YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison IV, Episode QUATRE-VINGT-TROIS. Série d’entretiens page culturelle. Sixieme article : « Bob se demande si ça vaut la peine de trouver autre chose que ce qu’on cherche ».

YDIT BLOG

6 – Sixième article : Bob se demande si ça vaut la peine de trouver autre chose que ce qu’on cherche ?

BOB, en est revenu à sa mélodie en sous-sol : Donc, on en était là : dans la guinguette au bord de Marne, les deux jeunes, 15 et 16 ans, parmi eux MM Le Parrain, la main déjà bien pleine, et il avait suggéré : on le fait chacun pour soi côte à côte dans l’herbe ? Et MX Le joli, père de YDIT,  rigolard, suggérait : si on le fait chacun pour l’autre ? MM, aguiché, prétendit alors même, selon MORANE, qu’avec la bouche du coup, quant à exercer son talent sur l’autre, et tour à tour, ça marchait pas mal non plus, et que même, question de goût, ça approfondissait les approches sans gâcher les baloches (MORANE a toujours disposé d’un vocabulaire équivoque). 

Notre lectorat (*), on s’en doute, aura compris que, soudain, les détectives que nous rencontrons sont passés – directement – de l’archive authentique à la pure imagination (d’ailleurs ici impure imagination conviendrait mieux) : nul ne sait rien sur ces deux jeunes gens, Parrain et Père, hormis leur probable rencontre en suivant leurs respectifs pères musiciens dans les concerts de bord de Marne. La sale croissance tendancielle du récit vers l’allusion à l’obscène, propre (ici impropre conviendrait mieux) aux récits du YDIT-BLOG a sans doute à sa manière contaminé les Détectives .

BOB : revenons aux Archives secrètes de l’hôpital : Colette regarde Sidonie, qui observe l’écran sur son épaule. 

BOB et MORANE sont trop éloignés pour lire autre chose que les grands titres. Va-t-on les faire monter dans cette galère du souvenir, gaie ou sordide, selon qui regarde l’image, de ces deux jeunes personnes découvrant les nouvelles possibilités de leur univers ? Le temps passe, les présences des enquêteurs sont clandestines. « Résumons », abrège Sidonie en appuyant sur la touche « Fin de session » :

Les détectives assurent qu’ils répliquent avec fidélité le discours de leur nouvelle complice : pour les Père et Parrain, c’est ainsi que tout aurait commencé entre eux sur un bord de Marne juste après la première guerre. Tout s’éclaire ? Ou rien ne se comprend ? Car quelle fidélité ensuite ! Juste après la deuxième guerre, MX le joli, le  papa chéri de Ydit, selon mes documents, épouse Madame Thérèse, encore mal remise du décès d’un premier époux sur le front, comme cela a été raconté ici, dans YDIT BLOG, vers la fin de l’année 2024, sauf erreur, une histoire avec une petite boite en bois, et dedans ses papiers d’État, au premier mari de Mère,  et aussi dedans la balle unique. 

Mais, conteste Sidonie en Archiviste éclairée, toute cette histoire – sans doute d’amour – d’une part, on n’a aucune façon de la connaître ; d’autre part, ce n’est pas du tout notre sujet du jour.
BOB, comme soudain sorti du vaste mais périlleux trou noir du Temps des Amours, rappelle :  le menu du jour, c’était  et c’est : de quoi est donc mort MM Le Parrain, Die Pate ? Et on ne peut pas dire qu’on ait avancé sur le front de la  connaissance.

Morane pense, pour conclure l’entretien, qu’on en sait beaucoup plus, maintenant, sur autre chose : les origines de l’histoire ou (mieux !) l’histoire des origines.

BOB se demande si ça vaut la peine, de trouver autre chose que ce qu’on cherche.
Morane (avec un peu de mépris) : tu devrais savoir, pourtant, que c’est pourquoi un écrivain écrit ?

Notre prochain article ne portera pas sur ce sujet, souvent abordé dans nos pages Culture et Société. Mais nous retrouverons les Détectives BOB et MORANE, lors d’un antépénultième  entretien, pour apprendre comment détourner le secret médical.

Mise en page, illustrations-montages : Rose AUBERT ( merci à elle une fois encore)

(*) Rappel : la personne assumant la rédaction en chef exige la parité dans l’adresse, mais on préfère « Lectorat », vif, au lourd « nos lectrices et lecteurs »


Didier Jouault pour YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison IV, Episode QUATRE-VINGT-TROIS. Série d’entretiens page culturelle. Sixieme article : « Bob se demande si ça vaut la peine de trouver autre chose que ce qu’on cherche ».

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YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison IV, Episode QUATRE-VINGT-DEUX. Série d’entretiens page culturelle. Cinquième article : « Et les voici aux Archives du 184 rue du Faubourg Saint-Antoine ».

Pour les membres de notre lectorat (*), rapide rappel : 

Même s’il reste tout à fait limité, le phénomène YDIT-BLOG atteint à présent des publics divers, qu’en d’autres temps on aurait qualifiés des Happy Few. L’audience reste confidentielle, mais les rumeurs s’installent. Surtout, une double  question traverse de plus en plus souvent les « commentaires » et « re blogs » : Ydit est-il l’auteur du YDITBLOG  (on s’interroge surtout sur les montages d’images ) ? A-t-il, enfin, réussi à retrouver le personnage central, ombre absente mais portée sur et par tout le récit : Marcel Malbée, dit Le Parrain ? 

Voila pourquoi, plus longuement que prévu (sans doute 9 articles au lieu de 6 ?) nous nous déplaçons avec (à présent) une régularité certaine pour rencontrer dans un sous-sol de PMU (on dit FDJ) deux des protagonistes pas si mineurs : BOB et MORANE.

Dans le petit café un peu désuet de ce quartier historique, nous retrouvons nos deux Détectives-Ravages (ainsi qu’ils se nomment par une salutaire auto-dérision). Le garçon de café commence à nous connaître : Menetou-Salon ou Saumur-Champigny pour ceux que j’interroge, et thé vert pour moi. Nous nous sommes quittés dans une réserve des Archives, plus précisément au cœur d’un récit sur les Archives,  et l’on venait – au grand désarroi de BOB et MORANE, d’observer la preuve du décès : Mort de Marcel Malbée, Die Pate, fin de la CHASSE AU PARRAIN ?

Bien sûr qu’on n’allait pas en rester là, dit Morane. Surtout que ça mettrait fin aux virements de Madame FRED. Mort, peut-être (**), mais de quoi ? On était sûrs qu’YDIT exigerait de la savoir. Une bonne si possible longue et  de préférence douloureuse maladie ?

Sur le geste de son comparse, MORANE mime : « moi j’ai rien dit », et le récit peut reprendre :

Selon BOB :  Sidonie, qui soudain gràce à eux ne s’ennuyait plus, pour elle une seule piste restait possible : les Archives de l’Hôpital. Elle y connaissait  une charmante collègue de promo, tant pis pour la cantine – soit dit en passant la rapport qualité prix est parfait, il faudra revenir -, on allait acheter un kebab-frites sur le faubourg, on pouvait arriver pour la réouverture des bureaux, des tiroirs de la morgue (ces cousins des mémoires d’écrivains)…

Vous partez ? demanda Sécurité les voyant passer à 3, et si j’ai un client pour un décès ?

Jules et Jim Truffaut

Impériale, Sidonie : un décès tout frais, on peut toujours attendre.
Et les voici, car Sidonie connaît son Paris, arrivés à temps : rue Descos (en sortant par l’arrière de la mairie), la coulée verte de l’ancienne voie ferrée au-dessus de l’avenue Daumesnil (arrogante construction de parisiens trop riches), vingt-trois mètres sur la chaussée mal entretenue de la rue de Rambouillet, à gauche rue de Chaligny, en passant devant l’ancienne caserne modifiée en appartements pour socio-bobos et boutiques bio-bobos (Sidonie tenta un début d’histoire du quartier naguère populaire, mais BOB et MORANE s’en fichaient, racontent-ils), puis la malicieuse entrée de l’hôpital, enserrée de terrasses de cafés comme une double haie de garçons d’honneur à la sortie de l’église.

À Paris, dans ce quartier, les terrasses n’ont jamais été si pleines que depuis qu’on sait pouvoir y mourir en novembre. Ce qui surprend aussi pour l’adresse où l’on va mourir : l’hôpital. Sidonie montra sa carte de guichetière-archiviste de classe exceptionnelle, on la salua, elle entra, elle salua, elle passa, la classe. Elle embrasse Colette et Colette embrasse Sidonie, historiques retrouvailles.

Comparés, MORANE et BOB semblent de maigres opuscules de campagne électorale

posés sur un bureau à côté d’un complet-Proust

YDIT, Saint-Antoine, Gallica
Image retouchée de la Ville de Paris / BHVP présentant l'hôpital Saint-Antoine, Cote 1-EST-02379

SIDONIE émeut COLETTE et elle obtient de lire les détails. Munie de renseignements nouveaux, assez inutiles ici, elle « croise », habile en artifices et en intelligence : non sans quelques déceptions, elle creuse, elle creuse ?

Tous regardaient, (assis autour de cappucini en plastique, au Relay de l’hôpital) et une fiche au nom de YDIT avait  fait sursauter MORANE, puis BOB, et même Sidonie (Colette ne levait pas les yeux de l’écran, d’autant que sa frange d’épais cheveux noirs gênait un peu) : découverte.  On apprenait qu’avait été musicien le père de Marcel M, l’effroyable Parrain,  et Artiste lyrique – en fuite ! –  tel fut le père de Marius X, selon d’autres fiches lui-même père (quoique si peu) de YDIT : si l’on en croyait les documents un peu clandestinement tirés du réseau numérisé, les deux garçons – MM et MX , parrain et père, s’étaient selon toute invraisemblance rencontrés dans un café-concert encore ouvert à la fin des années DIX, celles du vingtième. Ou une guinguette attardée ? Étrange vaguelette de stupeur sur le groupe des quatre, aux archives. On tient sinon le noeud, du moins la source.

Quoi qu’il en fût,  à en croire (le faut-il ?) quelques détails arrangés ou vérifiés sur le dark net, leurs deux pères, Die Parrain et Le Père, deux Artistes impécunieux, s’étaient ensemble produits, surtout le week-end, pour de leur mince talent améliorer le maigre ordinaire familial. Dans un article sérieux comme celui-ci, force est d’y croire, tout « Alexandre Dumas / Monte Cristo » que paraisse le procédé ; on doit y croire que : l’un jouait du banjo, accompagné parfois de Lulu à l’accordéon, l’autre poussait des notes de ténor exténué. Die Pate et Le Père. Rien moins. Poussant la note de concert de conserve dans une guinguette.

Pendant ce temps, MM dit le Parrain (Die Pate ici chassé) et MX dit Le Joli (père de YDIT),  ils avaient 15 ou 16 ans, découvraient que s’intéresser manuellement chacun à eux-mêmes dans la solitude amère d’une maisonnée triste, postulait moins de plaisir, et surtout de perspectives variées, que de s’intéresser chacun à la même chose, mais ensemble, d’une belle union harmonique, et en rythme avec le banjo de papa… Les Caf Conc ou les guinguettes, on s’en souvient, c’était propices à ces moments écartés à deux permettant de mieux faire connaissance avec l’unité de l’être dans la chair, ainsi soient-ils. 

D’un geste large mais fatigué, MORANE saisit le bras du garçon qui passe : la même chose !

Le récit, les découvertes, la même chose ! ( retour au même : le désir du plaisir)

Trois lycéennes en parade, t-shirts moulés pour saouler la foule, shorts réduits pour emplir l’aorte, baskets blanches pour sniper les hanches, remontent l’escalier, retour des toilettes, et BOB suspend son vol (d’archives) – comme son récit (plus ou moins mensonger, mais on s’y fait, si fait, cher Lectorat).
On dirait en effet, cher Lectorat (*), que le récit, pour ces gens-là, coïncide mal avec le passage des hirondelles, des demoiselles, des ailes et des belles. 

Habituée à cela (et pourrait-on dire dès les premières publications de YDIT-BLOG ! ), on n’a plus qu’à tenter d’attraper le train de 15h27…

Mise en page, illustrations-montages : Rose AUBERT ( merci à elle une fois encore)

(*) : la personne assumant la rédaction en chef exige la parité dans l’adresse , mais on préfère «  Lectorat », vif, au lourd « nos lectrices et lecteurs »

(**) Non : indubitablement, État-Civil faisant foi !


Didier Jouault pour YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison IV, Episode QUATRE-VINGT-DEUX. Série d’entretiens page culturelle. Cinquième article : « Et les voici aux Archives du 184 rue du Faubourg Saint-Antoine ».

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YDIT blog Hors saison, saison 4, EPISODE QUATRE VINGT-UN, Septième marche de nuit en marge du souvenir des jours : Fred lui demande s’il se souvient, YDIT répond qu’il errait dans les villes, comme souvent, septième séquence-souvenir sur dix : Verdun, vous n’avez pas visité la ville haute, mon légionnaire ? DEUXIEME PARTIE ( fin )

VERDUN, Bar-le-Duc plutôt, le soir après diner en terrasse (la serveuse était fatiguée), distance prise avec « les autres » du séminaire à verdun. On errait, on s’arrêta. L’homme qu’on voit marche sur une béquille, lentement. Evidemment, on dirait qu’il sort de l’ombre sous l’arbre, qu’il sourd fragile du triangle sombre d’une place, mais il n’y a pas de banc, et il semble souffrir à rester debout. Trop rond de graisse ( la maladie ? l’accident?), crâne rasé de près, et rien d’un mendiant, d’un punk à chien, d’un marginal pauvre, sale, usé. Est-ce encore lui ? Le Légionnaire d’Ukraine ? Il raconte avoir été battu à mort par  » la famille ». On ne le croit pas. Devrait-on le croire ? Mais c’est le tard, le retour, usure après le jour des mots vides d’un séminaire lourdement payé, il faudrait le croire, on passe. Sur les hauteurs de la ville d’autres morts ont été assemblés, jadis.

Ensuite déambulation par les marches, haut la ville, bas le fleuve, les fenêtres ouvertes sur le jazz et d’impossibles rencontres -toujours esquissées, encore ratées. Ainsi est la chose-vie, départs sur les quais de Niort où l’on aurait dû rester pour vivre la rencontre d’une belle personne, fuites dans les descentes de Bar-le-Duc où l’on aurait dû écouter le récit mensonger d’un faux combattant. Seul le mouvement vaut la peine. Et la peine ne vaut rien.https://yditblog.wordpress.com/wp-admin/post.php?post=10254&action=edit

C’est juste : lorsque  YDIT revient dormir dans son hôtel de Verdun ( l’ancien Mess  luxueux des officiers, « offert » par les entreprises ayant bâti citadelle et forts, et fortunes locales), il est de toute façon trop tard pour quoi que ce soit d’autre que de dormir, si on peut.

Mais peut-on jamais ? Dormir, est-ce possible sans le sexe, du Stilnox, un Mac Allan Ambré ( du plus fort au plus cher) ? Sinon, la nuit comme d’une matrice où l’on ne peut revenir, à peine né .

L’hotesse à l’accueil – un certain sourire- fait surgir à nouveau le quai de Niort, comme si tous les abandons- les plus menus, les plus inquiétants aussi- forçaient à revivre les séparations initiales, brutales. On croit se séparer tout le temps, mais ce n’est que la répétition d’un première fois.

A TOURNUS, quelques semaines auparavant, pour une mission semblable, séminaire de même abusivement payé, YDIT avait retrouvé les sensations d’une précédente visite, cinq ou six ans plus tôt. A l’époque, exceptionnellement et bizarrement, il avait été logé, seul , dans une sorte de Airbnb posé sur un joli menu jardin. Le second soir – celui du «  dîner de choix-« , à table il avait un peu vanté les fleurs- du jasmin, des roses ; d’autres moins spectaculaires. Georges et Françoise avaient suggéré d’y prendre un verre, apporté de leur hôtel. On avait bu et parlé, gens et mission. Quand Georges avait dit qu’il était fatigué, et voulait se lever tôt pour un footing sur le chemin de halage, Françoise lui avait souhaité bonne nuit. Sans partir.

Elle et Ydit avaient marché dans la nuit, les étroites et rares ruelles de la ville. Nuitée : la ville, de nuit, l’errance, cent fois, deux cents fois, lors des missions ou séminaires, peu de sommeil ensuite, mais c’est ainsi que les hommes rêvent, la nuit, ça marche, dans le silence et l’ombre, ça marche et ça surgit, le rythme des pas, le rythme des vides intérieurs, on ne connaît rien de ces murs, et l’on apprit tout de ces heures, on découvre, on invente, on passe, on note, on oublie : la vie, la vie du récit pour se « narrer un bon coup », comme dirait , à une lettre près, un légionnaire de Bar-le-Duc.

Mais du jardin de Tournus, près de la Collégiale massive, rien ne reste plus, pas davantage cette fois, rien qu’une ombre sur un quai, un geste à la portière d’une voiture qui démarre, ensuite.

Retour à Verdun ( bonheur sans réserve de ces villes, trop connues mais préservées en leur nombril).  Façade d’hotel éteinte. Touristes anglais qui chantent leurs bières. Françoise, même étage. On dirait soudain que 14-18 est une invention de maître d’école.

Au matin, tôt, Google dit tout. Et ça détend ( Ydit s’inquiétait d’avoir négligé l’homme à la béquille, croisé en pleine nuit au sommet de l’escalier, autre source d’insomnie).

On s’en doutait, à Bar-le-Duc, il n’y a pas de cantonnement du 3 ème REC, groupement de Légionnaires, qui d’ailleurs n’existe pas. Il y a bien, troupe de choc, coups tordus, un 1er REC, mais à CARPIAGNE, ce qui fait loin, à l’est de Marseille. L’article  de la ville évoquant le départ d’Orange ( « après 47 ans de présence ») précise ( et on tient ici, espace de texte, à saluer le langage, et l’allusion à Rimbaud pour la Légion, très fort !) :  «  Le 1er REC n’est pas plus de Carpiagne que d’Orange, il a des semelles de vent, il n’a d’amour que pour l’aventure et le baroud et de tout ce dont il est fait c’est bien cela qui le rend ‘à nul autre pareil’ » , semelle de vent, tu parles, semelles de plomb. Pour le 3 ème, c’est un REI ( Régiment Etranger Infanterie ), cantonné Avenue de France…à Kourou depuis 1973, régiment le plus décoré de la Légion étrangère dans l’armée de terre française, annonce le moteur- chercheur.

Mais pas d’homme à la béquille, cassé par « La famille ».Ou ceux de  » la Piscine ». Ou les Gitans vengeurs.

Personne non plus à l’Oreille cassée?

Sur le chemin herbeux de halage, depuis la terrasse de ma chambre au premier, je vois trois filles en train de courir, elles approchent, allure assez militaire ( des gendarmes ?), j’essaie de lire ce qui est écrit sur leur maillot tandis qu’elle arrivent tout près, mais c’est très gênant aujourd’hui de regarder de face les maillots des filles ( voila pourquoi on photographie les shorts de dos ), elles vont imaginer que j’essaie de suivre les seins vivant sous le tissu mouillé de sueur, et porter plainte. Je pense à les photographier, pour déchiffrer ensuite, mais j’imagine leur colère, si ce sont des gendarmes, des légionnaires, du 15 ème ETC, elles ont sans doute une arme de défense sur elles, un poignard de combat caché dans les chaussettes ( ailleurs ça prend trop de place, ou c’est trop raide, trop pointu pour une Princesse Tam Tam), aussi je vais mourir transpercé d’un jet habile d’arme blanche, mieux vaut retourner à Google et au plantureux plateau petit déjeuner d’intervenant au séminaire. Attendre la visite amicale d’une stagiaire qui pré-demande une hospitalité pour l’heure de la sieste.

Au loin deux groupes de jeunes hommes, eux-aussi pour le footing matinal ( exercice militaire ?), leurs maillots, que je regarde quand ils passent – identifient une compagnie de CRS. l’ Eminence de leur survétement, non plus, n’est pas pointue.
On devine comment la tête de « Mon Légionnaire » rencontré la veille, fabrique ses narrations avec les fragments successifs de la vue, des compagnies, les miroirs de la vie. Tout comme quiconque écrit : avec des morceaux de vérité cachés par des lambeaux d’imaginaire. Je les observe, carrés, jeunes. Tout cela fait de beaux torses, de belles cuisses, mais toujours pas intéressé. Je pourrais passer l’adresse à Marcel Malbée ?

Rapidement, je lance la recherche, sur le site de «  l’Est républicain », en posant la question à l’archiviste proposé  par «  nos contacts au journal » , mais je sais par avance ce que je vais trouver. Il disait dans la ville haute, mon légionnaire : « On en a parlé dans  le canard, il y a trois mois de cela, et moi, sitôt revenu d’Ukraine pour une permission et surtout pour mon debrief Piscine, Berthier quoi, vous pensez, avec tout ce que j’avais vu, donc j’ai dit que je voulais la vengeance et que je savais combattre, je l’ai dit partout en voulant un combat à la loyale, alors ces fils de pute m’ont attendu, ils m’ont cogné à la barre de fer, à quatre contre moi, j’ai eu trois côtes cassées , encore ça c’est rien, mais deux fractures du fémur, y a qu’à voir comme ils ont tapé, de ça aussi on, a parlé dans le canard. L’Est Républicain, vous lisez?« 

A la pause, je consulte les résultats : Rien, dit Madeleine Capsol, archiviste : même en élargissant sur un an, puis 18 mois, pas le moindre papier, ni entrefilet, sur un « Grand Père » (résistant ou pas !) tué par balle en pleine rue,  ni sur l’agression d’un homme jeune, à la barre de fer, par quatre barbares. Le plus proche, il y a deux mois : une bagarre dans un bar «  pas très bien fréquenté », origine inconnue, mais dégâts nets. Rare. Vous savez, Bar-le-Duc est une ville plutôt calme.

Oui, à Verdun, Douaumont plutôt, fort fameux pour les tueries de boches par des nègres, comme disait le plaisant vocabulaire d’époque, dans les environs, par endroits,

en visitant, se découvre dans les buissons une plaque pour un mort, très isolée. Un héros tué en se tirant ? Cherchant des latrines anonymes ? Un véritable héros ? Un type de la Légion, pas encore blessé ? Un passant déguisé en permissionnaire ? Bar-le-Duc, au contraire, est une ville plutôt calme.

