34- Séquence Publique d’Omission numéro 34 Les fauteuils, c’est vrai que ça roule vite à noël .

Séquence Publique d’Omission numéro  34 noel-au-perron

Les fauteuils, c’est que ça roule plutôt vite à noël

Aujourd’hui n’a pas été faste. Le public s’arrête en regardant Ydit, dont la ressemblance avec le père noël n’est  pas frappante. Pourtant, les produits dérivés de l’Omission  sont supposés ajouter à l’attraction de l’Orateur. objets-derives-2

Une fillette louche un peu  et demande à sa mère pourquoi  Ydit n’offre pas de cadeaux à la sortie du magasin ? Agressif, un quadragénaire bègue et pressé reproche cette idiote campagne pour le « oubliés » : On n’oublie personne, mais ça suffit comme ça, avec la mauvaise conscience, dit-il, ras-le -bol, les z’oubliés, les z’indignés, les Zanlogis,  les Zanpapiers, c’est noël, ou quoi ?

Quelqu’un s’arrête au milieu de sa bienveillance : « Alors, vous avez repris le chemin  des Omissions, Ydit ? Votre petit truc sur les gens à la République, la dernière fois, sincèrement, c’était plutôt nul, on aurait dit un article dans « Machin métro ».-

Moment d’oubli des rigueurs de l’omission, pardon. Petite faiblesse. Mais vous avez une minute pour une OUBLIe , je manque un peu d’écoute ? C’est noël.

C’est long ?

D’oublier, interminable. De raconter, ça dépend des gens, et des cas.

A vrai dire, là, avec ce temps, j’allais au sauna.

Ou au hammam ?

Les deux, sec et humide, sel et sucre, noir et blanc, chaud et froid, tout mélange est une fertilité. Je vous emmène.

A l’accueil, on a donné une serviette, un cadenas, les deux outils de la pudeur .

La plus vraie des pudeurs, c’est la vapeur d’oubli sur la vitre de vivre. vitre-oublies-hammam

-L’auditeur : « En échange, je choisis le thème. Noël. »

Ydit : Dommage. Bon, alors, c’est en deux journées .


 Journée 1.

Ydit : « La secrétaire particulière : ‘M Sieur Ydit, le chef de cabinet voudrait vous voir.

Là, juste maintenant ?’

On sentait que la secrétaire, par son bref silence, exprimait la stupeur qu’un type, dans un bureau, deux étages au-dessus, pose encore la question.

Ydit : «  Ivan, le chef de cabinet tapait sur son clavier, rapide et massif. Tournée de fauteuil ergonomique. Commençait alors l’une de ces vagues et confuses discussions : aujourd’hui , encore une fois, qui allait -t-on pouvoir trouver tout de même pour présider la Commission sur le Temps, alors que toutes les pointures proposées s’étaient défaussées ? Allez donc, pensait Ydit, une commission sur le Temps mise en place par un ministre, autant dire un programme de protection des mottes de beurre inventé par « Les amis du soleil ».

En fait, dit l’auditeur, chaleureux ( comme son lieu l’indique) , le mieux c’est de commencer par le hammam. Attention, ça va brûler. Donc ?

Ydit : « Donc, ça mégottait sur le personnage, on n’avançait pas. A chaque nom, Ivan expertisait la bio, en particulier sur un site d’accès plutôt confidentiel.

-Il avait le droit ?

Il était chef de cabinet. C’est pas un peu chaud ?

Ydit : « On cherchait, soudain la porte- vieille porte 18 ème, très bonne famille, douze quartiers de noblesse de chêne-, fait apparaître son Excellence. plafond-dore-2

 

Suant et gesticulant sous les cheveux un peu toujours assez  frisouillants, l’air fatigué d’un qui venait de répondre vivement aux arrogantes questions de l’opposition . On l’aurait plaint.

 

  IL tenait la porte ouverte, il regardait.  Furieux. Pas la peine de le dire. Mais IL  le disait :

« Ivan, tu sais ce que je viens d’entendre à la radio en revenant ? J’hallucine, Demain, c’est la journée mondiale des fauteuils roulants ? oublies-et-jambetteTu m’entends ?

 

( Ivan entend, mais il ne comprend pas)

 

( si, il vient de comprendre : yes, les fauteuils, ça va être sa fête ).

