de septante et bien davantage court après lui, son ombre est morte avant la mienne, tant mieux, je n’aurais pas aimé que son ombre me courût après le long des sommeils et des insomnies, l’ombre et le soleil, aux bords où nous fûmes laissés, s’accordent à dévorer notre course avant que le soleil se lève aussi, ainsi de suite.

Alléluia. Mazel Tov. Ainsi soit-il. inc’h Allah, ne lésinons pas :

Quatrième âge, Septante et très davantage étant venus, l’avenir se doit donc d’être vu brièvement.

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Didier JOUAULT, pour YDIY-BLOG, Nouvelle saison, saison IV, Episode QUATRE VINGT SEIZE: une solitude qui écrit la présence. Rassurez vous : Gédéon n’est pas loin et Tyne non plus. Ils reviennetn. Après la légitime pause d’été. OUF .A suivre- mais vous le savez- le 7 septembre ou en replay (flèches en bas, ici).

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YDIT-BLOG, Nouvelle Saison, Saison IV, finales d’été, après la pause : Episode QUATRE-VINGT-QUINZE Recette du Parrain gras (pour les abats de fêtes )

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YDIT BLOG   S  4   E  95– Recette de cuisine du Parrain gras.

« Reniflons. Odeur de pieuvre morte dans une boîte à sucre en métal abandonnée-contenant des biscuits, écroulés de l’Intérieur, effondrés sur les parois métalliques. ça sent le cadavre de bonbons au miel au fond d’un tiroir ».(Olivier cadiot ibidem)

Recette de cuisine du Parrain gras : ou comment s’en débarasser.

(Faute de le menotter)

Ydit raconte. « Lettre de A, Version B », donc. Pourquoi pas. Il y avait longtemps.

Ydit raconte. Parfois, comme aujourd’hui, on ne devine pas très bien s’il s’adresse à une personne en particulier, ou même à un personnage de roman, ou encore,à- évidemment- l’inaltérable et quelquefois invisible FRED (dont chacun sait depuis longtemps qu’elle est un personnage de synthèse, vêtu de désir et habillé de mémoire),

ou à l’inénarrable et souvent imagée TYNE (dont chacun voit depuis longtemps qu’elle est une figure de style, bâtie de songe et maquillée de rappels),

ou à l’un de ces frères du sang et du soir qu’il rencontre souvent, mais déjà plus assez de mots dans le réservoir pour en parler de ces Frères là, dommage, toute la place vive de leur fraternité ici s’efface derrière l’urgence du récit,

ou à un ami de passage revenant de Naples ou Boston, on boit un café à la terrasse ombreuse du Osteria Ferrara, restaurant italien rue du Dahomey- tout ça très roman-images,

ou à une femme sur une terrasse, parce qu’il la perçoit émouvante, et c’est un autre épisode, il y a dans quelques semaines déjà, on s’en souvient, Venise, Tournus, Bordeaux, Paris, avec les récits des  » Emouvantes« );

ou à un psychologue de hasard- corsaire de la mémoire, payé trop cher- ou un médecin de boulevard tel l’incroyable docteur Meunier ( butte-témoin en quelque sorte de saisons antérieures ?);

ou même à une psychiatre repue et tapie au fond d’une impasse bourgeoise, le docteur Bas-de-Hurlevent, personnage crée jadis, pour la saison d’avant, et naguère abandonné (trop irreprésentable ), mort-né dans un fichier mal écrasé de ce même ordinateur- imbattable machine pour la conservation des faits, vrais et faux-faits;

ou si (peut être?) YDIT est simplement occupé à parler devant l’écran tiède et maigre de l’ordinateur, encore, à manipuler le clavier gris-souris, à parler assis à sa machine, à parler debout à son Iphone tout en achetant du pain lourd chez une boulangère en short léger, rien n’est ici garanti possible, à très juste titre-s’agissant de roman-images, et « ceci doit être considéré comme dit par un personnage de roman », une fois encore, un roman saisi lentement sur l’azertyuiop^$ d’un ordinateur -connu sous l’appellation générique, chez Windows, de « Façade » : on ne saurait mieux dire … »Façade ». Sérénade. Sausade. Passade. Rasade.