Ce qu’on ne maîtrise pas, c’est imaginer, c’est d’entrer dans un récit sans que le chemin conduise à des pages et des pages plus ou moins absurdes, ou véridiques, documentées, impossibles mais documentées. Même un type rasé, blessé, perdu, au sommet d’un escalier, solitaire pour toujours, même lui à Bar-le-Duc, un soir de séminaire, il sait faire ça.
Fred demande si , encore, c’est donc cela que tu vas faire, toi YDIT ? Raconter ?

Le parrain, MM dit le parrain, il me fait penser à cette formule des transports en commun : «  la descente doit s’effectuer à l’arrêt ou en présence d’un quai »

Se mettre en mesure de trouver les deux, l’arrêt, le quai, sans doute au fond est-ce le projet de ce récit, de ces pages et images « HS », HS autrement dit  hors saison. C’est donc, oui Fred, ce que je suis occupé à faire. Rester en plein de H.S.

« L’inquiétante construction progressive d’un point géodésique fastidieux », c’est la première phrase qui reste de mon rêve du matin.

La phrase, peu à peu, s’installe dans les demi-bruits de l’éveil, tasses sur les plateaux de la terrasse voisine, bruits de pas, de vêtements, et tous ces pépiements des oiseaux à l’aube. En bas, un client de l’hôtel claque fort sa portière.

On ne sait pas du tout pourquoi cette phrase – dénuée de sens vrai- a pu exister, s’installer, peu à peu, dans le réseau métaphorique mais incohérent du rêve , et autour du mot : géodésique.

Parce que, dans la nuit fatiguée, on se souvient que dans la solitude, on aurait aimé savoir comment ils vivent, les gens ? Les gens d’ici, qui ont retapé plus loin une vieille grange, inventé beaucoup d’espaces, choisi, acheté, apporté des objets, lampes, jeux, casseroles, chaussures, tuyau d’arrosage, buffet, et cette vaste baignoire ancienne de fonte faïence. Savoir, dans la maison louée, comment ils vivent les gens, ce qu’ils se disent quand les enfants sont sur la terrasse. Ce qu’ils aiment  cuisiner – pas trop cher ?- avec d’exotiques produits laissés dans le frigo, comment ils ouvrent  la bouteille de chablis ( plusieurs sont allongées près de l’évier), comment ils marchent quand ils se lèvent en retard d’avoir trop bu, comment ils brossent leurs dents avec ce dentifrice à la framboise mûre, comment ils lisent ou écrivent, et comment ils écrivent, comment ils se caressent et se pénètrent, comment ils rêvent quand ils rêvent et comment ils se réveillent avec dans le cœur d’une phrase le mot « géodésique »

Mais ça va prendre du temps : la vie est un long détour par des labyrinthes.

Dans la chambre voisine, qu’on ne visite pas, on pourrait imaginer qu’ il y a

HANGED JAMES,

gentiment présent, même pas tournoyant sur lui-même, et qui lorsque le mouvement de la vie lui permet de me faire face m’offre son sourire amical et goguenard, un peu tendre et lassé donc, comme s’il s’apprêtait à dire ( quoi qu’il soit impossible de plus rien dire dans son état) à demander :

«  Alors quoi, mec ? ».
 Evidemment nul ne peut dire ce qu’il attendrait en matière de réponse.

Après  un silence long l’rinevitable Fred demande : «  Et ensuite, lorsqu’elle revient, l’Histoire de la mémoire?  Alors quoi, mec ?..»

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Didier JOUAULT, pour Ydit-blog YDIT blog Hors saison, saison 4, Episode Quatre Vingt un : Septième marche de nuit en marge du souvenir des jours : Fred lui demande s’il se souvient, YDIT répond qu’il errait dans les villes, septième séquence-souvenir sur six, Verdun, vous n’avez pas visité la ville haute, mon légionnaire ? DEUXIEME PARTIE ( fin )

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Texte de YDIT : »Lettre de A. », version B. Suite des FRAGMENTS

«  Je pourrais vous traiter de mythomane, mais non, je comprends ce ‘tout est relatif’. On exagère tous. Il ne faut pas nous en vouloir. Mais quand même, vous y croyez, à l’importance de votre douleur ? « (Olivier Cadiot, lbidem, p.16)

et…

«Il vous faut des lunettes spéciales pour voir les yeux d’un autre dans les vôtres. Ou le contraire. il faut être 2. Les livres sont là pour ça. »(Olivier Cadiot, lbidem, p. 30)

Ainsi commencerait le récit de YDIT, ce soir ?

Beaucoup de terres de France sont enrichies par la mémoire fructueuse de cerveaux morts, ouverts dans la vasque opaline de leur crâne. C’est pourquoi marcher, ainsi qu’agit Ydit, dans les terres et parcourir les villes, Venise, Tournus, Verdun, Bordeaux, et même Paris (pour finir par le centre des commencements), c’est tourner la semence vers le sillon quand elle sème, c’est tourner la cervelle des souvenirs du bout du pied – un pied nu de préférence, semblable à celui du chemineau dont le paletot lui-même serait devenu idéal ( Arthur). La cervelle des morts et des mots, bue par la terre, c’est une moisson d’espérances.

Mais, ce serait déjà trop dire, trop croire à la réalité du récit ? Pourtant, jamais si loin n’est – depuis les « Séquences Publiques d’Oubli »(SPO, cf. infra)- le narrateur affirmatif, itératif et compulsif .

Il était arrivé un jour plus tôt pour le séminaire, afin de découvrir dans les rues la mémoire de la guerre, la mémoire du désespoir que vivent les chairs confrontées à la blessure. Le soir, il avait visité Bar-le-Duc, avec le plaisir habituel de humer la vie de petites cités anciennes, paisibles après l’effroi, villes modestes où la mémoire des pierres murmure des sagesses, des souffrances, des cris de femmes et des silences d’hommes : la vie.

Sur la terrasse, près du fleuve, la  sérieuse serveuse en sueur souriait en servant sans peine et sans hâte, malgré la chaleur et la brièveté de sa jupe noire qui n’entravaient pas de souples enjambées. Ydit : regarder les corps des femmes, son oubli, sa tendresse, la joie cachée devant les mouvantes émouvantes. De moins en moins permis.

La serveuse, avait rappelé Niort, l’abandon du quai, puis Tournus, on ignore pourquoi (on le saurait en cherchant, mais on n’a pas le temps, on n’a plus le temps, car on est parti à la poursuite de MM dit Le Parrain, peut-être gràce au  » Musée de l’Oubli, « , évoqué à Tournus par une visiteuse rapide).

Niort, une des «  séquences publiques d’oubli  « SPO » : Fin de « stage » de week-end, dans le noir du quai ( on fermait déjà les départs ! ) Ydit s’était demandé si le moment n’était pas venu  de fermer les valises, de les vider comme on vide la mémoire de l’iPhone pour libérer l’espace du nouveau. Une recontre depuis deux jours, jadis, ici, Niort, autre séminaire, et le choix. De rester là, pour des matins et des matins, à Niort. « Tu n’as rien compris à Hiroshima », mais tu pourrais tout comprendre à Niort ? Tu aurais pu ? Rester là, ce soir là, ne pas quitter la main qu’elle tendait pour un adieu et qui se transformerait en main d’union, rater le dernier train du dimanche soir. Chaque labyrinthe, si l’on sort ( et puisqu’on est ici, à écrire, c’est qu’on est sorti, cesoir de Niort), chaque labyrinthe porte les fruits de l’ombre et du rugissement, qui sont une sorte de chairs savoureuses à digestion lente. On ne reste jamais à Niort, sur le quai où l’autre attend. Attendit. Est partie.

Mais la serveuse de la terrasse paraissait fatiguée. Plus tard, ayant exploré à pas lents le bas de Bar-le-Duc, Ydit l’avait aperçue qui rangeait la dernière table de la terrasse. Pouvait-il l’aider ? Sans doute non. Elle répondit que ça allait, qu’elle n’avait d’ailleurs, fatiguée de services et de soleil, qu’un seul désir : rentrer dormir. «  Mon seul désir, dormir ». Elle l’avait dit en souriant, comme en hommage gai à ce qui aurait pu.

Dans la vie, tant de ces heures où cela aurait pu, et qui n’advint pas.

Et maintenant cela : écrire ceci. Seulement cela. Puis partir.

Amusée tout de même, le serveuse interrogeait : « Vous n’avez pas visité la ville haute ? » C’était comme un reproche. J’avais la vue basse pour la ville haute, et ça la décevait : un garçon de mon genre, et surtout septante étant venu, n’aurait pas dû rater de mater ça.

Reprocher, souvent c’est inviter. Cette fois, non. Seul, dans le ville de plus en plus endormie ( terrasses et fenêtres fermées), YDIT rejouait une expérience toujours heureuse : errer la nuit dans une petite ville, en découvrir les ruelles pliées, les enceintes soyeuses, les pilosités à forme de jardin et les dos comme des places au soleil ( sauf que c’est la nuit : les dos dorment) (et les dos dormants n’endorment pas le do à la clé ! ).

Entre la vieille ville, haute, et la ville d’en bas, des rues en virages, mais aussi une succession d’escaliers assez mal emboités, constructions successives des temps. Les villes, comme les hommes et les récits, descendent avec les ans. Peu avant que la descente s’accélère, une placette en triangle, des arbres mûrs et verts, de l’ombre cassée à peine par la volonté faible d’un réverbère autant léger que municipal. Ydit s’arrête, pour contempler depuis la ville d’en haut la ville d’en bas. Mais nous ne sommes pas au Père Lachaise et l’on n’enterre personne. Trop tard.

L’homme qu’on voit marche sur une béquille, lentement. Evidemment, on dirait qu’il sort de l’ombre sous l’arbre, qu’il sourd fragile du triangle sombre, mais il n’y a pas de banc, et il semble souffrir à rester debout. Trop rond de graisse ( la maladie ? l’accident?), crâne rasé de près, et rien d’un mendiant, d’un punk à chien, d’un marginal pauvre, sale, usé. Bob et Morane

YDIT ( ce sera souvent le cas) ne dit mot et continue à regarder : l’homme s’approche, et ne demande rien, juste il pénètre dans cet espace de proximité qui, sur la place déserte, invente une involontaire complicité. Il me demande ce que je regarde, j’explique, le goût des formes de nuit, leur étrange lumière, puissante et mobile, incertaine aussi. Incertaines, surtout : imaginables.

On voit que je ne suis pas d’ici, Bar-le-Duc, il dit. Lui aussi est parisien, il l’a été, plus maintenant, depuis son engagement à la Légion, le 3 ème REC, le « Choc », moitié soldats moitié Barbouzes, l’engagement et l’agression. Je laisse parler, -beaucoup, fébrile et précis – l’interrogeant toutefois sur la station debout, pas si pénible ?

Non, j’ai appris à me tenir sur la bonne jambe, et puis je reviens d’Ukraine ( la guerre y habite alors depuis des mois, mais c’est avant l’attaque russe, en l’époque une sorte de guerre de tranchées )(**), j’ai été super entraîné par un vieil adjudant qui avait fait le Mali, un Sniper génial, bon à chaque coup, pas une balle perdue... Des mecs comme on veut : ça tue pas pour rien, mais quand ça doit, ça pinaille pas, ça tue. Mon silence dure, il ajoute : Je suis légionnaire, enfin je l’étais avant que ces cons me virent à cause de ma jambe, je suis au 3ème REC, « Le choc », moitié soldats moitié Barbouzes, et plutôt Barbouzes, enfin j’y étais au 3 ème REC. J’ai pas eu le temps de m’emmerder. Vous voyez ce que c’est, le genre de missions …spéciales ?

Ydit opine ( il a vu la série » Le Bureau des légendes » et connaît la division choc, aussi, par les récits d’Anne-Jean ( on en parlera peut-être?) dont le mari avait été entraîné en Corse avant de rejoindre les bureaux de papa, marchand d’armes en gros)(et de grosses armes). Ydit ajoute : Entrainement à Cercottes, je vois. Et un passage au moins par Berthier. Le légionnaire apprécie, regarde mieux Ydit dans la lumière insuffisante : cheveux gris et courts, teint hâlé, encore un peu d’allure dans les jambes ( le footing) qui dépassent d’un short pas du tout parisien ( pas prévu de change urbain, et très chaud dans le visite de Douaumont en fin d’après-midi)

-Fred ( c’est un jour, hélas, où Fred n’a rien de mieux à Fred que de faire Fred : interroger) Fred  demande si toutes les données entre parenthèses, ça sert à faire réel oui , ou si c’est tiré au hasard d’un dictionnaire pour Français Langue Etrangère, deuxième leçon.

L’analyse de ma silhouette, à Bar-le-Duc by night,  incite le légionnaire à persévérer dans l’approche, il demande si je suis militaire. Officier à la retraite ? Ça pourrait, ajoute-t-il appréciatif. Je ne réponds, levant simplement les épaules et les yeux du genre « va savoir ? ». Ou flic , alors ? Commissaire à la DGSI ? Bon, allez, je peux bien le lui dire, on se connaît pas, aucun risque avec la clandestinité.

Ce soir, j’ai du grade- privilège inversé de la toison grise. Sans le savoir, je dois proposer une mine exprimant : «  Plutôt cela , commissaire». Je ne peux pas lui dire que je suis juste narrateur, impulsif mais alternatif, commissaire aux virgules, inspecteur des hiatus, adjoint au chef de bureau des incohérences ( le moins bien équipé des bureaux de «  La Centrale »)(et malgré cela, subsistent tant de coquilles)

Il continue : Ma jambe, c’est pas la guerre, c’est pour ça que les cons de Paris ont pu me virer de la Légion, mais rassurez-vous, j’ai des très bons copains au cantonnement d’ici, en ville, le 3 ème REC, vous savez ? Bon prince, je m’empathise sur la jambe : accident de moto ?..

Commence alors un récit confus, très encombré de ce que je perçois de mieux en mieux comme des stéréotypes, des remontées de « L’est Républicain », des collages de mangas.

Il me raconte les soirs d’Ukraine, parce que – dit-il, ça explique tout, à cause de ce qu’il lui ont fait, ils, la famille, et les gitans de Bar-le-duc, pendant qu’il se battait,lui, avec la Légion. C’est la famille ( impossible de décider, fratrie ou nom de gang ?) qui lui a fait ça, parce qu’il voulait régler le compte du grand-père assassiné par balles, oui, son propre grand père, ici, à Bar-le-duc, un ancien de la Résistance, qui avait fait mais aussi savait beaucoup de choses, dans la résistance, sur les collabos et les Gitans aussi , alors ils l’ont flingué en pleine rue, on en a parlé dans  le canard, il y a trois mois de cela, et moi, sitôt revenu d’Ukraine pour une permission et surtout pour mon debrief Piscine, Berthier quoi, vous pensez, avec tout ce que j’avais vu, donc j’ai dit que je voulais la vengeance et que je savais combattre, je l’ai dit partout en voulant un combat à la loyale, alors ces fils de pute m’ont attendu, ils m’ont cogné à la barre de fer, à quatre contre moi, j’ai eu trois côtes cassées, encore ça c’est rien, mais deux fractures du fémur, y a qu’à voir comme ils ont tapé, de ça aussi on a parlé dans le canard. L’Est Républicain, vous lisez?« 

De moins en moins je réponds, relance ( sans relance, pas de récit et pas de partie de poker, même en sous -sol du « café du lycée du marché », quartier du Temple), je finis par ne rien dire ( oui, Fred, pas la peine, ai-je jamais fait autre chose que de ne rien dire, pour commencer ou finir ?).

Je dois rentrer, lui dis-je. Il me demande un  nom, une carte, j’élude vaguement au nom de qui nous sommes, discrétion professionnelle – et je ne dis pas qui nous sommes réellement : lui une apparition en miettes sur une place, moi un descendeur d’escaliers.

Au milieu d’une deuxième volée de marches ( l’escalier est ici plus large) j’entends de la musique derrière les volets à moitié clos d’une maison bourgeoise. Un chaud jazz quatuor saxo dominant, je n’identifie pas tout de suite, mais je connais la musique. Maintenant, visite et rencontre, il est tard, l’heure où presque tout devient louche. J’ai envie de parler par la fenêtre ouverte, de dire : «  Vive, la musique, qui est-ce ? ».

Mais je passe, lentement. Encore plus bas, lorsque l’escalier va quitter la ville haute, à la fenêtre d’une ancienne maison ( Renaissance, comme dans la ville haute), une femme est là, au deuxième étage, qui prend l’air et fume. Impossible de ne pas se voir. Je ralentis, fais signe, «  Chaud ce soir », elle répond silencieusement de sa main fumeuse, gentiment expressive, sur le mode : bien compris, moi aussi j’aime la nuit, mais tire-toi, je préfère l’aimer seule, de toute façon il est trop tard.

Si elle avait ouvert sa porte, nous aurions bavardé du Légionnaire. Elle-même aurait été la petite-fille d’un type de l’Ariège, mort à Douaumont, et – venant à la poursuite de traces-elle aurait été un peu défendue dans un bar louche, par un drôle d’homme au crâne rasé, qui se disait légionnaire, sergent au 3ème REC, ou un nom comme ça, en fait même pas vigile chez Auchan, elle avait préféré se tirer de là, préféré savoir les hommes régler l’affaire entre eux, il paraît que ça s’était battu. Tout cela aurait été un peu vieux, déjà, puis plus entendu parler, puis ça commence à faire tard, ça aurait commencé à faire tard, elle lui aurait gentiment demandé de partir.

–(**), Mention unique d’ajout post-scriptum, par souci- louable- de lisibilité : le Légionnaire fait allusion a la guerre déjà engagée dans le Donbass « séparatiste » en 2014 )—————————————————————————————————–

—– Didier JOUAULT, pour « YDIT, saison IV,épisode QUATRE-VINGT Fred lui demande s’il se souvient, il répond qu’il errait dans les villes, sixième séquence-souvenir sur dix, Verdun, vous n’avez pas visité la ville haute, mon légionnaire ? PREMIERE PARTIE, A suivre….

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YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison IV, Episode SOIXANTE-DIX-NEUF….Série d’entretiens page culturelle. Quatrième article : « Marcel MALBÉE, né à Paris 14ème, fils de Paulin Constant Victor MALBÉE »

4 – Quatrième article : Marcel MALBÉE, né à Paris 14ème, fils de Paulin Constant Victor MALBÉE

YDIT, archives

MORANE : Ma bonne dame, on le tenait, enfin, mais mort, tout ce qu’il y avait de mortibus, et ça allait décevoir Ydit – qui le préférait vif . Mais tant d’années plus tard, plaida BOB (ils veillaient à se répartir la parole) Septante et plus étant très beaucoup venus, et aujourd’hui plus encore qu’hier, était-ce raisonnable ? Lancer la chasse au parrain, sans meute et sans émeute, avec émoi et moi, répète BOB, était-ce raisonnable ?

Ils racontent, vidant un peu vite les verres de ménetou-salon à peine servis, assurés que la rédaction paiera. Récit des duettistes : la guichetière avait contourné le rideau de verre. Elle avait demandé, mutine et pas dupe ( telle toute maitresse de narration), si le Malbée Marcel Paulin était en réalité l’un  de leurs parents, la fameuse règle des 75 ans de confidentiel,  ou s’ils pouvaient arguer d’autres raisons de venir ici, en cette matinée peu rieuse, mais au moins leur présence, surtout celle de MORANE éclairait -elle un peu le matin pas gai. (à en croire BOB, « la petite n’était pas insensible à nos charmes et se préparait à nous guider).

D’un clic unique ou presque, sans bouger de leur banc public, ce jour-là, MORANE et BOB auraient pu lire en ligne sur un écran les informations découvertes, selon plusieurs sources : relevé des naissances à Paris, fiche INSEE Archives 25 XI 82, acte 2296 et 31 XII 82, acte 2592. L’Archiviste avait à son tour été  prise et surprise par le suspense. Un nouveau clic, la tête se détourne, et l’arbre d’ascendance permettait de mieux visiter les passés. Arbres de Sophiedesouche, jdesouche1,mmalb,princessemm. (*)

Mais – leçon  venue de leur Vieux Maître Samuel, prétendent-ils, ces deux-là préféraient le mot vif – même moche – et le papier-même gris, à tout écran, même plein. Tant mieux pour eux, pour MORANE au moins : la guichetière-archiviste de classe exceptionnelle, guillerette comme une soubrette de comédie, familière comme une  lavandière après le savon, légère comme une boulangère après son mitron, (à deux, ils surenchérissent, on peine à trouver son mot à dire) la « petite » semblait ainsi prête à beaucoup, sinon à mieux, afin de leur venir en aide, et davantage si besoin. « Nous pourrions, avait-elle dit  à voix basse afin de ne pas déranger Sécurité, déjeuner ensemble à la cantine pour analyser cette liasse Marcel Malbée ? Enfin, Monsieur BOB, si vous êtes pris ailleurs, tant pis, Madame MORANE, ça vous dirait de déjeuner ? »

Marcel MALBÉE, domicilié 12 rue Dupetit-Thouars, célibataire, décédé à 76 ans 184 rue du Faubourg Saint-Antoine.

La guichetière-archiviste de classe exceptionnelle, qui se nomme Sidonie, leur montra les fiches voisines du registre. La même adresse pour le décès. Il semble difficile de vivre au 184 rue du Faubourg Saint Antoine  ? On y décède plus souvent qu’à son tour?

-Un Ehpad ?, avait demandé BOB

-Une communauté de repentis ? avait surenchéri  MORANE, ce qui étonna l’accorte Sidonie, jamais repentie du non-dit.

-Une demie de Grippe Espagnole ?

-Une vague de suicides après la lecture de Michaux ?

-De Le Clézio ?

-De Modiano ?

-D’Annie Ernaux,

-Pourquoi pas d’Annunzio , si on en est las?