« J’hallucine, persévère  l’Excellence. Journée mondiale, et moi, le France, je fais quoi, tu peux me dire ? Je vais où ? Je parle à qui ? Comme si c’était pas une priorité du PR, je vais lui dire quoi, moi, au PR , hein ? Non, j’hallucine. »

 

Ivan s’était retourné sur son clavier, il pianotait , cherchait des trucs, des idées, à la hauteur d’un fauteuil et d’un PR.

‘Bon, allez viens, on va  voir ça. Et vous ( il désignait Ydit du menton, il ne lui avait pas encore dit bonjour, mais il lui offrait son menton, ce qui est agréable ) , vous , restez là , c’est votre truc ça, on aura peut-être besoin de vous.’

IL abandonnait la porte, qui se fermait à demi sur Yvan, plutôt inquiet, mais qui LE suivait dans le célèbre couloir vers LE bureau. vers-son-bureau

YDIT vers l’auditeur: Bon, ça brûle pas mal quand même, ce truc. Ensuite, on se plonge dans la petite piscine à cinq degrés, c’est ça ? .. Certains survivent ? C’est comme de travailler avec une Excellence.

Ydit : « Dans le bureau d’Ivan , Ydit faisait quelques pas , regardait par la fenêtre . C’était joli, les ministères, sous la neige.anciens-combatants-sous-la-neige-decembre-2010 Çà faisait calme, ça faisait noël, sweet home, home navy , candies, veggy,  

et paix des braves.

 

Sans le chercher, Ydit voyait que l’écran d’Ivan conservait  plusieurs des requêtes sur « journée du fauteuil ». Entre autres : «  Restauration d’un fauteuil en 24 heures ». Pas mal du tout, pour un élu. Aussi : «  Journée de la Jupe ». Puis «  La journée des Dupes ».Joli. Ou encore «  L’Artisan chez soi, prêt de matériels et conseils  pour débutants». Très bien pour un ministère. Bref, on aurait pu s’égarer.

Sans même retenir la porte ( restée très 18 ème  dans son ressort) , Ivan, de retour , disait : «  IL veut quelque chose avant ce soir ». A la question de l’agenda, réponse : on se débrouille, j’ai vu avec LUI,

       tant pis on supprime la séquence coaching

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LE maintenir en forme

sportif dans les appartements.

 

 

Un peu de temps passa, raconte Ydit. Puis on a trouvé.

 

Ensuite, banalité du métier, bricoles : prévenir de la visite-surprise

( ‘bel intérêt montré au sujet, n’est-ce-pas, mais c’est une question qui LE préoccupe, vous savez’),

le plus dur,

faire comprendre à Lactadine, l’attachée de presse toujours surmenée,  mais prête à tous les bons coups,

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l’attachée de presse veillant depuis sa fenêtre

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récupérer les chiffres , vite vite, les bureaux vont fermer, c’est pas le Directeur qui va connaitre les chiffres…

 

 

 

L’auditeur du sauna  est allongé sur le lit de repos dans la salle pénombreuse. Un auditeur, ça se ménage.

Il dit :«  Les chiffres, au fond, c’est comme les friches, ça attend juste qu’on les retourne, non ? »

 

Ydit raconte que ça tombait bien, il n’avait rien prévu ce soir. La secrétaire demanda si, pour le plateau, il préférait viande ou poisson ?  Poisson, c’est plus léger pour travailler, surtout les Éléments de Langage.plateau-repas-bureau

21h50 , ligne directe, le directeur de cabinet, actif numéro Deux, redoutable intelligence doublée d’un suave humour : ‘ –T’as pris viande ou poisson ? (sans attendre). Moi je prends toujours potage et coup de rouge. Bon, ça en est où  alors pour le gang des fauteuils ?’


Journée  2

Au matin, tout était en forme pour la visite de 16h, y compris le dossier chemise bleue pour LUI. Cette fois cela allait vite, on était « mode ASAP ». Comme tous les jours. Agréable formalité pour Ydit, le petit déjeuner «  prié/privé »monté en urgence dans un salon des appartements publics, pour les deux personnalités que LUI allait rencontrer cet après-midi  : jus d’orange pressé minute dejeuner-a-3-salon honorer, …expliquer, apaiser, anticiper, confiturer. On a rarement vu qu’une personnalité non politique ne soit pas sensible à l’ineffable et très 18ème petit déjeuner prié/privé dans les salons.