Ydit, celui-ci qui dit ici, dit que lorsque vous avez un parrain  gras et mou qui encombre toujours et encore les escaliers de la cave…

si donc, un Marcel Malbée dit MM, Die Pate gras et mou encombre les escaliers de votre cave, espèce de SDF incertain, où qu’elle soit, ce qui provoque un sentiment mêlé de frayeur et d’ennui, la meilleure façon de s’en débarrasser, dit-il, est de le conditionner au frigo, plus exactement au congélateur, où son immodeste et encombrante, et molle, et lourde, et précautionneuse, et peu bavarde personne affrontera non pas la rigueur du temps qui passe, mais cette possibilité d’être un jour décongelé, autrement dit cuisiné sans merci. Tel l’agneau de Pascal.

Marcel Malbée sous plaqtique, dur davantage que d’usage, et qu’on prépare pour la célébration ultime : sa disparition (disparition, pas seulement des E de Malb..)

Certes, l’opération demande un peu de dextérité, du temps, de la patience. De la volonté active. Certains matins, pas le désir de ça : s’y mettre. A dépiauter le Marcel Malbée. A s’occuper de tout ce gras, ce mou, le sale et le coulant. Le résultat cependant vaut la peine : ce n’est pas un plaisir, mais c’est une chance. Au fond, même : une dernière chance. Au fil des jours (ou plutôt tandis que les années passent, tandis qu’elles sont de moins en moins nombreuses à permettre une action, ou encore pire un projet ) il est facile de se munir d’ une cocotte, par exemple, ou d’un fait-tout, drôle de vocable si l’on pense à ce qu’est un parrain, un Marcel, un Malbée, un MM, et d’ouvrir une boîte Tupperware : il y a du parrain dans l’air, ça va chauffer, ça va bouillir, les morceaux congelés de mémoire : on s’en frotte les mains, préparées à l’action par quelques gouttes d’une lotion huileuse : souvenirs, mémoire vierge, première pression à froid.

La séquence qui paraît la plus complexe, la mise en boîte, ne présente réellement aucune difficulté. Il suffit de commander chez votre fournisseur (car de nos temps l’article est de moins en moins en stock, et ne se montre plus en vitrine) la taille de cercueil pour un bon parrain bien gras, élevé en liberté (ce qu’on regrette), en veillant à ce qu’on vous le livre tout préparé ( le traitement des ébats n’apporte aucun avantage). Afin de vous débarrasser des poils qui pourraient encore rester ( rappel : aucune image VRAIE ne reste du Marcel Malbée, incroyablement, intimemement proche, cependant, rien sur les poils sur la poitrine, les mains, le ventre, les couilles)

Si votre parrain, ce qui est le cas pour Marcel Malbée dit M M, n’est plus de la première couvée, le hachoir sera préféré au couteau, même bien effilé. Sur la planche à découper, on répérera les articulations, parfois peu discernables, du réel et du fictif, on séparera les parties ultérieurement utiles de celles qui ne vous serviront à rien au moment de la décongélation narrative, parce qu’elle ne participent à aucun soubresaut de mémoire restituée, et ne contribuent à nulle reconstitution. Inutile ici de les désigner, chacun-ou chacune-voit ( très en détail et gros plan, hormis cet YDIT qui ne voit plus rien de par-là) de quelles parties de parrain il s’agit.

Afin de faciliter une optimale utilisation ultérieure – ce dont rêve toute mémoire- nous vous conseillons de choisir un nombre de morceaux pas trop élevé, en proportion directe du nombre de jours, ou de mois, ou d’ années, ou de vies que vous avez encore ( malgré tout ! ) l’intention de consacrer à faire griller les tranches de parrain, dans le grille-parrain, de ci de là. En effet si la quantité des boîtes est très grande, outre que cela encombre votre congélateur en défaveur des sorbets chocolats ou des crevettes sauce thaï, vous risquez de vous trouver face à une profusion, une prolifération,

une diversité qui vous déborderont, vous dépasseront, vous émulsionnneront, au point d’empêcher une belle et bonne cuisson du souvenir, une de ces recettes qu’on peut se flatter d’avoir réussies, tant  les amis conviés à partager le repas mémoriel ont apprécié la qualité du met, certes dense à l’ingestion, mais aussi incomparablement léger à la digestion.

Car n’oublions pas ( déjà cité! ) ce qu’écrit l’impeccable bien que douteux Borgès:  » Je me souviens pour oublier, pour tromper mes amis, et pour attendrir le goût de la chair. »

Ensuite, enfin : poubelle !

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Didier JOUAULT pour YDIT-BLOG, Nouvelle Saison, saison IV, finales d’été, après la pause Episode QUATRE VINGT QUINZE Recette du Parrain gras Miam Miam

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