Décidément décidée (puisque décidément) à l’accompagnement de ces incultes, Sidonie avait choisi d’interrompre la logorrhée des duettistes, toujours plus généreux en mots qu’en découvertes, ainsi que nos lecteurs (et donc ceux de YDIT-BLOG) le savent. S’était donc écriée : bien sûr, c’est l’hôpital saint Antoine.

BOB : à cet âge, mourir, passe encore, mais va savoir pourquoi ?

MORANE : tu veux dire « de quoi » ?

Mise en page, illustrations-montages : Rose AUBERT ( merci à elle une fois encore)

(*) C’est un arbre, et si jamais l’une des branches, malencontreuse découverte, voit ici une branche indiscrète, qu’on pardonne : tout ceci n’est qu’un roman-images dont Ydit est le personnage, et tout le reste est aussi faux que cela. 


Didier Jouault pour : YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison IV, Episode SOIXANTE-DIX-NEUF….Série d’entretiens page culturelle. Quatrième article : « Marcel MALBÉE, né à Paris 14ème, fils de Paulin Constant Victor MALBÉE ».

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YDIT blog Hors saison, saison 4, épisode SOIXANTE-DIX-HUIT, Série d’entretiens page culturelle / Troisième article : Étaient-ils des Ayant-Droit ?

3 – Troisième article : Étaient-ils des Ayant-Droit ?

Une fois encore, il avait fallu interrompre le dialogue, généralement assez vain, entre le deux parleurs spécialistes d’une occupation lente de la scène vide de la vie. Mais – fidèles dans l’insistance sur le pas grand-chose, les voici de nouveau, sereins dans le sous-sol du par PMU (on dit FDJ) qui devient en somme notre divan de cure, tant il semblerait que l’opération « narration » est en passe de s’allonger.

YDIT-BLOG

 Bob reprend son récit de la quête de Marcel Malbée, à travers les États Civils des mairies.

Nous le transcrivons ici. Arrivés dans le verdoyant Douzième, déguisés en pères venus déclarer un enfant, dès qu’on passe la porte, Madame Sécurité s’interroge. Oui, probable, qu’elle se dit « ce sont les deux… les deux (on ne sait qui ni quoi, en fait), ces deux -là qui, déjà, ont visité avec insolence et précipitation les mairies de 1 à 11 ». En onze jours (car, nous précise MORANE, dans YDIT-BLOG, on prend son temps, mais les followers le savent !). Leur insistance infructueuse alerte toute hôtesse d’accueil, même si (cela aussi les usagers d’YDIT-BLOG le savent), les imperceptibles duettistes ne cessent de changer d’allure, de visage, de ramage, de verbiage, de zonages, d’enfumages, de nuages : de vérités.

 

Selon le récit qu’ils ont donné de leur dernière étape : au-delà de la vitre, un demoiselle des Archives attendait . BOB et MORANE lui sourirent à plein espoir, surtout MORANE, qui ne déteste pas les atmosphères délétères des airs d’archives. Des airs déserts des aires d’archives. BOB essaya une galante courbette, Morane ôta son bonnet de marine. Pour un peu, on les jugerait attendrissants, à chaque fois. Mais tout lecteur d’YDIT-BLOG les connaît : barbares s’il faut, sauvages si on doit, et très inefficaces, sauf en verbiage. Toujours un peu las, mais pas désespérés (sinon bien que las, serions-nous  encore là ? ricane BOB).  MORANE et BOB ensuite avaient interrogé sur un ton de Détectives Très Sauvages, et par la suite furent apaisés par l’hospitalité de la dame aux archives. Ils avaient fait les yeux doux à tous les miroirs d’État-Civil et passé une main tiède au bas dos de tous les rayonnages.

Nous transcrivons ici le dialogue, tel que l’Iphone des deux le répète dans la salle sombre du petit Café du Temple et du Lycée. On les dirait par instant menaçants, comme un soir de Police des Mœurs. Qu’on se rassure : ce sont menaces de comédie, comme tout ici, à présent, depuis tout ce temps oublié.

Parfois, pour aller aux toilettes, passent  lycéens et lycéennes, silhouettes jolies, fantômes polis, Sweet-shirt remplis. L’allure des Sauvages les amuse, et l’une d’entre elles tente un début de dialogue. MORANE l’écarte. 

Puis, BOB raconte que la Guichetière-Archiviste de Première Classe, rompue aux usages, férue de règlements, s’enquit : étaient-ils des Ayant-Droit ?

C’est, tient à commenter BOB, une notion très complexe, qu’on découvre au hasard des chemins de randonnée: « accès interdit sauf aux ayant-droit ».

Selon Morane : pour l’Archiviste, par définition (et davantage par construction devant leurs aimables sourires), les Détectives pas si maussades ont Droit. De plus,  BOB avait montré une carte professionnelle. MORANE ajoutait une carte d’identité trafiquée avec talent, qui de MORANE, fait Malbée : c’était fort, et adroit, à défaut d’être droit !

Nos deux interlocuteurs semblaient prendre un funeste plaisir au récit de leurs turpitudes. Le garçon vint demander s’ils voulaient renouveler le Menetou-Salon ?

D’un geste Morane désigne sa montre : pour cette fois, la rencontre se termine ici.
C’est donc la semaine prochaine, cher Lectorat  fidèle, 

dans ces mêmes pages Culture et Société,

que nous retrouverons les impérieux détectives.

Mise en page, illustrations-montages : Rose AUBERT ( merci à elle une fois encore)


Didier JOUAULT pour YDIT blog Hors saison, saison 4, épisode SOIXANTE-DIX-HUIT, Série d’entretiens page culturelle / Troisième article : Etaient-ils des Ayant-Droit ?

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YDIT blog Hors saison, saison 4, épisode SOIXANTE DIX SEPT : FRED lui demande à nouveau s’il se souvient? Quand il battait la campagne ?YDIT répond qu’il errait dans les villes / cinquieme séquence-souvenir sur dix de « Fred se souvient », cette fois, ici, TOURNUS ( deux sur deux, fin).

Note de Madame Frédérique : « Sur tout cela, rien ne peut s’ajouter, fiction, réalité en fragments ?

( on ne peut pas oublier que Madame Frédérique, la parfaite Assistante, dépouille la dépouille de I.d’Y, dit Ydit, à travers l’ouverture progressive ( au moins le prétend-elle) des volumineuses enveloppes intitulées « Lettre de A.« ( en hommage répété à Olivier Rolin, « Extérieur Monde »),  » Version B. » ( réappropriation, et comme on dit : « Série B« .), dossier à elle parvenu après la disparition inexpliquée de I.d’Y..

Texte de Ydit, depuis Extérieur monde, Olivier Rolin, depuis tout ce temps, ce livre, et le roman-images : « Lettre de A. », version B .

TOURNUS, nouveau passage : ERIKA n’est pas venue, et dix ans plus tard les jeunes femmes du séminaire

peuvent raconter en se serrant un deuxième café à l’hotel  » Le Rempart » que le département veut faire de l’ancienne maison Grovarie, dite le « Musée fermé », un Musée des souvenirs oubliés.

Passons : Ici, pas d’oubli, au milieu des fragments on parlera souvent, beaucoup, tendrement, avec un injuste regret, beaucoup donc de Fred on parlera. Il faut savoir ( j’aime beaucoup cette expression des orateurs arrogants au début d’une explication : il faut savoir) que Fred est une image rapportée d’une réalité disjointe. Disfractée par les miroirs des mémoires. Elle est figure complexe d’une présence longtemps essentielle et pour toujours inoubliée, car (on le sait) le désir est à la fois menteur et inoubliable. Avec Fred on refera les chemins, y compris, en compagnie de TYNE parfois ( TYNE, l’autre visage mythique des compagnes d’errance finie et de présence infinie) et peut-être cela même qu’on a pas su parcourir ensemble, ceux qui ont été trop tôt interrompus par la réalité maligne des séparations : quai de gare, intrument principal de l’oubli. Fred a souvent été l’un des mirages de la meilleure ligne de fuite jamais inventée pour éviter d’entreprendre la chasse aux parrains, bien qu’YDIT sût très confusément -et très obstinément -qu’il faudrait un jour s’oublier dans  cette tâche, « La chasse au Parrain », Marcel Malbée, dit MM, Die Pate, s’y anéantir comme le chasseur ivre dans son brouillard matinal, fusil oublié face au sanglier mal visé dans l’appareil photo.

Quand on a une amoureuse telle FRED, une passante comme GENEVIEVE, une aimée comme TYNE, ou l’incroyable possibilité dite ERIKA, jamais vue sinon nue sur les photos crues, et d’autres plus faibles pour d’ultérieures aventures narratives ( Anne-Jean, Myriam , Coco, et des broutilles bredouillantes), d’où sont préservées les femmes de la vie au long cours ( l’épouse première, ou Laurence, ou Edith ) quand on a cela, les amours jamais accomplies ( si accomplir c’est achever), que pourrait-il inventer de plus utile, l’YDIT d’ici qui dit, pour assécher les vents de Septante et chaque jour plus étant venus?

Fred, après tout, est simplement le souvenir qu’on a de l’envie de se souvenir, l’image du désir de conserver les images : Fred lorsqu’elle accepta la première fois de se laisser prendre en photo, avec l’un de ces appareils antiques qui bruitaient clic-clic, elle fut et dit aussitôt que ce serait sans peine avec joie sans limite avec toi, y compris les plus crues des images. Mais, dit-elle en se déshabillant déjà, je ne veux jamais rien d’autre que moi sur l’image, hormis d’usuels vêtements, un chapeau de paille posé sur l’épaule pour un cliché noir et blanc très cadré où sa position sur le canapé de velours brun, sa chair émouvante et pleine, laisse sans réticence voir les réserves discrètes de mousses légères et les aplats brillants de son intimité. Cette série de poses livrant sans pudeur les appels à la profondeur a longtemps été l’une d’une des photos secrètes qu’YDIT dut conserver dans un vide-poche de bureau, dans un tiroir, entre deux ou dix cartes postales du labyrinthe de la cathédrale d’Amiens, ou d’une représentation assez bien imprimée de la Sainte Anne de Vinci. Mystères de la représentation. Epaisseurs des voisinages : ça se contamine, les images.

Amoureuses : c’est cela qui fut le rail. On aurait dû choisir le croisement des rails, ou la descente en marche. Choisir le repos, accroupi, en toge de lin, sous un orme, un olivier, un cèdre, solitaire, regarder passer les chats, le temps, les vents essoufflés de n’avoir prise sur rien, sinon un pan de lin blanc- encore lui. Au lieu de cela, « stage d’été» pour le parti (on va raconter cela, tout de suite après ceci, et aussi Gédéon Le Sénateur, c’est juste après, épisodes soixante-six et beaucoup ensuite), on est là, simplement débout sur une hanche près de la table, et les stagiaires entrent, on les observe, elles et ils parlent, on s’assied, tous, on commence, et – le soir, à la table du dîner où elle a choisi de s’asseoir toute proche, l’une murmure, pas encore trop déraisonnée par le vin  : «  J’aime vraiment beaucoup ce geste que tu as fait tout à l’heure, pour nous accueillir, à l’entrée, ton mouvement des lunettes, et des yeux, l’empathie et la confiance, et en même temps la fermeté, j’ai beaucoup aimé. ». On n’a rien préparé. Mais, demain, à l’heure de la pause, Irma passant une main sous le bras, demandera si on n’irait pas faire une sieste ?

Parlons de FRED, c’est annoncé, promis, ducal. Pas un devoir, un plaisir, toujours FRED.

Fred on l’a vue dans un amphithéâtre écoutant un  pédant évoquer un duc (Episodes 19 et 20, 2023). Sur la page de garde de l’édition Garnier, cette vieille collection d’un jaune étonnant ou les notes infra paginales ( j’ai mal prononcé, le logiciel de reconnaissance et de caviardage à confondu V et P, ce qui n’étonnera aucun orthophoniste, et lorsque je disais paginales, l’imbécile intelligence cachée sous le clavier entendait *******, et m’interdisait l’emploi du mot, les notes infra vaginales de Fred- quel sens ?). Cette collection donc ou les notes du bas de page et les annexes occupaient souvent un volume au moins équivalent à celui du texte originel, et d’autant plus que l’on confrontait avec érudition des éditions successives, ce qui était le cas ce jour-là, lorsque le pédant évoquait un duc, Fred écrivit joyeusement à l’encre bleue, celle qui ne sèche pas tout de suite, sur la page de garde, cette Maxime qu’ensuite nous pourrions rééditer ensemble : « Le sommeil ou le sexe ne se peuvent regarder en force ».

Même si, avec le Septante de Ydit étant venus les ans lourds, on le sait depuis longtemps : le sommeil est fuite et le sexe est sa poursuite. On ne peut échapper ni au sommeil ni au désir, l’un se refuse et l’autre s’impose, tous deux résistent à l’arrogante volonté de la raison.

Mémoire : sujet : écrire c’est se souvenir, combien même on n’inventerait que des fables et du futur ; au moins on se souvient des mots, on se souvient des règles, on se souvient des temps, et aussi des sourires, des amis, des livres, des verres de saint joseph ou chablis bien partagé, de pains frais et des corps vus, de si près ou de trop loin, bus. Voila pourquoi, Septante plus que bien sonné, la pire frayeur n’est pas de mourir mais de se trouver banni de la mémoire, exilé du territoire du souvenir. La mémoire est un choix, on veut choisir ce qu’on oublie

( déjà dit !)

Les souvenirs, et donc les mots des souvenirs, sont comme le bruit glissé, un peu aigu, un peu tremblé que font les pièces de monnaie qu’on doit ramasser, partant au matin sur le marbre encore ombré de la commode, avant de se glisser, nu et noir, vers la salle de bain, sinon comme un évadé, juste pour ne pas éveiller l’autre trop tôt.

A cette heure-là, si tôt, et ce pouvait être pour prendre le train vers le lycée de province, 6h27 à Austerlitz, ou pour arriver le premier dans le bureau, 7h45 à Créteil, ou pour ne pas rater l’avion vers Venise, quand les pièces font un bruit agaçant sur le marbre de la commode, quand on se reproche d’avoir laissé dans la chambre l’étroit slip blanc près du lit ( ou rouge, bleu, noir, gris), voici qu’arrive alors, très exactement et très inévitablement l’heure de peindre l’aube en rouge sur les seins des actrices, de peindre la fin de la nuit en bleu sur les épaules des visiteurs, comme si la vie au petit matin ressemblait à un rush non monté d’un vieux film de Robbe-Grillet un peu raté.

Mais qui connaît encore Robbe-Grillet? Et encore moins Madame Robbe ?

On le sait, dans un polar, il y a deux voies. Ensemble, le flic et nous /vous, on cherche qui a commis le crime. C’est dur, on nous trompe, ça part faussement dans tous les sens. Mais au bout du compte tout devient bon : c’est elle ou c’est lui, ou eux, pincés ou morts, ou l’auteur lui-même. Reste ceci, roman terminé : on cherche à savoir comment le possible  (qui nous a trompés ) fut possible.

L’autre voie, inverse : ensemble, on sait tout de suite qui a tué, tout est connu, l’auteur se trahit, quant au meurtrier on le voit où elle ( moins souvent) qui se prépare à tuer encore, et encore- haletant, exhibé,  et on regarde, un peu agacé, le lecteur analyser comment la ou le flic progresse, se trompe, se perd, mais finit toutefois par arrêter la chaîne des crimes, juste à temps, avant l’ultime. Le lecteur elle ou lui ne  cherche qu’à briser le possible.

A chacun de savoir si la poursuite de Die PATE ( Die PATE ? Marcel Malbée ! ) est un polar 1 ou un polar 2. Une polaire ? Pour se protéger du Grand froid qu’expulse toute mémoire qu’on entrouvre, comme d’une cave, d’un congélateur ?

Roman , c’est ici : donc choisissez. Le groom attend l’étage.

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YDIT blog Hors saison, saison 4, épisode SOIXANTE SIX : FRED lui demande à nouveau s’il se souvient? Quand il battait la campagne ?YDIT répond qu’il errait dans les villes / cinquime séquence-souvenir sur dix de « Fred se souvient », cette fois, ici, TOURNUS ( deux sur deux, fin).

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Ydit Blog Hors-saison 4 épisode SOIXANTE-SEIZE : FRED lui demande s’il se souvient, en songeant à Père et Frère, quand Ydit bat la campagne, il se souvient ? YDIT répond à nouveau qu’il errait dans les villes, quatrième séquence sur dix de « Fred se souvient », ici TOURNUS (début, 1 sur 2)

( 0n ne peut pas oublier que Madame Frédérique, la parfaite Assistante, dépouille la dépouille de I.d’Y, dit Ydit, à travers l’ouverture progressive ( au moins le prétend-elle) des volumineuses enveloppes intitulées « Lettre de A.« ( en hommage répété à Olivier Rolin, « Extérieur Monde »),  » Version B. » ( réappropriation, et comme on dit : « Série B« .), dossier à elle parvenu après la disparition à ce jour encore inexpliquée de I.d’Y.. :

YDIT : « Lettre de A, version B », manuscrit.

Il dit : »Fred, ma belle et fraîche Fred, sais-tu (dans ta mémoire) que j’errais dans les villes, et voila ce que je faisais, errant dans des villes : je lisais dans les livres et les yeux, je regardais shorter les filles et je marchais vers les églises, aussi, peut-être ( mais FRED se fâcherait à ces mots ) : j’errais dans les filles, je voyais dormir les villes et je humais les porches dans les églises, leur senteur suave et sourde de souvenirs effondrés, leur humeur de passés reconstruits à coup de burettes et de palettes, d’encens privé de sens, de génuflexions propres à entrainer le Marcel Malbée aux plus suintantes des prières. Dans les villes, errant, j’avais oublié que malbée fut.

Toujours, avant et depuis, les porches de pierre et de chair m’éveuvent par leur soudaine prévisibilité. Ainsi que les corps : prévisibles, surprenants, toujours, encore.

A l’époque, déjà, FRED n’était jamais loin, ni trop proche, des porches où pénétrer, des poches où s’abriter les doigts.

TYNE, elle, guettait sur les parvis, et moi, j’errais – dans les villes et les pages des manuels de savoir-vivre. Facilement on se serait perdus, avec Fred, avec moi, ensemble elle et moi, elles en plusieurs dont Tyne et moi en un seul, perdus surtout avec moi. J’ai tendance à m’oublier moi-même comme un vieux chien l’été, dans les trains, les aéroports, entre les pages d’un roman, c’est agaçant pour tout le monde, on doit faire à haute voix des appels priant que je me présente à la caisse, à l’accueil pour les touristes, à la réception de l’hotel, à la niche, à la douane, à la table des matières, des négociations.

Mais je ne suis là que pour m’absenter.

Façon de s’éparpiller au creux du bien-être. Certains, parmi les autres, plus ça vit, plus ça leur pèse et s’impose la gêne ( j’en ai connus). Moi, Fred l’ancienne, écoutes-tu? moi, plus ça va, mieux ça va, plus me m’oublie, plus je me plie le YDIT dans les rayons de bibli, les hayons, les haillons. Je m’adapte à la ravine, la haie, la sourdine, la plaie, et je souris. Plus ça va, mieux ça va. Malbée le Marcel, mis à part, mais le voici retourné dans ma tombe depuis peu seulement. Sinon : humour sans retrait ni réserve, et ça va, ça va de mieux en mieux…

Avec moi et Fred, déjà, naguère, – et plus que Tyne la blanche Africaine – si on avait songé à nos présences, on aurait perdu la distance, mais non, je tenais la distance intérieure en respect : le matin je courais le long des berges de rivières, ou sur les boulevards déserts, ensoleillé par la semelle élastique des chaussures américaines. Le soir je buvais des verres à la terrasse de la Place Guingois, près l’Hôtel de ville. Entre temps, disposant du temps, je racontais des histoires à des publics réunis en « séminaire », pause à 10h30, déjeuner à 13h, pause à 16h, câlins après 22 heures. Banalité du répété ; plaisir du répété. Ou encore j’explorais des lieux où je devais rencontrer des gens de toutes sortes, leur poser les questions qu’ils attendaient au nom de nos liens fraternels, et celles aussi qu’on redoutait ensemble : les plus sonores, les plus odorantes des questions, vivaces comme une vallée d’orangers sous l’orage à Sévile ou minorées dans le jasmin de Majorque. Bref, j’occupais le terrain du temps autant que se terrait Parrain.

Tant d’années plus tard, je peux l’écrire, septante et davantage chaque jour étant venus : séminaires ou enquêtes, articles et cours, ce n’étaient que de jolis prétextes pour me transporter dans l’espace que j’aimais plus que tout : en dehors de la mémoire. C’était cela, rien d’autre : j’errais dans les villes, et voila ce que je faisais, je regardais les filles vives et je marchais vers les églises vides, aussi. Dans les trous de la mémoire.

Ainsi, mais écoutes-tu Fred, la sagace qu’agace le récit trop lent ? Aussi J’étais déjà venu à TOURNUS, pour écrire et voir une certaine ERIKA dont me parlait Fred ( et dont elle me donnait à voir des images crues, on les verra mieux plus tard, fin 2025 ) mais ERIKA ( dont on parlera ici plus tard, fin 2025 ) n’était pas venue, et maintenant, dix ans plus tard, à TOURNUS de nouveau, ici la ville avait encore vieilli, les ruelles avaient gravi un échelon vers l’oubli usé d’habitants fatigués. Pourtant, un sentier sur berge avait été aménagé par le maire pour les cyclistes, et les matins du séminaire, (pause à 10h30, déjeuner à 13h, pause à 16h, câlins après 22 heures ) à l’aube, avant le café, sur le sentier du maire, je courais à la vitesse des chaussures américaines. J’oubliais qu’une certaine ERIKA, jadis, avait trahi sa promesse de nous rejoindre, Fred et moi, pour le partage du vin, du lin blanc, de la probité candide, et davantage si élégiaques affinités, et vastes gourmandises humides, partagées sans regret.

