YDIT-TROIS, comme annoncé, d’abord « PREVIOUSLY » 7: de nouveau la première saison, celle des « Séquences Publiques d’Oubli », car les deux projets sont emmêlés en échos, Oublis à commencer par un étrange personnage, Virginie, passage pas sage – après les SPO du Politique, les SPO du coeur -ou prétendu tel ( on a su et vu que les images impudiques ici balaient l’impudeur). Voici donc la…rediffusion de la SPO datée 3 aout 2016 ( encore un clin d’œil à l’été ?) ==> « YDIT blog n° 25 : Un cocktail tranquillement bu au bar de l’hôtel Crystal. »

 

Séquence Publique d’Oubli 25, l’été c’est léger.


Un cocktail tranquillement bu au bar de l’hôtel Crystal

 

Germaine, notre désormais  familière Germaine-la-composteuse, compagne de tant de dérives et de changements d’horaire avec correspondance voie B pour Montauban, Germaine détendue par l’annonce d’une interruption prochaine des services (congés d’été, mouvement social, remise en état d’une voirie délabrée ?), Germaine interroge Ydit égaré sur le quai de sa gare : En gare d'été

«  Je vous vois plus sur facebook avec les S .P.O., il y a plus que des vieilles omissions ? »

Aucune réponse ne vient. Ydit ne commente pas les commentaires, sinon c’est la fin.

Germaine insiste.  Va-t-elle devenir le Sancho  de l’Omission ? La docteur Watson des S.P.O. ? « Pourtant, dit-elle d’un soupir,   les Séquences Publiques d’Oubli, ça sert à l’élimination des surpoids de la mémoire, et,si vous voulez mon avis, un petit régime  vous ferait pas de mal de ce point de vue là, si on y regarde de plus près. »

«  Allez. Rien qu’une légère SPO d’été, une anisette de SPO, une SPO en bikini mini ? Une merguez sur une braise  d’Omission, pas trop brûlée ?», enchaîne la madone des Interrails, déchainée par l’été. Que faire pour qu’elle atteigne au bonheur du silence ? Un bonheur que peu connaissent. Vanter en vers homériques les victoires de la locomotive ? Ecrire l’Odyssée de la traverse ?bienvenue aux missions

Ydit, après avoir posé les mains sur sa taille (pas si trop large), renonce à se taire malgré les orages du monde.

Il faut avouer que l’entreprise même de l’Omission interdit le mutisme. Avant que Germaine lui demande s’il oserait dire sa phrase en public : « L’Omission  interdit le mutisme », Ydit choisit l’aimable refuge du récit.
Mais un préambule :« En ces temps de massacres et de ravages, publier des facéties ou creuser le  nombril du  souvenir est un projet sans doute  trop minuscule. Comme le parcours aveugle d’une fourmi dans la montagne, poussière d’insecte  repoussée par le vent des hommes en furie. »

Cependant, l’auditoire insiste et Germaine s’en fiche, des fourmis. Pour un peu, on scanderait : « YDIT-OMISSION/ YDIT-OMISSION/  YDIT-OMISSION ! ». Omission ferroviaire ,horaires d'été

Dans un ministère, ça va, dans une gare non.

Alors, parce que l’été passe toujours mieux avec un cocktail même amer tranquillement bu au bar de l’hôtel Crystal, Ydit raconte. Mais légèrement. L’été, c’est léger. Germaine prépare l’espace de l’Omission. On peut compter sur

son sens ferroviaire de l’organisation .

Ydit veut faire simple donc vite. Voici donc : « Elle s‘appelait Virginie, elle avait vingt-deux ou vingt-trois ans et Ydit trente-cinq. Il dit qu’un jour il entrait dans le bureau  de Virginie pour  travailler (il vivait d’écrire, à l’époque). Elle lui donna une pige somptueuse, tous frais luxueux payés, classe Affaires pour l’Ecosse, reportage saumon et whisky. Glen et fumage, comme un tournage. Tout ça. Prenant sa main : « Comme j’aimerais pouvoir devenir l’abeille qui va  butiner le miel puis se poser sur de tels doigts ».

Germaine fait signe à un jeune couple de vacanciers traînant devant la sandwicherie : heure de la passion estivale plutôt que du jambon-beurre. On va en écouter de belles . Et ça va mal finir, forcément , puisque c’est des «  OubliEs ».un public vite lassé

 

 

Tout le monde est pressé,  chacun veut attendre son train solitaire,

 

mais le geste maternel de Germaine accroche quelques badauds fuyants.

 

D’autres tournent le dos au bonheur de l’aventure narrative.

 

 

« Avec Virginie, raconte Ydit, on est allés au musée Galliera, ou à l’Opéra, ou au chocolat, des jours à l Opérachez Angélina .

     Nièce du propriétaire de la holding possédant la boîte à piges, espèce d’anonyme  patronne en herbe,  Virginie aimait qu’on la sortît, qu’on la vît, qu’on  lui dît qu’on l’aimât. Qui de plus banal? »

Alors Ydit évoque les jours quand il l’emmenait sur les routes, pour les plus inattendues des étapes chic . buffet de la gare

 

Elle conduisait vite  bien sûr la petite voiture anglaise et

on allait en soirée à Sarcelles ,

des week end à Fontainebleau

un petit pavillon à Sarcelles

où Ydit  affirmait  qu’il était né.

