YDIT- TROIS : Saison 3 Episode 2 / LE DOYEN demande si « On en consomme encore ? »


Rappel – pour les mémoires lourdes : YDIT s’interroge maintenant sur la suite, les suites, en particulier sur la possible façon de poursuivre une petite route intérieure sur des pistes un peu défoncées (l’addiction ?), muni de pneus un peu trop lisses (à l’inverse de son front).

On s’en doute, pour peu qu’on ait rencontré l’une des victimes, et il s’en compte par grand nombre, ça commençait à devenir une présence géante, et donc gênante.  Tout ce menu intime qui s’expose, au moins se devine.

Certains ne s’en apercevaient pas encore, toutefois, pour ce vieux YDIT, et les ravages pouvaient donc sembler encore réduits, au moins pour les observateurs peu attentifs, et des lectrices occupées d’autre chose.

Ydit mieux que personne pouvait connaître le poids de son addiction, et toutes sortes de conséquences, parmi lesquelles l’impossibilité d’oublier avec l’indispensable sérénité qu’une telle auto-mutilation exige, surtout si, manque d’azur dans l’éther. Celle qui ouvre les chemins dans les méandres de la vie cachée au-dedans.

Le premier à oser une remarque, ç’avait été le Doyen. Les amis (ou pas, d’ailleurs) d’YDIT arrivaient peu à peu, pas très pressés de rejoindre la Grande Réunion, même si le Doyen, qui ne savait plus trop comment faire pour appâter la troupe d’autonomes ardents à lui confiée, choisissait de plus en plus des lieux méritant la visite, au moins ça occupait les membres du groupe.

La bande avait ainsi déposé ses ordinateurs sur les pupitres (et son tweed sur les bancs) de la salle des Pas Perdus à l’Assemblée ; sur la piste du Cirque d’hiver; dans la superbe salle rectangulaire autour de l’aquarium tropical ( musée de l’immigration); au foyer de l’Odéon ( fantômes furtifs de coquettes actrices dix-neuvième); au sein des exotiques décors du Théâtre du Soleil repeints de frais le matin même par Ariane en personne ;

dans l’hémicycle du Conseil économique et social présidé par un ex-instit ; et même au premier étage- privatisé – d’une brasserie très apte à nourrir les intellos de passage, Le Hibou, carrefour de l’Odéon, sinon carrefour des idées ( on s’y habillait dépouillé chic ou administrateur du Sénat- voisin- pour des menus à 37 euros le midi).


Mais rien n’y faisait : les arrivants tardaient, les présents s’estompaient, fuyaient en s’effaçant derrière la première colonne venue, et -donc- le Doyen ne pouvait manquer de surprendre YDIT en état de consommation. Il le regrettait, le Doyen, amical avec YDIT, et plus que bienveillant avec tous. Mais tout de même, une consommation telle que celle-là, répétée, voyante, on aurait pu croire même quasiment provocatrice, elle portait ombrage à l’image de sa troupe, grognait le Doyen.

Le Doyen : brave homme pas si grand et pas trop vieux, gilet sous la veste et cravate de laine, le Doyen attendait devant le portail gauche des Invalides ( sa dernière trouvaille, plutôt ironique s’agissant de sa vieille bande un peu détumescente), et il dit, d’une voix sereine, amicale, on aurait pu même penser empathique :

« YDIT, je t’ai observé traversant la cour d’honneur, 253 mètres depuis la grille, oui, oui, c’est dans la brochure de l’Etat Major, les milis décomptent tout, et je vois que tu ne marches même plus très droit, il va falloir que tu fasses quelque chose. Je connais un bon spécialiste, si tu veux. Et je te parle en ami. Tu le sais ? « 

Evidemment, YDIT le  savait : Ils avaient ensemble fait longtemps un identique métier, au service discret du Public, ces emplois dont personne ne parle  et dont nul ne saurait se passer. Ca rapproche sans confondre.

Le Doyen ajouta, accompagnant Ydit pour le kilomètre 1 du couloir ( les Invalides ont été, dirait-on,  construits pour s’entrainer aux réalités des batailles, Bérézina, Waterloo, Sedan…): Il disait, amical, donc :« Toute addiction est une douleur et un plaisir, sépare toi des deux, c’est une système clos comme ils le sont tous. Tu dois libérer ta liberté ».  C’était un Doyen aimant les mots avec une paisible ferveur. Paix à son dessein.

YDIT, sa liberté, à son Fort Age, ça ne signifiait déjà plus grand chose.

Etre libre, c’est dire oui ou refuser. Passée la borne 70, les propositions de OUI se font rares…sauf pour des bouquets-souvenirs que déposent d’indiscernables inconnues.

Ajoutait, ouvrant une porte : « C’est pour ton bien et celui du Public« . En général, une remarque de ce genre fait fuir : de quoi s’emmêle t-on? Mais YDIT aimait assez le Doyen, ancien comparse comme lui dormant mal sur des cicatrices chatouillant la mémoire.
Ydit : « Je connais un très bon médecin, le mien, vingt-cinq ans de fréquentation commune de son Dalloz qu’il prend pour un Vidal. » 
Doyen ( on arrivait dans l’amphithéâtre ) -« Prends un congé, si tu veux, mon vieil et cher Ydit, le temps du sevrage, je me débrouillerai, il n’y a pas tant de travail. On esclavagisera les jeunes, si besoin. »

Photo de Nataliya Vaitkevich sur Pexels.com

Mais YDIT : « Non. Il suffit de remplir les trous de la mémoire. Ou de jouer aux billes des souvenirs ? J’ai déjà tenté, avec des séquences publiques d’OUBLI . On peut essayer autrement ? »

C’est, comme souvent ici, un peu hermétique. Peut-être pense-t-il que c’est de la simple mis en route ? Un autre départ simple pour un cheminement aisé ? Le sentier à peine rugueux d’une sorte de sevrage ?Tu parles !

________________________________________________________________________________________________________________Didier JOUAULT, pour YDIT-TROIS, S3 E2,  » Le DOYEN : on en consomme encore ? »…On pourrait croire que ça va commencer? A suivre ( pour les habitués ) et à retrouver en ligne sur choix : wordpress/yditblog.

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