Pendant le trop durable repas de gala du séminaire – vins de bourgognes et fricassées de cuisses – je promenais dans mes yeux les visages des celles qui n’étaient jamais venues à TOURNUS, ou jamais arrivées à CLUNY, ou jamais parties de MACON, ou même jamais connues dans les couloirs de l’hôtel  » Aux terrasses » ou vers les cuisines du restaurant « Le rempart ». « La plupart d’entre elles, je ne les ai même pas connues » écrivait environ cet Olivier Rolin qui – en premier – fut, sans le savoir, l’un des initiateurs au début de ce roman-images, il y a des années déjà ( au moment où ceci, épisode soixante-cinq, est posté en embuscade, Saison IV, hop-là). « Extérieur Monde »/ »Intérieur Mémoire », jamais assez merci, Olivier Rolin.

Depuis ces dix ans d’une première fois à TOURNUS ( mais à Nîmes ils seraient vingt, à Lille trente, les ans, sauf que tout le temps passant n’est pas racontable ), voila donc, Fred la minutieuse et pragmatique, ce que je faisais quand tu n’étais pas là : je marchais dans les villes le soir, et regardais les filles le jour, buvant au milieu des verres à la terrasse de la place Guingois ou à celle du Rostand, face au Luxembourg- le jardin de Rolin-

Ainsi, mine de rien, sans mot dire, le joli temps souriant est passé dans un sourire, et c’est agréable de regarder les ombres des années anciennes étirées comme des chattes à l’ombre des caves. Dix ans. TOURNUS. Vingt ans. NIMES. Trente ans. LILLE.

Et avant, avant ? Pendant si longtemps, avant n’existait pas, comme avant le Big Bang ne PEUT pas exister. Puis revint le fantôme aqueux. MM dit Le Parrain.

A Tournus, cette fois, maintenanat, il y a dix ans, tard dans la nuit, on avait trop parlé de rien, avec Christophe, Mathilde, Bertrand, Jennifer, la fille du bar, et j’ai eu du mal ensuite à retrouver en parcourant la nuit de la ville cette petite place du « musée fermé » que j’avais tant aimée, dix ans plus tôt, Fred, lorsque j’attendais que ton amie ERIKA (on en parlera ici) nous rejoigne dans la petite maison à trois étages et deux chambres ( mais je n’ai jamais vu d’elle que des photos crues) : comment est-il possible à ce point que je m’oublie, que j’oublie tant de riens.

La maladie de la mémoire ? (enfin !) La maladie de la mort (déjà!).

La deuxième fois, second passage à TOURNUS, temps replié sur lui-même, cette fois, maintenant, retour du sentier du maire, comme je m’interrogeais au petit-déjeuner, une jeune participante du séminaire, visage frais de chocolat moussant, me raconte l’histoire nouvelle de cette ville, TOURNUS, et comment on y envisage d’acheter le « musée fermé« , cette grosse maison bourgeoise qui fut demeure d’écrivain : selon le projet du maire, le même que le sentier, on y installerait un musée du souvenir oublié, bientôt, un musée du souvenir oublié, oui, c’est une belle idée dit-elle en se serrant un autre express et contre Bertrans, mais surtout ce serait une ruine vivante, une image de vestige dénuée de toute nostalgie. Pour changer.

Musée du souvenir oublié

Alors, soudain, je perçois ce qui a formé depuis toujours mon dessein secret : vivre dans les musées que j’ai moi-même bâtis, et remplis de ces riens qui sont la trace d’exister.

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Ydit Blog Hors-saison 4 épisode SOIXANTE-SEIZEZ : FRED lui demande s’il se souvient, en songeant à Père et Frère, quand Ydit bat la campagne, il se souvient ? YDIT répond qu’il errait dans les villes, cinquieme séquence sur dix de « Fred se souvient« , ici TOURNUS (début, 1 sur 2) La suite, deuxième moment de marche dans les villes, TOURNUS

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Bob et Morane

YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison IV, Episode SOIXANTE-QUINZE…..Deuxième article d’une série d’entretiens: La méthode manque de méthode et la procédure est assez rude !

Notre lectorat se souvient d’un démarrage un peu toussif, par échange de mels.

Nous rencontrons enfin les deux héros de « La Chasse au Parrain », dans le sous-sol du bar-PMU ( on dit plutôt FDJ) « Le Temple et le Lycée ». A les voir- en chair et en os après toutes ces images incohérentes au fil de l’YDIT BLOG, et leurs mels  assez obscurs (voir édition précédente de notre page culturelle) , on risquerait sans doute de les juger ridicules.

Car, pour continuer leur enquête-poursuite (se demander si elle s’achèvera jamais fut légitime !) sur le méprisable cas de Marcel MALBEE, dit MM, Die Pate, BOB et MORANE (ici dans cet ordre toujours alphabétique), les Détectives définitivement pas Sauvages, ont revêtu leurs habits de poussière, leurs manteaux de cendres, leurs capes de broutilles, leurs capuche de bagatelle (pour parodier les formules excessives de YDIT).

Grimés en moins que rien, habillés en plus-que-passé, ils racontent qu’ils prétendaient ainsi passer invisibles dans les lieux que – recontent-ils –  on leur fit visiter : les archives des municipalités. En attendant les allées des cimetières, précisa BOB, toujours plus rapide. Même si l’allure doit être lente. Dans les cimetières.

À vrai dire, s’agissant d’ÉTAT CIVIL, les deux héros secondaires, mais baladeurs de pages, s’attendaient à rencontrer (déranger/provoquer) le pire : « des araignées sans venin courant sur des filets d’archives afin de terroriser les papillons du passé ». La métaphore – évidemment « filée » en ce cas – vient de MORANE, qui  a ensuite voulu l’extirper avant sa  publication ici-même, hop, trop tard. On ne censure pas les articles des pages culturelles, surtout ceux de Louise TOFFIN!

Le récit, qu’entrecoupent les gorgées de ménetou-salon rouge servi à 13 degrés (Celsius), superpose narration et analyse, rappelle de FRED les commandes et de YDIT les dérobades : si la cohérence est douteuse, les personnages sont pittoresques. Toujours ça de bon, pour notre page hebdomadaire de culture et loisirs.

Bob et Morane

D’abord, prétendent-ils, par acquit de conscience, ils ont visité ensemble et tour à tour,  l’une après l’autre, les premières mairies d’arrondissement de Paris, dont le nombre a récemment diminué, sans qu’eux-mêmes abaissent d’autant leurs notes de frais… Notre lectorat sait que, à Paris, le frais n’est jamais sûr, mais le coût certain.

La méthode manque de méthode, ils l’avouent  ce matin lors de note rencontre de sous-sol FDJ : faute de connaître les sites spécialisés, ou de s’y abonner (mais on les solde déjà si bas, rappelle BOB !), les comparses infinitésimaux prirent la décision d’interroger en direct les bureaux d’État-Civil . Sur place, à visage découvert. Mains à plat sur le comptoir d’accueil. Vêtus de questions et coiffés de patience, ils entraient sans frapper : que sait-on ici de Marcel Malbée ? Carré !

Procédure assez rude, et infaillible pour -entre autres- se voir vite «  signalés » à l’Autorité :  En y songeant a posteriori, nos deux interlocuteurs (souvent libertaires) affirmeraient volontiers que, par définition, l’Etat-Civil est en collusion avec les autorités. BOB : « Par construction, cette part essentielle de nous-mêmes, à savoir de qui l’on  nait et de quoi on meurt, ça ne peut laisser indifférent l’Etat, civil ou pas ». Morane : « Surtout que, Civil, l’État de l’est que pour punir ». « Et surveiller », renchérit son binôme. On se souvient qu’ils ont des Lettres, ou au moins des citations. Nos lecteurs apprécieront.

Mais nous brisons leur dialogue vain – car trop d’exemples déjà de ce  Je ne sais quoi et presque rien, au cours d’Ydit-Blog, depuis ces années de babillage..

Un peu las d’être ici, en mairies (Paris en comptait 20)  de 1 à 11 en vain, reprend MORANE d’une voix sèche,  voilà  qu’on arrive dans le douzième. Grosse bâtisse obèse posée près d’une voie de chemin de fer transformée en « balade fleurie » : tout le choix parisien, dispendieux tape-à-l’œil. « C’est joli et facile d’accès, le douzième, dit BOB, c’est plein d’arbres et de bois », et c’est le dernier mois, le dernier signe, bon signe…

Mais, s’ interroge MORANE devant nous, vous savez que le XIIème a  changé de numéro quand Napoléon III s’est offert l’élargissement de Paris, ajoutant parmi d’autres ce Belleville (alors village) où YDIT naquit ? Où désormais, de nouveau, en 2025 il habite ? Du coup, pour nous autres, Détectives d’arrondissement, les adresses, tout le truc, ça complique les recherches.

MORANE :Encore davantage si l’on doit comparer le calendrier républicain et celui d’aujourd’hui.

Sauf, admoneste le comparse, qu’on cherche un type né après 1870, donc, tu t’en fiches, des fiches.

Et sur cette affirmation à la fois juste et inutile, soudain se lèvent les détectives, s’enlèvent les micros, s’élèvent les mains : « Aurevoir, la petite dame, et à la prochaine, si votre canard veut bien ! »

Il n’y a plus qu’à reprendre le train de 15h27. Car le rédaction ne paie pas longtemps la chambre à l’hotel de la page.

Mise en page, illustrations-montages : Rose AUBERT ( merci à elle une fois encore)


Didier JOUAULT pour YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison IV, Episode SOIXANTE-QUINZE…..Deuxième article : La méthode manque de méthode et la procédure est assez rude, série de neuf articles , pages Loisirs et Culture.

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YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison IV, Episode SOIXANTE-QUATORZE….Série d’entretiens page culturelle : « Un surprenant commencement : les mels des détectives ».


Didier Jouault pour YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison IV, Episode SOIXANTE-QUATORZE….Un surprenant commencement : les mels des détectives. Série d’articles de Louise TOFFIN, envoyée spéciale à DUPETIT-THOUARS

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YDIT-BLOG SAISON IV EPISODE SOIXANTE TREIZE, texte ( titre disparu, parution du 12 mars restituée le 13 mars ) : refrain de HANGED JAMES, FRED, Venise 3/3, mais en fait AQUA ALTA de la mémoire

Y.d’I,  mots de «  La Lettre de A. », version B

Ensuite, entre les signes de ce Roman-Images, sautant de ligne en ligne comme un singe sa liane, comme un roi sa Diane, comme un égoût sa vanne, comme un fou son âne, ensuite, encore ensuite, après les détours de FRED, la marée de l’Aqua Alta vise à l’immobilité, bizarrement.

Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, mais en haut c’est mieux, en haut de l’Aqua Alta toutes les écumes se valent, écumes des regrets, écumes des oublis, écumes des projets, et seule une désatreuse ( bien que dérisoire) tendance à la décrue pose les méfaits de l’âge sur la vivacité d’un narrateur alternatif, impulsif, offensif, itératif, inchoatif, gérondif, pensif et droit comme un if, rétroactif comme tout bon menteur de narrateur, car ici-même tout décroît sans peine, après Septante, sitôt passée la ligne des Septante, lorsque septante et de plus en plus davantage sont bien venus, car Septante s’efface derrière l’allumage prochain d’Octante, narrateur dégressif et régressif narratif, c’est la pente, sans pinte, sans peine et sans regret, bien sûr, car comment regretter une pente?

GIL , plusieurs fois, dit : « après quatre-vingt, rien. « 
Episodes ? Années? Cahier de souvenirs?
Bonbons de Stilnox? On ne sait.

Passer le jour, passer la nuit : traverser d’un rien vers un autre, en souriant, le verbe aux dents et une parole fraîche à la main. Comme une paysanne rêvée de Greuze ou une courtisane peinte de Fragonard : la cruche brisée ou l’escarpolette levée, c’est toujours le même lieu du secret qu’on entrevoit, sur la toile, la page, sous l’étoffe ou le symbole.

Sexe nu, peut-être, nus ici et alors ? Intimité, sur l’image : NON, l’intimité profonde n’est jamais de la surface de la chair, toute fesse à l’air n’a l’air que des dessus, l’intimité vraie n’est que par ici, pour ici, cette si longue Lettre de A.Version B.

On peut alors, en ce temps de d’histoire (l’histoire d’une chasse au Marcel Malbée dit MM, Le Parrain, e récit ne sait que raconter son infini commencement) on peut tourner la tête vers le reste de la très vaste pièce où l’on écrit, où l’on tente de taper sur le clavier les sentiments certains (peut-être?) et les souvenirs confus (sans doute ! ) d’un roman-images dont

Et  maintenant, soixante ans et bien davantage depuis étant passés, l’on s’aperçoit alors que, près de la cheminée à l’autre bout du long rectangle où YDIT écrit, pendant qu’on rêve et pendant qu’on chemine sur le clavier, pendant qu’on serpille la marée Alta de la mémoire, rêvée au plein de sa hauteur, pendant ce temps qu’on perd ou qu’on passe à écrire simplement, il y a toujours la présence de HANGED JAMES. Posée sur l’épaule droite, ou la nuque, selon les soirs, selon les insomnies, encore l’image désolée de lui, ainsi que noué au terme de sa corde l’humanité le tord.

Tranquille dans l’azur, car il se balance paisiblement dans le carré de la fenêtre, pendu pas pressé de se mouvoir, plus grand-chose à dire, déjà bien mort bien que mal mort. Le  vieux compagnon impassible, compagnon involontaire et indicible, usé lui aussi mais plus en profondeur par l’étranglement des « mains de vieux sur les bourses imberbes », LUI désormais rigole sans ardeur et sans malice, présence à peine perceptible, dans le quotidien du rêve, dans le quotidien du vivre banal. Parfois, dans un pas , c’est son ombre qu’on devine.

Son masque  vide affiche un sourire sardonique. Sourit-il cependant, ou s’agit-il d’une grimace que maquille la volonté de tout dire? Va savoir. YDIT peine à déchiffrer le masque mortuaire de ce pendu d’il y a si longtemps -son frère si proche et toutefois tellement différent qu’il ne sut jamais apprendre à survivre au-delà d’une main de vieux, d’une bouche de vieux, d’un cul de vieux. Surtout si on l’a connu de face et en vrai. Qu’on parlait avec lui de Joyce en buvant du vin blanc sous la tonnelle.

Et de Marcel Malbée, dit M.M., dit Le Parrain, grand amateur de pyjamas pour garçonnets, au point de collectionner les catalogues de « La Redoute », on en dit quoi ? On en sait quoi? On en veut quoi ? On y peut quoi, surtout, à présent ? Des milliers de mots, des centaines de jours à écrire, poursuivre les images, POURQUOI ? ON y peut QUOI ?

Seuls BOB et MORANE sauraient, si MORANE et BOB savaient l’art de l’enquête ? Mais, engagés à la suggestion de FRED, ils ne savent rien du réel sauf le mensonge qu’elle leur en fait à chaque fois qu’elle verse, en liquide, dans un sous-sol de bar, quartier du Temple, Paris, proche de la place de la République, leur salaire de détectives sots et vagues.

Ils savent encore moins la réponse à l’effroyable question :

A jamais l’interrogation trouble fait vaciller le matin. Celui-là, HANGED JAMES,  n’a d’autre destin, épisode dix, épisode cinquante, épisode d’ici et même après le mot « FIN » de l’épidode ultime, d’autre vaniteuse prétention que tenir compagnie au récit, au récit de ceci de jadis ici inscrit par celui-ci YDIT, Y.d’I. dit YDIt, le YDIT de Didi, mais aucun récit ne peut se poursuivre sans sa compagne, sa jumelle, sa marâtre : la question sans réponse. Pourquoi pas moi?

Et chaque fois que l’histoire déambule dans la plaine ( car Septante et davantage étant venus, les gorges ont été creusées depuis longtemps au fond des plateaux de la mémoire, et les cours naguère brouillonnants sont apaisés) ,

chaque fois que l’histoire parcourt de son eau paisible les terres enrichies d’alluvions anciennes où tout peut pousser sans que rien soit planté, chaque parole en germe devenant fleur à volonté,

chaque fois -dans l’ombre- il y a HANGED JAMES, le fruit qui pend, l’ami pendu à la fin de la nuit, la question du pourquoi, Hanged James, l’ami de la mort qui paisiblement (désormais ! ) attend au coin de la rue,  de toutes les rues de tous les matins, au cœur de la fenêtre, parmi les plantes vertes un peu fatiguées du balcon sur la rue, dans les fentes du parquet au grenier,

dans les tiroirs sur mesure de la bibiothèque,

dans les irréguliers rayons de la bibliothèque,

ou dans les volutes du tapis persan au mur,

ou dans les trous que font les taupes dans la pelouse,

et lui les pieds presque dans le sable, et lui presque le tire-bouchon dans le vin : il y a HANGED JAMES,

Gentiment présent, même pas tournoyant sur lui-même, et qui lorsque le mouvement de la vie lui permet de faire face offre son sourire amical et goguenard, un peu tendre et lassé donc, comme s’il s’apprêtait à dire ( quoi qu’il soit impossible de plus rien dire dans son état) à demander, le petit gars malin du petit matin :

«  Alors quoi, mec ? T’oses pas ? T’oses vraiment jamais pas ?

Répondre à la question ? POURQUOI ? Pourquoi pas aussi TOI ? »

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YDIT-BLOG, Nouvelle Saison, Saison IV, Episode SOIXANTE DOUZE en songeant aussi à Frère, hélas, et à Père , pas mal non plus le grand frère, pas mal le petit Père, FRED à Ydit demande s’il se souvient, et il répond que plus tard il errait dans les villes, pour dé-marcher la mémoire : donc deuxieme séquence-souvenir, deuxième sur dix, VENISE de nuit, VENISE milieu (Venise en trois marches, trois manches)… MOINS qu’habillés, MOINS que nus (mais on s’est habitués?)( au nu qui ne dénude pas ?). Tout cela commence à faire un peu de tiédeur dans le quartrier de l’Arsenal, Orient de Venise, non ?

Note de Madame Frédérique :

Dans les précédents fragments du volumineux dépôt « Lettre de A. » – imitation de Rolin -parvenu après la disparition de mon ex-patron codé Y.d’I, souvent dit YDIT, le personnage de « FRED.» semblait, au moins par instants, se superposer à ma propre image d’ancienne assistante particulière, tenter de s’imposer sans s’opposer, espèce d’anamorphose non souhaitable. Dans des interventions que mon ancien directeur aurait qualifiées de «  extra-diégétiques », La FRED en question se permettait une familiarité de mauvais aloi ( sauf si on a une liaison, peut-être?). La FRED se transformait ( à mes dépens hélas) en personnage à part entière. Cela n’est pas ce qui m’ennuie le plus. Mais- en de nombreux endroits- , La « FRED » tenait sa partie au cœur de scène érotiques – et pas des moindres, on va le lire, promenades fesses à l’air sous la jupe ou petites acrobaties en couchettes : pas du tout mon style ! Et encore moins de poser nue sur une terrasse – de sorte que la fusion des prénoms prête à confusion sur la fusion des corps. Y.d’I et moi, lui dit YDIT, et moi Mme Frédérique, au cours de ces années, n’avons pas eu cette sorte de relation, en tout cas pas de cette façon. Et je ne fréquente pas les trains de nuit. Trop lents. Malodorants.

Mais, depuis mon ouverture déjà très ancienne du volumineux carton «  Lettre de A. », après la « disparition » de mon ex-patron, il reste inimaginable pour moi de prendre quelque part que ce fût à cette étrange suite de textes- hormis les commentaires en introduction, tel celui-ci, désabusé, fidèle, attentif, lointain, comme neutralisé par le temps. Tout ce temps.

TEXTE DE YDIT :  « Lettre de A. », version B. VENISE II sur III

Avec « Fred et les Maximes » du Vieux Duc ( voir épisodes VINGT et VINGT et UN ), (et d’ailleurs comme toujours avec Fred) c’est bien sûr un peu des deux. Mémoire et Mensonge.

De Fred, aussi, achevant d’une pointe de langue experte la brûlure du Mac Allan ambré (pas le moins coûteux ! Presque honte parfois du prix du verre, mais pauvreté des origines n’induit pas réduction des plaisirs, écrivait CIORAN), j’aurais plaisir à raconter certains moment de notre voyage d’amoureux clandestins à Venise.

Fred  demande au narrateur intempestif, convulsif, compulsif, alternatif, itératif, (et rarement allusif, hélas, dit-elle, en lectrice des « Bijoux indiscrets« ) s’il va tout de même oser raconter son épisode vénitien ? Proust et Mann, et même Sollers. Elle ne comprend pas l’enjeu narratif, surtout si l’on estime que cette série à pour vocation la Chasse de Marcel Malbée, dit MM, dit le parrain dans le simple et trivial objectif de le trouver, (nous comptons sur l’inventivité de BOB et MORANE, détectives sans partage) puis de le coller au mur, de lui offrir un coup de genou massif dans les parties, aussi de le gifler longuement avec des mains de velours dans des gants de fer cela, ensuite on verra bien si les restes fumants appellent encore le pal rouge et le braséro plein. Ou si le démantibuler sereinement suffit à sa peine.

FRED ajoute : Casser Malbée, frapper le Marcel, désosser M.M., le bruit du remords (n’avoir pas dit NON), mais n’y entend pas l’écho d’un coup sur mon rond cul roux (exceptionnel mais condamnable excès d’un mari, dont l’intention n’aurait pas été seulement punitive, prétend FRED, sans détail de la scène assez primitive : fessée qu’un soir son mari donna à la Dona?) .

FRED ajoute : « Mais il échoua, l’époux, à me mouiller dans cette histoire, car je n’émarge pas de ce poing là – d’ailleurs ouvert en tapette comme pour une goguette de Lorette, oublions cela aussi : YDIT le Dit Didi, n’est-il- pas que ta ministre te fessa ( voir S.P.O.), et pour moi mon mari rata, chacun sa voix. Restons en là sur ces coups, bas. BOB et MORANE- mes employés- le tenant, le Marcel, le Malbée, il sera temps de tant tenter l’attente du coup ».

YDIT : Donc nous étions à Venise, dans ce temps libre des années 80. Le mari de Fred, qui ne se contentait pas d’être abattu faute de la battre, n’ignorait rien du voyage d’amoureux ni de l’adresse du compagnon de wagon-lit. Cette époque- naïve – banissait sur ces points le mensonge bourgeois et la spectacularisation du rapport intime : pas de faux séminaire en prétexte, mais l’annonce (faite au mari) d’une réelle parenthèse : tendresses, visites, émois divers, hotel sur un canal, sandwiche-coca sur une marche devant l’éternel musée de la Peggy, caresses et fouille à corps le reste du temps – et il en resta beaucoup. Transparence de l’obstacle, l’eau, la peinture, un nuage, ou le célèbre petit sous-vêtement que si souvent FRED oubliait de porter. A Venise, point de Petit-Bateau? Surprise !