Vers 15 heures, Ivan et Ydit étaient sur place. Haut Comité Français des Fauteuils. Il y avait  aussi l’officier de sécurité, discutant avec son collègue de l’arrondissement, une Lieutenant qui visiblement l’impressionnait parce qu’elle savait y mettre des formes. ‘On posera deux personnels ici pour réguler la circulation de sortie, et un là et un ici pour l’entrée, ça va suffire.  De toute façon, avec ce budget, on n’a pas d’effectifs, et puis vous auriez pu prévenir avant ? C’est pas d’hier qu’on connaît la journée de fauteuils, si ?’

                                            A l’intérieur, Ivan et Ydit faisaient le parcours de visite, evenementiel-en  expliquant la vie aux invités, aux employés, aux égarés. Tom, un charmant blondinet bilingue Français/Youtube, promenait sa mini caméra, repérait des plans pour sa séquence sur le site ministériel. Le photographe officiel officiait. On était fin prêts.

Et naturellement, ça n’a pas marché comme c’était prévu ?demande l’auditeur hammamé, en se dirigeant vers la sécheresse amicalement féroce du sauna..

Ydit : « 15 h45, portable, c’est LUI en direct. ‘Bon, Ydit ? Je suis en voiture, je serai à l’heure, je comprends rien à votre dossier, c’est nul’. Suit alors une série de questions, au fur et à mesure qu’IL passe d’une ligne à l’autre, découvertes  sur banquette de cuir, joli titre presqu’aussi bien que ‘la Madonne des sleepings ‘,non ?’ Et des Auxiliaires de vie, sur mon budget , pour les fauteuils, j’en ai combien ???…Mais non, c’est pas dans le dossier, ou alors c’est pas visible, c’est nul, je vous le dis. Bon, j’arrive, je veux ça sur le pupitre pour la conf. ‘

Quand il arriva,  on avait  vérifié ou complété les chiffres, en mode ASAP . On substituait le feuillet griffonné à celui du dossier. Regard de LUI : autant dire le cube inversé de «  T’as de beaux yeux tu sais ». Avenir possible : genre Titanic pressé d’en finir.

Deux ou trois autres amateurs de chaud-froid vont et viennent, du hammam vers le sauna, des douches chaudes vers la piscine froide.

Ça bavarde, ça parle foot et boutique , menus et kilos de noël.

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On est sans mal  entre mâles.

Ydit range les instruments de l’Omission.

Son auditeur demande si la visite a eu lieu ?

 

Ydit : « A l’intérieur, la mauvaise humeur de l’excellence avait grandi. Deux journalistes seulement, et pour des revues minuscules comme un électorat du Parti Radical.

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A la sortie :

‘C’est nul, je vous le dis à tous les trois, vraiment, même toi  Lactadine, t’aurais pu te bouger tes fesses, t’as vu le fond de cuve de ta presse? » Ivan essayait que, d’accord, mais de toute façon au moins IL pourrait dire au PR qu’il l’avait fait, au moins. Comme ça. Pour dire ».

 

Silence de Sahara jour sans vent. IL part. Comme IL n’avait pas dit bonjour ni merci, pas de souci de ne pas dire aurevoir.

Sur la dalle, Ydit bavardait un peu, agréablement, avec les fauteuils roulants.

Dans la voiture du retour, Ivan disait qu’un chef de cab ne devrait pas dire ça, mais que franchement, avec tout ce qu’on leur file comme aide et comme pèze, les fauteuils, ils nous roulent ! Il s’esclaffait, le chauffeur ne comprenait pas .

Le soir, dans les couloirs du silence propre au pouvoir, la mémoire fait un bruit de verrou.

Sur quelles pentes cognent les fauteuils de l’histoire quand ce sont des fantômes 

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Installation de Elodie LEMERLE, photo idem, avec remerciements

qui les tirent et l’étirent ?

 

 

 

 

 

 

 

 

Didier Jouault

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3 réflexions sur “34- Séquence Publique d’Omission numéro 34 Les fauteuils, c’est vrai que ça roule vite à noël .

    • Malheur, ce que c’est qu’un U (et à dia ! ) perdu , dans collège au lieu de collègue (déformation ). LA lieutenant de quartier est bien réelle. Jadis, dans la fonction de directeur du département,j’avais souvent affaire avec LA capitaine porte parole de mob collègUe directeur départ de la police et -surtout -j’avais pour  » correspondante » aux RG ( devenus DRCI) une Lieutenant très efficace et agréable .Devenue depuis Capitaine, on la trouve ( de dos , c’est la DCRI) dans l’une des séquences d’oubli…Au fond :rien ne se perde , sauf le U.

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