 

Au début, ça l’amusait, la Virginie.

 

Le week-end, ajoute Ydit, elle disparaissait chez son oncle, dans une vaste propriété de Fontainebleau où l’on se changeait avant de passer à table.

Pas question qu’Ydit  mette là ses  pieds, encore moins les mots ! On n’était pas du même monde.

Silence  de la nièce sur l’exotique aventure avec le vieux pigiste – Virginie fait ses expériences :

photo du silence

photo :Jitka Samajova

…traversée clandestine  de la belle sur l’océan plat du peuple, on tire des bords sur la chaloupe du désir pour parcourir les bassins quotidiens de l’ennui .

Mais c’est même pas aussi pétillant que Versailles.

C’est ça, les jeunes femmes de bonne famille, pour la pétille, elles préfèrent le Krüg au Proseco. Même si pour les câlins elles ne s’effraient pas du hors d’age.

Dans la gare, les auditeurs ont la prescience de l’échec. Ils s’émoustillent ? Non, ils s’éparpillent. Pas le moment d’entendre des machins tristes, ces temps-ci, vraiment il exagère Ydit.

Germaine, cependant, reste là. Inépuisable ressource d’un public fidèle- même si rare que réduit au singulier.

Ydit semble las, bien qu’ailleurs : dans les ourlets de la mémoire.

A voix basse : « Virginie s’amusait de son périple en pays de populace, mais ne donnait pas davantage que le service minimum.

dessin de l'absence

Image:  Cécile Charvin

 

Souvent, fatiguée, elle laissait Ydit devant sa porte.

Pour y dormir en travers dans son manteau de spadassin ?

Quand ils partageaient la nuit, elle le poussait dehors à l’aube.

 Un matin, elle avait eu besoin de lui, il avait dormi là. Alors qu’au déjeuner  Ydit laissait une main glisser le long d’une cuisse découverte par le kimono de soie noire qui allait si bien à la blonde Virginie, elle l’avait regardé en dressant l’expresso entre eux comme un phare  éteint sur l’îlot de leur fausse présence :

« Tu as du miel sur les doigts, tu devrais plutôt aller te laver ».

Difficile atterrissage du désir, le difficile atterrissage du désirqui est pure illusion d’envol dans les miroirs vides de l’absence.

Exlique l’ Orateur.

Quelques jours plus tard,Ydit l’évoque à voix basse dans la gare tonitruante, il l’avait invitée dans un restaurant chic – presque le coût d’une pige -. En bas, au retour, hésitante, elle avait dit :

« D’accord, monte, mais dormons !» 

Si l’on en croît le récit qu’Ydit murmure dans la honte des tumultes, elle aimait dormir nue. Comme, dans le grand air des fenêtres ouvertes sur le jardin de l’hôtel particulier, il se laissait aller à ne pas négliger cette donnée de base,le diner au Palais Virginie soudain s’était mise assise dans le milieu du drap.

Rallumant les lampes, buste rigide , et regardant Ydit depuis le fond de sa banquise :

« Eh Quoi ,Ydit, c’est non, mais puisque c’est non,  veux-tu, alors,  que je te rembourse le prix de mon dîner si cher ? »

Puis avait éteint de nouveau, sans tirer le drap tant il faisait chaud malgré sa glace. Laissant Ydit dressé dans la nuit sans décimales,décimé par  l’humiliation parfaite.

                    Le prix du dîner. Non mais quoi.

                             Si cher.  Rembourser.la nuit 3,14 sans Seize

                                        Dormait nue.  Plat de lentilles.

Sur la voie E , Ydit fait maintenant  silence comme on fait pénitence. « Témoin, vous n’avez rien à ajouter? » demande le contrôleur.


                              « Et c’est  rien que  ça, l’Omission d’été ? » s’enquiert Germaine ?


Ydit , montrant la marquise d’un geste lâche :

« Poésie , Germaine, pure poésie, Ydit et Virginie c’est la  rencontre d’une merguez avec une  flute de champagne sur la table d’un pigiste, et … comment on se réveille passé de chien andalou  en chien de manchon.

                            Vous avez pas  un peu de Krüg rosé au frais, Germaine, des fois ? »


 

Didier JOUAULT

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15 réflexions sur “YDIT-TROIS, comme annoncé, d’abord « PREVIOUSLY » 7: de nouveau la première saison, celle des « Séquences Publiques d’Oubli », car les deux projets sont emmêlés en échos, Oublis à commencer par un étrange personnage, Virginie, passage pas sage – après les SPO du Politique, les SPO du coeur -ou prétendu tel ( on a su et vu que les images impudiques ici balaient l’impudeur). Voici donc la…rediffusion de la SPO datée 3 aout 2016 ( encore un clin d’œil à l’été ?) ==> « YDIT blog n° 25 : Un cocktail tranquillement bu au bar de l’hôtel Crystal. »

  1. J’ai bien aimé: d’abord, des choses telles que « on tire des bords sur la chaloupe du désir « , ou, enfin, de les voir de face (quoique…) , les Jitka et Cécile, ensuite d’imaginer l’Hôtel Crystal où Ydit aurait pris une suite…royale.
    Et pour conclure, je relève que Ydit hors-d’âge sait encore se faire mousser. Félicitations.