Pendant quatre jours, il avait tenté de l’initier à sa ville, et chaque heure passant FRED paraissait s’emparer de toute pierre, du moindre bar- même le snob Harry’s, d’un carré de ciel jaune sur un mur bleu, d’une tombe de Bassani dans le cimetière juif, et même du chat bien dressé que l’aubergiste habile mettait à disposition des clients sur la pierre ensoleillée d’un porche brun.

Ydit s’en agaça un peu dans le temps qui passait. Il serrait un peu ses sourires et ses mains, pourtant aptes toujours à la caresse.  » Tu ne dis rien ? » dit-elle, comme ils sortaient d’un entretien avec le conseiller culturel du consulat – vague projet de canular.

Tout cela parce qu’il a fallu fermer, se fermer tout le temps et de partout, se fermer de Marcel Malbée, dit Le Parrain, tellement convenu avec sa stupide question sur les chaleurs relatives d’un lit avec ou sans pyjama, fermer les sens et les perceptions à défaut de fermer les cuisses, fermer les écoutilles, s’enfermer au – dehors de soi. Ce qu’on reproche au Parrain, ce n’est pas le poids de ses mains sur un corps, si peu de choses à vrai dire en d’autres jours, mais c’est l’apprentissage du silence intérieur, du mensonge de soi à soi, l’érection du secret en habitude de faux-échange avec l’univers, et de la dissimulation en usage de dialogue avec le monde- sauf ceux qu’on aime.

Consentement ? Dissimulation !

La veille- cela fut dit ( cf.épisode précédent), YDIT refusa au coucher la simple et inévitable évidence du désir, leur sereine et chaude évidence . Ce soir maintenant est  celui de ce moment délicat : le retour.

Le «  RETOUR »…Fred demande encore une fois à Ydit s’il va vraiment raconter ça ?

Ydit : pourquoi ne le ferait-on pas ?

Le très émouvant souvenir est celui du train de nuit qu’il avait choisi pour assurer une exclamation à la fin du paragraphe « Fred et Venise ». C’était un peu autour de minuit qu’ils avaient monté les marchés du wagon. Dans le compartiment, ils étaient seuls : le train délabré n’attirait plus les amoureux assoiffés par les souvenirs du Trans-Orient Express. FRED-YDIT avaient fermé  le verrou. Pas d’autres réservations qu’eux-mêmes. Et eux-mêmes ne se réservaient pas Robustes amoureux.

L’idée était venue simplement. On avait attendu que le second service du wagon-restaurant réduisît à rien tout risque d’un passager qui se tromperait de porte. Le contrôleur était passé. La douane était passée. Le room service était passé. Le désir ni le goût du jeu n’étaient passés.

On aimerait mener le récit, c’est ce que prétend Ydit, certainement pas comme s’il s’agissait d’une page érotique posée au milieu d’un roman-images afin d’en relancer la dynamique (surtout que, en ces jours de maintenant, l’allusion à l’érotisme conduit la lectrice ou le lecteur à tourner les pages avec un certain agacement). Il faudrait raconter cela dans l’immense simplicité de cette séquence-fréquence du désir, et de son aimable évidence, sans besoin de cancaner son Lacan, ni de sinuer son Sigmund, juste parce que cela venait ainsi entre une femme et un homme, cette femme et cet homme, en ce temps là de l’Histoire, cette période crue d’un monde croyant à la simplicité. Donc, ils étaient tous deux debout, dans le compartiment.

Moins qu’habillés, moins que nus. Leur Secret à eux, propre et net, rien à voir avec le Secret souillé de temps et de paroles qui nourrit les récits de qui n’a pas dit « non »- ainsi que YDIT.

Alors Fred  se tenait des deux mains à la couchette médiane à laquelle YDIT s’agrippait de loin, et tout cela bousculait, son homme-sa femme, tout cela, ouvrant la porte le voyageur indiscret ( pour une Modification?) aurait pu apercevoir que ce n’était pas si simple l’union des cœurs et de leurs sexes au milieu des cahots,  l’emboitement chaotique (diraient-ils ensuite).

A l’occasion d’un mouvement un peu approximatif, comme ils se rattrapèrent le visage au dernier moment d’un virage, elle ajouta même que c’était acrobatique, l’amour, en train de fer, ce dont nul ne doute plus. Dans l’essouflement du rail, leur l’érotisme n’avait pas été dégradé par la difficulté de poursuivre  le mélange des sexes. Trop glissants de désir, sans cesse déboités au milieu par les cahots d’en bas, ils avaient – comme ils savaient aussi – garanti le plaisir par des lèvres et des mains. Mais n’en avait-t-il pas été de même, jadis, pour Marcel Malbée, dit Der Pate, le Parrain, MM, l’impossibilité de poursuivre le geste du mélange jusqu’à l’accomplissement, par crainte des traces blessées que le garçon porterait ?

Ensuite, tout de même, et avec regrets habillés, short en coton bleu pour lui, chemise en lin blanc pour elle, ils avaient tenté de dormir trop serrés sur une couchette unique. YDIT, ainsi que de son usage, poursuivit le sommeil comme un chasseur de prime sans monture en vain.

La première fois que FRED-YDIT se revirent ensuite, deux semaines plus tard, comme ils bavardaient  peau contre peau, elle buvant l’infini thé, lui gobant une Camel, Fred dit :

« Dans le wagon de Venise, j’aurais dû y penser : il suffisait que je me retourne, debout, dos vers toi, abimant la poitrine sur la couchette du milieu, son cuir brun, que j’aurais marquée de sueur et de désir, la pointe des seins sur le grain du lit, et tu aurais de derrière pu t’arrimer à mes hanches, solide clé, au lieu de nos sursauts disjoints, et d’aileurs

toujours pour toi mes hanches rempart contre les cahots,

pour chaque voyage, pour chaque image, mais tant pis : je ne regrette rien même si j’ai mal joui de nous -mêmes dans le train de nuit.« 

Ydit : avec les soubresauts du train, et les détours des rails italiens, s’arrimer de dos c’était te plier à un autre risque, petite glissade, grand début, imprévue proximité d’entrée, pas sans douleur.

Fred s‘amuse ; elle s’approche encore ; elle le regarde de profit ( le thé refroidit ) et lui explique, (malicieuse et pragmatique, non sans un peu d’émotion mais aussi de regret, en quelque sorte) que

son premier amour, le fameux Yves, ce garçon si brillant et si cultivé qu’elle avait connu à l’Ecole, dans la fameuse rue, se trouvait  souvent un peu embarrassé non pas pour éprouver du désir, mais pour -en quelque sorte- l’endurcir assez longtemps.

Conséquence, vite apprise : si elle se retournait à point, elle, l’amante de l’Ecole, retournée à ce point-là nommé,  elle avait tôt compris que cette façon de poser la pause- avec d’autres fouillis du regard- redonnait au réel d’Yves une souhaitable consistance, une durée bienvenue, dont il avait quelques fois usé,  avec l’accord des parties, goûtant à un autre risque, petite glissade, grand début, imprévue proximité d’entrée possible pour ce rare ( à l’époque) chemin, au début non sans douleur certes, mais aussi d’une étonnante et remarquable douceur. Que Fred ensuite apprécia, pourvu qu’on y mit quelque liant…

Avec cette habituelle simplicité qui la caractérise, même dans les plus équivoques de ses approches, Fred entreprit sans délai ni vergogne de compléter -sur cet intime sujet- le savoir et la connaissance, encore lacunaires alors, de l’innocent Ydit, souvent la tête ailleurs, toujours un peu caché/perdu dans le décor de vivre... Faute au Parrain, n’est-ce-pas ? Nouvelle – pour YDIT- façon d’approfondir l’être ensemble. Nouvelle façon de VOIR. Il s’en souviendrait.

Quelques semaines plus tard (ils n’ont jamais passé à deux que de courtes séquences de soir où d’après-midi), Fred dira, revenant de la cuisine avec l’une de ses indescriptibles mais visiblement indispensables  tasses de thé :

 « Si nous avions vécu de concert, et en dépit de délices nouvelles que je t’enseignai il y a peu,  il y aurait eu bien sûr le premier jour, YDIT,  où nous n’aurions pas eu envie de faire l’amour… »

Et je me demande comment aurait été le temps avec toi, dans une maison, sans faire l’amour ? Aurions nous jamais eu quelque chose à dire ?

Beaucoup d’années plus tard -après les séparations géographiques, au retour de YDIT revenu de «  mobilité obligatoire », – alors qu’ils avaient réussi à se rencontrer pour un dîner tendre et rieur dans un restaurant qu’ils aimaient, comme YDIT lui suggérait de finir la nuit avec elle, FRED, et qu’elle disait gentiment « non », en gardant ses mains au cœur des siennes, ( ainsi FRED vécut, parmi celles qui osent dire NON), yeux dans les yeux, et que finissant le Menetou-Salon Ydit  demandait pourquoi ? stupidement « pourquoi »: « Est-ce que ton mari est devenu jaloux avec les temps changeants ? », FRED répondit, dans l’éprouvante simplicité de l’évidence, 

A lire cet épisode SOIXANTE-DOUZE on aurait tort de penser que les histoires du sexe résumèrent l’aventure de ces deux-là. Preuve en est qu’ils continueront ( sauf erreur, sauf confusion de prénoms, de temps, de lieux et de rôles, mais va savoir…) ils continuent pour ce roman-images à batailler ensemble, soutenus des aptères Détectives Sans Age, MORANE et BOB, dans leur quête vers Die PATE, Le Parrain, dans la chasse de M.M. Marcel Malbée, l’indécent amateur de reproductions de David posées dans l’antichambre, sur la sombre commode, 12 rue Dupetit-Thouars, quartier du Temple, Paris.

Vers cette forme sauvage d’éternité qui précède la fin, septante et davantage étant de plus en plus venus.

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Didier JOUAULT, pour YDIT Nouvelle Saison, Saison 4, Episode SOIXANTE DOUZE en digérant un peu et Père et Frère, Fred demande à YDIT s’il se souvient, et YDIT répond qu’il errait dans les villes, lui : deuxième séquence-souvenir sur dix, VENISE de nuit, VENISE …MOINS qu’habillés, MOINS que nus (mais on s’est habitué?)( au nu qui ne dénude pas ?). Tout cela commence à faire un peu de tiédeur dans le quartier de l’Arsenal,non ?

Par défaut

YDIT-BLOG, Nouvelle Saison, Saison IV, Episode SOIXANTE-et-ONZE en songeant aussi à Frère, hélas, et à Père, pas mal non plus le grand frère, pas mal le petit père, chacun son genre, FRED à Ydit demande s’il se souvient, et il répond que plus tard il errait dans les villes, pour dé-marcher la mémoire : donc première séquence-souvenir, « première » sur dix, VENISE de nuit, VENISE début ( Venise en trois marches, ce qui est peu à Venise)… FRED : C’est à qui celle-là ? Bouder contre son antre …Venise1 sur 3

Note de Madame Frédérique :

TEXTE de YDIT : C’était le quatrième soir de leur/ce voyage, Fred et YDIT à Venise, au su de leurs conjoints usuels, mais la vie ainsi était en ce temps de libertés. : on croyait que tout dire protégeait du pire Le dernier jour avant la nuit du retour en train, qui sera le prochain épisode ( le SOIXANTE DOUZIEME si tout est bien compté, conté, mais rien n’est sûr).

Intermède : Venise (pour chacun, parenthèse, image, récit, fantasme, poussière, décor de James BOND, jamais la vie vraie : pré-texte garanti solide, donc). Pour échapper aux récits de Frère, qui sont venus à temps, ( Episode CINQUANTE-QUATRE, et ensuite un par quinzaine, le dernier SOIXANTE-DEUX, le 11 décembre 2024, ceci pour les retours de lecture ! Quelle épreuve, ce tirage de dates ) pour évaporer les bancs de mémoire, après ceux du Père, de Mamie qui ne disait rien en sachant tout, etc., YDIT affichait l’exotisme et l’érotisme – mais l’autre Marcel, Proust celui-là, le Vénitien d’avant Sollers de Femmes et de toujours, reste absent du récit- imprévisible absence. Y en a comme ça , ils sont partout et on ne les voit cependant pas .

A lire le présent épisode d’un roman-images presque dé-imagé ( car comment oser encore imager Venise ?), on aurait tort de penser que les histoires du sexe résumèrent l’aventure de ces deux-là, Fred et YDIT. Car, Car, en vérité, oui, ces deux-là, dans tous ces temps qu’ils ont passés ensemble (répéter ce mot !), on les verrait ensemble bavardant de beaucoup de mots, traversant beaucoup de livres, ensemble, discutant sur des tableaux ou des thèses, se racontant des articles, marchant à deux ensemble, ou encore ensemble lisant des revues infimes : leur mérite à FRED-YDIT, c’était la grande évidence d’une existence dense qui danse dans les heures, qui pensait et mélangeait sans honte et sans provocation le goût des mots, les mots du goût, les gestes du corps, et les gestes encore. La parole est un corps sexué, racontait FRED. Tu parles !, répondait YDIT. Et regradait glisser la soyeur d’un Princesse Tam Tam ou la rigueur d’un Petit Bateau ( encore que, parfois, sous la robe de pure, FRED ne portât que sa propre pâleur de feuillage élagué)

YDIT et FRED ce ne fut jamais que douceur, sauf peut-être ce soir de grande froidure à Venise, justement, le soir d’avant le retour en train, qui sera l’épisode suivant, le retour en train de nuit, ou encore l’épisode du rêve de l’Aqua Alta, encore ensuite, un ternaire pacifiant. A l’école, « ternaire » se disait « romantique ». Ici : dépassement du blanc et du noir, opposés en apparence. Dépassement par l’emphase de la langue.

Mais ce dit d’ici par YDIT qui le dit et le vit, ce dit n’est pas que des boues de Parrain, MM, Die Pate, les vastes vases remuées par le courant du temps. Ce sont aussi les amours et les bonheurs, surtout cela, de page en page, tout en préservant celles qu’on voit encore tandis que s’écrivent, et s’imaginent, de 2021 à 2026, les séquences de YDIT-BLOG. Amours. Bonheurs. Jamais, contre cela, Die Pate, Le Parrain ne pût rien, même par avance. Jamais l’abus d’alors ne put rien contre le plaisir d’ensuite.

Donc ils étaient à Venise, dans ce temps des années quatre-vingt où l’on savait imaginer que plusieurs histoires d’amour pouvaient coïncider. Le mari de FRED tenait à elle, disait aimer vivre avec Elle, et n’ignorait rien du voyage à Venise, ni du compagnon de canal (usage sans danger), de lit (pratique sans risque ), de mots ( alerte : l’infini possible) : on s’offrait une parenthèse de rire et de douceurs, de vins légers comme de caresses pleines, nul risque de noyade ou d’escapade finale : Venise est un peu comme la salle de bains de la voisine : ça se prête au cousin le temps d’un séjour. La vie- belle aussi-reprendrait ensuite son cours, paisible. Tout cela est de bien avant Septante et plus et encore davantage que plus, n’en parlons plus, sauf avec le sourire du regret. Car ce fut en ce temps plus aisé de vivre?

FRED alors découvrait Venise. Première fois. Goulus, on avait visité des musées, des canaux, des restos, des matrimonios, des escaliers, du figato, les ghettos.

Une fin d’après-midi, Ydit s’en souvient, elle portait l’une de ses très légères robes à fines fleurs, peu ou même peut-être pas du tout vêtue dessous -ainsi qu’elle aimait quand ils passaient dans les soleils de la tendresse, ventre à terre, ventre à l’air sous l’étoffe, pour leur usage commun : éclat d’intimité montré sur un escalier monté, silhouette traversée sur un pont enluminé. FRED s’amusait à porter sa pudeur dans sa mémoire, elle goûtait le mouvement cru de l’eau qui monte entre les cuisses, sur un quai, sans obstacle. Dans le vapotetto, elle s’asseyait comme les touristes, sans prendre garde à qui – en face- s’interrogeait sur l’Origine du monde, ou la couleur du tendre.

On sentait une légère fatigue à force de marche sur les marches, et de nuits caressantes. Cependant FRED pérore comme une qui toujours a tout su sur tout, comme une qui depuis des années vous fait sa visite de Venise. A vous, déjà venu ici souvent, même seul, Elle disait Z « zattere », » Guidecca », «  San Michelle » ( on avait détesté la tombe de Erza Pound), comme si elle acceptait qu’YDIT l’accompagnât en second silencieux pour cette visite qu’elle lui proposait avec une grâce un peu condescendante. Elle faisait – en somme- son intéressante, son équilibriste impudique, son savant sur tout, exposition de soi ( et de soie! ) retouchée à temps.

Non mais, FRED, toute FRED que tu sois, lumineuse et désirée, c’est à qui Venise ? C’est à qui la mémoire de YDIT ? C’est à qui la cordelette de pyjama au 12, rue DUPETIT-THOUARS, ou n’importe où ?

Tout ça n’allait pas du tout, donc, parce que c’était LUI qui l’avait amenée ici, lui, Y.d’I. dit YDIT le Didi, lui qui avait suggéré ce voyage, avait longuement choisi l’hôtel à Cannaregio, voila pourquoi c’était à lui, seul, à lui de lui offrir des gouttes de l’eau sale des canaux goutée d’un pied léger, à lui de sourire aux amateurs de regards sous la jupe, à lui de lui prêter sa Venise, comme on prête un appartement à un ami, en espérant  que tu n’oublieras pas d’arroser les fleurs et de nourrir le fameux ( quoique déjà oublié du lecteur) Lézard d’Adèle.

Au restaurant, YDIT commence à se renfrogner : quand le monde grince au lieu de tourner, il établit une sorte de distance et de fermeture, sans donner d’explication, parce qu’aucune n’est possible. Simplement voilà : c’est fermé, pas la peine d’appeler le gardien il n’a pas les clés non plus. Ainsi depuis Marcel Malbée, dit MM, Le Parrain. C’est à cause de celui-là, autre reproche (plus grave que la place d’une main sur un corps) : la fermeture, l’enfermement. Principale et redoutable cicatrice de ce temps du Parrain, MM : clôture intérieure. Bouclé, pas de clé. Bloqué, pas de ciel.

Tout ça, si on faisait son psy, parce qu’il a fallu fermer, la cordelette du pyjama une fois ouverte, il a fallu se fermer tout le temps et de partout, quand ça ne va pas, quand ça risque de ne pas bien aller, se fermer de Marcel Malbée, dit Le Parrain, tellement convenu avec sa stupide question sur les chaleurs relatives d’un lit avec ou sans pyjama, fermer les sens et les perceptions à défaut de fermer les jambes, ouvrir des cuisses de garçon, une main sait faire ça, donc fermer les écoutilles, s’enfermer au-dehors de soi.

Prendre l’habitude de faire les choses non pas comme si on n’était pas là, mais comme si -plus totalement- on n’existait pas en même temps que ces choses là. Héritage de béton.

On voyage depuis quelques jours à Venise, YDIT et FRED ; on n’a plus-déjà- le rituel émouvant des débuts, l’une déshabillant  l’autre, ou l’autre lentement déshabillé par lui-même, pour savoir et pour en rire si elle a le slip noir et lui la culotte blanche – car souvent on échangeait au matin, amusés de porter l’habit intime de l’autre sous le regard de matrones et des soutanes.

On se retrouve à se coucher nus, FRED a une seconde de retard. Et dans le geste de mettre une jambe dans le lit, la fine  profondeur fendue et  fondue de son intimité apparaît comme un éclair de  vif rouge, le vif aperçu hier sur un Carpaccio. Tout feu tout flamme, donc?

Mais (quoi ?!) ce soir YDIT tourne le dos, à son désir, à son souvenir, à son projet, à son avenir, alors que FRED repliant ses fissures soyeuses,  vient de s’allonger. Rien pour les disjoindre, pas même l’épée du roi Marc, oncle de Tristan.

Lui : « N’insiste pas, je ne veux pas ».

Va comprendre. Dur refus.

Malicieuse et pragmatique, Fred  cependant comprend. On ne voit pas la moindre raison d’insister d’ailleurs. Rêveuse, étonnée, jamais quémandeuse de rien, elle se lève, ne s’habille, sert un verre d’eau sur la table sous  la fenêtre, ajoute du jus de citron, sachant très bien que les mouvements d’elle tournant le dos ne peuvent qu’amplifier l’effet du désir qu’elle a pu à l’instant constater sans équivoque dans sa raideur gris-rose (les hommes sont si démunis de mensonge sur le réel de leur désir).

Aussi, FRED revient, se couche contre terre et sans faire aucun bruit, passe ainsi une part d’une si belle nuit. Puis l’onde monte, et FRED se colle à nouveau, chaudement immobile, parvient-ce n’est pas trop difficile-à lover sa main câline, malicieuse et pragmatique. Mais ni l’onde ni les mors ne montent juqu’au port.

YDIT : prefer do not. Boude contre son antre : le désir confisqué par la puisance de l’Autre

Les deux héros ( personnages ? protagonistes ? souvenirs ? mensonges ?) ostensiblement plutôt stupides, surtout lui, son dôme de drap blanc, mâté en vain pour un vain matin, mais ainsi dans la paix des braves en quelque sorte, la main de l’une bordant le non de l’autre, ils s’endorment sans que rien.

Au réveil tout est passé, tout est oubli. Comme chaque matin : expression matinale.

Nul n’en parle au cours de la journée solaire au soleil.

Le soir est  celui de ce moment délicat : la fin, le retour, le train, la nuit.

Car le soir vient. Sur le marché  devenu désert, comme dans toute la vie des jours, il y a des soirs où la fatigue est trop grande et l’on n’a plus envie d’écrire, de lire, on n’a plus envie de se dire qu’il faudrait chercher Marcel Malbée dit Le Parrain, Die Pate, pour le trouver, le trouer, pour l’effacer au terme d’une chasse sinon éternelle du moins sans doute infinie. Ne sert à rien. BOB et MORANE en chasse ? Couchés !

Fatigue. Trop tard. Et tous les autres qui s’agitent, dehors, dedans, messages, mels, boucles pas d’or, tout ça. Il y a des nuits au sommeil fuyant, nuits solitaires, et les fantômes – vieux amis troués d’os et de vent- redondent leur inutile présence : rien ne se passe, ne se pousse, ne se peut.

Rien. Sauf un Stilnox dissout dans un double McAllan ambré. Raide saison. Traitement non pas de cheval, mais de cochon. Inch’Allah. Mais pas ici, aujourd’hui, ce soir, le temps du retour en train d’amoureux, compartiment de nuit, seuls, eux, FRED / YDIT.

Oui, déjà dit, oui, trois fois, vingt fois, cent fois mais à dire encore, et alors ? La vie, presque toujours déjà dit, non ?

Partout, sur chaque  branche d’arbre de mes jardins secrets

il y a désormais HANGED JAMES, gentiment exposé, même pas tournoyant sur lui-même,

et qui (lorsque le mouvement de la vie lui permet de me faire face)

m’offre son sourire amical et goguenard, un peu tendre et lassé donc,

à demander :

«  Alors quoi, mec ? Vas-tu enfin t’y coller ? Tu vas l’effacer ?

Oui, ou merde ? Tu la donnes, la clé des histoires ?

Tu le rattrapes, le Malbée, Marcel ? Tu cesses de bouder contre ton antre ? ».
 .

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Didier JOUAULT pour YDIT-BLOG, Nouvelle Saison, Saison IV, Episode SOIXANTE-et-ONZE en songeant aussi à Frère, hélas, et à Père , pas mal non plus le grand frère, pas mal le petit Père, FRED à Ydit demande s’il se souvient, et il répond que plus tard il errait dans les villes, pour dé-marcher la mémoire : donc première séquence-souvenir, première sur dix, VENISE de nuit, VENISE début (Venise en trois marches,trois manches)… FRED, C’est à qui celle-là ? Bouder contre son antre …Un peu verts, nos raisons, nos raisins, peut-être, pour Septante et plus étant venus et largement plus que Septante ?

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YDIT-BLOG, Nouvelle saison, saison 4, Episode SOIXANTE-DIX : Entretien de BOB et MORANE avec Gérard GAROUSTE

Propos de L’intranquille,(*)

Texte de BOB et MORANE, s.l.n.d. et non validé.

C’est dans un petit bar de la rue Dupetit Thouars que les détectives-ravages  rencontrent  l’Intranquille, au moins  MORANE et BOB l’affirment-ils, en remettant la transcription ( qui suit) à leur véritable commanditaire, FRED ( le patron, l’aimé, le modèle, abandonné, on le connait :

Mais- chacun.e s’en aperçoit depuis de longs ( pardon, de nombreux) épisodes (non réglés sur un «  module » : tantôt longs, parfois brefs, toujours imagés ) : autant l’existence des sus-dits BOB et MORANE  est indéniable- attestée par  de multiples témoignages visuels incontestables, bien que diversifiés par leur goût désatreux du déguisement, du camouflage, comme ici-même– autant la qualité de leurs productions- leur rapport à l’authenticité- reste à interroger… Mais il  ne faudrait pas que de comparses du bonneteau, maquillés en promeneurs, ils devinssent héros du roman-photos. Surtout que ceci, le Dit ici de Y.d’I dit Didi le YdIT, est un Roman-Images.

En outre, comme il convient à présent, une fois de plus, les genres sont incertains, au moins pour MORANE- car un certain MORAN, qu’on dit né près de Rennes aux alentours de 650, a été porté, dans la même ville, à la cathèdre d’évêque, en 71O, vieux déjà donc en son temps, avant de – sagement, prétend-on, se retirer dans un monastère italien, ou grec, ou mauresque, voire turc- d’autant qu’il n’y avait pas de Turquie : un monastère ensoleillé, où ne jouaient pas déjà des pianistes grecs, dans le scriptorium désert de l’après-déjeuner, à Sylvanès, sur un Steinway très accordé au décor du cloître défoncé. Cela pourrait ajouter à la confusion, mais le roman-images ici présent, dit ici d’Ydit, n’en manque pas, on l’observe, de confusions, de contorsions, de contusions .

BOB : (sur le fim espion tourné depuis l’IPhone, mis en œuvre à distance par les services d’urgence psychiatrique, on le voit terminer un verre de menetou-salon rouge) : « Si nous revenions à ce que vous disiez hier à propos du Président(**), ça nous intéresse, le thème « politique » avec les doubles noirs et blanche de Gédéon et Tyne, ça fit naguère les choux gras de YDIT, qui ne rate pas une occasion de mettre en scène les personnages TYNE et FRED, de préférence à poil ou quasi.

MORANE : on dit plutôt : nus. Depuis toujours. Surtout que les poils font sale, voir les épisodes des « jours moins 4 ou 5 », sauf erreur de mémoire, mais dans ce fatras, comme dit la mère Madame Frédérique (l’usurpatrice bien connue de nos services d’urgence psychiatrique), on s’y perd, j’avoue. Donc, l’entretien d’hier le Président ?(**). MORANE interroge Garouste :

L’Intranquille répond :  » J’entends encore Serge Gainsbourg réclamer pour le sien(concert) un décor que j’avais fait, » je voudrais le truc façon Paul et Virginie au XVIIIè », il parlait à Fabrice ( patron du lieu-dit Le Palace), j’étais là, en retrait, soudain prêt à revendiquer mon travail. Vint la soirée « Votez Mitterrand » . Et puis ce soir, où un homme sortit un couteau, nous révélant une forte présence policière parmi les danseurs : en quelques secondes, nous vîmes dix pistolets pointés sur lui. Le petit ami de la costumière était même commissaire (…) Les seventies folles et utopiques touchaient à leur fin, les années 1980 se profilaient, plus clinquantes, plus froides aussi. Les dandys désinvoltes et cultivés ( tels ceux de Gédéon, qui apparaîtra dans quelques épisodes), allaient bientôt ressembler à des clowns tristes  » ( tel Gédéon à venir, et pas Tyne, ni Fred)

MORANE demande au peintre Garouste si cette rupture lente lui rappelle un autre temps ?

L’intranquille : « On a quitté les arts plastiques et on est dans l’univers conceptuel. Même si les empreintes de nus de Klein sont exposées comme des toiles abstraites, on n’est plus dans le champ de la peinture. Moi, j’aurais aimé arriver après Matisse et que Duchamp n’existe pas. Je serais resté dans le domaine des arts plastiques, en cherchant à aller un peu plus loin. Mais la rupture de Duchamp ayant tout remis en question, tu te trouves face à une impasse et tu dois prendre ton courage à deux mains. »

BOB : Comme  lorsqu’il s’agit de retrouver la toile et les pinceaux après les crises et les séjours en hôpital psychiatrique, dans le rôle du Schyzo ??

L’Intranquille Garouste répond : « C’était agréable cette sensation de ne pas exister, je quittais mon identité.(…) A l’intérieur de l’hôpital, on fait avec le folie. On s’organise. C’est un monde sans politesse ni pudeur. (…) La sortie n’est pas une libération, c’est une punition. La réalité vous rattrape comme une brûlante coulée d’angoisse, et l’on se découvre faible et lâche. » Puis se tait, voit un verre, boit un verre, se tait.

MORANE et BOB : Donc, peinture de l’irréel ?

Garouste L’intranquille : « Elle dit mon rêve, mon choix, l’imbroglio de mes pensées, mon langage des signes, cette idée, à laquelle je tiens, qu’on représente une chose et qu’on en raconte une autre (…) Avec l’introduction de modèles, je fais une mise en scène du questionnement. Plus les portraits sont réalistes plus ils mettent en valeur tout ce qui dans l’image n’est pas la réalité, mais est du côté du mythe(…) Il faut qu’on ressente qu’une histoire va se raconter, mais qu’elle se dérobe (…) Je conçois la peinture comme la mise en scène d’un mensonge : si je vous dis que je suis un menteur, est-ce que je suis du côté de la vérité ou du mensonge ? »

BOB (qu’on sait intéressé par le sujet, surtout depuis sa rencontre avec MORANE, qui – sur les films archives des services psychiatriques détournés d’IPhone, semble-t-il, ne boit pas, au début ) : Il y a ce tableau de vous en entier, comme désarticulé, jambes écartées , vous tenez un miroir où se reflète un sexe, mais le sexe du corps et le sexe dans le miroir ne sont pas le même. Masculin/Féminin. Etonnement ? Incertitude ? Tromperie, duplicité de l’imaginé ? Le sexe : improbable dicible, bien que doublement présent?

L’Intranquille ( certes un peu troublé par l’inhabituelle pertinence de l’interrogation) : « La question n’est pas de savoir où est la vérité, mais d’avancer dans une aventure nouvelle (…) Du fait de l’âge j’ai fait le tour de ma propre aventure. Je m’amuse avec ma technique, à l’intérieur de ses limites(…) »

MORANE : Non pas pour finir, car l’intranquillité ouvre sur l’infinissable ( les Détectives-ravages auraient-ils pris des leçons de questionnement ?), sur la durée, le temps, donc l’inévitable effritement du Secret ?

L’Intranquille répond à sa façon : « Tout ce qui tourne autour du secret et du dévoilement m’intéresse. Le masque introduit un côté ludique, mais a aussi un aspect  érotique ( …) Un nu c’est jouer avec une référence à la sensualité, plutôt qu’avec son expression.

Une figuration du réel de l’érotisme serait de très mauvais goût. « 

BOB ou MORANE : Pour vous, les nombreux vrais et faux nus de YDIT-BLOG, rêves, auto-portraits cachés, souvenirs caviardés, fesses à tout vent et sexes atouts lents, ça ressort de cette même esthétique ?

L’Intranquille : lève les sourcils et les épaules, mimant : Il dit , qui ça ?

Les Détectives : YDIT, de YDIT-BLOG , quand ce sera fini près de 500 posts depuis environ quinze ans, ça ne vous dit rien ?

L’Intranquille : lève les sourcils et les épaules, mimant : YDIT ? Qui ça ? NON, rien …

Il ajoute, de façon un peu hermétique,  est-ce pour expliquer à cet inconnu, YDIT :

« J’ai peut-être fait une œuvre en forme de circonstance atténuante. »

(*)Paroles de Gérard  GAROUSTE , provenant de :

  1. Vraiment peindre, Gérard Garouste avec Catherine Grenier, Entretien, Points Seuil, 2021, édition illustrée ;
  2. Gérard Garouste avec Judith Perrignon, « l’Intranquille », collection Proche, 2022.

(**) Cet « entretien d’hier », n’existant peut-être que pour justifier des émoluments, n’a pu être produit par MORANE et BOB, «  on ne sait pas qui nous l’a volé, c’était le clé USB verte, celle du CNRS donnée par Marko » ( – sans précision quant au «  MARKO » : le compagnon d’Agence des temps de FERRARE et du «  Jardin de Giorgio Bassani », saison DEUX ci-devant, étrangement et pour cette deuxième fois réapparu d’un roman-images à l’autre  ?)

N.B. : oeuvres de RAUCH, exposition MOCO Montpellier

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Didier JOUAULT, pour YDIT-BLOG , Nouvelle saison, saison 4, Episode SOIXANTE-DIX : Entretien de BOB et MORANE avec Gérard GAROUSTE. Nouvelle Pause, en somme. Ou tremplin pour le « Troisième mouvement  » du Roman-Images :

Car voici qu’ arrivent (enfin?) les épisodes annoncés, différés, entrecoupés : les marches de YDIT dans les villes ( telles que Fred en mémorise la trace) et des infos sur la mort de Marcel Malbée dit MM, Die Pate…Environ vingt épisodes… patience et lazure pour les teintes. On va s’informer : marches, souvenirs, reportages sur Le Parrain.

Ensuite, la fin : Gédéon Le Sénateur et Tyne la blanche Africaine, du coup – enfin du repos !- c’est en route pour environ TRENTE Episodes, sans compter les interruptions de parcours… On va respirer. Tyne : le plein. Gédéon : le vide. Effets de rythme, on vous a prévenus dès les annonces des premiers jours, août 23…


Didier JOUAULT, pour YDIT-BLOG, Nouvelle saison, saison 4, Episode SOIXANTE-DIX : Entretien de BOB et MORANE avec Gérard GAROUSTE

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YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison 4, Episode SOIXANTE-NEUF La liberté est de retour, la liberté retrouvée : ré-ouverture de la chasse, et d’abord aux souvenirs

Note de Madame Frédérique

( 0n ne peut pas oublier que Madame Frédérique, la parfaite Assistante, dépouille l’envoi des restes de I.d’Y, dit Ydit, à travers l’ouverture progressive ( au moins le prétend-elle) des volumineuses enveloppes intitulées « Lettre de A.« ( en hommage répété à Olivier Rolin, « Extérieur Monde »),  » Version B. » ( réappropriation, et comme on dit : « Série B« .), dossier à elle parvenu après la disparition inexpliquée de I.d’Y. , disparition qui serait elle-même douteuse?

L’admirable – et servile ( voire un peu sénile ?) assistante suggère:

« Il peut s’agir, ici, d’un doublonnage involontaire de I.d’Y, dont les copies et recopies de fichiers Word sont parfois confuses- et toujours trop peu indentifiées. Ou d’une version de travail ? Ou encore de cette tendance au coup double, à la « une pierre deux coups », à la Répétition, à la « patère sans nos terres pour y pendre les vêtements d’ombre »(post 213), autant de figures de la confusion- ou de l’insistance? Soucieuse de ne pas altérer une globalité- même si c’est une pléthore- je livre donc aussi le fragment suivant. »

Pages de «  La Lettre de A. », écrite par Y.d’I, dit YDIT, et saisies au clavier par Fred.  prétendue ex-Assistante Préférée .

 Pendant ce temps, ce maigre temps de l’attente où l’écriture peu à peu surgit comme un sang qui réintègre sa blessure, comme un venin qui réintègre sa morsure, comme un affamé qui régurgite sa nourriture, comme un sperme qui néglige les ouvertures, comme un orage qui caresse les couvertures, (etc !) (pour les jeux vides, la pleine langue n’a pas de cesse) pendant ce temps improbablement évitable : l’attente .

Cet espace entre le moment de s’asseoir, le mouvement d’ouvrir le capot de l’ordinateur, le geste plus ancien de saisir l’épais stylo noir dru  et rond dans la main, ce temps suffit pour que la rumeur s’immisce, lente et sereine, bien que naturellement émouvante.

Et la rumeur dit que des mains de condamnés, là-bas, ont commencé à façonner des boules rouges et bleues, d’argile et de cire lourde, les mains ont façonné des boulet épais, et lourds  eux aussi, masses qu’on manipule avec peine et précaution. Des boules de terre qui sont la matière des souvenirs, des boules de métal qui forment l’absurde pétanque de la mémoire. Rouler sa boule, intérieure et insaissable.

Dans le soir des remparts on discerne des ombres qui portent les boules cachées dans la tunique, est-ce Ferrare qu’on aime, est-ce Méroé qu’on lit, ou Malte racontée ailleurs en ses batailles ? Et les rondeurs reculent parfois dans la moiteur fine de l’étoffe. Les boules sont 3, 4, puis 10, et 12. Elles roulent entre les yeux et permettent aux corps des vaillants un trajet incertain mais une course solide. On les façonne avec la chaleur de la langue, ainsi que les récits, les poèmes, ceci : roman-images. Tout continue, tout s’arrête, tout reprend : depuis 2023, 22 aout, et même un peu avant, ici. Rien ne s’arrête vraiment, et vraiment rien ne reprend.

Les rumeurs disent que peu à peu, partout dans la ville basse, derrière les hautes murailles qu’on ferme sur l’épaisseur de leur pierre brute pour pacifier la nuit (rêve éternel des humains), les boules se sont installées, du fond d’une armoire, au fond d’un placard, dans la cuve à lessive, sous le berceau des enfants. Peu à peu elles tissent, peu à peu des liens très informes, attache troublante d’une toile d’araignée sans doute irréelle, mais dans lesquels beaucoup des détails de la vie viennent se prendre comme des guêpes déshydratées par la canicule, et chassées de la terrasse où veillent, souvenirs endormis côte à côte (ou rêvant de l’être, comme amants clos dans un unique linceul) Adèle et Le Lézard. BOB et MORANE. ERIKA et FRED. FRED et Frédérique. TYNE et GEDEON. Certains « posts » déjà publiés, déjà oubliés – surtout de leur auteur ( c’était il y a si longtemps !) ; d’autres à venir encore, déjà programmés, oubliables déjà !

YDIT et LE NARRATEUR : autant d’imaginaires, de projets, de récits, de poèmes, de ceci d’ici dit par Yd’I : roman-images

On dit, enfin la rumeur prétend que les boules rouges et bleues pétries d’argile tendre et de chair molle prennent l’entier espace du temps, occupent tout l’espace du temps, qu’elles parviennent ainsi à lutter contre l’ennemi des hommes (rêve éternel des humains), contre l’ennemi de l’humain, qu’elles en détruisent la substance et les espoirs, attaquent l’espérance, mot majeur, et délivrance cruciale dont jamais l’humanité n’apprend à se priver, bien que (pour les sages où ceux qui écrivent se prétendre tels, ou entre eux se reconnaissent comme tels) quoique l’espérance fonde l’origine même de la douleur.

Dans le journal des nuits, dans ce journal du rien qu’est l’ici dit de Ydit, des femmes se sont mises à protéger les boules qui semblaient menacées de dissolution. Selon les paroles bleu-nuit de la rumeur, parfois, dans les plus pauvres des quartiers de la ville Est, chez les Gitans, les Juifs, les Malhabiles, certaines des femmes, et surtout les plus jeunes, malgré ce qu’on aurait pu attendre, les couvent, se mettent à couver les boules d’argile tendre, rouges et bleues, s’accroupissent  sur elles comme on ferait d’un œuf, d’une série d’oeufs, une série d’Eux, et la rumeur distille que de leurs chaleurs communes, de la tiédeur propre à l’intime, vont naître secrètement des disques larges où poser les pieds pour la fuite,  des disques de fuite et d’envol, où poser les pieds pour les rêves, pour d’autres naissances. D’autres Libertés, d’autres FRED ou TYNE ou autres qui regarderaient le tableau de la liberté vive, qu’on voit nue, à demie. Toujours à demie, et toujours là cependant.

On dit que, aussi, dans les coins de la ville les plus reculés, parmi les pauvres et les nains, parmi les oubliés comme les navrés,  on a commencé à façonner encore et encore des boules rouges et bleues,  de plus en plus à défaire l’argile et la cire épaisse, pour en rouler des boules de plus en plus fortes et puissantes, des boules que le gel ni le feu ne fendent ni ne fondent, des boules pour le jet lointain contre l’ennemi de toujours qu’est le désespoir, boules rouges et bleues à la main des femmes, et qu’on acquiert ainsi – à LES regarder, simplement les regarder encore -cette certitude délicate et dangereuse : la liberté est de retour.

LA LIBERTE VOGUE SUR LA VAGUE, et les souvenirs sont à la barre.

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Didier JOUAULT pour YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison 4, Episode SOIXANTE-NEUF : La liberté est de retour, la liberté retrouvée ; ré-ouverture de la chasse, et d’abord aux souvenirs . Après cette pause – temporelle au moins !- un petit tour (dejà promis! ) chez BOB et MORANE qui rencontrent GAROUSTE…le 19 février.

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YDIT-BLOG, Nouvelle saison, Saison IV, Episode SOIXANTE-HUIT Mamie savait : vraiment délicat passage en Rappel, bis, disons-le : ce que Mamie savait, le voyait-elle ????( fin, deux sur deux).

Et donc, les dimanches après-midi ( heures de tous les dangers combinés à toutes les absences). Là, c’est dimanche, Ydit s’enturbanne la tête de bandeaux blancs, étroites bandelettes de coton à liseré bleu, matériel d’infirmière, oui ; là, c’est dimanche, YDIT écrase une partie de la gouache rouge, là, oui, bien au milieu du Front de YDIT

Donc on est mort, on serait mort, on est mort, on a pu mourir, on est mort avec cette tâche rouge, oui, ce trou rouge au front du Front ( on ignore évidemment Rimbaud), mais on n’est pas aussi vraiment mort pour de vrai que le sera plus tard Hanged James (d’ailleurs, c’est pendant cette période que la garçon a découvert puis familiarisé les mains de Marcel Malbée osant d’autres gestes, et pas seulement les mains, oui).

Et on revient dans la pièce commune que chauffe la grosse cuisinière puante au charbon de bois. A la tablée, le déguisement de blessé au Front attire plutôt des sarcasmes; la mère grogne que c’est du temps et surtout de l’argent perdu ; le grand frère hésite entre l’intérêt et le ricanement ; la vieille lève les yeux au ciel, elle finit sa tarte aux pommes, elle ne finit jamais complètement de finir sa tarte aux pommes, et ce petit là, elle ne le comprend pas, des livres en main, déjà ; et Marcel Malbée dit MM dit le Parrain est assis, oui, toujours dans un angle tel que (dans le souvenir donc jusqu’à la fin des temps, et même au-delà de la fin des temps) on n’aperçoit que lui d’abord, en arrivant depuis la cuisine, coiffé de lin blanc et de vermillon candide, trou au front, Parrain de dos, se tournant à demi sur son siège, de dos car il regardait la télé, les résultats du PMU, arrivés après les résultats du rugby, Parrain assis à la table du déjeuner non desservi, peu de restes de la viande trop dure, et il se tournait vers YDIT, il tendait un bras il disait : Viens donc te reposer un peu sur les genoux de ton parrain mon grand blessé . Oui!