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    • Avatar de Jouault Jouault dit :

      Merci pour cette absolue fidélité à ce personnage YDIT, et c’est mieux )…Précision : les noms ,ici, désignent auteur de photo ou d’image,pas les personnes -définitivement masquées…

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  2. Avatar de Catherine Besson Catherine Besson dit :

    Ydit, tu nous promènes toujours de façon aussi délicieuse sur tes chemins en pointillés. Et tant mieux si, parfois, les balises que tu affectionnes ne sont pas lisibles; elles laissent la place belle aux traces broussailleuses et buissonnières des souvenirs. Merci pour ces petits cailloux et ces pistes calculées qui égaient notre vagabondage dans le temps.

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    • Merci de toutes ces amabilités à l’égard du pôvre YDIT, en l’occasion malmené ( mais sans doute un peu de sa faute !). L’essentiel est de G trouver, de ci de là, des balises lisibles sur le chemin du souvenir !

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    • Merci surtout à toi, fidèle lectrice , de parcourir en mémoire des chemins sans doute moins ardus que tes balisages colorés de montagne, ou moins épicés que tes détours parisiens qui t’offrent les pleins et déliés des écritures intimes. A un de ces jours, on ne sait jamais !

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  3. Avatar de Jo Castets-Delmas Jo Castets-Delmas dit :

    29/08/2016 –
    Il s’était décidé pour cette abbaye d’Ambronay. Déserte. À peine parfois visitée. Certes un concert de musique baroque daterait l’automne dans quelques semaines. Mais il OUBLIerait comme trop souvent.
    Une retraite de trois jours.
    Pour se retrouver, disait-il.
    Mais elle souriait. « Se retrouver ? Pour quoi ? [écrit volontairement en deux mots]. Tu m’as oubliée.
    Ou je t’ai perdu… Où ? qu’importe.
    Ydit marche et continue son chemin. Il a tourné la tête. Il reconnaît cette voix. Un autre lieu. Un autre monde.
    Elle lui a dit que son chemin initiatique s’était effacé sous ses pas.
    Elle n’ira pas plus loin. Ou ailleurs. Ou autrement.

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  4. Avatar de Jo Castets-Delmas Jo Castets-Delmas dit :

    31/08/2016
    Hauteville (dans l’Ain, altitude : 1000 mètres).

    Je ne sais pas pas pourquoi, hier, je suis arrivée là.
    Je ne me souviens plus.
    Ville morte.
    Pas même endormie.
    Non ! morte…

    Une ville qui s’OUBLIe meurt.

    Juste pour tuer le temps ? Elle vagabonde dans une ville qui se meurt juste pour tuer le temps ?
    Elle est déjà dans son dernier roman par l’esprit.
    Un polar.
    Elle écrit un polar. Enfin comme un roman bizarre où les personnages sont les acteurs de sa vie d’avant.

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  5. 29/08/2016
    Il s’était décidé pour cette abbaye d’Ambronay (01). Déserte. À peine parfois visitée.
    Certes un concert de musique baroque daterait l’automne dans quelques semaines. Mais il OUBLIerait comme trop souvent.
    Une retraite de trois jours.
    Pour se retrouver, disait-il.
    Mais elle souriait. « Se retrouver ? Pour quoi ? (écrit volontairement en deux mots). Tu m’as oubliée.
    Ou je t’ai perdu ! Où ? Qu’importe.

    Ydit marche et continue son chemin. Il a tourné la tête. Il reconnaît cette voix. Un autre lieu. Un autre monde.
    Elle lui a dit que son chemin initiatique s’était effacé sous ses pas.
    Elle n’ira pas plus moin.
    Ou ailleurs.
    Ou autrement.

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  6. 31/08/2016
    HAUTEVILLE (01 – 1000 m d’altitude)

    Je ne sais pas pourquoi, hier, je suis arrivée là.
    Je ne me souviens plus.
    Ville morte. Pas même endormie. Morte !
    Une ville qui s’OUBLIe meurt…

    Juste pour tuer le temps ?
    Elle vagabonde dans une ville qui se meurt juste pour tuer le temps ?

    Elle est déjà dans son dernier roman en écriture. Un polar.
    Enfin comme un roman bizarre où les personnages sont les acteurs de sa vie d’avant. D’avant l’OUBLI.

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    • Josette, je suis à mon tour vos déambulations au lourd volant de votre légère Jaguar ( il faudra en publier la photo, mais, il y manquera l’un de vos héros déguisé en James Bond ! ). Merci à vous de tels échos, un peu comme des pas dans un prieuré vide, quelque part en Sarthe, en Corrèze, comme si les pas répondaient à des images déjà effacées , fondues dans le stuc d’un mur.

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