Sur ces genoux ils parlent de tout, et même YDIT se souvient qu’une fois il a discuté un peu âprement sur le vrai prix d’un Mirage, YDIT avait lu vraiment les chiffres dans une revue tout à fait sérieuse à l’école, et Marcel Malbée dit MM dit le Parrain n’y croyait pas c’était vraiment trop, trop d’argent trop cher, Tu dois te tromper, pourtant le garçon ne se trompait jamais, ensuite, quand il faisait glisser son pantalon de pyjama, hop, juste un mouvement svelte des reins aux talons, arc-bouté frèle et vif d’enfant, Marcel Malbée sans doute aimait le geste qui exposait l’intime encore mieux, oui, la cambrure est une parure, une brève offrande gourmande, d’autres fois Parrain lisait, dimanche après-midi, assis près de la table, bras étendu pour tenir le journal, le garçon sur les genoux, toujours la garçon en culotte très courte sur les genoux tièdes, ce qui formait comme une sorte de barrière de papier les séparant de l’univers, le garçon et lui, mais pas de vrai risque, Parrain avait les mains prises pour tenir le journal, juste il bougeait un peu les cuisses, mais ça va, ce n’était pas gênant, il bougeait pour approcher le garçon, oui, juste un peu chaud, et le garçon pendant ce temps-là, continuait à s’occuper sur la table à ce qu’il avait en route, oui, n’importe quoi, ou alors même on est allés quelques fois au cinéma – regarder des films en noir et blanc, nmais le parrain s’assied toujours à côté de l’enfant, la jambe près de la culotte courte, et lui tient la main s’il a peur, ça paraissait banal, un parrain ça protége, un parrain ça proxime, un parrain c’est caressant. Ecoute donc ton Parrain, disait Mère. Et Père: ne disait rien.

Il y a d’autres souvenirs comme ceux d’Allemagne, en Forêt Noire, et avant il y avait déjà eu le cosy, rue Dupetit-Thouars, la statuette de Donatelo, et plus tard l’hotel à saumur , avec ce que savait Mamie, et même l’invite à la première cigarette, ERNEIT 36, ou quelquechose d’approchant, « Tu verras, ça fait un peu tourner la tête »…Oui, dimanche après-midi, Oui.

Mais d’un coup trop d’absence autour, cette fois ? D’un coup le Roman-Images, rendu obligatoire par les accès d’aveu et les excès de sincérité blanche de tous ces autres, déjà presque revenus aux terrains mous du silence ( ceci est programmé en aout 2023) ?

Trop de solitude trop loin?

Et pas de bandeau blanc à liseré bleu ni de gouache rouge, rien que pour jouer à être mort, rien que jouer la mort : l’absence ? Oui ?

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Didier JOUAULT, pour YDIT-BLOG, Nouvelle saison, Saison IV, Episode SOIXANTE-HUIT, Mamie savait: tout à fait délicat passage en Rappel, bis , des épisodes énonciateurs de 2024, mais qui s’en souvient? ( on n’écrit pas pour le souvenir des autres ).Donc, ce que Mamie savait, le voyait-elle ???? (fin, deux sur deux : le 5 février, juste à temps pour « boucler » en retard le début d’année : après janvier, c’est vraiment la nouvelle année). Une pause, vous voulez ? Ensuite- on passe tout à fait à une autre suite. Il fera d’abord bon de retrouver les Détectives-Ravages, les Détectives Rafales, BOB et MORANE, qui interrogent ( même pas rudement) l’éternel intranquille, GAROUSTE. Bon début pour un février. Ensuite, comme les morts passent difficilement l’hiver, tout comme les mots passent difficilement l’hier, si on avançait un peu sur MM, marcel Malbée, dit le Parrain, Die Pate ? Pourquoi pas ?

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YDIT-BLOG, Nouvelle saison, Saison IV, Episode SOIXANTE-SEPT Mamie savait : plutôt délicat passage en Rappel : ce que Mamie savait, le voyait-elle ????( début, un sur deux)…

Note de Madame Frédérique :

TEXTE de YDIT :

On devrait lire ( à la place d’un Anonymous project : Episodes QUARANTE-SEPT, QUARANTE-HUIT et QUARANTE-NEUF) les piles de photos anciennes conservées dans une malle emplie par ailleurs de manuscrits, à l’époque ( lointaine !) expédiée par avance à Sylvanès (on ne s’en servira presque pas, YDIT n’écrira presque rien, préférant écouter le piano-bar de Vassilki sur le Steinway du scriptorium, venir en aide à la cuisine à Soeur Agathe de bleu vétue, ou bavarder en petit short au soleil avec le joli reporter de France- musique, trois images d’une tentation de midi, la légéreté, l’abandon, la bifurcation : voir EPISODES TRENTE ET UN à TRENTE-QUATRE).

La table du dimanche :

Parrain avait les mains prises pour tenir le journal, juste il remuait un peu les cuisses, mais ça va, ce n’était pas gênant, il bougeait pour approcher le garçon, oui, juste un peu chaud, et le garçon pendant ce temps-là, continuait à s’occuper sur la table à ce qu’il avait en route, oui, n’importe quoi, ou alors même on est allés quelques fois au cinéma – regarder des films en noir et blanc, se promener dans les Passages parisiens avant le déjeuner chez Chartier (que la mémoire re colorise )

mais le parrain s’assied toujours à côté de l’enfant, la jambe près de la culotte courte, et lui tient la main s’il a peur, ça paraissait banal, un parrain ça protége, un parrain ça proxime, un parrain c’est caressant. Ecoute donc ton Parrain, disait Mère. Et Père: ne disait rien.

Ou la table ailleurs à Paris, à Dolus-le-sec pour la thèse sur la littérature africaine et les Indépendances ( finalement non-éditée, puis utilisée dans une permière version de la saison IV, ici-même, comme un bagage en bandoulière pour les nuits avec Tyne l’Africaine, mais on a finalement renoncé à lire avec Tyne, puis aussi coupé d’ici-même, saison 4, les mots d’Afrique, plus assez de mots dans la réserve).

Ou les pages numériques de la saison TROIS, revues la dernière fois chez Nadia, sur la vaste terrasse où s’émouvaient ensemble mais contradictoirement les jambes-ciseaux d’Adèle et la queue verte du lézard, au point que la saison aussi a fui, engouffrée entre deux lates bien avant la fin programmée ( mais c’est facile d’inverser un programme);

Ou à Paris encore et Cucuron ou ( mieux ! ) Ferrare : les gentils 99 épisodes d’un claveriste goye sur un écrivain juif perdu entre jardin et cimetière, Finzi-Contini et Bassani.

Si on se regarde écrire, donc, et qu’on imagine la mémoire et invente le passé, c’est tout à fait aussi pornographique et à l’origine d’un certain malaise, que si l’on se regardait ici-même soi-même en train de caresser les fesses d’une fille (ou d’un garçon, pareil). On peut le faire avec plaisir dans la vraie vie, aucune raison de se priver, même si ça ne sert pas à grand-chose d’autre que ce plaisir.

Il y a d’autres souvenirs comme ceux d’Allemagne, en Forêt Noire, et avant il y avait déjà eu le cosy, rue Dupetit-Thouars, la statuette de Donatelo, et plus tard l’hotel à saumur , avec ce que savait Mamie, et même l’invite à la première cigarette, EIRNET 36, ou quelquechose d’approchant, « Tu verras, ça fait un peu tourner la tête »…Oui, dimanche après-midi, Oui.

On peut même tenter d’en parler si on a envie, c’est pour cela qu’on lit « Extérieur monde » ou qu’on spécule sur l’écriture d’ un Roman-Images, tel celui-ci en métamorphose continue, mais ça ne se peut pas qu’on se regarde comme sujet de sa propre écriture. On peut se regarder parler devant le vaste public de l’amphithéâtre : amusant spectacle. On peut se regarder arriver trop essoufflé pour le semi-marathon : cocasse performance. On peut se regarder acheter un kilo et demi de cerises trop mûres au marché : ridicule fringale. On peut se regarder une fois de plus les bras chargés de livres en sortant de chez Book-off ou Gibert : pesante compulsion. On peut se regarder vif et un peu stupide occupé à se faire divers plaisirs aux terrasses, dans les rues… parce qu’au fond ce n’est tout de même pas si complètement vaniteux et vain, mais se regarder soi-même, ici, YDIT ou autre, se regarder ici écrire sur ce sujet : moi ? Non. Pour une fois, Y.d’I. dit YDIT d’ici le didi le dit : NON.

Oui ?

– Oui : faire le marché tout à la fin du marché pour acheter tout de même le si mauvais rosbif qu’on va servir à table du dimanche, presque tous les dimanches, toujours les mêmes convives absents déguisés en personnages vivants : Oui, Le père, avec sa patte folle, et qui ne dit rien, ou est dans sa tête ailleurs, avec ses amis : absent. Oui, aussi, La mère qui s’affole de gestes incertains et de paroles inutiles, qui dit tout, on ne sait jamais quoi : absente. Oui, encore, La grand-mère en pleine forme, quatre-vingt dépassés, ancienne chipie devenue sale mamie qui raconte des histoires de son café-tabac de Saumur sans doute un peu accueillant aux putes : absente. Oui, bien sûr, Les gens, dans la télé arrivée ensuite, le dimanche, Noir et Blanc, John Wayne, les westerns mal doublés, puis arrivent sur l’écran bombé de petites lettres blanches collées sur tableaux noirs : résultats du rugby, les matches, on n’y comprend rien, Albi-Tarbes, qu’est ce que c’est ? Et Mamie mange son bifteck avec son dentier trop serré, absences. Oui, La tablée, avec les parties de Monopoly, qu’est-ce que c’est ennuyeux et vain les jeux de société, on attend que « ça » passe, les absences. Mamie joue aussi, on l’accompagnera ensuite ( à trois : père, Marcel Malbée dit MM dit Le Parrain, Ydit) avant la nuitdans les rues entre Porte des lilas et Pantin, on passe près de troênes mal rasés ou de 2 CV en panne, et la nuit, le retour, ça change tout le temps dans la vie de l’absence. Mais avant la nuit quand même accompagner Mamie jusqu’à sa maison de retraite à Pantin. Seul changement : l’heure. Changement d’heure. A l’époque, non, toujours le même heure. Sauf si on voyage, loin, mais les voyages sont en France, campings, ou un seul lointain, Allemagne, Forêt noire, les soirs avec Marcel Malbée, dit MM, le Parrain aux mains glissantes.

Et puis, les dimanches après-midi ( heures de tous les dangers combinés à toutes les absences) cette façon toujours incomprise qu’avait le garçon, le garçon YDIT ici nommé, de redoubler l’absence ou de l’amplifier ? Oui. Amplifier le Rien. Cette façon de s’écarter des tables d’absences, de jouer le dimanche avec des espèces de bandes de tissu blanc- bandes d’infirmerie-, et un tube de vermillon rouge. Oui, alors c’est dimanche, YDIT se cache dans la cuisine qui est le seul lieu de l’appartement où il y a un point d’eau (n’oublions pas, mais cela ne s’oublie jamais : les toilettes sont sur le palier, l’idée de la douche s’apparente à un rêve de riches, ou presque riches, tel Marcel Malbée,dit MM, deux-pièces salle-de bains rue Dupetit-Thouars ). Là, c’est dimanche, Ydit s’enturbanne la tête de bandeaux blancs, étroites bandelettes de coton à liseré bleu, matériel d’infirmière, oui ; là, c’est dimanche, YDIT écrase une partie de la gouache rouge, là, oui, bien au milieu du Front de YDIT vu dans le miroir mobile, comme si on était un blessé ayant reçu une balle dans un western, ou un premier mari de la mère mort d’une seule balle en juin 40, et la balle dans la petite boite en bois au fond d’une armoire, mais quand on reçoit une balle dans un western en pleine tête au milieu, juste au milieu du Front, un beau coup bien rouge, on ne survit pas, même dimanche, oui, on meurt, on n’est pas là en train de remettre un peu de rouge sur la bandelette parce que la tache n’est pas assez grande au milieu du blanc tissu, jamais assez grande la tache de rouge-vif, oui, naturellement. Absence marquée, imposée, distinguée, mais personne jamais ne regarde vraiment, absences.

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YDIT-BLOG, Nouvelle saison, Saison IV, Episode SOIXANTE SEPT : très délicat passage en Rappel ( avouons-le ! ): ce que Mamie savait, le voyait-elle ????( début, un sur deux). SUITE, non pas la semaine prochaine , bien sûr, à peu près …

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YDIT-BLOG SOIXANTE CINQ / BIS : La chasse à MM dit Le Parrain, faux-intermède. Fragment, reprise, retrait, le récit aussi peut ici jouer à saute-mouton, temps et gestes et même lieux superposés, mais garçon et fille – très comme il faut – et bien qu’au reveil, pour cette fois, nul ne sache encore ce qui eut encore lieu, ou pas ? Le souvenir s’invente en s’invitant ?

ASSEZ REDIT CELA ! AUTRE CHOSE !

D’accord. Donc.

YDIT raconte une histoire qui n’est pas si lointaine, qui  est arrivée bien plus tard, de façon parfaitement exceptionnelle : se trouver dans un lit avec une femme sans qu’il y eût affaire de désir affiché auparavant ( ce fut, des années durant, la situation dans le lit maternel, quand le père occupait seul le vaste lit conjugal, et la mère et YDIT partageaient un maigre lit, au moins ça tenait chaud) (Il n’y avait pas d’argent, on nomme cela pauvreté, ce qui ne ressemble pas du tout à la misère, parce que la misère empêche de vivre, alors que la pauvreté, seulement, limite la possibilité d’exister- surtout aux yeux des autres. )

RECIT PARALLELE :

Il  avait cette nuit-là posé une  question, lui aussi, dans des conditions tout à fait différentes, dont voici le souvenir : Solitaires tous deux, au moins quelques jours, de longue date amis, chacun son histoire de couple par ailleurs, de couple découpé, couple cou coupé, ils avaient dîné chez elle tous deux, seuls, un peu trop beaucoup bu ( le vin était bon). 

Et parlé voyages. Fred et Venise ( on lira cela vers les épisodes SOIXANTE-DIX). Ma. Ch. avait cuisiné l’une de ses recettes traditionnelles du fond de France, plats que sa famille pratiquait comme une trace de classe, une race de chasse : lièvre et vin. Ils n’avaient rien prévu, pas de cinéma pas de boite de nuit, pas de « Palace »- qu’ils ne fréquentaient pas. Ensemble,  bavarder sans façon ni mesure, et encore boire un whisky- elle en avait de très bons. Histoires légères de vieux amis.

Bien entendu -mais on le savait dès le départ-il était vite devenu impossible pour YDIT de reprendre la voiture. Le taxi n’entrait pas trop dans ses usages culturels, même s’il disposait maintenant d’assez d’argent. Ma.Ch. lui avait donc simplement proposé de dormir là, « Et ne prenons pas la peine de déplier un canapé qui d’ailleurs ne fait pas lit, ne te maquille pas en cousin à coussins pour divan d’hiver : tu vas dormir ici ( elle désigne sa chambre),  et tu restes dans mon lit comme ce que tu es : ami, tranquille et bourré »…

Elle n’avait pas dit ce qu’on n’allait pas faire, mais on le savait, depuis toutes ces années qu’ils se connaissaient, eux deux un peu, les deux couples de naguère beaucoup : diners souvent, cinémas, week-ends de marche, séjours de ski à la montage, dans l’étroitesse intime d’un studio-cabine.

Chacun récemment séparé, dîner ce soir pour parler de ça et du reste, du reste à qui s’accrocher. C’était la première fois, qu’ils découvraient une telle situation : seuls, eux deux, seuls,sans personne à rejoindre. Un peu étonnés de savoir se parler, sans  » l’autre ».

Sortant de la salle de bain Ma.Ch. ne portait qu’une vague chemise de nuit en coton parfaitement léger, ni provocante ni ménagère, une chemise qui datait de son couple à peine désuni (bien qu’on ne les imaginât pas du tout dormir vêtus, mais que sait-on des façons d’endormis des autres?). 

Sans façon ni précaution d’attitude, Ma.Ch. s’était glissée sous la couverture sans hâte.

Dans le mouvement-comme le drap remontait beaucoup la chemise- YDIT  avait pu apercevoir qu’elle ne portait rien dessous, comme d’habitude sans doute, chez des amis. Jamais, auparavant, même dans l’étroitesse du studio-ski ( soudain il se souvient d’elle riant, retour de piste, skis encore au pied, torse nu en nage), ou dans le déshabillage rapide et sans gêne  au retour d’une randonnée prise dans l’orage, il n’avait vu la couleur  de sa toison. Très proches, dédaignant comme à l’époque on faisait les marques extérieures de pudeur, les quatre de naguère avaient tenu un accord tacite : nues et nus, à l’occasion, oui, vestiaire bref ou prêt de maillot , bien sûr, mais seulement comme par hasard, comme sans sexe vivant.

YDIT avait gagné le lit de Ma.Ch., lui aussi assez ivre, et la mémoire aujourd’hui ne permet plus de savoir s’il y était entré  entièrement nu, (mais probablement oui, on le devine) ou s’il avait conservé quelque chose comme on portait en ce temps. En revanche le souvenir est vif qu’un moment, peu de temps après, (la similitude avec la question de Marcel Malbée dit Le Parrain est soudain blessante), il avait demandé d’une voix sentant le vin :

« M.Ch, Tu n’as pas trop chaud ? Tu  ne veux pas enlever ta chemise ? ».

Ma Ch n’avait rien dit, d’abord, puis – soulevant maladroitement la chemise – « T’es chiant, Ydit, d’accord, trop chaud, mais la chaleur c’est le dîner, on a trop bu, d’accord j’ai trop chaud moi aussi, je l’enlève, la chemise, mais maintenant  tu dors et tu touches à rien, et tu n’apporterais pas un verre d’eau ? ».

Ce qui fut fait, verre et nudité, pour boire assise elle ne se couvrait pas du drap, on sait bien qu’à très peu de gestes près, un regard, un frôlement, l’affleurement du désir neuf peut remplacer la paisible et neutre ( neutre? un peu louche?)complicité amicale,

et l’on glisse ainsi du  présent facile au plaisir gracile,

et que parfois on le regrette un peu («  Allez on avait trop bu, on n’en parle plusça ne sert à rien »), mais le discours officiel, entre eux, dans l’éveil fragile de ce délicat matin, le discours fut que non, de son intimité chaude il ne découvrit jamais la saveur (et au lever elle enfila sans hâte la chemise, sans même tourner le dos, comme entre eux quatre d’habitude).

Septante dépassé, Septante un peu usé, YDIT peut avouer qu’il avait regretté que rien n’ait eu lieu qui soit rapporté par la mémoire. 

Il aurait, alors, aujourd’hui encore des images à goût de sensualité, ainsi qu’il en conserve tant, mémoire ou papier ou clé USB, mais non : souvenir, à la place ( car le trois-pièces de Ma. Ch. donnait sur le Square du temple), du tissu glissé par Marcel Malbée, dit MM, le mauvais souvenir taché de honte (la similitude avec la question de Marcel Malbée dit Le Parrain est soudain violente), il avait demandé d’une voix sentant le vin : « Tu n’as pas trop chaud ? Tu  ne veux pas enlever ta chemise ? », et que la suite fut de peaux nues construite.

Avec Marcel Malbée, aussi, ratage de l’image : si quelques rares gestes sont nets, extrêmement présents dans leur précision au coeur de la mémoire, leur hâte, leur expression, à l’inverse aucune représentation du visage et jusqu’à la représentation de la silhouette, rien de ce qui a été public ne subsiste  : on n’y voit rien.

M M  dit Le Parrain, utilisait la métaphore de la chaleur « Tu n’as pas trop chaud ? » comme si c’était du jeune corps de ce garçon-là près de lui qu’émanait une étonnante et excessive chaleur, qu’il fallait réguler, qu’il fallait régler, en dispersant la chaleur, en l’épuisant, comme si c’était le gamin l’agresseur, et alors pas d’autre issue que d’ôter le pyjama, autrement dit d’évaporer la chaleur du désir venue d’ailleurs : le corps du garçon…

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EXTRAIT en reprise, comme d’une vieille chaussette : Didier JOUAULT, pour « YDIT, saison IV, episode SOIXANTE CINQ   Ma Ch dort nue sous la chemise de nuit  ( à venir, dormir nue en chemise, et pyjama, deux : frapper le Parrain , épisode SOIXANTE SIX)

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YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison 4, Episode SOIXANTE-SIX Ma. Ch. dort nue dans sa chemise de nuit PYJAMA 2/2, fin

M M  dit Le Parrain, utilisait la métaphore de la chaleur « Tu n’as pas trop chaud ? » comme si c’était du jeune corps de ce garçon-là près de lui qu’ émanait une étonnante et excessive chaleur, qu’il fallait réguler, qu’il fallait régler, en dispersant la chaleur, en l’épuisant,

comme si c’était le gamin l’agresseur, et alors pas d’autre issue que d’ôter le pyjama, autrement dit d’évaporer la chaleur du désir venue d’ailleurs : le corps du garçon…

Sans doute, l’hypocrisie de pudeur feinte consistant à ne pas se déshabiller dans la lumière, à ne rien commencer avant d’être dans le lit, sans doute cette pseudo réserve était-elle une façon pour MM dit Le Parrain d’associer l’enfant, puis presqu’adolescent, en lui soutirant l’absence d’un « non », en originant sur son corps à lui les sensations (trop de chaud) et le geste (repousser l’étoffe) qui de l’état de victime (on déteste ce mot tellement plein de mensonges et tellement plein de vérités) le poussait à l’état de complice.

L’étonnement, – et ce pourrait être une tête de chapitre de ce roman-images : l’étonnement, l’étonnement de n’avoir pas non pas refusé, mais pas eu envie de dire non, la perplexité (le mot est plus juste) vient de ce que aujourd’hui encore YDIT, Septante et plus étant de plus en plus venus, reste incapable de fixer la moindre image de zones désirantes de la personne, même incertaine image, même lacunaire, même couverte de pénombre et menue comme une esquisse, pâle comme une ombre un jour de pluie.

Mais le discours officiel, aussi, pour la nuit d’après trop chaud du dîner chez Ma.Ch. reste pour toujours que – si elle acceptât bien sans réserve d’ôter la chemise de nuit et d’accoler la fraîcheur de leurs peaux un peu ivres – Ydit ne connut pas le goût de son intimité … Discours officiel ?

Si quelques gestes sont nets, en compagnie nde MM dit Le Parrain, extrêmement présents dans leur précision, leur hâte, leur expression, toutefois aucune représentation du visage et jusqu’à la forme portée de la silhouette, rien ne subsiste de ces moments-là : on n’y voit rien.

Dans l’histoire, alors qu’il était lycéen, vers 17 ans, sortant du sous-sol de ce bar où l’on jouait au poker en buvant des cafés sous le regard d’un serveur plus ou moins aguiché, quittant prématurément la partie et les copains pour une raison oubliée, YDIT avait aperçu soudain, traversant une rue, pénétrant dans un PMU, ce Marcel Malbée, dit M M, autrement toujours nommé Le Parrain.

Impression banale de vu et reperdu aussitôt. Depuis longtemps à cette époque-là,  l’homme avait quitté la scène de la vie quotidienne. Avec les amis, on bavardait à la sortie du lycée sans jamais s’être dit que la  rue Dupetit-Thouars était toute proche et qu’il aurait été possible de se rencontrer sans le vouloir, plus souvent, qu’on en avait été jusque-là épargnés, l’un et l’autre. Cette fois donc on avait reconnu le parrain, et aujourd’hui…

Aujourd’hui on se demande ce qui aurait été mieux ajusté, ayant aperçu Marcel Malbée, dit MM. Rejoindre Die Pate dans le PMU, Gitanes et Ricard, discuter du tiercé avec lui comme si de rien n’était ? Se rapprocher du bar en zinc et Formica inventés à l’époque, et  lui demander de ses nouvelles ? S’il s’interroge toujours malicieusement sur l’excès de chaleur tiède sous les pyjamas clos des garçons jeunes?  S’il a changé leur âge en vieillissant ? L’attendre à la sortie, pour s’approcher, le regarder droit en face, le gifler, lui décrocher un direct puissant dans l’estomac ( ce qu’on ne sait pas faire) achever le geste d’un double coup de genou dans le bas-ventre, bien entendu,  et pendant qu’il se plie sous de violents crochets à la mâchoire. Il se pisse dessus, il saigne du nez, c’est joli à voir. Très plaisant. Contraire à toutes les valeurs. Mais joli, rien à dire. Puis s’asseoir sur lui en le tenant aux oreilles (on se souvient sans image qu’il était quasiment chauve) pour lui frapper la tête au sol, sa tête à lui à son tour blessée, en murmurant à son oreille (autre version : en criant), sur un rythme jazzie : «  Tu n’as pas trop chaud mon parrain,  tu  ne veux pas enlever ton blouson ? Mon petit Parrain, mon petit Marcel, ton blou, ton blou blou, ton blouson !».

Trois ou quatre  des consommateurs du PMU, sans doute de vieux compagnons de zinc, mais aussi quelques passants se précipitent pour séparer le pauvre plus que quinquagénaire (le temps passe, il a vieilli) et son jeune agresseur si brutal, encore un de ceux-là qui ne veulent pas respecter la règle et injurient l’âge. Deux  types prennent YDIT  par les épaules, tandis qu’une femme crie d’appeler la police, appeler la police -sinon le feuilleton n’est pas assez conforme-. Et le narrateur impénitent raconte, étrangement inaudible, la glissade vive de Ma.Ch. nue sous la chemise, le souvenir conté de cette fin de soirée, dans le trois pièces très rangé, moment incertain,

et le souvenir est vif de cet instant, peu de temps après, (la similitude avec la question de Marcel Malbée dit Le Parrain est soudain violente), quand Ydit avait questionné Ma.Ch. vers la fin de la soirée, quand elle avait proposé qu’il dormît chez elle désignant sa chambre)et Ydit d’une voix sentant le vin : « Tu n’as pas trop chaud ? Tu  ne veux pas enlever ta chemise ? ».

L’homme Marcel Malbée, dit MM, dit le parrain gémit en se tenant (admettons que ce n’est pas facile, admettons qu’il a un peu mérité) d’une main les  parties – bien connues de l’agresseur mais tout le monde encore l’ignore croit-il,  et de l’autre la mâchoire. Le voici près du square du Temple, mais pas d’illusions : la mâchoire blessée, le corps meurtri, en dépit des résonances du lieu, le Temple, ce n’est pas Robespierre qui expie en Thermidor les fulgurances mais aussi les indécisions, les visions mais aussi les erreurs de la Révolution française. Non ce n’est que Marcel Malbée le minuscule, dit Le Parrain avec majuscules, cassé d’un peu partout, pourtant relevé comme s’il s’agissait d’une victime appelant la compassion. Le storyboard, trop vite esquissé, ne précise rien quant à ce que l’on réserve à YDIT en matière de sanction, ou à MM dit le parrain en matière de guérison (on a compris ceci qu’il est insaisissable, impardonnable, inguérissable).

« Ce que je me demande quand même, aurait ajouté Fred qui -à son habitude-aurait hésité entre le désir d’écouter et le plaisir d’interrompre- je m’interroge  sur ce qu’aurait fait l’autre personnage de la pièce, Hanged James, lui, s’il avait reconnu quelques années plus tard, son propre M M dit Le Parrain, son Marcel Malbée à lui , sortant d’une boulangerie?

Jamais Jamais Jamais on n’apprendra pour quelles raisons, quelles déraisons, l’un s’est pendu dans le carré de la fenêtre, et l’autre non, qui rigolait si bien de tout.

Je me demande aussi, surtout quand tu te permets à présent d’évoquer de telles séquences de ton scénario intime, ou de tes fantasmes, la prétendue chasse aux parrains (mais tu as compris que les morts sont impunissables ?), je me demande ce que c’était que Le Parrain de Hanged James, s’il jouait aussi avec la pénombre, le chaleur du pyjama, et tout le reste à jamais indicible ? S’il opérait avec la précision insolente mais efficace d’un geste adulte imposé aux confusions corporelles d’un garçon même pas encore préservé de ses hontes ? La main, comment?.. La bouche, ici ? Des vrais baisers? Une forme de tendresse feinte ? Quoi de si différent ?  »

YDIT répond ce qu’il répond à chaque interrogation du souvenir :

Il y a HANGED JAMES, ici, voilà tout : pendu.

Hanged James, gentiment présent, même pas tournoyant sur lui-même, et qui lorsque le mouvement de la vie lui permet de me faire face m’offre son sourire amical et goguenard, un peu tendre et lassé donc, comme s’il s’apprêtait à dire (quoi qu’il soit impossible de plus rien dire dans son état) à demander : «  Alors quoi d’autre, mec ? Quoi de neuf ? Et quand est-ce que tu oses dire tout? Dire le vrai du fond ?».
 Evidemment nul ne peut dire la suite, sauf que Ma.Ch dormit réellement nue dans le soir.


.Didier JOUAULT pour YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison 4, Episode SOIXANTE-SIX MC Ch dort nue dans sa chemise de nuit PYJAMA 2/2, fin

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YDIT-BLOG, nouvelle saison, saison 4, Episode SOIXANTE CINQ / Ma Ch dort nue dans sa chemise de nuit PYJAMA 1/2 (début)

Reprise ? Pendant que se noue ce long double lien des souvenirs et du déni, double hélice, lin et laine, corde de peut-être, Hanged James en sujet sur fond de Dupetit-Thouars ? Chanvre et soi, Corde de pendu ? Rue Dupetit Thouars, Marcel Malbée, dit MM , le chassé fuyard, Dupetit Thouars, mais ce n’est pas là que Marie-Christine dort nue sous la couette …

Note de Madame Frédérique, assistante éplorée. Mais vaillante !

Bien sûr, et je n’aurais pas imaginé notre travail commun autrement, mon ex-patron ne me disait pas tout de lui, sa vie, ses diverses façons d’être ou d’avoir, en dehors de nos échanges quotidiens souvent nombreux, parfois tardifs (Assistante personnelle, beaux aspects, beaux regards sur ce qui se passe vraiment et où, mais aussi gestion délicate du temps, contraintes lourdes. Tout de même pas Céleste Albaret, et d’ailleurs il ne s’agissait pour Y.d’I. que de diriger – « Directeur du Vent- affirmait-il, et pas d’écrire.

Mais la progression dans mes lectures du volumineux paquet «  Lettre de A. »- et quelques mises au net rendues indispensables par l’état des documents, produisent une indéniable sensation de perplexité. Par exemple, je suppose qu’un éditeur sans doute aurait supprimé le texte qui suit- dont le lien avec la narration paraît assez ténu ( mais- parce que j’ai consulté sa « Saison II, Le Jardin de Giorgio Bassani » j’observe que le procédé est constant. Ainsi, dans «  Le Jardin… » assiste-t-on au siège de la ville de Malte par les Ottomans, ou suit- on le story-board d’un film américain qui raconte l’opiniâtreté d’une espionne de la CIA, finissant par la mort de Ben Laden ( le titre m’échappe)(Mme F .)

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«  Depuis tant d’années, je tourne en rond dans ma cage, mes rêves sont peuplés de meurtre et de vengeance. jusqu’au jour où la solution se présente enfin, là, sous mes yeux, comme une évidence : prendre le chasseur à son propre piège, l’enfermer dans un livre »

(Vanessa SPRINGORA, Le consentement, prologue, Le livre de Poche, 2020.)

Note : la nature des émotions qui sont présentées ici, ou certains passages plutôt scabreux, exigeraient sans doute ce que mon ex-patron ( même dans son espace très différent de compétences) aurait nommé «  contextualisation ». Et cela d’autant que la citation d’incipit est l’une des trois ( la première en haut de la première page, l’autre : en bas de la dernière page, et celle-ci au milieu) qui excluent des deux seules autres références usuelles : Rolin/Cadiot. Mais- outre que je suis bien placée ( dans la mémoire) pour ne rien considérer comme «  scabreux »- plusieurs des éléments du récit ( YDIT aurait écrit : narrèmes) n’ont jamais fait partie de ce que j’ai pu connaître auprès de lui, dans la vérité quotidienne, dans notre relation, jamais douteuse, on s’en doute …( Mme F.)

NOTE que la Lectrice ou le Lecteur pourrait ajouter :

«  Bon, très bien, et ça commence quand ? »

TEXTE de la « LETTRE de A. », Version B.

YDIT prétend/dit/assure/croit/imagine/raconte que sa quête de Marcel Malbée dit MM dit Le Parrain pourrait se déchiffrer comme une sorte de démarche initiatique. Et que ce serait alors une forme d’élévation progressive vers une connaissance (sinon un savoir) meilleure, ou au moins une connivence plus grande avec la Connaissance.

Mais non. Menterie. Auto-duperie. Tirages d’orages d’Ydit.

Car dès lors la route serait trop belle. Sur la piste de Marcel Malbée dit Le Parrain, sur le chemin qu’on n’est même pas certain d’emprunter volontairement, il n’y a pas de fleurs fraîches, de tendres céréales, dans les champs d’été bordant le sentier sinueux, pas non plus  de lin fleur bleue, de source aimable digne de figurer dans un roman écrit en 1980 pour des vieillards fatigués, au temps du Roman Nouveau, le roman nouveau bu comme le vin dit tel. Rien que des cailloux. Des hiboux.

De toute évidence : la présence, les gestes, les mots de Marcel Malbée, dit M.M., Die Pate, restent présents malgré leur oubli – paradoxe apparent. Surnagent du flux mémoriel, tout particulièrement, les mots qu’on entend toujours dans leur tonalité doucereuse, presque à peine insistante, comme la voix ayant été celle même d’un père attentionné.(On sait désormais que la distance de Père affichait la volonté de ne pas s’attentionner)

Ses mots toujours prononcés dans le noir du lit, le lit pas si large avec son ridicule « cosy » de bois verni, vase à fleurs sèches et livres Pardaillan, les paroles de ce moment d’y aller,  quand il n’y a pas d’échappatoire, d’y aller comme de sauter de la carlingue ventre vide et trappe ouverte, »GO! » « GO! » quand on ne peut plus se dresser avec la volonté de dire non- et d’ailleurs oserait-on jamais dire non, oserait-on jamais refuser l’hypothèse d’appel au réel plaisir, qu’on sait coupable, bien sûr, bien sûr, affirmons le : coupable, mais aussi  réel, tangible, vif et gluant, tout premier plaisir. Vogue la planche, à dessein. Il faudra des années ensuite pour apprendre que le plaisir n’est pas coupable- reproche majeur.

Les mots du soir – il n’a pas éteint la lumière, mais tourné un peu l’abat-jour de la fausse lampe Daum – dont la réponse n’est pas un autre mot -qui aurait dû être « non », de toutes les façons « non », à chaque fois « non », la première fois surtout « non ». Mais précisément le gamin ne dit rien (toujours, pendant longtemps, il ne dit rien, n’ayant rien dit d’abord)(Et ce que dit aujourd’hui Ydit, est-ce mieux que Rien?).

Marcel Malbée, dit MM dit Le Parrain n’a besoin que de peu de mots, dans son geste premier. Le gamin, ensuite,  sait comment répondre à la demande, on apprend vite la posture, il se plie  aux gestes que son absence de « non » inexorablement va entraîner, gestes qu’il n’est pas utile d’évoquer ici, tant ils sont faciles à imaginer et au fond si peu nombreux, après les premiers mots de Marcel Malbée, les mots qu’on entend toujours dans leur tonalité doucereuse, presque à peine insistante, comme la voix ayant été celle même d’un père attentionné, peu après qu’ils soient tous deux allongés, dans le lit pas si large, un lit de solitaire parfois visité, les mots à chaque fois identiques alors que la réponse a été donnée d’un geste souple des reins, la première fois pour longtemps :  

« Tu es sûr que tu n’as pas trop chaud ? Tu pourrais enlever ton petit  pyjama ? ».

Puis M.M. dit Le Parrain aide le gamin à tirer vers les pieds la culotte dont il a dénoué la cordelette, lentement, lentement, main qui prend le temps du désir.

« Tu es sûr que tu n’as pas trop chaud ? Tu pourrais, petit, enlever ton pyjama ? ».

Comme une antienne d’un passé malsain, le refrain d’une comptine qui mimerait la vie.

Ce à quoi l’on allait bien sûr arriver, si peu de gestes au fond, se déroulait ainsi dans une atmosphère de mensonges et de non-dits, de masque et d’hypocrisie- qui traduisait sans doute une incapacité pour Le Parrain dit MM à affronter dans la lumière à la fois le désir et son acte.

Le gamin aurait préféré ( sauf si le souvenir, lui aussi, est menteur, ainsi que souvent) que le protocole épargnât cette fausse autorisation muette  de chaque début, « Oui, dénoue la cordelette, vas-y, pas la peine de traîner, ose le faire toi-même », comme si c’était inattendu, improvisé, malgré les statuettes sur le meuble sombre dans l’entrée,

et presque ( ainsi) explicable par la surprise. Le gamin aurait  préféré ( sauf si le souvenir là encore est menteur), qu’on se posât franchement nus, ici ou là, sur ou sous le drap de nylon, fraîchement nus sans la comédie d’attendre, et hop, puisqu’on est là pour ça. Fais ton truc, fais le moi, faisons ça, comme ci comme ça, ceci tout ça, et ne pose pas de fausse question.

YDIT raconte une histoire qui n’est pas si lointaine, qui  est arrivée bien plus tard, de façon parfaitement exceptionnelle : se trouver dans un lit avec une femme sans qu’il y eût affaire de désir affiché auparavant ( ce fut, des années durant, la situation dans le lit maternel, quand le père occupait seul le vaste lit conjugal, et la mère et YDIT partageaient un maigre lit, au moins ça tenait chaud) (Il n’y avait pas d’argent, on nomme cela pauvreté, ce qui ne ressemble pas du tout à la misère, parce que la misère empêche de vivre, alors que la pauvreté, seulement, limite la possibilité d’exister- surtout aux yeux des autres. )

Il  avait cette nuit-là posé une  question, lui aussi, dans des conditions tout à fait différentes, dont voici le souvenir : Solitaires tous deux, au moins quelques jours, de longue date amis, chacun son histoire de couple par ailleurs, de couple découpé, couple cou coupé, ils avaient dîné chez elle tous deux, seuls, un peu trop beaucoup bu ( le vin était bon).

Et parlé voyages. Fred et Venise ( on lira cela vers les épisodes SOIXANTE-DIX). Ma. Ch. avait cuisiné l’une de ses recettes traditionnelles du fond de France, plats que sa famille pratiquait comme une trace de classe, une race de chasse : lièvre et vin. Ils n’avaient rien prévu, pas de cinéma pas de boite de nuit, pas de « Palace »- qu’ils ne fréquentaient pas. Ensemble,  bavarder sans façon ni mesure, et encore boire un whisky- elle en avait de très bons. Histoires légères de vieux amis.

Bien entendu -mais on le savait dès le départ-il était vite devenu impossible pour YDIT de reprendre la voiture. Le taxi n’entrait pas trop dans ses usages culturels, même s’il disposait maintenant d’assez d’argent. Ma.Ch. lui avait donc simplement proposé de dormir là, « Et ne prenons pas la peine de déplier un canapé qui d’ailleurs ne fait pas lit, ne te maquille pas en cousin à coussins pour divan d’hiver : tu vas dormir ici ( elle désigne sa chambre),  et tu restes dans mon lit comme ce que tu es : ami, tranquille et bourré »…

Elle n’avait pas dit ce qu’on n’allait pas faire, mais on le savait, depuis toutes ces années qu’ils se connaissaient, eux deux un peu, les deux couples de naguère beaucoup : diners souvent, cinémas, week-ends de marche, séjours de ski à la montage, dans l’étroitesse intime d’un studio-cabine.

Chacun récemment séparé, dîner ce soir pour parler de ça et du reste, du reste à qui s’accrocher. C’était la première fois, qu’ils découvraient une telle situation : seuls, eux deux, seuls,sans personne à rejoindre. Un peu étonnés de savoir se parler, sans  » l’autre ».

Sortant de la salle de bain Ma.Ch. ne portait qu’une vague chemise de nuit en coton parfaitement léger, ni provocante ni ménagère, une chemise qui datait de son couple à peine désuni (bien qu’on ne les imaginât pas du tout dormir vêtus, mais que sait-on des façons d’endormis des autres?).

Sans façon ni précaution d’attitude, Ma.Ch. s’était glissée sous la couverture sans hâte.

Dans le mouvement-comme le drap remontait beaucoup la chemise- YDIT  avait pu apercevoir qu’elle ne portait rien dessous, comme d’habitude sans doute, chez des amis. Jamais, auparavant, même dans l’étroitesse du studio-ski ( soudain il se souvient d’elle riant, retour de piste, skis encore au pied, torse nu en nage), ou dans le déshabillage rapide et sans gêne  au retour d’une randonnée prise dans l’orage, il n’avait vu la couleur  de sa toison. Très proches, dédaignant comme à l’époque on faisait les marques extérieures de pudeur, les quatre de naguère avaient tenu un accord tacite : nues et nus, à l’occasion, oui, vestiaire bref ou prêt de maillot , bien sûr, mais seulement comme par hasard, comme sans sexe vivant.

YDIT avait gagné le lit de Ma.Ch., lui aussi assez ivre, et la mémoire aujourd’hui ne permet plus de savoir s’il y était entré  entièrement nu, (mais probablement oui, on le devine) ou s’il avait conservé quelque chose comme on portait en ce temps. En revanche le souvenir est vif qu’un moment, peu de temps après, (la similitude avec la question de Marcel Malbée dit Le Parrain est soudain blessante), il avait demandé d’une voix sentant le vin :

Ma Ch n’avait rien dit, d’abord, puis – soulevant maladroitement la chemise – « T’es chiant, Ydit, d’accord, trop chaud, mais la chaleur c’est le dîner, on a trop bu, d’accord j’ai trop chaud moi aussi, je l’enlève, la chemise, mais maintenant  tu dors et tu touches à rien, et tu n’apporterais pas un verre d’eau ? ».

Ce qui fut fait, verre et nudité, pour boire assise elle ne se couvrait pas du drap, on sait bien qu’à très peu de gestes près, un regard, un frôlement, l’affleurement du désir neuf peut remplacer la paisible et neutre ( neutre? un peu louche?)complicité amicale,

et l’on glisse ainsi du  présent facile au plaisir gracile,

et que parfois on le regrette un peu («  Allez on avait trop bu, on n’en parle plus, ça ne sert à rien »), mais le discours officiel, entre eux, dans l’éveil fragile de ce délicat matin, le discours fut que non, de son intimité chaude il ne découvrit jamais la saveur (et au lever elle enfila sans hâte la chemise, sans même tourner le dos, comme entre eux quatre d’habitude).

Septante dépassé, Septante un peu usé, YDIT peut avouer qu’il avait regretté que rien n’ait eu lieu qui soit rapporté par la mémoire.

Il aurait, alors, aujourd’hui encore des images à goût de sensualité, ainsi qu’il en conserve tant, mémoire ou papier ou clé USB, mais non : souvenir, à la place ( car le trois-pièces de Ma. Ch. donnait sur le Square du temple), du tissu glissé par Marcel Malbée, dit MM, le mauvais souvenir taché de honte (la similitude avec la question de Marcel Malbée dit Le Parrain est soudain violente), il avait demandé d’une voix sentant le vin : « Tu n’as pas trop chaud ? Tu  ne veux pas enlever ta chemise ? », et que la suite fut de peaux nues construite.

Avec Marcel Malbée, aussi, ratage de l’image : si quelques rares gestes sont nets, extrêmement présents dans leur précision au coeur de la mémoire, leur hâte, leur expression, à l’inverse aucune représentation du visage et jusqu’à la représentation de la silhouette, rien de ce qui a été public ne subsiste  : on n’y voit rien.

M M  dit Le Parrain, utilisait la métaphore de la chaleur « Tu n’as pas trop chaud ? » comme si c’était du jeune corps de ce garçon-là près de lui qu’émanait une étonnante et excessive chaleur, qu’il fallait réguler, qu’il fallait régler, en dispersant la chaleur, en l’épuisant, comme si c’était le gamin l’agresseur, et alors pas d’autre issue que d’ôter le pyjama, autrement dit d’évaporer la chaleur du désir venue d’ailleurs : le corps du garçon…

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Didier JOUAULT, pour « YDIT, saison IV, episode SOIXANTE CINQ   Ma Ch dort nue sous la chemise de nuit  ( à venir, dormir nue en chemise, et pyjama, deux : frapper le Parrain , épisode SOIXANTE SIX)

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